AVIDE TEMPÊTE, février-juin 2009

    PLAN DU SITE   INDEX   LIENS

Cette rubrique chronologique donne accès aux "nouveautés" du site a-POÉTIQUE jazz poésie peinture...  et a-COMMUNISME vers la communisation  se renvoient la balle, ping-pong dont à CONTREJOURS anti-journal est la table. C'est la suite de REINCARNATION OF A LOVE BIRD, septembre 2008-février 2009. Clos 14 juin 2009, à suivre dans EN ATTENDANT, GO DO... PA TA... GUN !

COMMUNISATION : RESSOURCES CLASSÉES (mis à jour 22 mai) Plan d'accès détaillé 

ma poésie

DNDF, infos sélectives

*

Gros problème de liens internes sur mon site en ligne. Avec le temps, tout reviendra, mais pas au même... Réparations en cours

22 mai

"Individu immédiatement social",  mais encore ?

18-19 mai

Regain, poème

11 mai

" Sauver concrètement la planète-homme passe par la critique impitoyable de cette mystificatrice abstraction : « l'homme ». " Lucien Sève, "L'homme ?" dernière phrase du livre.

Rumba Havana Vieja, série...

El callejón de los rumberos. Yoruba Andabo / Yoruba Andabo Abakua

8 mai

"« L'HOMME » ? Penser avec Marx aujourd'hui, tome II ", Lucien SÈVE, sommaire détaillé

Présentation du livre par l'auteur

Table ronde « Comment parler de l’homme aujourd’hui ? »  avec Lucien Sève, Yvon Quiniou (Philosophe) et Bernard Doray (Psychiatre)

Quatrième de couverture « Qu’est-ce que l’homme ? Question inlassable, question piégée, car l’homme n’existe pas : existe l’espèce Homo sapiens sapiens, mais toujours et partout déclinée en mondes sociaux et destins individuels singuliers. Sous l’homme, comme l’a révélé Marx, il y a essentiellement l’ensemble des rapports sociaux. Avec ce deuxième tome de Penser avec Marx aujourd’hui, Lucien Sève donne à découvrir la révolution dans l’anthropologie ainsi engagée. Et alors qu’on attend Marx en économie, en sociologie, se révèle ici la fécondité inépuisée de cette perspective pour penser aussi l’individualité humaine et le psychique. Affrontant ce qu’on lui oppose, Nietzsche, Heidegger, la primatologie d’aujourd’hui, empruntant à des œuvres- clefs, Freud, Politzer, Vygotski, comme au meilleur de la littérature sur le biographique, Sartre, Bourdieu, Le Goff, Bertaux, ce livre- monument explore à neuf les voies d’une indispensable science de la personnalité. Loin au-delà de son ouvrage majeur, Marxisme et théorie de la personnalité (1969), Lucien Sève renouvelle ici l’intelligence de ce qu’est un être humain, des identifications à l’aliénation, des logiques de l’emploi du temps à la dialectique d’un âge comme la vieillesse. Un grand livre de pensée qui s’achève en manifeste. Au point où en est le gâchis mondial de vies humaines, la cause anthropologique n’est pas moins gigantesque ni criante que la cause économique : il y a urgence à sauver la planète homme.»

La crise initiale de Nietzsche, un nouvel éclairage de la question "Nietzsche et Stirner", par Bernd A. Laska, versé à Anarcho-individualisme

Le poujadisme hédoniste de Michel Onfray, des-montages de Harold Bernat-Winter, Bruno Gaultier, septembre 2006. Aux dernières nouvelles, Raoul Vaneigem collabore, aux côtés de Onfray, à Siné-Hebdo (sic...), versé à La crise de l'individu dans la restructuration du capital

Un commentaire à la publication de "Temps, travail et domination sociale", de Moishe POSTONE, 1993.

« Merci pour cet article. La traduction de “Temps, travail et domination sociale” se faisait attendre et pour être en train de le lire, je peux vous dire que ce texte est plus qu’à la hauteur de nos espérances. Nul doute qu’il faille désormais compter Postone parmi les auteurs les plus influents en ce qui concerne la critique radicale du capitalisme. Pour plus d’info ou engager une discussion, rendez-vous sur “mon” blog : Critique de la valeur  » Balthazar, DNDF

6 mai

Gloses en marge d'une réalité. Le site de la Revue Invariance, de Jacques CAMATTE, publie l'intégralité de cette série, écrite entre juillet 1983 et février 2009.

Cette série de textes me semble indispensable pour dépasser les considérations théoriques sur la communisation comme strictes abolitions du capital (des classes, de la valeur, de l'Etat, etc), et pour inscrire son dépassement dans la communauté, Gemeinwesen (peu importe en première analyse qu'on la nomme "communisme"), dans une perspective de transformation de l'espèce humaine (au-delà de considérations internes propres à elle sur l'abolition des genres, qui relèvent encore d'un humanisme théorique). Autrement dit, nous avons sous les yeux des modifications historiques dans les rapports sociaux et avec la nature qui ne se laissent pas enfermer dans les catégories de la contradiction de classe, même si le dépassement de celle-ci ne pourra faire l'économie d'un processus communisateur, moment spécifique de la révolution abolissant le capital (voir plus bas, 10 avril, mon intervention sur DNDF signifiant une rupture dans mon accrochage à Théorie communiste, qui ne peut aborder ces questions, prisonnier de sa boucle, et de sa bulle, conceptuelle).

Relire un texte de Bruno Astarian  : Division du travail, division de la propriété, et valeur, décembre 2005. Extrait :

5. En guise de conclusion : à quoi ça sert ?

Dès lors que l’on comprend que toute une partie du revenu du capitaliste existe sous la forme du capital improductif, avec ses millions de travailleurs qui, comme leurs collègues productifs, vissent des boulons, forgent, soudent, menuisent, font des expériences scientifiques et programment des ordinateurs, on est en droit de se demander quel est l’intérêt de la théorie de la valeur-travail. Les économistes, les capitalistes et les travailleurs s’en passent très bien sans perdre de vue leurs intérêts.

En d’autres termes, pourquoi vouloir sauver la théorie de la valeur ? On veut bien admettre que, dans l’ancien mouvement ouvrier, il était important de montrer que le travail est la source de la valeur, afin de justifier la centralité de la classe du travail dans la société future. Mais aujourd’hui, où le projet communiste ne cherche pas à sauver le travail de l’exploitation, mais à le dépasser, à quoi servent toutes ces abstractions sur la valeur ? 

En premier lieu, il fallait montrer que les imperfections de la théorie de la valeur chez Marx ne justifient nullement de renoncer à l’affirmation que l’activité sociale fondamentale, celle autour de laquelle se structure toutes les sociétés jusqu’au communisme (exclu) est bel et bien le travail. De plus, en confirmant la matérialité de la valeur produite par le travail, on affirme que le travail est l’activité fondamentale à cause de son exploitation. L’exploitation n’est pas une notion symbolique. Elle n’est pas un rapport d’autorité, une domination idéologique, une hiérarchie injuste : c’est le mécanisme matériel de la constitution du surproduit, et donc des classes, et donc le coeur même de la création du rapport social. Et il ne dépend pas des représentations que les classes se font de la société et du rôle qu’elles y jouent que ce rapport social soit contradictoire ou pas. Il l’est de façon aussi concrète que la valeur produite par le travail est matérielle et doit être répartie entre les classes au détriment l’une de l’autre.

Aucune propagande, aucune manipulation idéologique n’enlèvera jamais au rapport social sa nature contradictoire.

Mais, en deuxième lieu : si la théorie de la valeur permet d’affirmer la centralité de l’exploitation du travail, ne nous met-elle pas en difficulté pour ce qui est de la définition du prolétariat ? L’un des intérêts de notre nouvelle vision de la théorie de la valeur est qu’elle nous permet de régler la question du travail productif et du travail non productif. Mais du coup, nous voilà avec deux fractions du prolétariat, dont l’une seulement connaît l’exploitation puisque par définition le travail non productif ne produit pas de valeur, et donc pas non plus de plus-value. Est-ce à dire que toute la fraction du prolétariat qui se consacre au travail improductif doit être classée dans les « domestiques » et exclue du sujet révolutionnaire ? Non. A vrai dire, si on commence comme ça, si on définit l’exploitation comme le moteur de ce qui rend la révolution nécessaire pour le prolétariat, on exclut aussi les chômeurs. Il faut donc préciser que, si l’exploitation du travail productif est le coeur même de la reproduction sociale capitaliste, le prolétariat se définit de façon plus large, par la contrainte que la classe de la propriété exerce sur la classe du travail afin de la forcer à travailler – et à travailler toujours plus – pour elle. Marx parle alors de subordination du travail au capital, et la première forme de cette subordination tient dans le fait que la classe de la propriété capitaliste a le monopole des moyens de production, de sorte que la classe du travail n’a d’autre moyen de se reproduire que de travailler pour le capitaliste aux conditions que celui-ci impose. Le statut de sans réserves est ainsi le noyau dur de la définition du prolétariat. Tout le reste – l’exploitation, la misère, mais aussi la révolte – en découle. Le monopole capitaliste sur les moyens de production vaut dans le secteur productif comme dans le secteur improductif, et la pression sur les salaires est aussi impérative pour le capitaliste productif que pour le capitaliste improductif. C’est pourquoi, si l’on définit l’exploitation de la façon stricte que nous avons envisagée, on dira que la lutte contre l’exploitation est médiée par la lutte contre la subordination, entendant par là l’ensemble des moyens de contrainte dont dispose la classe capitaliste : outre le monopole de la propriété des moyens de production, il s’agit des bas salaires, de la précarité, des rythmes et conditions de travail, du prix des subsistances, etc… Et de ce point de vue, le prolétaire se soucie peu de savoir s’il est productif ou non – de même d’ailleurs que le capitaliste.

