Du 1er avril au 1er octobre 2012. Ce chapitre renoue avec le décompte des premiers livres (999 et une nuits, il faut faire du 9...) de 1989-91. Il Lui reste donc, à mon personnage, 84 jours avant d'en finir avec le travail et la critique intérieure du travail.
Chronologique de bas en haut.
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TWI TWI TWI TWI... ZIZI ZIZI ZIZI
quoi bon penser en bouche
plutôt boucler la sienne
élément terre
silence évidentiel
du monde comme chair
sous la peau
à connaître à main nueou alors être oiseau
pour ne rien dire oiseuxqu'un bécassin assigne mon bec assassin
qu'en robe d'avocat la pie plaide ma causeTwi twi twi twi... zizi zizi zizi
On sait que la pie est un bon imitateur du chant d'autres oiseaux.
Chez le bécassin à long bec, « le chant est une phrase rapide « pee-ter-wee-too » répétée entièrement ou en partie. Ce chant est émis par le mâle pendant le vol nuptial.»
Chez l'euplecte à longue queue « le mâle émet un appel caractéristique 'Zik-zik-zik-zik' quand il est en vol de parade. Il produit également un chant qui est une phrase répétitive composée de 4 notes basses et 4 notes aiguës : 'Twi-twi-twi-twi-twi, zizizizizizi'.» (Je ne sais pas comment ils comptent...). Doit-il son nom d'oiseau à ce zizi prolongé ?
Chez les humains, « Le twi est une langue parlée par environ sept millions de personnes au Ghana. [...] Il existe plusieurs dialectes twi, mais leurs locuteurs peuvent tous se comprendre » Source
En France, la première femelle tweete parfois pour dire « Touche pas à mon mâle »
22 juin 2012
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ATOUT TARTE
à Moeko
Un livre rond
c'est pas d'la tarte
mais ç'a l'air bon
coupé en quarteMoi l'ivre rond
comme une' queue d'pelle
préfèrera
'vec du citronToi la plus belle
et Nicolas
au chocolatLa chatte aura,
poil dans la pâte,
d'la tarte au rat21 juin 2012, Sonnet 179
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ESTIVAL FONTENAY
« Tout cela qui ne s'est passé
Qu'en une vision peut-être
Reçue le vingt et un juin »
André Pieyre de Mandiargues, Bouclier de violettes, Gris de perle, 1974Les yeux collés aux yeux
le matin à la nuit
c'est l'été. On essuie
ses larmes chues des cieuxdans cette odeur d'essieux
trimbalant sous la pluie
crissamment des ennuis
communs et silencieuxC'est l'été. Qui l'eût cru
il pleut il pleut des crues
les eaux n'ont plus de freinet les bassins sont pleins
comme un jour de semaine...
De quoi se plaint le train ?SANS STANCERER A 21-23 juin 2012, sonnet 178
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L'esprit qui rame
en perd son charme
et tombe à plat
avec éclatL'escroc qui rime
avec son crime
en vend l'esprit
à meilleur prixL'exquise plume
par derrière u-
ne reine est nueL'espoir s'allume
au réverbère
d'une inconnue19-20 juin 2012 Sonnet 177
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REVU DE PRESSE
(Le concept de chien ne boit pas
de cette eau)Une nonne noumène
en bateau
Le phénomène
est pas cathoL'idée tombe à l'abbaye
elle est chou a la playa
(c'est pas pour les cabots)Un ouv'rien sans zèle
en rend à l'herbe Grasse
comme un âne mou tondà trois ou quatre pattes
qu'un canular lui casse
car par là vanne passe
pour que la chienne aboieIl existe une discussion sur le fait que Spinoza ait écrit "Le concept de chien n'aboie pas". Il n'aurait parlé que de la constellation éponyme. L'origine en serait chez Althusser. Voir le pourquoi et le comment du clebs de Spinoza, selon Dominique Meeùs, et le noumène vs phénomène chez Wikipédia.
19-20 juin 2012 Sonnet 176*
LAMPYRE DÉCENT
Vers luisants, demi-sonnet
Un songe ourdit la nuit
mais lui, le noir, nuit au mensonge
d'où je publie la lyre enfuie
d'un séjour plongé dans l'ennuiAlors d'un son ravi
le jour relui
s'allie la nuit18 juin 2012
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À PLUCHE !
