VOL AU-DESSUS DE TERRES BRÛLÉES, de mars à juin 2011

Suite, dans à CONTREJOURS, de CHRONIQUE ALÉATOIRE. Ouvert 10 mars 2011. Fermé 23 juin. À suivre dans JARDIN DES GLANES.

C'est pure coïncidence que le titre de cette rubrique, choisi le 10 mars au soir, semble évoquer la catastrophe au Japon, survenue le 11 au matin - heure française. Quoiqu'il en soit, il n'existe pas d'échelle pour mesurer ce qui bouleverse un individu, qu'il chamboule : je navigue en brûlant mes vaisseaux (fantômes ?)

23 juin

" Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là / Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile

[plus loin] "Ah ! Tout perdre en un jour. Pour une amourette avec une suivante, une fille de rien. On m’exile ! Et vingt ans d’un labeur difficile, vingt ans d’ambition, de travaux nuit et jour./ Mon crédit, mon pouvoir, tout ce que je rêvais… charges, emplois, honneurs, tout en un instant s’écroule. Au milieu des éclats de rire de la foule ! ".» Ruy Blas, Victor Hugo

Le massage des pieds du Christ par Marie-Madeleine, détail, Sandro Botticelli*, 1490

Sandro Botticelli - La lamentation sur le corps du Christ mort, détail de Marie-Madeleine et les pieds du Christ, 1490

* Ne pas confondre, naturellement, Sandro avec Roberto Botticelli, bottier de luxe

botticelli zapatos

 « Je veux cependant que vous le sachiez : le chef* de tout homme, c'est le Christ; le chef de la femme, c'est l'homme, et le chef du Christ, c'est Dieu. Tout homme qui prie ou prophétise le tête couverte fait affront à son chef. Toute femme qui prie ou prophétise le tête découverte fait affront à son chef; c'est exactement comme si elle était tondue. Si donc une femme ne met pas de voile, alors qu'elle se coupe les cheveux ! mais si c'est une honte pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou tondus, qu'elle mette un voile. L'homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, car il est l'image et la gloire de Dieu; quant à la femme, elle est la gloire de l'homme. Ce n'est pas l'homme en effet qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme; et ce n'est pas l'homme, bien sûr, qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion, à cause des anges (Paul, Épitre aux Corinthiens, I Co 11, 3-10).» Cité par Anne-Marie Helvétius dans Le sexe des anges au Moyen Âge, De la différence des sexes / Le genre en histoire, dir. Michèle Riot-Sarcey, Larousse 2010, p.106

* Le terme latin, caput, signifie à la fois "tête" et "chef" en français.

PS : C'était mieux avant...

22 juin

« quand la réalité fait défaut, la théorie est tentée d'en combler le manque » Communisation, TropLoin

« Je trouve quelque chose d'effrayant et de diabolique dans l'usage que vous faites de cette pauvre chose qu'est notre tête qui, la plupart du temps, sert plus souvent à nous tromper lucidement qu'à parvenir à une quelconque conclusion véritable. J'ai l'impression d'avoir assisté à une sorte de prestidigitation extrêmement compliquée, avec la circonstance agravante que, à mesure qu'elle s'accomplissait, elle me montrait de quoi elle était faite, et à la fin elle a été aussi stupéfiante que si ses engrenages avaient toujours été cachés. » L'affaire Vargas, in Quaresma déchiffreur, Fernando Pessoa 1935, Christian Bourgois éditeur p. 162.

« Il est toujours plus facile de manipuler l'esprit d'un homme intelligent que celui d'un imbécile.» Id. p. 175

21 juin

Soyons indignes des 'Indignés'

Découvrant, il y a quelques mois, en présentoir près des caisses à la FNAC et autres VIRGIN, l'opuscule "Indignez-vous" de Stéphane Hessel, j'avais d'emblée ressenti quelque chose qu'exprime Claude Guillon le 15 juin dans " Indignés ! L'un dit niais... vous ? Digne, ding, dong " : une nausée.