En troisième lieu, la définition de la valeur doit permettre de mieux comprendre ce qu’est son abolition. Lorsque, comme dans le premier chapitre du Capital, la valeur était essentiellement appréhendée au niveau de l’échange et du marché, on pouvait assimiler son abolition à la suppression du marché, et surtout de ses aléas. Dans la planification du programme prolétarien, on trouve en effet l’idée que le contrôle conscient, par les instances supérieures du parti, du flux des produits du travail d’un point à l’autre du système de production est équivalent à l’abolition de la valeur. On sait qu’il n’en est rien en réalité, car toutes les catégories de l’ancienne société sont encore en place  : la division entre classe du travail (associé) et classe de la propriété (collective) maintient la logique de l’exploitation, de la hausse de la productivité et même de la concurrence. Au niveau des « producteurs associés », la production de tables continue de s’inscrire dans un processus de division du travail/de la propriété et de hausse de la productivité qui est totalement étranger à leur activité concrète. Il n’y a que la propagande et l’idéologie pour tenter de combler le fossé réel qui existe entre le travailleur et la société qu’il produit. Pour que la valeur soit réellement abolie, il faut que la séparation entre l’activité productive de chacun et la reproduction sociale d’ensemble soit supprimée. La planification croyait réaliser cette suppression en réunissant dans un seul centre de décision toutes les décisions moléculaires du marché. Il faut en fait que l’unification de la production des individus et de la société se fasse au niveau des individus. Pour cela, il faut que la production cesse d’être une fonction séparée, et a fortiori prioritaire, de la reproduction sociale. Et de même que, de nos jours, on peut trouver dans le travail d’autres fonctions que la production sensu stricto (p. ex. le salaire, ou la camaraderie), de même dans le communisme, la production ne sera que l’un des contenus des multiples rapports que les individus noueront entre eux sans avoir besoin d’une justification en terme de produit réalisé. Sur cette base, la production sera aléatoire et fractionnée, sans unité imposée du dehors sur la vie sociale des individus. Le fait qu’un groupe d’individus qui s’est formé pour n’importe quel objectif réussisse ou échoue dans la production qu’il entreprendra (éventuellement) dans le même temps sera aussi peu important (pour eux) que le fait (pour le patron) de savoir, actuellement, si ses salariés s’entendent bien entre eux. Le communisme ne sera pas fait de micro-communautés autarciques. Il faudra bien que les uns produisent des pommes de terres pendant que d’autres fabriqueront des bicyclettes. Mais jamais ces activités n’obéiront au calcul du temps, parce que les bicyclettes ne seront pas « nécessaires », d’une nécessité s’imposant du dehors à la réunion d’individus qui en entreprendraient la production. Si c’était le cas, si les individus en question cherchaient à faire des bicyclettes plus vite et en plus grande quantité parce qu’ils ont un besoin pressant de pommes de terre, alors la valeur ne serait pas abolie. Il peut sembler choquant aujourd’hui, où il y a tant de besoins insatisfaits, de dire que le communisme se moquera de ces petits calculs. Il faut pourtant l’affirmer, car c’est la définition même de la liberté.

4 mai

28 Theses on Class Society, suite 16-19, 20-22 (les précédentes sont traduites en français, )

1er mai

Pensée du jour : « La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute » Confucius 

Mots pour Mo, poème

30 avril

Pensée du jour : les anti-modèles sont encore des modèles

28 avril

Au bon accueil, poème

22 avril

Le capitalisme n’est et ne sera pas là de toute éternité. » Cet Abrégé du capital de Marx, rédigé en 1878 nous livre l’essentiel de l’analyse contenue dans le Livre I du Capital  de Karl Marx (...)" Présentation de C. Calofiero, jeudi 23 avril  à 19:30, Les Bas Côtés , Grenoble

Signalé sur DNDF Terreur & Possession - Enquête sur la police des populations à l’ère technologique, Éditions L'échappée

Patrick TAFANI, Bestiaire de la mauvaise main

 " À l'écart de l'espace médiatique et du temps, Patrick TAFANI reste une énigme dans la poésie française, avec des texte hors du commun..." À lire aussi, plus bas dans la page, les séries Promesse de ne plus recommencer, Paroles pour ceux qui remontent le vent...

21 avril

Vivre remis sur le métier, poème

20 avril

Dernières interventions dans Commentaires récents de DNDF

15 avril

Le chat et la souris, poème

10 avril

francais.jpg

"Prenez garde !"  DNDF, suite

“Nous n’avons que faire des procédures par lesquelles l’opinion de tout un chacun peut s’exprimer. Nous ne voulons pas débattre avec tout le monde” Blaumachen  - Théssalonique - Décembre 2008, en exergue de DNDF

Hmm… Je ne sais pas ce qui a motivé les animateurs du site à virer - sauf erreur ou sauf demande expresse des intervenants - une partie des échanges, pour en privilégier d’autres. La vitrine du blabla est devenue une visionneuse Patlotch-BL, c’est trop d’honneur, mais admettons, et profitons, ‘en attendant la fin’.

Je reviens au rapport que l’on peut entretenir avec Théorie Communiste. Bien sûr, on peut considérer que je suis, comme Christian Charrier et La Matérielle, dans la posture que décrit le texte TC-Roland Simon “Un lecture critique de la Matérielle"

Conclusion : pourquoi La Matérielle ?

La Matérielle développe un discours " révolutionnaire " post-moderne (guillemets parce que la problématique de La Matérielle évacue elle-même la possibilité de parler de révolution ) : élimination de tous les " grands romans ", esthétique du fragment, ouverture éclectique, instabilité, hétérogénéité des citations. On ne saurait dénier toute vérité à cette critique du messianisme révolutionnaire, de la rationalité historique, du progressisme que La Matérielle partage avec l'idéologie post-moderniste mais de là à réduire l'oeuvre de Marx et la théorie de la révolution communiste jusqu'à aujourd'hui à ces éléments il y a un peu d'abus. On trouve dans La Matérielle quelque chose de nouveau dans le champ de la théorie de la révolution communiste : une théorie révolutionnaire serait une théorie de la lutte des classes dont le dispositif impliquerait que l'on ne puisse pas parler de la révolution et du communisme (la façon dont La Matérielle tente de relier sa théorie de la lutte des classes dans un sursaut spéculatif, la " forme ultime ", apparaît en fait comme surajoutée). Une théorie de la lutte des classes d'un côté, de l'autre un communisme qui, via le clynamen, n'a plus aucun rapport avec la première. La seule façon de parler de la révolution deviendrait l'impossibilité d'en parler, à condition que d'autres en parlent car si La Matérielle ne pouvait plus se placer dans cette posture d' " autocritique " sa théorie serait immédiatement rejetée hors du champ d'une théorie de la révolution. Dans La Matérielle, la critique de la transcroissance entre le cours immédiat de la lutte de classe et la révolution, la critique de toute positivité faisant son chemin dans le cours de l'histoire (qui n'existe que pour être ce chemin), sont devenus l'objet même de la théorie. Il y a erreur sur le programatisme dont la critique est ramenée à une critique théorique et non à l'analyse de modalités historiques de l'exploitation. Ibi statur, dit La Matérielle, " restons en là ". C'est une expression radicale, mais unilatérale, de la situation du prolétariat face au capital dans le nouveau cycle de luttes : le prolétariat ne peut plus produire à partir de ce qu'il est immédiatement dans le mode de production capitaliste les bases de la société future. C'est là qu'en reste La Matérielle : nous sommes jetés dans un petit bout d'histoire qui n'a plus aucun sens. De cette position en apparence solide, La Matérielle peut pointer tous les risques théoriques inhérents à voir dans la situation actuelle son dépassement. Solide, car constamment la lutte du prolétariat est renvoyée aux catégories de l'autoprésuposition du capital. Mais solide seulement en apparence car c'est à propos des catégories de l'autoprésupposition du capital et des seuls aspects de la lutte de classe pouvant être ramenés au partage de la valeur ajoutée et au syndicalisme que La Matérielle devrait dire " restons en là ". Cela n'empêche que de ce poste d'observation théorique La Matérielle assure une sorte de veille théorique sur tous les risques de dérapages " spéculatifs " inhérents à une théorie de la révolution dans la situation présente de disparition de toute positivité révolutionnaire et oblige à faire attention à ce que l'on écrit. La Matérielle est la critique interne de la théorie de la révolution dans ce cycle, critique que toute théorie de la révolution doit se faire à elle-même. Le problème réside dans le fait que, dans La Matérielle, cette critique interne s'est en quelque sorte " autonomisée " et se donne comme la totalité d'une théorie nouvelle. On retrouve là, dans cette " autonomisation " (guillemets car en même temps que " théorie nouvelle " La Matérielle se veut processus d'autocritique des théories dites " post-prolétariennes "), son incapacité essentielle à être cohérente sur sa propre légitimité à prononcer les termes de révolution et de communisme du fait que sa cohérence, en tant que théorie, est à l'extérieur d'elle-même (dans les autres théories). » Source L'@nglemort

Mais je ne le conçois pas ainsi. Charrier ne pouvait pas en sortir, sauf à abandonner purement et simplement la contradiction capital prolétariat, et il le savait, sans pouvoir le dire.

De mon point de vue, je tiens pour naturellement cette contradiction pour essentielle et incontournable, mais un problème surgit, qui nécessite tout à la fois d’en dire un peu plus sur le communisme positif (au-delà de ce que la communisation est destruction du capital), et de lire, analyser comment cela s’annonce dans le travail du négatif - serait-il celui du pourrissement social et des rapports inter-individuels contractualisés entre individus du capital que sont aussi ‘les camarades’.

Astarian, ses histoires de patates poétiques - voir Bruno Astarian, l'individu dans le communisme, de “on ne produira pas si on n’a pas envie”, ça va bien un moment, mais bon, faudra se nourrir, se loger… et ce qui est corvée restera corvées en tous genres pour tous genres. On ne poétisera pas la vie avec les bonnes intentions du meilleur monde possible, ni le romantisme irresponsable des discours pseudo-poétiques.

A propos de ‘genres’, le texte en jachère de TC est symptomatique de l’approche “post-prolétarienne”, et d’un anti-humanisme sur le terrain de l’humanisme (voir la rubrique FEMMES, GENRES ET RÉVOLUTION). On veut bien abolir le prolétariat, et les genres, mais en tant qu’ils sont perçus, ensemble, comme relevant du genre humain au centre de la problématique révolutionnaire. Le prolétaire des théories de la communisation reste un homme auto-centré dans un rapport d'extériorité à ce qui n'est pas lui. Pour faire court, l’anti-humanisme reste un humanisme, et lui échappe les niveaux de “règnes” auxquels appartient l”espèce humaine”, l’animalité, le vivant, la matière, la terre, le cosmos, l’univers… (Marx selon Ollman)

Ça ne marche pas, de reconstruire la question du genre en reprenant le meilleur de la critique féministe (Delphy) depuis le meilleur de la critique du capital (TC). Ça reste prisonnier des deux, et ça a beau dialectiser à donf le schmilblick, ça reste au bord avec une vision limitée de l’histoire, de l’espace-temps, de l’espèce humaine. Ça ne tient que par la sophistication du discours dialectique, et de ses constructions et contradictions binaristes héritées de Hegel.

