18 octobre 2003
L'une
Et l'autre
Anonymes
Corps multitude
Unanimement
Songent où l’étranger
Habite leurs solitudes
Paul Gauguin, D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 1897
Peuplé de couleurs je suis
Nous la peau la traversée
Des siècles des peurs aux joies
D’être si même à mémoire
Cicatrice transpercée
De haines aux noms de gloires
Aux dieux tors vaines fois
Aux yeux violés des regards
Vides de l'avide d’avoir
Toujours plus de rien qui ne soit vivre
Tessons dardés d’un empire barbare
Bambins sans larmes à têtes de vieillards
Ou babouins mimant la grande personne ivre
Du leurre qui la possède avec l’argent du leurre
Où la raison s’endort en croyant s’éveiller
Aux Lumières que leurs ombres font vaciller
Continent entartré dans sa blancheur de plomb
Salivant seul à seul d’un ridicule aplomb
Sans dénouer son goût désuet d’unité
De part en part gonflé par tant de vanités
Cause qui cause en se mettant le doigt dans l’œil
Et ce pays non plus le mien j’arrive
Trop tard et je le trouve si petit
Si dérisoire d’oublier le temps
Passé à trier son passé ses Vive
La Républiqu’ désarmant l’appétit
D'un peuple souverain déjà vaincu
Dès qu'il entre à l’Eglise de l’Etat
Toutes voiles dehors le voile hors
L’école aux enchères des marchands
Du temple de l’égalité mord
La poussière épuisée de ses chants
Au miroir fétiche de ses ors
Chaire sévère de l’irréel
Quand le savoir n’est plus alléchant
Pas de quartier just the ghetto
French colored people en cage
D’escaliers pour tout bateau
De plaisance où le caïd nage
D’aisance et frime sur le dos
De gosses interdits de rage
Et bons pour la fosse commune
Pourtant qu’elle fut d’autant belle que n’étant plus depuis longtemps
A faire Trop bonne à la mise en scène d’un théâtre sans rêves
La révolution en attente la tentation de tant et tant
De croire au printemps de l’histoire oh mais quelle histoire irait sans trêves
De saison à saisons de raisons à raison et de militants
A gogos vers les urnes ou même dans la rue pour que se lèvent
Le grand matin les désirs de seuls pour tous se sortir du pétrin
Nous n'avons plus de nom nous sommes les sans
Noms nous n'avons plus de dieux nous sommes les
Sans horizon sans illusions et laissant
Les murs désolants les maisons isolées
Aux facteurs de ruines maculées de sang
Nos mains déduisent des lieux la parole et
Vont se fondre en chairs et autres en dansant
Je marche tu marches elle danse nous danse
Quand je nous décentre il vous la valse en transe
La flamme prend le dernier métro
Les papiers au feu et le maître au
Charbon à la mine ravie
Et si c'était ça la vie
Pour en avoir envie
Sur la branche il neige
Mon beau sapin endormi
A pas de loup de fougère
Tam-tam un ami
Blanche oublie l'eau du café
Un silence allège
Le merle en perd ses cerises
Comment fais-tu l'amour toi
Qui n'a pas de nom pour
Dormir sous mon toit
Plantant le jour
Un jardin
Sous la
Lune