Que le label ait été "repris" par les mouvements protestataires en Espagne, puis en Grèce, et plus timidement en France, n'a pas soigné mon mal de coeur, aggravé depuis par le vacarme médiatique autour du réveil de cette belle jeunesse, et sa béatification par des générations empilées d'anciens combattants démocrates, majoritairement des classes moyennes même déclassées, ou plutôt par leurs militants représentatifs. Car la destinée de toute non-représentation revendiquée n'est-elle pas de se trouver rapidement des représentants ?  C'est peut-être un paradoxe, mais à bien y regarder en l'espèce, tout sauf une contradiction. Ne serait-ce que pour des considérations tactiques évidentes tenant à l'organisation, aux relais, et à la médiatisation de ces manifestations, dans le monde de la communication, du Spectacle, la forme est prise au piège de son contenu : l'indignation se mord la queue, par ce sur quoi elle ne porte même pas. Quid, par exemple, de ces "réseaux sociaux alternatifs" prétendus radicaux (dont les initiateurs sont complaisamment interviewés par France Culture...), quand on sait que le principe (technologique) en est d'essence hiérarchique et la maîtrise en dernier recours celle de quelques-uns, voire bientôt de l'Etat et de sa police. Le fait que ces mouvements soient aussi vite labellisés d'indignés, globalement et sans détail, me semble en effet davantage traduire leur dynamique interne essentielle que relever d'une récupération ou d'une volonté de les contenir dans cette posture morale. Autrement dit, l'adversaire de classe n'a pas trop à s'inquiéter de ramener sur le terrain démocratico-politique des luttes qui n'envisagent pas de le quitter.

Cette reprise, dont on nous rebat les oreilles, est au demeurant si suspecte qu'on se demande comment, sinon pourquoi et par qui, elle a été si massivement et si consensuellement fabriquée. Elle ne semble que marginalement contestée. Il y a certes longtemps que du mot résistance m'apparaît, sous la noblesse de l'héritage - "résister c'est créer" - l'autre face, louche, du conservatisme, quitte à éterniser l'anti-capitalisme dans le fantasme de son idéal = tout sauf le communisme, c'est-à-dire tout sauf la lutte de classes. Le mot résistance avait néanmoins l'intérêt d'accompagner parfois des actes d'authentique remise en cause du "système", ou de ne pas s'y opposer. Car, ne nous y trompons pas, c'est bien ici le cas, avec ce bulldozer idéologique. Voilà que tout semble se réduire, dans l'entonnoir filtrant des "mouvements sociaux", à des condamnations morales, pour des adaptations enfin dignes... du capitalisme.

L'analyse de ces mouvements se donne à lire directement dans ce qu'ils revendiquent (puisque telle est bien leur nature profonde, leur essence politique, citoyenne, d'expression de la société civile), et si leur caractère "anti-" partis et syndicats institutionnels n'est pas anodin - mais bien plutôt symptomatique de la mise en crise de la démocratie, c'est-à-dire bientôt de la politique -, ils apparaissent davantage comme en retrait, au niveau de l'action, sur les moments les plus radicaux des luttes sociales de ces dernières années (y compris dans les mêmes pays), comme la diffusion d'un esprit d'autonomie et d'auto-organisation molles (formelles et de contenu social très faible), comme un ultra-démocratisme répétant en farce, dans la "dynamique" de son effondrement, le démocratisme radical, et plus gravement comme un indice des terrifiants obstacles à un affrontement de classes digne de ce nom.

De cette indignation, ding dong, soyons donc indignes.

PS : Comme lien avec ma précédente intervention, le 20 mai, je note qu'à propos de "l'affaire DSK", Nicolas Sarkozy appellait à la dignité... Sic, d'une "sidération" à l'autre ! Revenant sur l'événement, on se souvient que l'emploi du temps de DSK présentait un trou d'une heure, qui nous en valut cent de conjectures. Je ne résiste donc pas au plaisir de citer, hors contexte, ces lignes de Leonardo Sciascia, dans Le Contexte précisément, 1972, Denoël, p.10 :

« Peut-être ses habitudes étaient-elles moins réglées qu'elles n'apparaissaient d'abord et y avait-il dans ses journées des heures sans programme, des promenades solitaires et sans but; peut-être avait-il d'autres habitudes ignorées de sa famille et de ses amis. De malignes hypothèses furent avancées en secret et chuchotées par la police d'un côté, de l'autre par ses amis; mais pour en empêcher l'explosion publique, elles furent aussitôt désamorcées par une décision prise au sommet, au cours d'un entretien entre les plus hautes autorités de la Région, condamnant tout soupçon et interdisant toute enquête sur cette grosse heure, comme attentatoires à la mémoire d'une vie qui se reflétait désormais dans les miroirs de toutes les vertus.»