Autrement dit, pour définir positivement le communisme (voir Théorie communiste et la définition du communisme), et les rapports inter-individuels comme ceux des êtres humains post-capitalistes avec leurs milieux, il va falloir sortir radicalement de la théorie de l’auto-destruction communisatrice du prolétariat comme être du capital, élargir la focale dans le temps et l’espace. Il faudra (re)passer par Camatte (Invariance).

Ce n’est certes pas un problème immédiat. Mais c’est une question qui détermine la resubjectivation positive, le désir de révolution au-delà de la seule nécessité de détruire le capital et ses assignations en tous genres. Sauf à surfer avec un nihilisme suicidaire, que nous avons, tous azimuts, sous les yeux.

Bon baisers de l’Ah Ah Vanne,

9 avril

Faire musique de toutes choses !

« Septièmement : je n'aime pas l'idée qu'il existe une chance sur cent pour que vous m'ayez pris pour un imbécile » Sam Spade, Le Faucon de Malte

Leon (prononcer le e entre é et è, le l entre r et l) est la transcription phonétique, en romaji - caractères latins - de deux kanjis - idéogrammes chinois utilisés pour l'écriture du japonais -, kanjis qui ont disparu depuis des décennies de l'écriture officielle. Ils n'appartiennent plus, depuis bien avant la réforme d'après-guerre, au japonais qu'on enseigne à l'école (c'est-à-dire que la plupart des Japonais ne savent pas les lire, comme ils ne peuvent plus lire, par exemple, Mishima dans le texte, mais seulement dans des adaptations-traductions, comme les Français lisent Rabelais, à la différence que Mishima est un auteur du XXème siècle). Ces deux kanjis signifient, accolés, "celui qui fait musique de toutes choses". Leon, c'est le troisième prénom de mon fils Nicolas, Shunto - Porte du Printemps -, choisi par sa mère le jour de sa naissance, un 27 février, parce qu'un soleil précoce inondait la chambre après l'accouchement. Leon, c'est moi qui l'ai voulu, pour traverser les langues (GLISSANT : « Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore.»)

Autant dire que ce Leon-là n'a rien à voir avec Trotsky, ni aucun autre Léon de nos contrées. Avec Matisse davantage. Comprenne qui pourra. A la limite yaurait eu Tosltoï, mais depuis, c'est le nom donné par une femme savante à son chien, ce qui me laisse dubitatif...

A propos de Matisse, je viens de découvrir un écrivain cubain réjouissif, Leonardo PADURA. J'ai commencé par L'automne à Cuba (il y est question d'un vrai, et d'un faux Matisse...)

" Mario Conde va fêter ses 36 ans. Une raison comme une autre de quitter la police après dix ans de service. L'occasion d'accepter une dernière enquête sur la mort violente d'un homme riche et malhonnête revenu à Cuba pour une raison secrète. Leonardo Padura s'intéresse doucement à son enquête. En fait, ce qu'il aime, ce sont les personnages et ces instants un peu vagues où les hommes s'abandonnent à eux-mêmes. Les digressions, les réflexions, Padura en fait son miel. Sous sa plume, Mario Conde est un homme déjà meurtri par la vie ou l'amour. Il se dégage un tel charme nostalgique de ce livre, un parfum de nuits cubaines, de musiques et de meurtrissures du pays, qu'on reste là à divaguer avec l'auteur, fort peu impatient de connaître le fin mot de l'histoire tant la promenade est belle et le guide plaisant." Dinah Brand, Lire, février 2000

Je compte poursuivre avec 'Adios Hemingway'... et je ne manquerai pas d'en laisser quelques traces, ici ou là. Hemingway avec lequel l'auteur affirme avoir « entretenu des années durant une relation tumultueuse d'amour-haine », et qui, cherchant, « le moyen de confronter [ses] propres dilemnes personnels avec ceux de l'auteur de 'Paris est une fête', [n'a] pas eu meilleure idée que de transmettre [ses] obsessions au Conde [son héros].»

Page 217 de L'automne à Cuba, en Points Poche, un personnage de Padura dénommé Washington Capote " imitait le soliloque cynique et parfaitement au point du détective, jusqu'à la septième raison, qui était celle qui lui plaisait le plus : « Septièmement : je n'aime pas l'idée qu'il existe une chance sur cent pour que vous m'ayez pris pour un imbécile », disait ce fou littéraire, et il souriait, cinématographiquement et même mieux que Bogart". [c'est dans Le Faucon Maltais, roman et film tiré, de Dashiell HAMMETT, dont Aragon considérait qu'il « domine ce siècle-ci, plus haut que Faulkner ou Hemingway, sans mésestimer l'œuvre de ceux-ci. »]

Et page 46, ce passage : « Mais comment et de qui avait-il brisé la vie à cette époque, de façon si brutale que sa victime n'avait jamais connu le repos de l'oubli ni le soulagement du pardon ? », à ceci prêt que, parfois, on ne sait pas toujours qui est la victime, et qui l'assassin...

*

Publié dans la discussion de DNDF, Prenez Garde, adressé à Théorie Communiste :

« J’ai lu ce texte [Les émeutes en Grèce] qui a circulé [avant sa publication]. Il est parfait, sur le terrain de TC. Il y a toujours, d’où qu’on parle, des points aveugles. Je ne suis pas au niveau, et dépourvu de l’envie, de faire de TC une “lecture symptomale”* (ou du signifiant, de la forme comme cointenu du rapport théorie-praxis).

* Allusion à la lecture symptomale de Marx par Althusser, voir Jean-Marie Vincent, La lecture symptomale chez Althusser « interroger les textes sur ce qu’ils doivent à ce qu’ils ne maîtrisent pas »

Il vient un moment où le problème théorique de TC, du point de vue scientifique disons, est que cette théorie n’est pas falsifiable, parce qu’elle impose de s’y confronter sur son terrain, et dans son langage. Qu’on est en droit (comme dirait Denis) de considérer comme non unique. Mais TC n’acceptera jamais que la confrontation avec ce qui la reconnaît comme théorie centrale, et ne pourra jamais critiquer toute autre approche, théorique ou pratiques, que dans ses termes théoriques.

Et le moment est venu, pour moi, où ce qui fut fécond pendant quelques années devient un étouffoir pour penser librement par moi-même. Et tout ce que je pourrais élaborer ne saurait jamais vous intéresser, par définition de votre posture et de son angle mort sur elle-même. Comme beaucoup, vous êtes aussi passionément intéressants qu’”intéressés”, mais ça ne fera jamais l’affaire d’une pensée libre qui apprécie tout sauf d’être manipulée, ou instrumentalisée : jusqu’où ? Et la on peut avoir les plus légitimes interrogations sur “la direction objective” de la communisation, une fois que les deux formes de la théorie se seront compénétrées.

Cela dit à votre place, il n’y a effectivement rien d’autre à faire. Et à la mienne qu’à vous saluer bien bas. »

8 avril

Sakura now, Hanami, poème

rodrigo-bellony-a

Source Salsa Dancing Addict

Sur la paupérisation, une texte conseilliste de Ngô Van, de 1966, que ressort Échanges et Mouvements. On s'intéressera particulièrement au fait que ce concept de paupérisation revient dans les débats théoriques, ce qui renvoie aux considérations de RS dans "Revendiquer pour le salaire", TC 22, fév 2009, " 4° la paupérisation absolue est le concept rendant compte de l’immédiateté de cet enfermement - crise du travailleur libre, [...] mouvement paradoxal pour le capitalisme consistant à tendre à transformer le travailleur libre en esclave. Dans la situation actuelle de son autoprésupposition, le capital « retourne », dans ses formes de développement les plus évoluées, à des formes de mobilisation de la force de travail reprenant les déterminations de l’esclavage (aucun pathos dans cette considération)", esclavage qu'évoquait aussi Ngô Van « Le rapport économique actuel capital-travail implique que les "miettes" qui sont abandonnées à la classe ouvrière seront d’ordre économique, mais le rapport fondamental et permanent maître-esclave ne se modifie pas.» Je ne partage pas son idéologie humaniste d'époque (« C’est le concept de déshumanisation qui réunit tous les aspects répressifs de l’existence moderne car il s’applique aussi bien à l’existence sociale qu’à l’existence individuelle»), mais je retiens néanmoins quelques formulations intéressantes :

« [...] Des variations, même sensibles, dans les conditions de vie matérielle, n’affectent pas le fonctionnement des systèmes d’exploitation ; par contre, il est évident qu’un relâchement de l’oppression spirituelle, même relatif, signifierait, à brève échéance, la ruine de ces derniers : leur conscience libérée du mythe de la nécessité naturelle et de la moralité de leur exploitation, les exploités ne pourraient que vouloir la fin de l’injustice et non des palliatifs destinés à en adoucir les effets. Cette oppression spirituelle et morale est donc une nécessité absolue et ne souffre aucun affaiblissement.

[...] Le phénomène de paupérisation ne concerne qu’une classe sociale : accroissement de la richesse à un pôle, paupérisation à l’autre pôle, dans les rangs du prolétariat. Or, ce n’est pas seulement une classe sociale qui est victime des conditions d’existence modernes, c’est tout le corps social, c’est l’existence individuelle et la vie publique qui se dégradent et se corrompent.

[...] S’il y a déshumanisation par rapport aux systèmes d’exploitation précédents, c’est précisément dans la mesure où seuls les domaines de l’existence humaine où subsistait une liberté d’expression relative ­ la vie privée, l’art, les relations individuelles élémentaires ­ sont en voie d’être conditionnés par des modes de répression totalitaires. La socialisation s’effectue par le nivellement de toutes les facultés créatrices, par la mutilation de la vie instinctive et du comportement individuel. Tout ce qui demeurait de liberté à travers la tradition et en dépit d’elle et qui avait résisté à l’oppression des religions dogmatiques, tout ce qui dans les rapports individuels permettait l’épanouissement d’une véritable communion affective ­ cette ferveur que la religion reprend et dénature en la faisant servir à la recherche d’un salut extraterrestre ­ se trouve détruit par l’exaltation de l’égoïsme économique.

