VENSY de ZWEIK

Septembre 2007

Si le vent parlait, qu'est-ce qu'il me dirait ? Et moi, qu'aurais-je à lui répondre ? Des paroles en l'air ?

 

Juin 2008 « Mes textes parlent de cette dualité entre la désespérance (ce constat que rien ne changera jamais, que tout est vain, inutile, stérile, que je me bats contre des moulins à vent, que ça n'intéresse personne même pas mes proches et que survivre reste la seule issue), et la volonté de VIVRE ( d'où ces images que demain tout peut arriver, tout est possible, que "je mérite mes rêves", que je suis assez "exigeante pour réaliser l'impossible" ) ceci même si mon combat est perdu d'avance, même s'il me reste bien peu de chose, et un soir, au soir du grand soir je partirai sereine, sans peur, avec quelques regrets de n'avoir pas fait mieux (peut être même moins bien) que les autres, que ces autres avant moi que je n'oublie pas , fière donc, d'avoir fait la guerre pour ce que je crois, avec faiblesse, sans véritablement d'arme, sans savoir vraiment comment me battre, comment m'y prendre, comment FAIRE, mais j'aurai essayé et serai allée jusqu'au bout. Alors oui, "demain m'enchante", parce que je veux que, demain encore, je continue à croire que tout est possible, "Alors pâle, mais vivante, j'engage le prochain combat et repeins le monde avec mes couleurs de rêveries. " Vensy de Zweik, 24 août 2007

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Pourquoi ici l'écrit de Vensy ? 1er Septembre 2007, repris 14 Avril 2008

« Nos torrents d'amour, de larmes, de tendresse, prenant leur source dans ce petit chose qui nous manque, font de nous des êtres-écrits. Et notre chance est là, notre complicité, notre croyance  est dans ce que nous écrivons et non dans ce que nous sommes. Parce que c'est lorsque nous écrivons que nous sommes entiers, vrais, vivants... » VENSY

Vensy est dans la vie réelle une amie, qui a repris l'écriture. "Repris" ? Petite, déjà, elle écrivait. Devenue grande, elle a arrêtée. Sa vie s'est alors refermée, infectée de souffrances telles que Vensy en crevait. C'est contre cette mort qu'en reprenant la plume aujourd'hui, elle se bat.

En accueillant ces textes parmi les miens, je veux soutenir cet arrachement à la fatalité de la survie, que j'ai moi-même traversée. Non pas une "talent littéraire" en devenir... Ma position poétique fait peu de cas de la posture de l'artiste reconnu. L'acceptation sociale des limites* de ce monde menace toujours l'oeuvre, la mienne d'abord, de « rentrer dans le rang ». Le choix des textes est donc relativement indépendant du fait qu'ils seraient considérés, par elle, par moi, ou par d'autres, comme "bons" ou "mauvais". Qui serait juge ? Sur quels critères ? La "littérature", ce reste, je m'en fous...

Je soutiens donc chez Vensy cette tentative d'expression de ses limites*, en l'encourageant à « faire ce qu'elle est seule à pouvoir faire », comme disait Bram Van Velde. Comme plus généralement je soutiens l'art quand il continue à porter, sous certaines conditions, le mot d'ordre surréaliste « L'art, l'amour et la révolution ». Est donc en jeu une poétique, au sens où Henri Meschonnic associe en elle, inséparablement, esthétique, éthique, et politique.

Mais si les textes de Vensy sont sur mon site, c'est d'abord qu'ils me touchent. Non pour des raisons purement esthétiques, par leur "valeur littéraire", dont je ne veux pas être juge. Bien entendu, je suis sensible à l'exigence de la forme comme contenu, sans laquelle il n'y pas d'art (Nietzsche...), et il appartient à tout poète de mettre et remettre ce rapport sur le métier avec obstination. Mais quand, « dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux » (Debord détournant Hegel, Commentaires sur la société du Spectacle), ce n'est pas la reconnaissance sociale qui peut apporter à l'artiste une garantie de vérité de son oeuvre. Il est voué à la poursuivre inlassablement, seul face à lui-même. L'art fait, il est performatif ou pas, il transforme par l'émotion, et la mienne n'est plus possible qu'aux limites* de ce monde, de ce qu'il fait, défait, détruit des êtres. Je suis particulièrement sensible à ce qu'ils font de ces limites, de leurs limites.