J't'écris à la plume d'autruche
qu'un bon mot triche pour te plaire
J'te crie en voix de contre basse
mes hautes études en D
mineur de sciences asocialesToi qui m'dis que j'entrav' que dalle
que je m'en fous pas que des masses,
dans l'urne ta mort fait pipiTu m'prends les pieds dans le tapis
où j'ai jeté mon dernier dé
en vers derrière la cravate
qui nous pendra tous par l'épateJ'me plante en terre l'épluchure
la patate entière est plus chère17 juin 2012 Sonnet 174
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ANTI MYTHE
Entre hiers meurtriers
et délire émeutier
délimitant le mythe
un tiers état militeAppel d'amants du manque
matamores déments qu'
un présent démantèleTa solitude est sans gardien
Personne dit à personne rien
Ni mistigri ni gris mystique
ni chattemite ni miss tweetiqueAucune oreille entre tes murs
dans le couloir un bruit murmure
Sans nul pouvoir l'unique est ta propriété15-16 juin 2012 Sonnet 173
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AVEC MALLARMÉ
« Je dis : une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets.» Mallarmé, Crise de vers, Divagations, 1896
Je dis mot ne consent, hors de ma voix s'entend la chose même autour, image en sa musique, surgi de nulle idée, l'absent de tout bouquin.
15-16 juin 1972
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DANS LES DENTS
Apologue
J'habite un bord de terre
C'est une dent cariée par l'océan
ici pas large plus qu'une rivièreEn face il est un continent
monté sur des fadaises
et cette enseigne : ' à l'étranger 'Mais l'on n'ira jamais
par les chemins tracés
sur les eaux à la nage
Qu'un fort remous emporte
au fond de la carie
Où s'enlace une morte
à son homme qui ritIls ont fait douze filles
avec des trous aux dents
et l'on glisse dedans
des sous pour la familleQuand en face soudain
la falaise est tombée
la carie s'est bouchéeLes filles n'ont plus faim
Au compte il est mis fin
12 juin 2012
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LEÇON D'ÉPOUVANTAIL
ou Qu'est-ce que la philosophie ?
Dans la vase il va nu
par les ruines / sans tunique
mais fesse à l'air connu
dans la vase on le niquegratuit c'est pas de cul
et privé de salaire
il erre au temps perdu
des luttes ouvrièresAh quelle enquête ardue
mène le pauvre hère
pour l'introuvable du
mouvement oublierPlus tard où il repose on pose un écriteau
« Un jeu de mots jamais n'abolit le vasard »1. Dépôt de terre et de particules organiques en décomposition, qui s'accumule au fond ou au bord des rivières, des étangs ou de la mer. Synon. boue, fange, limon.Fond, goût de vase; curer la vase; déposer de la vase; s'échouer, s'enfoncer dans la vase. « Je rentrai vite mettre des bottes de chasse et je revins me promener curieusement à travers les deux pieds de fange qui débordaient par les carrefours et les bazars. Les ânes tombaient dans la boue où les fellahs marchaient pieds nus en grelottant; on tamponnait le dessous des portes pour arrêter ce flux de vase épaisse » (Du Camp, Nil, 1854, p. 53).
2. P. anal. Vase atmosphérique. Poussières, gouttelettes et autres particules en suspension descendant dans les basses couches de l'atmosphère. Il faut envisager l'existence de poussières, qui, suivant l'expression imagée de Crova, contribuent à former la vase atmosphérique dans laquelle nous vivons (Le Radium, 1919, p. 356).
3. - Au fig. Boue, fange. [La danseuse] tourne sur elle-même (...) Elle tourne, et tout ce qui est visible, se détache de son âme; toute la vase de son âme se dépare enfin du plus pur; les hommes et les choses vont former autour d'elle une lie informe et circulaire (Valéry, Eupalinos, 1923, p. 44).11 juin 2012, Sonnet 172
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MUE
Je pense donc j'ignore
L'inaccessible est infini
Le bonheur ne sait rien
Je suis un imbécile heureux10 juin 2012
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HORS LES MOTS
« On peut penser avant la parole... en images... comme un bébé...» d'après Boris Cyrulnik, avec TABUCHI Toshio, peintre (sa peinture n'a pas inspiré le poème, mais après-coup, elle collait bien)
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Dans un trou de soleil
je m'ai caché un rêve à la mainL'ennemi intérieur agonise en ses mots
quand source la revie nommée silenceUn arbre me regarde en bleu dématériel. Juvénile bonté.