[...] On voit clairement que toutes les formes de culture et d’éducation sont incapables de créer un climat humain nouveau, de donner à la créativité et à la passion humaines un champ d’activité à sa mesure. L’éducation dispensée par les organisations politiques, dans la mesure où elle fait appel aux mêmes forces de pensée sclérosées, ne possède pas davantage de vertu révolutionnaire au niveau de la transformation des rapports humains. C’est pourquoi les grandes "masses" incultes qui échappent, souvent en raison de leur inculture, à l’influence des formes traditionnelles de pensée et d’action peuvent, par leur révolte spontanée, créer ce climat social favorable à l’éclosion de nouveaux rapports entre les individus. Quand l’élan passionnel les porte, quand la volonté de changer la vie, d’accéder à la dimension idéale de l’existence fait corps dans la révolte avec leur comportement humain immédiat, les individus se libèrent, pour une large part, de la pression des déterminismes économiques et sociaux. La poésie devient vie, et la réalisation de l’idéal la seule mesure de l’activité humaine. Ainsi, la dimension passionnelle de la révolte est généralement indépendante de la maturité politique.

[...] Si nous considérons que c’est dans ces seuls moments que le renversement des habitudes et des formes de pensée traditionnelles permet de poser le problème de la transformation révolutionnaire de la société dans toute son étendue, on comprendra mieux que le problème de l’accroissement ou de la diminution de la richesse, de la paupérisation ou de l’enrichissement, ne peut avoir de valeur que dans une optique réformiste de la transformation sociale. Nous devons dépasser l’étroitesse des préoccupations imposées par la société où nous vivons et essayer de poser le problème de la transformation de l’existence dans une perspective humaniste élargie. Dans notre conception de la révolution, nous devons accorder une place plus grande à cette dimension individuelle et passionnelle de la révolte et à la transformation du comportement immédiat qui accompagne tout mouvement révolutionnaire. »

J'ai une certitude, c'est qu'il est dangereux, aussi bien pour l'émancipation de chacun (l'individu) que pour celle de tous (la communauté, Gemeinwesen), d'opposer le combat individualiste bien compris et le combat révolutionnaire en tant que lutte de classes pour l'abolition des classes. Autrement dit, je persiste à tenir ensemble - c'est tout le sens de ce site  et de son titre "communisation & poétique" - les deux aspects de la question, pour aboutir à ce qu'« à la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes, surgi[sse] une association dans laquelle le libre développement de chacun est [soit] la condition du libre développement de tous. » (Marx, Le Manifeste).

7 avril

Happy Birthday to me, a-poème improvisionnaire

4 avril

DNDF, des discussions 'somme toute intéressantes', à la queue des articles 28 thèses sur la société de classes 1-4id 9-12, et Prenez Garde !

Estos Son los Amigos ! Tata GÜINES, CACHAITO... Traditional Cubana

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

Je poursuis un petit tour d'horizon aléatoire des grands congueros. Tata GÜINES nous a quitté l'an dernier, comme le contrebassiste Cachaïto cette année (voir plus bas 11 février). Dans cette video, ils jouent ensemble, rien que des vieux... assez loin de la virtuosité impressionnante des plus jeunes Orlando Poleo, Giovanni Hidalgo, Anga Diaz... Mais quelle musicalité, et quel 'swing', autant dans l'accompagnement que dans le solo de congas (vers 5:40) ! Güines tenait les congas dans les Descargas de Cachao en 1957 (voir réédition plus bas 20 mars)

3 avril

anga.jpg

Photo by Christien Jaspars

Miguel ANGÁ DIAZ, Solo from Angá Mania 2007, Con Irakere 1994, Angá & Tata Guines on Mi Salsa. Autres vidéos.

2 avril

À toutes jambes, quand les sourds...

5938 visites du site en mars. En avril elles baisseront de façon drastique, puisque j'ai modifié l'adressage de toutes les pages, qui ne sont plus indexées par les moteurs de recherche (sauf la page d'accueil). Patlotch is presque dead on the net ;-)

Heures exquises, qui laissent aux heureux cadavres leurs cicatrices d'artisses tristes. But God bless the Child ! chantait Billy Holiday (dont ce sera mardi l'anniversaire, celui de Flora Tristan, et le mien). Et, comme j'intitulais un portrait de Philippe Soupault (dans la série des collages 'Mes quotidiennes Humanité' réalisée en 1989), portrait qu'avait tenu à m'acheter Paul Chemetov, son gendre, pour l'offrir à la fille du co-inventeur du surréalisme :  À toutes jambes, quand les sourds... (et les sourdes, ne soyons pas sexistes)

Les contradictions de la globalisation et Haïti, AlterPresse, un article somme toute intéressant

29 mars

« le symboliquement réel n’est pas le réellement symbolique. Le réellement symbolique, c’est le symbolique inclus dans le réel, lequel à bel et bien un nom, cela s’appelle le mensonge. Le symboliquement réel, soit ce qui du réel se connote à l’intérieur du symbolique, c’est l’angoisse. Le symptôme lui est réel, c’est même la seule chose vraiment réelle, c’est-à-dire qui conserve un sens dans le réel.» LACAN « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », 15 Mars 1977

L'organisation des musiques africaines à partir de l’ouvrage de Simha AROM, Polyphonies et polyrythmies instrumentales d’Afrique centrale /  Polyrythmies de l'Afrique centrale, rythme assymétrique, "imparité rythmique"

The Dialectical Eroticism of Improvisation, Tord GUSTAVSEN, november 1999

28 mars

Adjei ABANKWAH

was a principal dancer and choreographer with The Ghana Dance Ensemble for 11 years. In addition to dancing, he is an accomplished musician and composer. He plays a number of traditional African Instruments including the flute, xylophone, bass marimba, and drums. Adjei now lives in Boulder where he teaches dance, music, composes for, and performs with his band Charlie Sounds. Adjei is the co-producer and director of the BaoBao Colorado non-profit association, which is dedicated to building community through multi-cultural experiences in the performing arts. Highlights BaoBao Festival 2007

*

« Les suffisances matamoresques mènent aux finales crevaisons grenouillères » James ENSOR

Danses macabres, danses de vie. Note à propos de J. Ensor et G. Carnelli, Florian El Mohamad et Adrien Bardi Bienenstock –  Février 2009, Revue Invariance, Convergences  

Squelettes se disputant un hareng saur, James ENSOR, 1891 

" Il convient de préciser le rôle des vignettes que nous avions placées en tête de nos deux textes [Ensor pour Gloire et putréfaction], étant donné la confusion ou l'interrogation qu'elles pourraient susciter. Pendant de longs mois, l'année précédente, nous avions beaucoup médité sur la dissolution de l'ère médiévale et l'émergence du « nouveau monde », celui du capital et de la modernité, mais aussi l'émergence de toutes les potentialités qui fleurirent au cœur, en marge, ou tout à fait en dehors mais contemporaines de l'immense vague insurrectionnelle communément nommée la guerre des paysans. Notre méditation, qui fut un ressenti et une perception profondes, s'est déclenchée à partir d'une compréhension de cette guerre des paysans et des divers mouvements et expressions qui fleurirent et se croisèrent en tout sens en cette fin XV°- début XVI°.

Nous avons ressenti l'importance fondamentale dans la représentation de deux choses : la danse macabre dont les premières apparitions milieu XV° correspond historiquement à l'entrée dans la phase de dissolution effective, ainsi que l'idée du renversement du monde afin de le remettre à l'endroit. Ce dernier élément est passé dans la modernité et est devenu central, voire fondamental, dans la formation de la représentation du mouvement révolutionnaire moderne. En revanche, la danse macabre, elle, s'est éteinte en même temps que la fin de la phase de dissolution et l'affirmation progressive de la voie capitaliste, de la dynamique du capital.

La danse macabre. Elle était l'expression même de la dissolution de ce monde. Tout est arrivé à terme, tout est fini, les structures se sont vidées de toute substance, elles ne survivent qu'en putréfaction. Elle exprimait aussi, la danse macabre, l'impasse de la nouvelle dynamique qui tendait à s'imposer mais qui n'était pas encore dominante : elle était une impasse car effectivité de la putréfaction et son achèvement même dans la mort. Enfin, la danse macabre exprimait la nécessité de la vie : en ce sens, elle est le passage vers une nouvelle vie, une vie nouvelle qui n'est pas celle fictive, imaginaire, de l'âme dans le ciel après la mort comme les Églises tentaient toujours d'imposer, mais une nouvelle vie sur terre, au sein du cosmos (d'où le côté toujours millénariste du premier mouvement révolutionnaire communiste moderne, la guerre des paysans : l'affirmation que la Terre est Église, et que le Royaume de dieu est ici et maintenant sur Terre), ni celle de la voie capitaliste, et ni celle de la conservation de ce qui est (à l'époque structures féodales ainsi que l’ensemble des éléments médiévaux putréfiés). Danse macabre était en même temps danse de vie.

Cette époque de dissolution ouvrait tout possible. Pourtant, on peut observer que peu à peu la danse macabre illustra l'inéluctable mort qui rattrape tout, même les hommes, femmes, enfants, pleins de joie. C'est le capital qui s'imposa.

On voit l'importance de cette représentation, innervée d'un ressenti, d'un vécu aigü de la dissolution et de ce que celle-ci implique d'impasses ou de sorties possibles et potentielles.

La vignette de Aider à mourir le monde est de Giuseppe Carnelli, celle de Gloire et Putréfaction est de James Ensor, tout deux datant du début 20° siècle. Que signifie cette remontée du macabre chez certains individus au tout début de ce siècle ? Le début du 20° n'est pas une ère de dissolution ; mais il est une époque catastrophique. Une crise très profonde l'affecte. Et divers mouvements partent en tous sens afin d'essayer de se représenter une nouvelle dynamique de vie, sans jamais pouvoir la rendre effective. Il y aura la révolution russe et la révolution allemande ; mais toutes deux, alors qu'elles ont été d'immenses matrices, ont échoué. Intégration définitive du prolétariat révolutionnaire, accession dans la guerre, les massacres, la destruction, du capital à sa domination réelle.  Tout cela conduit à percevoir une rupture catastrophique. Et s'il y a rupture catastrophique, alors des éléments se dissolvent et sont réintégrés dans la nouvelle structure encore plus vaste de la domination. Nous sentons que James Ensor voulait signifier : regardons ces morts-vivants qui se battent entre eux, se débattent, allons-nous nous aussi nous y mettre ? Nous assistons à un combat de macchabés : laissons-les donc : c'est nous qui faisons vivre leur combat irréel ! Tout est en putréfaction, cessons d'y prendre part car nous ne ferions que pérenniser, et cessons de fixer, terrifiés, ce spectacle (participation passive). Alors que reste-t-il ? Abandonner ce monde et enclencher une nouvelle dynamique de vie. Il convient ainsi de lire la vignette de Giuseppe Carnelli avec l'entrée du texte qui lui fait face. Si les rois de ce monde sont en putréfaction, quel intérêt à combattre un mort qui ne tient debout que parce qu'on le fait tenir debout : autant ses partisans que ceux qui s'y opposent ! Laissons-les s'effondrer, ils sont déjà des cadavres, enclenchons maintenant un nouveau procès !