Les textes de Vensy me touchent autant qu'elle sait l'entendre, sans théorie, sans discours... par la justesse avec laquelle ils rendent compte de ce qu'elle est dans la vie. C'est en quoi, lecteur singulier du fait de la connaître, je peux apprécier ce qui fait pour moi leur valeur poétique : cette quête inquiète de lucidité et de (sa) vérité, qui se fait rare.

Cet écrit est donc ici, enfin, parce que je veux croire qu'il existe d'autres Vensy et d'autres Patlotch que ces textes remuent en secouant leurs vérités. Je pense en effet qu'au-delà de nos singularités, nous sommes tous embarqués dans le même monde, face et contre ce monde, plus ou moins nous cognant contre ses limites* et les nôtres, plus ou moins avides de les déborder un jour. C'est d'ailleurs, dans la nécessaire solitude pour écrire (créer), par l'hypothétique rencontre de notre œuvre comme sujet avec d'autres sujets (Meschonnic encore, et Freud un peu), que nous pouvons retrouver un espoir et, pauvres individus séparés en ce monde, nous sentir moins seuls. D'autres aussi, peut-être, de tous côtés de la création.

Pourquoi ne pas accueillir et soutenir d'autres Vensy ? Par un hasard objectif, c'est elle que j'ai rencontrée, au-delà de nos « êtres-écrits », dans et contre la survie. Depuis, nous nous aidons à vivre.

Nos textes sont appelés à s'entrecroiser, parce que c'est elle, parce que c'est moi.

Bonnes lectures.

* Je fais ici une utilisation extensive, mais non métaphorique, aux différents niveaux de l'individu, singulier, particulier, être de classe et de nature, du concept de "limites" élaboré par Roland SIMON avec Théorie communiste. Voir aussi La "communisation" sera poétisation ou ne sera pas, Communisation, "troisième courant"... ,   et autres textes dans a-COMMUNISME 

« La plupart vivent sous le règne du vouloir. L'artiste est celui qui est sans vouloir / Il faut chercher à voir, là où voir n'est plus possible, où il n'y a plus de visibilité / Pour arriver à un certain quelque chose, il faut n'être rien / Il faut faire ce qu'on est seul à pouvoir faire / Il est très difficile d'aider l'autre sans le trahir / Quand on cherche la vie, il faut n'avoir aucun appui. Demeurer dans la solitude. Dans le doute, l'interrogation / Tout ces gens qui se croient bons, généreux, intelligents, et qui ne savent pas qu'ils sont morts. - Il n'y a pas pire que la plupart des croyants. C'est insensé tout ce que l'homme est capable quand il est à la recherche de sa tranquillité. - Il y a une telle lâcheté en l'homme. Mais dans la mesure où cette lâcheté est générale, plus personne ne la voit / Ce qui fait défaut, c'est le réel / Les multiples pouvoirs du faux et l'extrême faiblesse du vrai, c'est cela le tragique / Il faut savoir ne pas faire carrière / Non. Il y a déjà eu trop de mots. Maintenant, il faut se taire... »
Bram VAN VELDE, Rencontres avec --, Charles JULIET, 1967

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Je est une autre

Dans ce monde trop grand pour contenir mes pénombres, j'ai rencontré l'émoi gravé sur ma tombe. Ci-gît « je ». J'entends le silence grouillant d'outre-fronde chatouillant a-ssagit je vagabonde.

A coeur perdu, dévêtue, je relève en mon sein mes songes emprunts de réalité. Bêtre promesse?


Des toujours à jamais, petite ronde strong déniaisée des amours passionnés ou aller à confesse! De saut de puce en saut d'autruche et confondre en vain le bonheur dans la lie du ravin.

