I-VII LIVREDEL, poème-roman, 1er avril 1988 - 1er avril 1991/2010
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En 2010, je reprends ce livre en y incluant mes poèmes précédents, suivants, et à venir. Plan

LIVREDEL

Ce recueil, roman poétique en sept "livres", se présente comme compte à rebours des 999 jours et nuits précédant le 1er avril 1991. Les mots en CAPITALES d’imprimerie sont extraits, à la manière d'un collage, des titres du quotidien L’HUMANITE du jour indiqué par le compte à rebours.

Un livre écrit au jour le jour, donc, qui relève du mode initiatique, d'un apprentissage de l'écriture, ce qui en explique le caractère inachevable. J'ai opté pour l'intégralité sans retouches, malgré mon insatisfaction, car il m'était impossible de reprendre ce brouillon d'une période dépassée.

Le travail sur la forme y est essentiel. Sévères contraintes rhétoriques, jusqu'à un fétichisme numérologique (autour des chiffres 7 et 12 et de leur combinatoire). Voici quelques clés de construction ou d'intention :

- Rapports entre la vie, l'écriture, l'amour et la mort qui flottent entre pseudo-réalisme, pseudo-romantisme, et surréalisme, dans un rapport 'naïf' à l'histoire des formes poétiques retraversées des Grands rhétoriqueurs (fatras, sonnet...) à la construction et la déconstruction de l'alexandrin, le (faux)-débat prose-vers, l'utilisation de la versification et du rythme qui font quasi-prose (ou l'inverse comme chez Aragon), la recherche de formes nouvelles.

- Poursuite, peut-être vaine, mais soutenant la tension créatrice, du mot d'ordre de Lautréamont "la poésie doit être faite par tous, non par un", fil rouge qui tend à l'effacement de l'écriture personnelle par les procédés du collage, du tissage, du croisement d'emprunts d'auteurs ou de textes imposés par le journal quotidien.

- Choix de thèmes récurrents et répétitifs, ou leur filtrage formaliste par le nombre, recherchent un effet de "monde réel" en toile de fond, où les événements sont écrasés sur un même plan, qu'ils relèvent des 'faits divers', de la politique, du social ou de la guerre.

Le but était de dépasser, en l'assumant jusqu'à faire disparaître l'écriture individuelle, le statut d'écrivain, qui reconstruit le monde -son monde- dans son miroir, devenant alors une sorte de metteur en scène d'écrits qui semblent s'imposer à lui. Le titre, qui peut se lire LIVRE-DEL (delate) traduit cette contradiction jusqu'à l'auto-destruction.

L'ensemble de ces procédés, ou de cette intentionnalité dans la geste de création, est plus ou moins masqué ou mis en évidence comme réflexion sur l'écriture dans l'écriture (propre au caractère d'apprentissage de ce livre). Il prolonge ou annonce les mêmes principes dans mes travaux plastiques (collages, transferts sur toile, insertion d'écritures manuscrites ou imprimées, pseudo-calligraphie : cf Pat'Plastic), ainsi que dans la composition musicale (voir Pat'Music : partitions, suite pour quintet).

Ces techniques, ainsi que l'utilisation de contraintes rhétoriques très fortes, le travail sur le son, la répétition, la scansion peuvent être rapprochés du rapport entre thème et improvisation dans le jazz, particulièrement dans les formes dérivées rythmiquement du blues et du be-bop, chez les musiciens qui déconstruisent de l'intérieur la mesure comptée (à trois, quatre, sept, neuf temps...) - Charlie Christian, Lester Young, Thelonious Monk. Je regrette de n'avoir pas poussé  cette approche jusqu'aux inventions rythmiques des années 70-90 (binaire-ternaire, mesures composées, comme chez Steve Coleman, par exemple, que je n'ai découvert que plus tard). La boucle est néanmoins bouclée entre Grands rhétoriqueurs et le rap, dans ses productions les plus 'écrites'. Cette boucle passait pour moi par  mon affection pour François Dufrêne, poète lettriste et peintre affichiste, par sa "cantate des mots camés", sur laquelle il travaillait encore dans les années soixante-dix, alors que nous étions collègues à la Direction des routes du ministère de l'Equipement.

(Patlotch, 4 mai 2004)

« Il était tellement ivre d’elle, ou plutôt de l’idée qu’il se faisait d’elle, c’est-à-dire en définitive, tellement ivre de lui-même… »

Henri de MONTHERLANT, Le démon du bien

« En quatre-vingt-quatre jours, il n’avait pas pris un poisson »

Ernest HEMINGWAY, Le vieil homme et la mer

« Nous pensons que l’un des principes essentiels de l’art moderne, de la poésie, des arts figuratifs et du cinéma est de faire violence au quotidien, de détruire le quotidien »

Karel KOSIK, La dialectique du concret

 

I - LIVRE DE LA QUOTIDIENNE

II - LIVRE DE CATHERINE

III - LIVRE SANS NOM

IV - LIVRE DE CORYA

V - LIVRE DE L'AUTRE

VI - LIVRE EN GUERRE

VII - LIVRE DES FAIMS

Liste des poèmes en vers, sauf tiré du journal

(ce texte de 400 pages à l'état de tapuscrit nécessite que je le retape intégralement, ce que j'ai entrepris et qui prendra un certain temps. Quelques problèmes de présentation et notamment d'interlignage seront réglés avec le temps : codage html à reprendre)

IndexHEMINGWAY Ernest (écrivain) ; KOSIK Karel ; MONTHERLANT Henri de (écrivain)
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