Ces images sont remontées spontanément en nous. Alors que Jacques Camatte nous interrogea sur ces images, et y ayant réfléchi nous-mêmes, nous ressentons maintenant la signification de leur remontée : oui, nous vivons à l'heure actuelle l'ère de la dissolution de ce monde, tout comme il y a cinq siècles. Le fait que nous ayons placé ces vignettes ne veut donc pas dire que la putréfaction s'imposerait toujours pérenne, mais que nous avons ressenti la perception de la dissolution et que tout est consommé. Aujourd'hui les processus sont arrivés à leur fin. Laissons ce monde mourir en le quittant. Le quitter veut d'abord dire : cesser de reproduire, abandonner la terreur qui nous habite, et enclencher une trajectoire qui rompe avec l'ensemble des pratiques entrant dans la combinatoire de ce monde. Car, comme toute ère de dissolution, le possible devient potentialité. Et la potentialité devient opérante en effectuant le saut !

Nous ressentons d'abandonner toute représentation. Accomplir et refermer ce qui s'est ouvert au 15° siècle, qui a ressurgi au début 20° puis au cours du soulèvement des années 1960. La représentation, et en l’occurrence celle de la mort, ne peut plus se poser comme support : mystifiant la sortie et donc réactualisant l'impasse. Abandonner et refermer tout ce vaste procès qui vit au cœur de chaque individu, c’est effectuer le saut, et celui-ci est abandon de toute peur. A condition d'affirmer toujours plus précisément la concrétude de la communauté (la vie nouvelle), sa perception immédiate, sa trajectoire qui doit s'effectuer et advient en s'enracinant dans divers hommes, femmes, enfants, dans des individualités (et dans toute individualité!) accédant peu à peu à homo-Gemeinwesen, à la vie nouvelle. "

Foundations of African Music, Barry Mitchell, from West African Pop Roots by John Collins (1992)

27 mars

File:Zulu dance (cropped).PNG

La théorie embarquée, côté face (Zulu Tribal Dance, video)

010.jpg image by The1stLt 

La théorie embarquée, côté pile... Wonder !
(source
Zulu War Pictures)

 "28 thèses sur la société sans classe", 2009, 1 à 15 (à suivre) "Traduction par nos soins [DNDF] de 28 Theses on Class Society, depuis le texte allemand des "Amis de la société sans classes"

26 mars

Noé TAWARA
Artiste de théâtre formée à Tokyo.
Pratique la danse traditionnelle japonaise
Jiuta Maï (video) .
Aujourd'hui créatrice, actrice, chorégraphe et danseuse chevronnée.
 
Au Balajo... vidéo

*

La poésie trouble-fête, Libération 25 mars

Michel Deguy, Jacques Dupin et Martin Rueff poètes

Monsieur Xavier North est «délégué général à la langue française et aux langues de France». Il s’énerve (voir Libération du 19 mars) ; il a raison ; il sent que nous doutons du sens de ses «admirables efforts» pour promouvoir la langue française en proposant qu’on démontre sa modernité à partir de dix mots.

Il a raison aussi quand il reprend confusément notre argumentaire (ce sont les littératures qui font les langues). Il a raison enfin quand il nous donne tort : nous ne partageons pas son sens de la fête. Nous nous permettons de douter que la défense et l’illustration de la langue française passent seulement par l’extension des échanges, la «mondialisation du commerce» ou la spectacularisation de la société (en l’espèce un concours dont le plus sage doit rire). Ni qu’il faille rendre le français aussi attractif que «l’anglais».

A la fin de son Essai sur l’origine des langues où il est parlé de la mélodie et de l’imitation musicale, Jean-Jacques Rousseau, qui ne confondait pas communication et dialogue, commerce et échange, prix et valeur, prévoyait un chapitre, resté hélas inachevé, sur le «rapport de la langue aux gouvernements». On y trouve la phrase suivante : «Les sociétés ont pris leur dernière forme ; on n’y change plus rien qu’avec du canon et des écus, et comme on n’a plus rien à dire au peuple sinon, donnez de l’argent, on le dit avec des placards au coin des rues ou des soldats dans les maisons ; il ne faut assembler personne pour cela : au contraire, il faut tenir les sujets épars ; c’est la première maxime de la politique moderne.» Que M. North (qui devrait la défendre) ne compte pas sur la poésie pour admirer ces placards et rallier cette maxime, elle qui veut incarner (aujourd’hui et plus que jamais peut-être) l’inquiétude d’une langue, l’angoisse de ceux qui la parlent, le désir d’échanges gracieux et fragiles, mordants s’il le faut.

Elle n’a besoin de personne pour faire la fête et elle refuse aussi qu’on lui prescrive ses printemps. «Aussi longtemps que le monde renversé sera le monde réel» (Karl Marx), la poésie sera la trouble-fête.

Masque Nô du démon femelle Hannya

25 mars

Candido Camero, photo Yaritza Acosta

A History of the Conga Drum, by Nolan Warden

Percussions africaines traditionnelles, 118 vidéos. Source African Percussion in RHYTHMWEB

24 mars

Trois articles de Paul MATTICK Jr publiés par Échanges et mouvements : En plein brouillard, Entreprise hasardeuse, et Des hauts et des bas

23 mars

Mao s'était trompé, la révolution est une partie de gala : Le Capital de Karl Marx version comédie musicale en Chine. Pauvre Marx, pauvre Kurosawa, pauvres Chinois, pauvres artistes ! Et pauvre de nous, pauvre prêcheur...

21 mars

Le romancier et musicologue Alejo CARPENTIER retrace ici l'histoire de la musique cubaine depuis la découverte de l'île jusqu'aux premières décennies du 19ème siècle. Je relis aujourd'hui ce livre (de 1946, publié en français par Gallimard en 1985 sous le titre "La musique à Cuba"), acheté en 1989, à la veille d'un voyage à Cuba pour les trentenaire/bicentenaire de nos 'révolutions'. Pour la petite histoire, Carpentier sort en 1928 des geôles du dictateur Machado (voir histoire de Cuba), "très poétiquement", grâce à Robert Desnos, qui s'était enthousiasmé dans Le Soir pour "l'admirable musique cubaine", "digne, par ses extraordinaires qualités, de devenir célèbre dans le monde entier". Carpentier rencontre alors les Surréalistes, Aragon, Eluard, Artaud, Queneau, Prévert...

"Liturgies de la rue", Florent SIAUD, Tracés. Revue de Sciences humaines, n° 5, La rue, avril 2004.

" Des chansons de rue aux danses carnavalesques, tout concourt à faire du paysage sonore de la rue médiévale et renaissante un espace que la polymorphie rend problématique au regard de toute autorité (politique, religieuse, esthétique) qui ambitionnerait de le maîtriser. Comment, en effet, appréhender un espace sonore dans lequel la diversité l’emporte sur le sens que voudrait lui conférer le roi ou l’église ? De cette tension entre principe de liberté et impératif de conformation au pouvoir découle une série de phénomènes dont certains prolongements sont d’ordre musical."

"Revendiquer pour le salaire", TC 22, février 2009 

« Si, de façon générale, dans le cycle de luttes actuel, la revendication n’est plus ce qu’elle était, c’est de façon spécifique que revendiquer pour le salaire prend maintenant une signification nouvelle. La revendication salariale est certainement devenue le terrain où, dans l’action du prolétariat, se prépare la production de l’appartenance de classe comme une contrainte extérieure et cela au plus intime d’elle-même : le rapport salarial par lequel son existence physique / sociale de classe existe dans et dépend du capital.

Nous montrerons :

1) Objet d’une double déconnection*, « revendiquer pour le salaire » est illégitime ; * D’une part entre valorisation du capital et reproduction de la force de travail, d’autre part, entre la consommation et le salaire comme revenu.

2) Cette illégitimité enferme la revendication dans la contradiction surtravail / travail nécessaire

3) Cet enfermement est une crise du travailleur libre dont l’élément central est ce que nous appellerons l’achat global de la force de travail ; [discussion sur « ce mouvement paradoxal pour le capitalisme consistant à tendre à transformer le travailleur libre en esclave»]

4) La Paupérisation absolue  est le concept rendant compte de l’immédiateté de cet enfermement ;

5) Une recomposition de classe, enfin, telle qu’elle se construit dans son rapport au capital, la revendication pour le salaire peut être la dynamique d’une  recomposition historiquement spécifique du prolétariat. »

Notes : 1. Ecole de la régulation 2. Crise : taux de profit / demande  3. Corée du Sud 4. L'Opéraïsme (Négri) et la lutte sur le salaire 5. Marx et la 'petite circulation', l'actionnariat salarié, l'épargne salariale 6. L’achat global de la force de travail et l’Etat 7. La paupérisation relative

20 mars

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.Photo Jean-Luc Agathos, source http://www.salsafrance.com/

Israel Cachao López

Rappel, chefs d'oeuvres pour tous, de - 7 mois à + 777 ans

Master Sessions, Vol. 1

Havana Sessions

pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles

Cachao avec Bebo Valdez

18 mars

Travaille ou crève !

Un mot d'ordre d'actualité pour sauver le capital et son prolétariat, avec de fortes réminiscences... esclavagistes. Le travail coercitif redevient la mode à travers les modifications entre salariat, chômage, et précarité, au point que le rapport prolétariat-capital tend à prendre, structurellement et globalement, des formes esclavagistes [voir "la crise du travailleur libre" dans Revendiquer pour le salaire, TC22], entrant en contradiction avec le principe même du capitalisme fondé sur le face à face contractuel entre « le prolétaire nu [travailleur libre] et l'homme aux écus ».

D'un leader Communard à de mâles Francs-Maçons Africains, en passant par Napoléon III chez les Antillais, tous 'sans papiers' avant la lettre... Florilège :

« En quarante-huit, on a proclamé le droit au travail, nous proclamerons l'obligation au travail. Que celui qui travaille mange, mais que celui qui ne travaille pas n'ait aucun droit ... Par la collectivité, plus de paupérisme ». Emile DUVAL, 1869, dans une réunion publique.

« [...] leader révolutionnaire du «faubourg souffrant», appelé «l'homme sans visage», le général Victor-Emile Duval, assassiné par les Versaillais le 4 avril 1871 lors de la tentative d'offensive contre le Gouvernement de Thiers réfugié à Versailles, la ville maudite. [...] ouvrier fondeur blanquiste, membre de l'Internationale, élu Communard du XIIIe arrondissement. [...] Source La Commune, Bulletin des Amis de la Commune de Paris Esclavage moderne ou modernité de l'esclavage ?