Mes maux sont usés, revisités par d'autres et sonnent cloche en apôtre « les malheurs déchirés des intimes noyés dans la frime en bleu versifié ». Cible!

J'engage des mots différents pour que ricoche en prose ambitieux outremer la liberté des possibles salutaires.

Vensy, 1 décembre 2008

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COLLEUR D'AFFICHES

Tu recouvres le passé avec des petits papiers et un pot de colle sans espérer que le monde ne change. Monocorde. Monochrome. Trois minutes de joie. Vendange. Une voix guide tes doigts condition pour que ne se voit pluie les rythmes où tout était peut être. Un trou FIN laisse entrevoir le pas de cet autre; il est froid. Le chemin miroir d'autrefois. Ruine du temps qui s'accumule, se dissimule, banal, sauvage. Pourtant, les contes de fée n'existent pas : je vais vous aimer

6 septembre 2008, tlp

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« ON A LA VIE QU'ON MÉRITE »

Je t'ai attendu je t'ai lu je te lis. Soupault en raccord, aime moi. Désaccords.

Je me lie. Désarroi. Maudit sort. Pas un mot, pas un geste. Foi funeste.

J'ai le vent froid de cet amour bleu.

J'ai les mains vides des détours fiévreux.

Des heures voyages échappées dérobées : un vœux à nous plaire à nous battre sans partage,

A l'éternité sans heurt : débâcle, jamais à rêver, ailes arrachées, paix sérénité sens en cage.

 

Je saigne sans faim où s'envole sans force fugace,

Les jours heureux où nous valsait d'audace.

 

Épelle moi.

Vensy, 26 juin 2008, tlp

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COEUR DU VAL

Humm... le printemps est retour, sauf pour eux. Revers sans fin, crainte de l'amour velours. Elle est en hivers. Perdue dans ces yeux souvenirs des plaisirs sulfureux, vertige ambitieux. Ephémère.

Un bel oiseau libéré à l'aube donne au vent une plume argent : « que sonnent les mots à consummer bien haut ». Un, deux, dix, ECLAT. Tremblements. Saint-Suplice. Un silence pour la douleur. Une sentence : crève coeur.

[J'ai] deux trous rouges au côté [droit] , papa.

Vensy, 4 avril 2008

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FAIRE LE MUR

Une barrière à deux panneaux jumeaux serrés l'un contre l'autre.

La tendresse s'est figée.

Ses dentelles ne pétillent plus de déraison. Sagesse ? Elle n'a pas résisté aux perturbations : orage, tourbillons. Elle ne s'est pas rompue. Non. Elle s'est tu, fissurée du côté coeur. Déjà une herbe sauvage, du lin bleu peut être, a remplacé ce vide vulgaire, si ordinaire, ombrageux. Et puis trop de larmes ont coulé. La peinture blanche blessée, l'allure mousse verdâtre, déchirures, simulacres.

Un mur de béton est posé.

Inutile, vaine, indécente. Partir. Elle le pourrait enfin. Consternante, elle ne bouge pas. Cicatrice d'une époque où sous les cieux à investir, les amoureux avec malice, passaient par dessus pressés de s'enfuir pour, s'aimer ailleurs.

Vensy, 19 mars 2008, 6h50, tlp

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RÊVERIES EN PLUIE

« Une chauve souris aimait un parapluie » (Thomas FERSEN)

Une femme a posé ses malles sur le trottoir d’en face. Elle tient, au creux de sa main, un petit galet bleu parfum, des printemps anciens. Vécus.

Un homme va et vient, peut être est-ce Godot. Il est attendu quelque part.

Le jour se lève. Il pleut. Prendra t-il le temps du bonheur et des mots qu’il a à cueillir sans faillir, à donner en promesse à ces yeux bruns emplis du chagrin et des peines de heurts chargés de dédain ?

La pluie cesse. L’homme sort avec élan son parapluie aux baleines épuisées pour la protéger.