Chacunes les réalités.Le poème n'a pas de paroles
Le monde s'y muette
tel au regard d'un peintre en herbes
(il fait les blancs à l'encre de Chine)Mon genre est escargot
10 juin 2012
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SERINETÉ
Rêverie d'un lecteur solidaire (de ROUSSEAU)
Tel d'un serin le pur chant j'ai
d'un rêve écolé un poème
en rappel au tour de changer
son réel décollé du mêmeLa vérité sort du songe et
lui sourit une mort sereine
Les mors ne sont plus à ronger
au pied des murs en fin de règneFasse en retrait à soi son temps
de tous ses ennuis tué, tant
épuisé d'heures en dormanceQu'ensuite on panse et donc essuie
l'échec du bonheur réussi
qu'un avenir fini commence7 juin 2012 Sonnet 171
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CONJONCTURE
J-42, 6x7 = 84/2, sur un concept de Roland Simon
J'ai vendu mes idées Ô logique
en amant de l'arène éperdu
insulté la belle âme critique
en consultant imbu
enfant gâteux
de la césure sans censure
sur le gâteauJe m'ai perdu en conjoncture
et rangé des voix dures
préféré mes écarts singuliers
aux débats réguliers
Le compte n'y est pas
mais le fil de l'appât
s'est déliéLa foi se révèle un projet
dont la folie m'a protégé
Déclinée par un VRP
la théorie a pris son parti
les désaccords ont convergé
Le tout s'arrange des parties
dans la vitrine, chez PépéPapa m'avait pas dit
qu'être bête et méchant
se médite
Avant d'en faire un chant
j'en mettais ma lecture à couper
salades et redites
radicalement cuitesQuand l'heure sonnera
de son horreur pratique
en dernier instant ce sera
le moment présent du tragique
Au creux du concept un leurre
fera son lard coupant le beurre
avec l'eau de dits vains en bouteilles divines(...)
Ici la femme passagère
me fait des tours d'oiseau
dans sa langue étrangère
je passe après, dozo*
Le local désavoue le global
et sous sa robe en général
ça finit bien* Je vous en prie, en japonais
3 juin 2012
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FEMME MAINTENANTSur un pré-texte d'Amer Simpson
C'est la fête des mères
Bonne fille et putain
et la Femme d'Amer
n'aura pas de cadeau
ell' porte le fardeau
du travail à Pétain
Sous le coup les mamans
sont mortes maintenantHommes tous proxénètes
au loto les prolos
accrochent leurs grelotsS'exploite un sexe au net
épris du capitâl
l'amour sans fleurs du mâle
2 juin 2012 Sonnet 170
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NOCTURNE IMPROMPTU
« À quoi bon fréquenter Platon quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? » CIORAN, Syllogisme de l'amertume
Coup de ténor dans le nuisible ennui
enfin le diable roule en saxophoneJe me reviens de loin
déporté de l'orage
sous le vent sans point d'orgueLa nuit m'intime en liberté
un accord mineur augmentéLe merle enchante à l'œil,
onctueux impromptu, le réveil
en affine les scories vineusesUn spectre hantait l'échoppe
aux relents de programme
Sur un doute il achoppe
c'est la chute finaleUn mâle dit savant,
pépé dans l'eau du bain,
se jette en lice en vain
avec trois quarts mondaines
sous un car de policeEn retrouvant le temps
sous le château de cartes
la mer humaine se dessale
et les dieux se dessoûlentJe me le dis en attendant :
bois de l'eau et compte tes sous31 mai 2012
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SANS DOUTE SANS RETOUCHE
En écoutant Django REINHARDT, "Une vie une œuvre", France culture 26 mai 16-17h "Une noblesse prolétarienne..."