Les habits neufs de l’esclavage. Métamorphoses de l’oppression au travail, Roger BOTTE, 2005, Cahiers d'Etudes africaines, Editions EHESS

Antilles françaises : Ainsi naquit le chômage, puis il se développa...  INSEE, 1995 « En 1950, un peu plus d’un siècle après l’abolition de l’esclavage, se déclarer au travail est la règle. On répugne à se considérer comme chômeur. Quarante ans après, le chômage est une réalité tangible. Il s’est institutionnalisé et sa perception, comme celle de l'emploi, a changé (...)

Napoléon III crée, en 1852, un régime d'obligation au travail plus proche de l'esclavage que du salariat. La règle est l'engagement, pour au moins un an; l'engagé reçoit un lopin de terre et une case, ce qui accroît sa dépendance vis-à-vis de son patron. Il fournit une prestation en travail contre une rémunération qui peut prendre des formes diverses. Il doit être muni d'un livret qui doit être visé tous les mois par le patron. Le passeport intérieur permet de compléter le dispositif, en permettant aux autorités de suivre les déplacements de tous (sauf les notables, semble-t-il).

Tout individu sans livret ni passeport [autrement dit aujourd'hui 'sans papiers'] et sans preuve d'un travail pour son propre compte est considéré comme vagabond ['irrégulier']. Il est passible d'amendes, payables en journées de travail. Selon Jean-Adélaïde Merlande « la situation potentielle de vagabondage (pas de moyen de subsistance, pas de métier ni professions habituels) crée en quelque sorte l'obligation pour échapper à la répression de vagabondage l'obligation de contracter un engagement de travail ». Dans ces conditions, le travail est coercitif. Le travail pour autrui est synonyme d'assujettissement, mais est un mal nécessaire si on veut échapper au délit de vagabondage ».

C'est tout à fait comparable à ce qui se passe aujourd'hui dans la modification du rapport temps chômé-temps travaillé, avec les changements dans la fonction des divers revenus minimums, le rôle des institutions et lois liées à l'inactivité salariale (durable comme intermittente), comme obligation au travail pour fournir aux entreprise, à tout moment et au plus bas prix,  la force de travail adéquate, avec la mise en concurrence mondiale (globale) entre prolétaires, entre zones géographiques plus ou moins "développées", "émergentes" ou "arriérées", comme au sein de chaque zone...

« La Franc-Maçonnerie rappelle à tous les membres de respecter les lois des pays qu'ils habitent et considère l'obligation au travail comme une loi impérieuse.» Grande Loge Symbolique Masculine d'Afrique

17 mars

Un baiser sacré salé solo du conguero Orlando Poleo  (9:41 de bonheur)

16 mars

Woyzek " Un sujet d’aujourd’hui... datant de 1837 " Tout ça pour qu'un plumitif aligne une ânerie au prix d'un lieu devenu commun ? : « Cette vision marxiste du monde amènera Jean-Paul Sartre à conclure, un siècle plus tard, que l'enfer, c'est les autres. »

« Les plumes du Phénix se brisent quelquefois, mais qui pourrait  dompter une âme de dragon ? » YEN YEN-TCHE (384-456), qui n'est pas yen à dévaluer. Le poème complet :

Si K'ang

Le chevalier n'est pas de notre monde
Il se nourrit librement de brumes roses
Son corps se dissout au gel de l'esprit,
Sa parole dit le silence de l'Immortel.

Ennemi du commun, il fuit la multitude;
Ami des solitaires, il cherche la montagne.
Si parfois se déchirent les ailes du phénix,
Nul ne peut dompter l'esprit du dragon !

15 mars

Vu du Cameroun : Sur les sentiers historiques de la journée internationale de la femme

Marx-Engels : Hausse tendancielle du taux d'édition, une interview d'Isabelle GARO par Le Devoir, journal québecquois

" Un grand chantier éditorial français reprend la traduction et la publication des oeuvres complètes de Karl Marx et de Friedrich Engels

Avez-vous lu tout Marx et Engels? Certainement pas, en français du moins, puisqu'il n'existe toujours pas de traduction intégrale de leurs oeuvres. On répète: même si le système politico-idéologique mis en place en leur nom a déjà dominé la moitié de la planète et marqué au fer rouge le XXe siècle, environ le tiers de l'oeuvre de Karl Marx (1818-1883) et de Friedrich Engels (1820-1895) demeure inédite en français, bien plus si on considère leurs himalayennes notes de lecture.

« C'est une situation paradoxale, qui constitue une singularité de la France, commente la philosophe française Isabelle Garo, jointe à Paris. Le travail de traduction est achevé ou assez complet dans plusieurs autres langues, en anglais, en italien et en espagnol, par exemple. Marx a commencé à être traduit en français de son vivant, mais le climat politico-théorique de la France a introduit des blocages.»

Le renouveau se concrétise maintenant autour de la Grande Édition Marx-Engels (
GEME), un chantier éditorial pharaonique codirigé par Mme Garo et une douzaine de savants franco-français. Après des études en philosophie à la Sorbonne et une thèse sur le concept de représentation chez Marx (1996), Mme Garo enseigne aujourd'hui dans un lycée parisien. Avec ce parcours, elle dit être arrivée «tout naturellement» à la GEME. À terme, d'ici 20 ou 30 ans, qui sait, la collection des oeuvres complètes comptera des dizaines de volumes, avec un bon tiers de textes inédits jusqu'ici, des lettres mais aussi des chapitres complets de livres et des textes circonstanciels.

Retraduire au besoin

La Grande Édition Marx-Engels s'appuie sur la Marx-Engels Gesamtausgabe (
MEGA), le chantier en langue allemande, mobilisant des chercheurs sur trois continents depuis le début des années 1990, ce qui en fait le plus important du genre dans le monde. La taille de cette nouvelle édition complète a été réduite de 164 à 114 volumes, dont plus de 50 ont paru. Le dernier volume de l'infrastructure en langue originale devrait paraître autour de 2025.

La MEGA allemande appuie la GEME française avec le Centre national du livre, la Fondation Gabriel-Péri, l'Université de Dijon et celle de Paris 1. La Dispute/ Éditions sociales organise le tout. La maison autonome hérite du fonds des anciennes Éditions sociales/Messidor (rattachées au PCF, le Parti communiste français), qu'il s'agit de dépoussiérer et de bonifier.

« Nous repartons de ce fonds hétérogène, avec certaines traductions de très bonne tenue et d'autres plus datées et discutables, explique Mme Garo. Notre idée n'est pas de tout recommencer mais de réviser ou de reprendre les traductions en les harmonisant, quand c'est opportun, et de retraduire quand il le faut.»

Les truchements contemporains suivent la mutation des concepts dans l'oeuvre, mais aussi dans les adaptations successives, en bannissant toute idée de progrès linéaire. Mme Garo donne l'exemple classique de Aufhebung, emprunté à la dialectique hégélienne.

« Ce terme s'avère particulièrement intéressant parce qu'il conserve sa polysémie dans toute l'oeuvre, explique la spécialiste. De temps en temps, selon les cas, il veut dire "dépassement"; de temps en temps il signifie "abolition". On ne peut le rendre de la même manière tout le temps et il faut éviter les néologismes. Nous allons d'ailleurs justifier longuement nos choix dans les notes, qui se retrouveront dans l'édition électronique uniquement.»

Virtuellement Marx

C'est l'autre grande nouveauté du chantier. À terme, la GEME comptera environ 90 millions de signes, dont une large part détournée vers le virtuel: les écrits de Marx et d'Engels auront droit au bon vieux papier; l'appareil critique sera en partie dématérialisé.

« En fait, de manière plus ambitieuse, nous concevons d'abord une version électronique et dans un second temps une édition papier », corrige l'éditrice. À partir de 2010, un site (en partie payant) diffusera l'ensemble du fonds des anciennes Éditions sociales, puis, au fur et à mesure, les nouvelles traductions également disponibles en livres expurgés des notes trop lourdes mais dotés d'appareils critiques entièrement rénovés. L'index électronique bilingue (allemand/français) facilitera la recherche dans l'ensemble de l'oeuvre électronique.

Le premier volume tout frais publié, la Critique du programme de Gotha de Marx (1875), se vend cinq petits euros, soit huit huards. « C'est un symbole important pour nous, explique Mme Garo. D'abord, il n'était plus disponible en librairie. Ensuite, ce texte aborde des questions toujours essentielles: le travail, l'État, le droit, le passage au communisme. Il s'agit d'un texte d'intervention politique que nous situons dans son contexte, celui de l'unification du mouvement ouvrier allemand.»

Les autres suivront en poche, en grand format, voire uniquement en version électronique, en fonction de leur popularité potentielle. Il y aura bientôt des articles de Marx sur l'Inde et d'autres du jeune Engels des années 1838-1844.

Marxiste ou marxien ?

La GEME publiera aussi les inédits les plus intéressants. Par exemple le chapitre 6 du Capital, sur le travail productif et le travail improductif, absent de l'édition du Livre I et disparu des rayonnages français depuis les années 1970. Elle proposera éventuellement tout Le Capital en tant qu'oeuvre spécifique, depuis les premiers brouillons de 1857-1858 (les fameux Grundrisse, les fondements), jusqu'aux dernières rédaction du Livre III.

Et avec tout ça, quelle école marxiste ou marxienne représentera cette grande édition? «Aucune», répond fermement la philosophe. La GEME se veut neutre et apolitique. Il ne s'agit pas plus d'une entreprise idéologiquement chargée que la MEGA.

« Nous allons bannir des notes les commentaires appréciatifs ou dépréciatifs, conclut Isabelle Garo. Ce sera ensuite au lecteur de développer ses propres partis pris de lecture. C'est un travail scientifique qui prend appui sur la conjoncture: nous sommes sortis des querelles de chapelles et il y a un regain d'intérêt pour la pensée de Marx et d'Engels. Notre équipe éditoriale compte des chercheurs d'obédiences politiques très diverses, voire sans allégeance. Il reste que lire Marx aujourd'hui, ce n'est pas innocent. Il peut y avoir beaucoup de lectures possibles et beaucoup d'enjeux...»

Bien noté. Une dernière question alors. Peut-on amasser du capital en vendant Das Kapital et le reste? « Ce n'est pas notre souci, dit Mme Garo, de la GEME. Mais il y a un regain d'intérêt très net pour les textes et nous trouverons nos lecteurs.»"