11 février 2008, 22h57

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RÊVERIES VOLÉES

Nous avons assez joué. Réveil de la fêlure. Tumeur. Je la vois, souffrante, me ronger, orienter mes désirs, sans que je sache lui résister. Trou béant de l'affect. Impossible à combler. Ma seule folie est d'avoir cru en l'amour authentique, désuet. L'envol sans retenu vers les mélodies de Rezvani, vers l'étourdissement de la passion de Duras, vers les mots dans les yeux d'Aragon. J'ai coloré le monde aux pigments de ma vie. Peinture à l'eau, un jour de pluie. Arrachés ces sentiments, je relève l'intellect. Je sais maintenant pourquoi j'avais perdu l'émoi.

10 janvier 2008

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RÊVERIES EN SI

Elle marchait d'un pas si assuré. Elle était si fière, arrogante, audacieuse, presque condescendante. Le sourire aux lèvres comme une morsure. Les mains dans les poches, dilettante. Inébranlable. Insoumise. Effrontée.

Et pourtant, personne pour découvrir son prénom, le murmurer en amour sans armure, le crier comme une insulte aux faux amoureux, le pleurer pour la protéger d'elle-même... Seule.

Alors un soir, après ses longues journées de mascarade, elle se prépara un thé aux couleurs du monde et rédigea la plus belle lettre d'amour qui ne fut jamais écrite et qui malgré les années ne su trouver son destinataire.

7 janvier 2008

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COEUR DE PLUME

Ta plume griffe mon coeur. Ta plume saigne mon coeur. Ta plume arrache mon coeur.

Mon oiseau rare, je vole avec toi, qu'importe ma chute. Ta plume donne des ailes à ce coeur déraisonnable !

Sans quitter Paris, je visite le monde dans tes yeux, à dos de pinceaux, de barricades, d'insolence, nos voyages forment ma liberté.

3 janvier 2008 

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"Patlotch en réponse à l'enfant" CHEMINS TROUVÉS PAR LES ENFANTS PERDUS

« Je voudrais retrouver le geste de l'enfant » Picasso, sur le tard

Ma fragilité sous les coups révélée.

Ma force désarmée

Le froid qui m'inhibe par les mots arrachés.

La nuit m'aveugle. La flamme en moi ne brille plus. Mais sa chaleur ne craint pas l'effroi.

Cette horloge qui rythme en sourdine la vie des autres. 

Le temps réel s'écoule hors de nos sabliers. Sans fin la mer mouille les pas de nos cœurs asséchés. Nous ne perdrons plus pied.

Figée. Je ne sais plus comment avancer.

Stoppé. Stupeur. Je ne saurai jamais reculer.

Je dépose l'enfant mort que j'étais. Elle dort profondément.

Je renais à l'enfant que je ne fus pas. Il se révèle enfin.

Je ne peux pas la laisser là, pas comme ça, éveille toi, je t'en conjure, demain, ensemble nous croiserons enfin la douceur, la tendresse, demain ensemble nous franchirons inséparables les étapes du temps, nous grandirons dans le printemps et je te raconterai encore pourquoi le loup ne peut manger le chaperon rouge. Ma douce force de vie maladroite, ma naïveté, ma liberté en socquettes; le vent, je te le jure, jouera à nouveau avec toi, il soufflera tes rires sur la balançoire, il ne faut pas céder. Regarde moi. Reste avec moi. »

Des rires d'enfants secouent les entrailles des grands pressés de mal vieillir. Face à face, regards sans fuite de paroles, ils refusent à mourir dans leurs cages, spectacularisables. L'heure a sonné de marcher d'un même pas, toutes mains dans les mains. Le petit chaperon rouge a mangé le loup. Un sourire dans les yeux, la grand-mère fait de la balançoire.