... déserté des marchés inégaux
et désherbant mes rêves
opiniâtreusement,
j'ai fui le monde en loques de soirée
et les yeux nus tendu l'oreille, tenu
le nez sur le qui-vive
le cœur salé détrempé de l'amerJ'ai ramené ma fraise
aux confins d'un dessert sans lucre
à la première occase fracassant
leur concerto de quatre raisons,
jetant leurs congelés à la poubelle du voisin
et leur axiomatique ascète, un présent sans futur,
aux égos infoutus d'échanges véritablesDans ces instants d'apaisants tours,
à la lourde pression des bulles asthmatiques
bouchonnées au mastic
sur la portion tragique des espoirs
à merci couillonnables,
à boire aux apéros venteurs
entre amis de trente ans, improbables zorros,
J'ai préféré le vain, le gros rouge qui tache,
les vannes de potaches,
aux promis de la classe inconnus,
aux armes enrayées de grognards à la traite
de bonniches menteuses, larmes rouillées,
étrillant leurs petits caillots blancs
dans le puits où pleurniche une gentille blonde...Quand la montagne accouche d'un sourire,
les rongeurs, ya pu qu'à...
ranger votre critiqueC'est qu'en fait d'homme leste
il faut cacher son jeuJe suis moins seul sans vous
26 mai 2012
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CHOROLe soir, au fond du bouge,
les vigies lisent dans mes songes
à l'heure où reverdit
l'étrange...Qu'il pleuve de concert,
qu'il vente sous l'orage un sens
perdu de surenchère,
seul un point rouge
allège...L'image est celle d'un Corot nocturne,
les pleurs le son des ombresUn bonheur trouble est dit, hardi
Une beauté soudaine et sans appel
assiège un haut des corpsUn silence prolonge
24 mai 2012
note : ma poésie était à libérer de pesanteurs formalistes et idéologiques. Pour le pire et pour le meilleur, voilà qui est fait. Hic salta !
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CECI N'EST PAS MACHISTE...
sinon d'un Mach contre Lénine, empiriocritique...
Au sommeil de minuit
Épargnés du présent
les fantômes poisseux
des ennuis
surgissent du temps en haillons
par des trous de mémoire
sans bâillons
sur les rayons de vivre
où président, normal,
de pérennes raisons,
les monstres bayent aux merveilles
de corpus compostés
- ils sont timbrés -
dont l'esprit veille
sur une mer d'éternitéEt pendant ce temps las
du monde, fier railleur,
sur notre mur de ronde
un merle prie la pie,
à soixante la noire,
d'aller se faire voir
ailleurs chanter le pis
que le temps fasse,
et qu'il passe...
Ainsi dosée« - J'en ai assez, Jacasse,
des pieds que tu fracasses
de travers... Cesse ces
abus holà ! J'accuse ! »
la pie posée
la pipe oséeLa poésie étonne
la poésie est tonne
la poésie est uneFortune indivisible
éligible sans tune
exquise excuse
Vide insolvable
cible insoluble
dans la lutte de classes22 mai 2012
*
L'ÉTAT ET LA RÉSOLUTION
Sept ans de réflexion
Viens, le chat,
j'ai tout écrit
et rien compris
ni le contraire
Viens minette marchons
à travers mots au pas
infranchi du savoirViens là-haut
la myrtille attend
que l'orage nous foudre
un coup d'amour à boireAssassiné le philosophe
on va danser
sur les cendres des livres
et retrouver le temps
à la queue de cerise enfin
croquée dans le plaisir des joues
rouges d'un jour moqueur
Le merle délivrer dans un parfum de flûte
et dormir à l'envie sur la mousse
plus vague que la mer
pleine des pleurs de femmes
alanguies de marinsOublier les naufrages
la sirène des brumes
le sida des idées
le ciment des églises
la cire des égos
la cité des instances
les lapins posés là éventés par avanceIl faut être percé
de toutes parts vaincu
Faire le plein de solitude neuve
où régner en solaire insolent
à soi pour un instant16 mai 2012
*
DES BRIS D'EAUX LIBRE IDÉENe lave pas deux fois
ton nez dans mon effluve.
Attends, sèche ma soif
de chameau, que j'abreuve,Comme un commun écho
d'éclopés de l'usine,
ta bouche au Sirocco
des couplets de ta ruineLa vie meurt dans l'Idée
comme l'Art en sa lettre
de croyance guidée
par l'intérêt. Sale êtreOu se supporter seul
face à sa vérité ?10 mai 2012 Sonnet 169
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L'HISTOIRE VRAIE
Voiture en vol
un mystique au volant
adroit. L'air se débauche
papillon lent
à l'aile fraîche et gaucheLe mur est dans le pré
à portée de l'après
demain(C'est un regard de gens qui rient...)