Voir aussi : Version Internet - À vos Marx... Prêts? Critiquez!: Marx, notre contemporain

14 mars

Communisation est arrivé sur Wikipédia, copié-collé de la présentation que j'en ai fait ici en 2005... Pour le reste, le relai documentaliste est passé... « Attendons-nous à être surpris et dérangés par le succès de la communisation » TC22

Les accidents du travail font 6 000 morts par jour dans le monde

Le rapport de l’organisation internationale du travail (Oit) intitulé  Ma vie, mon travail en sécurité (sic): Gestion du risque en milieu de travail, d'avril 2008, révèlait que quelque 2,2 millions de personnes décèdent chaque année dans le monde des suites d’accidents du travail et de maladies professionnelles, soit 6 000 travailleurs par jour.

Environ 270 millions de personnes sont victimes d’accidents du travail non mortels. Chacun entraîne en moyenne trois jours d’arrêt de travail. Par ailleurs, 160 millions de nouveaux cas de maladies liées au travail sont dénombrés chaque année tandis que le nombre de décès lié aux maladies professionnelle est en augmentation.

Le coût total de tels accidents ou maladies a été estimé par l’agence à 4 % du produit national brut (Pnb) mondial, soit plus de vingt fois le montant global de l’aide publique au développement.

Les classifications sont construites à des fins d’exploitation, Interview de Christine DELPHY pour Alternative libertaire, février 2009  > Féminisme, distinction de genres et/ou marxismes...

L’actualité des idées de Marx, Alain BIHR. En relation Bihr, Roth, Chesnais, Husson... et quelques autres sur la crise actuelle, Roland SIMON fév 2009 > CAPITAL : critique de l'ÉCONOMIE POLITIQUE.

11 mars

Natsuo KIRINO

« La couverture de cet épais thriller représente une mouche épinglée en gros plan. Et en effet, cruauté, observation minutieuse, acérée sont au programme.
Yuriko et Kazue, deux prostituées, viennent d'être assassinées, à un an d'intervalle, dans des conditions assez similaires.Pourtant, vingt ans plus tôt, elles étaient toutes deux élèves au prestigieux lycée K de Tôkyô et leur avenir s'annonçait sous les meilleurs auspices. Comment et pourquoi leur vie a t'elle pris un tel tour et s'est-elle terminée de façon aussi prématurée et sordide ?

"Deux femmes si complètement opposées en termes de beauté, d'intelligence et de parcours, qui tombent dans la prostitution et finissent par se faire tuer, puis abandonner par le même homme? Plus on y réfléchit, moins il paraît probable de trouver récit plus bizarre. Les mésaventures de Yuriko et Kazue ont changé ma vie de manière irrévocable".

Roman à quatre voix, Monstrueux [Gurotesku en japonais, traduit Grotesque en anglais] suit essentiellement la soeur aînée de Yuriko, qui tente de répondre à cette question et mêle à son récit des extraits des journaux intimes tenus par les deux mortes, ainsi que la confession de Zhang, leur assassin, à la police.

Alors que s'ouvre le procès de Zhang, la soeur entreprend de raconter cette "drôle d'histoire", et remonte le temps, jusqu'à leur enfance, leurs années de lycée. Mais point de bons sentiments ou de nostalgie ici. Depuis toujours, la narratrice, d'un physique assez quelconque, est traumatisée par la beauté surnaturelle, "monstrueuse" de Yuriko. Elle a en outre l'habitude d'imaginer, lorsqu'elle croise un homme, l'aspect qu'auraient leurs "hypothétiques enfants".
Du coup, son récit sera à fois teinté par la haine vouée à sa jeune soeur , le regard peu amène qu'elle jette sur son environnement et son goût pour le "fantasme génétique". On est d'abord surpris, voire déprimé, par cette étude d'une cruauté minutieuse des individus, de leurs physiques, comportements et défauts. Ceux de sa famille, de Yuriko, sublime idiote, de Kazue, son ex-condiscipline, brillante mais laide, de la jeunesse dorée du lycée de K...
Et puis on est fasciné par cette description qui épingle, au delà des individus, la "monstruosité" d'une société japonaise profondément inégalitaire et machiste, obsédée par les apparences et les origines sociales, gangrenée par l'exploitation sexuelle des femmes. Et on en vient en effet à comprendre ce qui a inexorablement conduit Yuriko et Kazue à la prostitution, la déchéance puis la mort.

Monstrueux est donc un thriller assez déroutant , où l'on perd un peu de vue l'intrigue criminelle (les quatre témoignages superposés offrent de toutes façons un éclairage différent sur la "vérité" du crime), et sommes davantage frappés par la noirceur de la critique sociale, son mélange de réalisme et d'outrance, de subjectivité et de froideur clinique.»
Nezumi

1er mars

Polymètre, poème

Conversation vs discussion

" On a toujours en commun les solutions qu'on mérite d'après les problèmes qu'on pose."

A propos de "conversation about (around ?) communisation", un ami se demandait si "conversation" avait le même sens en anglais qu'en français. Je me demandais quel sens pouvait avoir "conversation", en français, au-delà du sens commun. J'ai retrouvé le passage d'un entretien de Gilles DELEUZE avec Didier Éribon, en 1991, à l'occasion de la parution de "Qu'est-ce que la philosophie ?". On peut avantageusement remplacer philosophie par théorie, travail philosophique par travail théorique, voire tout autre enjeu en apparence plus modeste, entre amis. Jusqu'à se demander si, en ce sens, l'intérêt, la possibilité et la capacité de converser, plutôt que discuter, n'est pas le propre de l'amitié. Ce qui ne ferait pas pour autant de ceux avec qui l'on discute des ennemis. Il se peut aussi que, selon le sujet, on converse, on discute, ou l'on se dispute, même entre amis...

" DE : J'ai été frappé par un point de votre livre : le philosophe, dites-vous, ne discute pas. Son activité créatrice ne peut-être qu'isolée. C'est une grande rupture avec toutes les représentations traditionnelles. Pensez-vous qu'il ne doit même pas discuter avec ses lecteurs, avec ses amis ?

GD : C'est déjà difficile de comprendre ce que quelqu'un dit. Discuter, c'est un exercice narcissique où chacun fait le beau à son tour : très vite, on ne sait plus de quoi on parle. Ce qui est très difficile, c'est de déterminer le problème auquel telle ou telle proposition répond. Or si l'on comprend le problème posé par quelqu'un, on n'a aucune envie de discuter avec lui : ou bien l'on pose le même problème, ou bien on en pose un autre et on a plutôt envie d'avancer de son côté. Comment discuter si l'on n'a pas un fonds commun de problèmes, et pourquoi discuter si l'on en a un ? On a toujours en commun les solutions qu'on mérite d'après les problèmes qu'on pose. Les discussions représentent beaucoup de temps perdu pour des problèmes déterminés. Les conversations, c'est autre chose. Il faut bien faire la conversation. Mais la moindre conversation est un exercice hautement schizophrénique, qui se passe entre amis ayant un fonds commun, et un grand goût des ellipses et des raccourcis. La conversation est du repos coupé de longs silences, elle peut donner des idées. Mais la discussion ne fait aucunement partie du travail philosophique. Terreur de la formule « on va discuter un peu »". Gilles DELEUZE, Nous avons inventé la ritournelle, in Deux régimes de fous, Les Éditions de Minuit, page 355

De l’utilisation de la méritocratie en période de crise, Une modalité de l’attaque contre les salaires, Gérard BAD, Echanges et Mouvements

28 février

Haïku

"Temps, travail et domination sociale", signalé par un ami, un livre alléchant de Moishe POSTONE, 1993, traduit en français. Des échos avec les théories de la communisation, mais jusqu'où ? A lire pour y revenir. Commentaire du Monde des Livres :

« Si les mouvements sociaux des années 1960 puis l'effondrement du bloc soviétique ont réveillé la créativité marxiste, celle-ci est aussi plus académique, plus éclatée disciplinairement, et surtout moins populaire.

Bien qu'il soit presque inconnu en France, Moishe Postone occupe une place importante dans la nébuleuse internationale des marxismes contemporains. Publié aux Etats-Unis en 1993, Temps, travail et domination sociale constitue l'oeuvre maîtresse de ce professeur d'histoire de l'université de Chicago. Il y propose une relecture générale de Marx "à un niveau logique fondamental" : il s'agit de comprendre avec les seuls concepts de valeur, travail et marchandise, la succession des trois âges du capitalisme : libéral, post-libéral (keynésien ou "socialiste réel") et néolibéral.

L'auteur commence par une analyse dévastatrice du "marxisme traditionnel", qui critique le capitalisme "du point de vue du travail". Le "socialisme réellement existant" et les communismes critiques auraient toujours défini la révolution comme libération des forces productives et donc de la créativité des travailleurs. Même en souhaitant l'appropriation étatique ou collective des moyens de production, ces politiques ont défendu le productivisme et n'ont ainsi affecté que le "mode de distribution" des produits, pas la relation capitaliste de travail.

Postone, lui, vise à construire "une critique du travail sous le capitalisme". A partir d'une lecture fine des écrits de 1857-1858 comme foyer irradiant l'oeuvre de Marx, il montre que l'idée d'un travail libéré des inégalités et de l'aliénation ne peut pas servir d'appui central à la critique sociale. Le travail comme objet d'échange marchand est une création historique du capitalisme : sous ce rapport de production, le travail que je fournis est mis en équivalence monétaire avec toute autre activité d'une nature différente.

Ainsi, comme le travail n'est pas l'essence de l'homme mais une institution historique, l'opposition au capitalisme ne saurait s'appuyer sur la classe des travailleurs, même redéfinie sociologiquement au fil des âges. Plus que la domination sociale d'une classe sur une autre, la relation de travail produit en réalité une domination impersonnelle de l'abstraction sur l'expérience concrète et singulière. Cette logique profonde du capitalisme n'a pas changé de structure en plusieurs siècles : il n'y a pas selon Postone de spécificité historique du néolibéralisme.

Pour lui, le post-capitalisme passera par une nouvelle organisation sociale de la production "fondée sur le fossé croissant entre les possibilités "techniques" engendrées par le capitalisme", d'un côté, et leur usage exclusivement productiviste, de l'autre. En ce sens, ceux qu'on appelle les "décroissants" et les mouvements de chômeurs pourraient se réclamer de cette lecture de Marx. Une chose est certaine : la théorie parfois aride de Postone doit être mise à l'épreuve des formes de vie et de contestation actuelles. » Laurent Jean-Pierre

TEMPS, TRAVAIL ET DOMINATION SOCIALE (TIME, LABOR, AND SOCIAL DOMINATION) de Moishe Postone. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Olivier Galtier et Luc Mercier. Fayard-Mille et une nuits, 616 p., 28 €.