FoSoBo, 10 novembre, 12h22, 14 nov, 17h08

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À L'ENFANT

« Ma fragilité sous les coups révélée. Le froid qui m'inhibe par les mots arrachés. Cette horloge qui rythme en sourdine la vie des autres. Que j'entends. Figée. Je ne sais plus comment avancer. Je dépose l'enfant mort que j'étais. Elle dort profondément. Je ne peux pas la laisser là, pas comme ça, éveille toi, je t'en conjure, demain, ensemble nous croiserons enfin la douceur, la tendresse, demain ensemble nous franchirons inséparables les étapes du temps, nous grandirons dans le printemps et je te raconterai encore pourquoi le loup ne peut manger le chaperon rouge. Ma douce force de vie maladroite, ma naïveté, ma liberté en socquettes; le vent, je te le jure, jouera à nouveau avec toi, il soufflera tes rires sur la balançoire, il ne faut pas céder. Regarde-moi. Reste avec moi. »

9 novembre 2007

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RICOCHETS

(Patlotch en réponse à RICOCHETS, 6 octobre, les deux textes peuvent se lire séparément ou en alternance)

Quelques larmes pour remplir le vase de l’amertume,
mais qui, puits sans fond, ne se brisera jamais

Sur la vase du doute où s'enlise la foi,
des bris surnagent en pépites

Cloîtrée, je porte les cris sourds de tant de générations
sacrifiées, supportant avec obstination les raisons du foyer.

Mais qu'entendent les sourds dans
la prison chérie des habitudes ? Aberrations, fuyez !

Et des larmes encore, à déchirer la brume,
Couleur de nos joies, de demain et de l’imparfait.

Usurières des coutumes, couturières des usages
las, étalant la déconfiture culturelle,
que lèchent nos gamelles

Je ne supporte plus notre froide détermination sans condition,
Déchirée, je réclame le droit d’une vie à aimer.

Le droit aux droits s'abolit sans réclamation
Personne n'accorde ce qui n'est à prendre que de soi

Nous sommes les tyrans de notre propre esclavage,
Nous garantissant ainsi le respect de cette société datée,

Au présent de ses bornes se gâte toute société
Le temps se date en beauté, au futur sans mirage 

Nous stoppons le temps et offrons à nos enfants, sans partage,
nos plus belles années, celles-là mêmes, où nous rêvions de liberté.

Dans le surgissement de l'enfance, le passé se dépasse

Chérissant secrètement ce délice volé, c’était de la hardiesse,
Assumant contraintes et responsabilités en tendresse,

La justesse, entre coeurs immédiats, aura raison de toute justice

De mère à femme amère, vingt ans envolés,
Juste le temps d’un baiser sur ton front, tant choyé.

A la mer les dés sont jetés, sans hasard, sans choix
autre qu'advenir, absolument, des autres.

Un avenir est à voler

FoSoBo, 17 octobre, 17h08 - 19 octobre, 15h28 - 10 novembre 11h23

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RICOCHETS

Quelques larmes pour remplir le vase de l’amertume, mais qui, puits sans fond, ne se brisera jamais.
Cloîtrée, je porte les cris sourds de tant de générations sacrifiées, supportant avec obstination les raisons du foyer.

Et des larmes encore, à déchirer la brume,
Couleur de nos joies, de demain et de l’imparfait.
Je ne supporte plus notre froide détermination sans condition,
Déchirée, je réclame le droit d’une vie à aimer.

Nous sommes les tyrans de notre propre esclavage,
Nous garantissant ainsi le respect de cette société datée,
Nous stoppons le temps et offrons à nos enfants, sans partage, nos plus belles années, celles-là mêmes, où nous rêvions de liberté.

Chérissant secrètement ce délice volé, c’était de la hardiesse,
Assumant contraintes et responsabilités en tendresse,
De mère à femme amère, vingt ans envolés,
Juste le temps d’un baiser sur ton front, tant choyé.

6 octobre 2007

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RÊVERIES EN NÉGATIF

La ronde des nuits sans jour
Une cage brodée d’or sans voyage
Mon image voilage dans la brume des doutes
L’ennui. L’oubli de ce moi sans ombrage.

Emmenez-moi en 1954 vibrer « Lullaby… »
Peignez-moi chez Ricks flirter « As time goes by »
Écrivez-moi sur fond bleu le printemps sans faille.

