CHANT ENTIER

22 septembre 2004

OUVERTURE CHEZ TOUSSAINT

A Frankétienne, poète

J'ouvre ce chantier en des jours de malheurs conjurés contre nous en Haïti. Les crocodiles des ondes lavent de larmes glacées les rires 'naturels' qu'ils décochaient il y a une semaine sur Cuba la voisine, quand la mobilisait 'pour rien' face à la même catastrophe 'artificielle' son price leader maximomifié, alors qu'elle épargnait 'les siens' sous son nez à sa barbe. Jeanne, dur ouragan, ferais-tu revenir un souvenir d'îlot du socialisme préférant s'engloutir en Mer des Caraïbes plutôt qu'être noyé dans les calculs décongelés des charcuteurs d'en face ? La farce de l'hystoire : d'un siècle à l'autre depuis deux, une île noire se libère, une autre est envahie, et là se croisent sous nos yeux aveuglés de blancheur leurs noirs destins multicolores entre deux temps d'un monde qu'agresse encore toujours le même en fauve agonisant : le capital, ce toxique occidant.

Si je dédie ce CHANT ENTIER au grand sorcier en poésie, physico-rythmicien des langues créole et française, au génial Haïtien FRANKÉTIENNE le chabin, inventeur de la Spirale, c'est pour la prétention de chabarder ma quote-part de son héritage.

Bien que je l'ai depuis peu découvert, ce choix n'a rien de conjoncturel, car si spirale il y a, c'est bien celle qui depuis quinze ans m'entraîne, par le mode de créer ou d'écrire, de LA VIE EST DES COLLAGES (ou MES QUOTIDIENNES HUMANITÉS) à ce chantier, en passant par LIVREDEL, POEME-ROMAN, oeuvres d'apprentipassage dont je veux dépasser les contraintes formalistes et esthétisantes.

Si j'ouvre pour ce faire une nouvelle rubrique de mon patchworks, c'est dans l'intention de me mettre au défi d'une mise en rotation du poétique, de l'éthique et du politique, telle qu'Henri MESCHONNIC en exprime l'absolu besoin, celui "de penser corrélativement, inséparablement et dans une transformation mutuelle, la théorie du langage, la théorie de la littérature, l’éthique, le politique et la politique [...], (dans) une logique de la réversibilité : il est indispensable que chacun des termes soit maximalement transformé par les autres et transformateur des autres, sans quoi on reste dans les catégories telles qu’elles sont dans le monde tel qu’il est. Ce qui peut se résumer dans la formule que le monde, c’est-à-dire le rapport au monde, le rapport à la pensée ne change que par ceux qui le refusent, et contre toutes les formes d’acceptation."

Ranger ce CHANT ENTIER dans  PAT'POLITIC ou PAT'POETIC serait inconséquent, puisqu'il appelle les deux à bousculades réciproques.

Grâce à Edouard GLISSANT, je suis des autres : poussé à me créoliser par mise en relations et commerce en affinités électives. Devra jaillir un vaste et puissant branle-haut de rythmes et chants improvisés empreintant leurs paroles dans les miennes, mêlant leurs sangs à mes papiers virtuels, croisant nos faire dans les champs politiques à dé-ranger  par une écosocialité présente à nos situations.

Qu'ils bouillonnent sans fin en ce brouillon infini sable d'un communisme sans nom, dansant la transe éthique d'une révolution permanente, et  que monte entre nous la dignité d'un cri changeant ce monde en mhéritant de sa mémoire :

NOUS SOMMES TOUS DES HAÏTIENNES !

Patlotch, 22 septembre 2004, FoSoBo, 22h32

Remarque :

Cette ouverture intervient dans un entracte de ma participation à l'initiative d'Isabelle Stengers et Philippe Pignarre (voir http://www.anticapitalisme.net/site/index.php3 et Pat d'accueil du 21 septembre 2004). Elle n'était cependant point préméditée, puisque j'en ai ce soir seulement formé l'idée, sur la lancée poétique de la nuit dernière : entre nous 

Pas davantage n'ai-je une idée précise de quoi et comment je ferai, mais ce sera par la simulation d'une improvisation collective sur une polyrythmie opportuniste cherchant à démimer le quotidien

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