26 février

Haïku. Ménage poétique de printemps

23 février

Enfin, poème

22 février

22, v'là TC ! Théorie communiste n°22 est paruDu capital restructuré à sa criseEn forme d'éditorial, une synthèse actualisée sur la perspective communisatrice... Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la communisation sans jamais oser le demander.

Un communiqué sur la Guadeloupe

Ce numéro de Théorie Communiste était bouclé, corrigé, maquetté et presque en route chez l’imprimeur quand, il y a un mois, les luttes de la classe ouvrière en Guadeloupe ont pris de l’ampleur. Il ne s’agit pas ici de bricoler vite fait une analyse de ce qu’il se passe en Guadeloupe.  Les événements qui s’y déroulent sont d’une importance cruciale et signifient un point essentiel du cycle de luttes actuel.  La lutte revendicative telle qu’elle se déroule confirme et enrichit tout ce que l’on pouvait dire plus ou moins abstraitement dans le texte de ce numéro intitulé “Revendiquer pour le salaire”. Les développements actuels de cette lutte revendicative après avoir mis en scène des accommodements plus moins alternatifs de la survie s’orientent maintenant vers la remise en cause de ce qui définit la classe ouvrière comme telle. Les clivages au sein de la population, au sein des organisations dans la lutte, entre les dynamiques que la lutte elle-même a créé et son propre point de départ, apparaissent. C’est-à-dire que cette lutte est en passe de devenir paradigmatique de ce que nous entendons par la “création d’écart au sein de l’action en tant que classe”. Dans la lutte revendicative elle-même, dans revendiquer pour le salaire, dans l’action en tant que classe, c’est la remise en cause par le prolétariat de sa propre existence comme classe qui est en jeu.

Nous ne lancerons à la dernière minute aucune analyse improvisée du cours même des événements; aucune proclamation incendiaire de solidarité du prolétariat international, aucun appel à faire ceci ou cela. Nous ne pouvons que renvoyer dans le présent n° de Théorie Communiste au texte “Revendiquer pour le salaire” et aux développements de la théorie de l’écart (TC 20) qui se trouve dans divers textes de ce numéro. L’écart en Guadeloupe, nous y sommes, on sentait venir depuis un moment que la revendication, la représentation ouvrière et unanimiste ne tenaient plus la route. Ici, nous avons tout, l’action en tant que classe, la revendication salariale, les tentatives diverses d’aménagement de la vie quotidienne qui ne mènent à rien, mais aussi l’impasse de la lutte revendicative, son absence de sens pour la reproduction même des rapports sociaux capitalistes et le rejet de l’action revendicative, de leur propre représentation de la part des prolétaires

17 février

Antilles françaises... Chaud devant !

Sans doute retirés du feu guadeloupéen (James Baldwin, "La prochaine fois, le feu, un peu avant les émeutes de Watts) 9 écrivains DOM-TOMiens publient un « Manifeste pour les «produits» de haute nécessité  »

Solidaires de la grève générale en Guadeloupe ils avancent la nécessité de réhabiliter une "conscience du poétique" pour sortir les Antilles de l'impasse... On y lit cette chute : « Petits pays, soudain au cœur nouveau du monde, soudain immenses d’être les premiers exemples de sociétés post-capitalistes, capables de mettre en œuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant…»

Parallèlement, deux des signataires Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau écrivent à Barack Obama à propos de « L'intraitable beauté du monde »… Lire

Oulala, ça en fait du “tout monde”, quelle concurrence idéologique sur le terrain du “post-capitalisme” !

Avec tout mon respect pour l'admirable écrivain Édouard GLISSANT, les poète-e-s n'ont-ils pas tendance à prendre leurs rêves pour des réalités ?

11 février

Adios, CACHAITO

Orlando Cachaito Lopez  a quitté ce monde. Voir les News... Digne héritier de son oncle Cachao, maîtres contrebassistes dont la simplicité apparente des lignes n'a d'égale que l'évidence d'une maîtrise profonde du groove et de la profondeur de la musique, afro-cubaine et au-delà... Écouter/Voir

10 février

Derniers feux de l'humanisme théorico-démocratique ? "« L'homme » ?"  Lucien SÈVE, le tome 2 de « Penser avec Marx » est sorti (je l'ai vu ce jour à la FNAC, gros pavé de près de 600 pages... Qu'il va néanmoins falloir se fader, dans le cours quotidien de la critique communisatrice...).

Je ne sais pas dans quelle mesure ce livre participe de la tentative de risorgimento du démocratisme radical, comme pendant, dans la "philosophie marxiste", des élaborations de Bihr-Chesnais dans la critique de l'économie politique. C'est sûrement moins lisible et séduisant politiquement que Corcuff fabriquant Besancenot comme individu libertaire leader du NPA... Le sommaire donne une idée, et son dernier mot « Urgence historique : sauver la planète-homme »

À payer ou pas, mais à lire sur son temps de travail, quand on a ce dernier "privilège". Versé à HUMANISME (et ANTI--) THÉORIQUE, ETHIQUE et 'MARXISME'

Rapports sociaux, immédiateté des rapports individuels... Pour en finir avec 'LE' communisme...  Une logorrhée dans le cours quotidien des discussions sur la liste Meeting.

9 février

John BERGER « Un livre, c’est un silence qui demande à être rempli »  "Il se réclame de Marx et des poètes mystiques. John Berger, Anglais exilé en France, publie “De A à X”, un roman d'une force universelle..." Interview  (en vérité j'ai bien aimé sa gueule, plus que son interview, et je sais pas si je lirai ce roman. Ya plein de gens qui causent aujourd'hui de Marx à tort et à travers... la démocratie).

8 février

Jérôme BOSCH, Le jardin des Délices, panneau de droite, L'ENFER


La récession mondiale : moment, interprétations et enjeux de la crise, François CHESNAIS, À l'Encontre. A lire dans le débat sur la nature de la crise actuelle, particulièrement alimenté par le texte de Roland SIMON annoncé pour TC21. Chesnais : « Il y a eu une accélération si forte de la crise mondiale depuis un mois, qu’il est devenu impossible pour un article de revue d’essayer de coller à l’actualité. Il faut donc sélectionner quelques questions. Le choix fait ici correspond à des interrogations et des préoccupations exprimées dans des réunions (réunions de Carré Rouge; comptes-rendus courriels de réunions du NPA13; débat avec Michel Husson dans le NPA 7511 ; discussions dans le groupe de travail économique (GTE) de la LCR) ou à des interprétations publiées dans des revues militantes(articles de Michel Husson et d’Alain Bihr).»

« -... J'ai cru que j'avais à faire à un esprit, mais en vous examinant de plus près, je m'aperçois que vous êtes un homme. Puis-je vous demander s'il existe une méthode pour évoluer dans l'eau ? - L'inconnu répondit « Non ! je n'ai pas de méthode. J'ai commencé, puis j'ai fait des progrès; la chose m'est devenue instinctive, maintenant elle m'est naturelle. Je m'offre au tourbillon qui m'aspire tout entier et je ressors du gouffre écumant. Je suis le Tao de l'eau et je ne fais rien de moi-même. C'est pourquoi je puis ainsi évoluer dans les flots » Le vrai classique du vide parfait, LIE-TSEU

« Les Malades et l'art - Contre toute espèce d'affliction et de détresses spirituelles, on doit d'abord essayer un changement de régime et un dur travail physique. Mais les hommes sont habitués dans ce cas à recourir à des moyens qui donnent l'ivresse : par exemple à l'art, -pour leur malheur et celui de l'art ! Ne remarquez-vous ps que si vous en appelez à l'art en qualité de malade, vous rendez les artistes malades ? » NIETZSCHE, Aurore

« Comme nous avons bonne opinion de nous-mêmes, mais sans aller jusqu'à nous attendre à jamais pouvoir faire même l'ébauche d'une toile de Raphaël ou une scène comparable à celles d'un drame de Shakespeare, nous nous persuadons que pareilles facultés tiennent d'un prodige vraiment au-dessus de la moyenne, représentent un hasard extrêmement rare, ou, si nous avons encore des sentiments religieux, une grâce d'en haut. C'est ainsi notre vanité, notre amour-propre qui nous poussent au culte du génie : car il nous faut l'imaginer très loin de nous, en vrai miraculum, pour qu'il ne nous blesse pas (même Goethe, l'homme sans envie, appelait Shakespeare son étoile des altitudes les plus reculées ; on se rappellera ce vers : « Les étoiles, on ne les désire pas »). Mais, compte non tenu de ces insinuations de notre vanité, l'activité du génie ne paraît vraiment pas quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur mécanicien, du savant astronome ou historien, du maître en tactique ; toutes ces activités s'expliquent si l'on se représente des hommes dont la pensée s'exerce dans une seule direction, à qui toutes choses servent de matière, qui observent toujours avec la même diligence leur vie intérieure et celle des autres, qui voient partout des modèles, des incitations, qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens. Le génie ne fait rien non plus que d'apprendre d'abord à poser des pierres, puis à bâtir, que de chercher toujours des matériaux et de toujours les travailler; toute activité de l'homme est une merveille de complication, pas seulement celle du génie : mais aucune n'est un « miracle ». - D'où vient alors cette croyance qu'il n'y a de génie que chez l'artiste, l'orateur et le philosophe ? Qu'eux seuls ont de l'« intuition » ? (Ce qui revient à leur attribuer une sorte de lorgnette merveilleuse qui leur permet de voir directement dans 1'«être» !) Manifestement, les hommes ne parlent de génie que là où ils trouvent le plus de plaisir aux effets d'une grande intelligence et où, d'autre part, ils ne veulent pas éprouver d'envie. Dire quelqu'un «divin» signifie : «Ici, nous n'avons pas à rivaliser.» Autre chose : on admire tout ce qui est achevé, parfait, on sous-estime toute chose en train de se faire ; or, personne ne peut voir dans l'oeuvre de l'artiste comment elle s'est faite; c'est là son avantage car, partout où l'on peut observer une genèse, on est quelque peu refroidi ; l'art achevé de l'expression écarte toute idée de devenir; c'est la tyrannie de la perfection présente. Voilà pourquoi ce sont surtout les artistes de l'expression qui passent pour géniaux, et non pas les hommes de science; en vérité, cette appréciation et cette dépréciation ne sont qu'un enfantillage de la raison.» NIETZSCHE, Humain trop humain

PLAN DU SITE INDEX