Le noir et blanc me rendra la couleur,
Le sépia me chuchotera la douceur
Paris, Casablanca, New York, Osaka,
Apaisée, parfumée : j’aurais vécu en ce temps là…

6 octobre 2007, 00h 25

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LETTRE D'AMOUR

Ces moments de solitude profonds que je croyais bannis, impossible à revivre, parce que l’écriture était plus régulière, sont plus terribles encore.

Pas besoin de jouer l’Ophélie, l’Emma ou l’Anna, je réinvente. Je ronge mes sentiments, mes liens de l’intérieur. Je suis une femme du passé. Mes désirs d’amour, de romance, de sensualité, d’-------- ne sont réservés qu’à l’autrefois, perdu, dans les tissus : toile de Jouy, satin, dans les poudres, les parfums : luxe et raffinement.

Je meurs chaque jour un peu plus et chaque jour un peu mieux, de l’inutilité de ma vie stérile.

Je suis damnée, droguée à la lucidité.

Que ne ferais-je pour ressentir une fois mon cœur trembler, mon âme se briser, la peur, même, de mourir grâce au souffle provoqué par le mouvement de ton épée en plein cœur ?

Ma prière exaucée, ta plus belle preuve d’amour jamais donnée. Et puis nous partirons à d’autres vies, espérant que cette fois nous nous croiserons…

Na d’ejba.

Vensy, à Vensceslas, 28 septembre 2007

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LE DROIT AU BONHEUR

Ma vie sombre dans la mélancolie d’une journée ensoleillée.
Ma vie coule au rythme vieilli de ce café désabusé.
L’absinthe de la fin, l’ivresse de la souffrance.

Mon regard épuisé dans le miroir d’en face.
Le souffle déchiré de ma prison d’angoisse.
La déliquescence triomphante de mon effervescence.

Un verre se casse. Ma douce évidence,
L’horloge sonne l’audace de ce bonheur inespéré,
Ma vie s’envole, nous valsons sur les notes d’une secrète romance.

Que l’ordre s’affole. Nous rêverons la réalité de nous aimer.

22 septembre 2007

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ACCEPTION SOCIALE DE L'ARTISTE

Qui cherchons nous à détruire si ce n’est la vie elle-même
Différente de nos rêves d’enfant, meurtris à jamais par ce que la vie nous ordonne. Nous luttons contre la tyrannie de ce masque parade pour la liberté et la vérité de ce nous insatisfait, exigeant.

La mort devient notre seul salut et la seule arme pour ne pas perdre la face.
La complaisance n’est pas à l’ordre du jour, nous sommes lucides sur ce que nous écrivons, pensons. La révolution ne naîtra pas de nos cœurs salis par la moisissure de ce quotidien intolérable. Tout cela est tellement vain.

La souffrance est notre prix à payer pour ne pas devenir ces ombres, que j’envie parfois.
Douces doivent être leurs responsabilités, leurs croyances, leurs amours. Si je vous croyais vivants, je vous supplierais de mourir avec moi.

Je ne danse pas pour oublier mon chagrin, je ne chante pas pour soulager mes cauchemars
Je me vole des heures pour éviter mes lendemains, qui pourraient me traquer par l’obéissance.
Donnez-moi la foi et je deviendrai terroriste, donnez-moi la haine et je serai humaniste,

Faites-moi ma plume et je maudirai.

23 septembre 2007

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SANS TITRE

« Désolée ? Moi désespéré. Quelle destruction ! »

Je refuse ce double je suicidaire.
La peur murmure l'urgence et la veille.
Ma liberté a l'odeur de l'éther.
Un seul coup d'épée, tranquillité.

Juste un désespoir, sacrifié.
La mise à mort froide, nette, innée.

Mais ta souffrance comme bouclier,
Ta confiance en la tendresse donnée.

Ton exigence, ma responsabilité.

Désarmée, impossibilité ?
Torturée, je ne veux pas jouer.

Le vide est contagion, épuisé,
Plus de pardon, l'amour est violé !

Ce n'est plus de ton âge ; gamine cruelle.