Le père en terre
la mère au bal
l'aîné boucher casher
la fille héberge un pleur halal(Un voisin se dit attéré...)
Les sales draps sont en leasing
les seins de pierre sans la clé
de contact. La lune veille sur Sing Sing.
Le soleil fait son mirador.Ils sont venus Ils sont tous las
l'œil au beurre / noir de karité
Mirage d'or
Ils ont du bol de rire
et les dents blanches
6 mai 2012
*
PRÈS D'ILECTION
Les pommes courent dans les rues
bonnes poires de la discorde
comme les cons viennent en rut
chanter français à la ConcordeÀ pas lourds les grands mots
s'éprennent des nouvelles
et l'époque s'en moque
à la queue leu lou bellede jour. Je suis de nuit
l'amour dans mon désert...
Présidant rien, j'enserremon vice en vers dits scie
de soi. Loin de Versailles
je vote en touche ainsi
soit-il5-6 mai 2012 / Sonnet 168
*
J - 81...
... n'allez pas vous imaginer que j'écrirai chaque jour de ces six mois de sept fois douze à travailler... Les règles ont changé, le temps s'est perlé, éperdu d'une solution de continuité. Un jour est un jour qui compte, ou pas, selon, quand on en finit avec le travail...
À J - 85, Il (mon personnage) a enlevé son nom de la porte de son bureau. Il l'a remplacé par une silhouette de cercueil. Autant dire, le bureau = mort de l'esprit. Cimetière de mort-vivant. Vingt ans plus tôt, Il s'en enfuyait pour sillonner le Père Lachaise à la recherche de Catherine-s, de Comtesses et de noms d'oiseaux... le travail buissonnier, mais c'était sans compter avec le Ministre communiste Gayssot, et son tourniquet de pointage commandé avant le résultat de la consultation du personnel...
Aujourdhui, de retour à Nimistère, négligeant sa dernière mission "à la con" qu'Il dit, Il a découpé dans 84 feuilles de papier A4 (garanti recycled 'administration durable' verte NiKtaMer), autant de silhouettes de cercueils, dont il a tapissé dans un mouvement de spirales (des plus élégants) les murs de son bureau, sans aucun vide, et de sorte qu'ayant quotidiennement arraché, dans son décompte vers la vie, chacune des feuilles précédentes, il en déchire la dernière le J-1 en partant, laissant la porte ouverte... pour le suivant. Les feuilles mortes...
L'ensemble, certes d'une poésie et d'une plastique discutables, faciles, immédiates, devrait avoir un effet saisissant. C'est plutôt son avis. Il suppose l'instablation potentiellement performatrice, bien que personne encore n'en ait pu juger ou du moins qu'Il n'ait recueilli sa réaction, hormise la dame noire de ménage (aucun rapport avec DSK à New-York), prévenue de ne rien toucher, de ne pas s'inquiéter, qu'il nettoierait...
C'est que le cercueil sur la porte du bureau, redoublé de son attitude systématiquement désagréable avec quiconque ouvre sa porte, la seule fermée du couloir, n'invite pas à la conversation. Le petit chef ne s'inquiète plus, assuré qu'en cas de suicide, Il utiliserait de préférence son bureau à lui, le petit chef, pour respecter la consigne qu'en toute chose administrative dans les limites du devoir de réserve, la hiérarchie doit être première informée.
3 avril / 18 juin 2012
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UN COMPTE DE FAITC'est aujourd'hui dimanche. 1er avril. J - 84. Sept fois douze jours de travail au compteur à rebours. Ma vie est un compte parfait. Un compte de faits. De fait. Jusque là, c'est moi qui faisais en sorte qu'il se passe une chose importante dans ma vie le 1er avril. Mais là, c'est la réalité qui est venue à la rencontre de ma poésie, par hasard, comme de bien entendu.
Pourquoi Hemingway a-t-il écrit : « Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson...» ? Parce que le quatre-vingt-cinquième est un jour de bonheur, quand un espadon énorme mord à l'hameçon...
1er avril 2012