17 septembre 2007

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L'ENTRE D'ELLES

Je suis épuisée.

Je n'ai plus de sève pour apprendre à vous aimer.
Je me sens vide. Coquille vide. Incapable d'y goûter. Écœurée.
Et pourtant, vous êtes ce que je n'espèrais plus attendre :

« Je sens parfois que je pourrais tout accepter plutôt que de te perdre »

Mérite-je vraiment votre tendresse, votre confiance, votre opiniâtreté ?
Moi qui ne crains que de vous blesser, de vous trahir, de vous emmener...
au décloisonnement des maux exacerbés.

Je ne suis plus fiable de vie.

Comment pourrais-je revenir sur mes pas ? Payer à nouveau le prix de la traversée ?
Trembler d'endurer une brutalité, une perte, une turpitude, de plus. Fatalité.
N'essayez plus de me sauver. Épargnez-moi, je vous en prie.

5 septembre 2007

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RÊVERIES EN BLANC

Trente ans, le début d'une nouvelle vie...

Ma peau de soie, déchirée entre mes théories et la réalité,

le parfum pour cacher l'odeur du sapin,

le champagne pour donner du prix à mes joies,

les matières douces pour m'inspirer la tendresse,

le chocolat sur mes lèvres pour sentir le baiser de cet amant imaginaire,

le luxe pour me donner le courage de ne plus me regarder,

Chopin pour peindre mes nocturnes,

l'écriture pour sentir enfin mon coeur s'envoler et mon âme s'apaiser.


Mes tourments sont ridicules de quotidienneté.

Mes envies ont disparu dans le noir de l'oubli.

La femme que je suis devenue n'est pas celle que mes rêves ont dessinée.

Emma Bovary, Anna Karénine ne serais-je donc que cet entre deux ?

31/08/2007

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FABLE

D'ordinaire, je déteste l'avion, pourtant aujourd'hui... les nuages d'en dessus m'ont raconté l'histoire de ce vent si froid qui rencontra un chat triste en vers.

Le chat, quasi-maître des lieux en l'absence du mérou, accéda à la demande du rat et du loup et accepta qu'un spectacle fut créé. Ils imposèrent le vent dépourvu mais résigné.

Le chat, frigorifié cependant heureux, reconnu dans les yeux du vent qu'ils étaient du même monde. Le vent n'imaginait pas qu'un chat pourrait avoir le don de lui parler et surtout de lui redonner vie. Sacré Pygamachat!

Ils échangèrent leurs maux. Et ne se quitteraient jamais plus,
parce qu'en chacun d'eux était emprisonné un peu de l'autre. En lettres italiques le vent grava dans le ciel « quelles que soient mes rêveries, c'est à toi que j'écris ».

Quant au spectacle?

Le mérou, mangé par le renard, fut remplacé par une vache, qui vira honteusement le chat. Le rat quitta la ville et le loup tomba en dépression et le vent se fit tempête pour rejoindre le chat.

29/08/07

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RÊVERIES EN GRIS

Je tu il..., nous vous ils, ... 1, 2, 3, 4, 5, 6...

Je ne comprends pas comment ils peuvent supporter l'intolérable. S'habiller dans le même uniforme. Suivre les mêmes études. Devenir les mêmes hommes comme l'était le prédécesseur et comme sera le suivant parce que c'est comme ça. La vie est comme ça. Immuables.

J'ai échoué à me déshumaniser, devenir ce double vide, froid, mécanique, métal. Je gratte, démangeaisons, cette épaisse couche de calcaire grisâtre avec mes doigts ensanglantés, noircis.

Et pourtant... ces jours là. Ces jours faits pour la danse des ombres, sombres, sales, et sans pluie. J'abandonne. Je m'effondre. Une dernière résistance de larmes chaudes. Tremblante.

Et le doux murmure de la mort, confidente sirène. Je deviens le marin, perdu qui se laisse aimer par ses bras maternels et me portent, protecteurs, loin de ce monde, réalité. Et puis, par amour, elle me souffle le courage de lui écrire à nouveau.

Alors pâle, mais vivante, j'engage le prochain combat et repeins le monde avec mes couleurs de rêveries.

24 août 2007

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RÊVERIES EN BLEU

Enfin, je m'appellerai Vensy.

Je serai assise sur un banc blanc. Un Rimbaud à la main. Et je le rencontrerai, là, dans ce parc, au printemps. Il me demandera en souriant s'il peut s'asseoir à côté de moi. Il me racontera qu'il aime les pirates et les abricots. Nous rirons.

Il se penchera vers moi. Et intimidé il me proposera de m'emmener voir la mer comme si c'était la première fois. Et j'accepterai. Confiante.

Nous arriverons dans cette petite chambre d'hôtel. Le linge sera bleu. Les volets seront clos. La mer cachera notre étreinte et puis ...une mouette chantera notre liberté. Après. Oui, après, nous nous promènerons les jeans retroussés au dessus des genoux, les pieds dans l'eau et les chaussures à la main. Le sable, jaloux, tentera de me brûler aussi fort que l'instant d'avant sans pouvoir y arriver. Il fera beau. Épuisés, nous nous assiérons face aux vagues à cette terrasse de café « ma Lula » et il jouera du piano. Les valses de Chopin. Et puis, sur cet air de « As time goes by » la nuit viendra. Alors je monterai dans ce train. Et je ne serai plus jamais seule. Je n'aurai plus jamais froid. Parce que je saurai que je suis capable de me sentir vivante, aimée, sans jamais plus le craindre.

20 août 2007, 00h 22

*

SOUVENIRS D'AUTREFOIS

Ton apparition, floue, une flagrance, un désir
secret, conflit du temps soupirant, déchiré.
Nos disputes d'antan n'ont pas pu nuire
à cet été ensoleillé, sensualité.

Une brosse à chevaux, pieds nus, musique classique,
Le monde dans une boite à thé, écriture.
Des amants chinois, nous vivions en Afrique.
Ce soir là, sur mes lèvres un baiser, une morsure.

Ma candeur et ta peau de craie, fragilité
d'un frémissement sous mes doigts hésitants:
apprentis, interdit, esprits pervertis, charmant!

Ô ma neige, que de temps écoulé, mariée,
On ne m'a jamais aimée aussi tendrement.
Nous étions, amoureuses, deux femmes enfants.

15 août 2007

*

(SANS TITRE)

Le désir s'entortille au bout de mon pinceau,
et me crache l'angoisse d'une chute de mots.

Mes pigments salis, maquillés et ordonnés,
se lamentent et se moquent, révoltés, meurtriés.

Écrits, chantez la haine de ce moi parade,
même si demain la crainte me repoudre et me farde.

Se perdre ou se peindre !

13 août 2007

*

LE VENIN

Je suis lasse d'être le faussaire

de mes désirs secrets et affichés.

Le naturel, mon essence même,

s'en sont allés, superficialité.

J'aimerais t'honorer, te louer

de mots sucrés, volupteux et poudrés,

mais je porte, emprisonnée, le masque de cette société fanée.

Condamnée à la médiocité,

Je m'enlise et me noie dans l'immensité de ma nudité frustrée

20 juillet 2007

*

L'ÉPHÉMÈRE ÉVIDENCE DU BONHEUR « On reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait en partant » Louis JOUVET
« Ce qui est heureux s'écrit simplement. Une femme vient te voir que tu ne voulais plus attendre. Elle est belle. Tu lui parles. Elle t'écoute. L'inverse. Un silence est ouvert pour les yeux. Voilà... Puis le bruit du bonheur quand il part... » MES DÉ-BUTS, 4 mai 2006

*

RÉPONSE A L'ÉPHÉMÈRE

Ce qui est douloureux s'écrit avec les larmes.

Cet homme ne viendra plus... perte inconsolable.

Le silence gronde, bourdonne, hurle,

J'étouffe ! Tu ne me parleras plus !

Je croise le fantôme des mots passés et des souvenirs croisés.

Je porte le deuil du bonheur...

16 juillet 2007


 

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