Visites du site

20 mai

Le vrai est un moment du vrai

alias DSK, banquier du monde, sioniste champion de "la gauche" et macho militant sinistre, fesse-bouc à la jeune femme, noire, immigrée, musulmane, précaire, Nafissatou... Ya pas photo, pas besoin, ni de celles qu'on a ni de celles qu'on n'a pas, quoi qu'on en bavasse. Le monde se condense en des images mentales, subliminales, de classe. Des siècles d''échange inégal  (sic) projetés tous azimuts - l'essence crève l'apparence -,  à la face d'un monde et tout le monde le sait, entre ceux qui l'entretiennent et ceux qui le combattent, mais tous sauvant les apparences - contre l'essence, jusqu'à preuve du contraire [notez qu'un événement comme celui-ci, autant et plus que ma vie personnelle, m'inspire tout sauf des réactions légales, démocratiques, et pacifiques]

Cet évènement, ce rapport sexuel (qui n'existe pas, cf Lacan...), est tout sauf une abstraction du monde réel, bien qu'il en diffuse la puissance symbolique, conceptuelle - je dis : de classe. Il est sa concrétisation symptomatique, paradigmatique, séchée en ADN sur la moquette du Sofitel en quelques gouttes livrées à la police scientifique (faut croire qu'on lit trop peu les bons polars, tout est (d)écrit depuis Hammet). Quoi qu'il se soit passé entre "eux" (sic ! comme s'il y avait un rapport entre deux individus égaux...), c'est ce qui se passe partout, en petit et en grand, partout dans le monde actuel - la grande partouze mondialisatrice : le capital réel est rationnel avant d'être 'spectaculaire'. La femme prolétaire est la propriété du capitaliste avant même d'avoir signé le contrat [de travail = viol consenti] - en quoi toute spéculation sur "l'acte consenti" ou pas est un tour de passe-passe idéologique. C'est en quoi les questions de classe et de sexe sont indissociables, et ne se réduisent pas à une somme de rapports de domination (aux niveaux phénoménaux du pouvoir, de l'argent, de la race, et du sexe selon l'approche féministe).

En surface, l'injustice massive crève les yeux et les tympans...  L'impudeur et l'irrespect, au nom de la pudeur et du respect, atteignent des sommets - et des sommets particulièrement français, pour ce dont je peux juger - autant médiatiquement que dans les conversations. C'est à gerber sur la plupart qui causent, et d'où qu'ils causent - tous ceux qui ont le pouvoir d'être sinon écoutés, du moins entendus, ad nauseam, dans leur cercle d'influence. Cela provoque des réactions diverses qui traduisent le fond, le non-dit (cf paragraphe précédent), le rapport de classe.

Finalement, bien au-delà de ce qu'on suppose, dans cette histoire, chacun est socialement et intimement pressé de choisir son camp - alias sa classe, sans sexe. C'est tant mieux. Mais c'est la chose qui semble le moins venir à l'esprit.

Souhaitons la convergence de ceux qui sont tout sauf en adéquation avec ce vrai monde, et son bruit (c'est le titre d'un roman de Natsuo Kirino), qu'ils ou elles soient, au demeurant, voilées ou pas.

Que vibrent les tambours du jugement social !

27 avril

« Mais franchement, vous en connaissez, vous, des gens qui sont capables de corriger leurs défauts ? (Vous n'avez qu'à réfléchir deux minutes sur vous-mêmes. CQFD.) » Ishida Ira, Ikebukuro West gate Park II, p.88, 2000, Ed Philippe Picquier 2009

Céqui ? Cétoine ?! C'est donc mon frère...  Salut merveilleux visiteur... 

C'est une chanson en hommage, naturellement, à Alphonse Allais et Jean de la Fontaine. Paroles et musiques disponibles à la Sacem. Dernière présentation publique :

26 avril

Le communisme, en aucun cas, n'est partage du gâteau

Communisation, un texte/brochure de Gilles Dauvé & Karl Nesic, diffusé par DNDF.

Précision : Il est dit en note, page 43, que « L'article "Communisation" de Wikipédia est en fait un résumé des positions de Théorie Communiste. L'encyclopédie Larousse a ses partis pris, l'encyclopédie autogérée aussi ». En fait, le texte de Wikipédia a été emprunté, par je ne sais qui, à la rubrique Communisation de mon site, et y figurent les définitions explicites alors (2006-2007) disponibles dans le milieu, une de TC et Senonevero), une par Christian Charrier, une par Denis, et une... par TropLoin (Dauvé & Nesic).

Le fait que ce duo de théoriciens livrent aujourd'hui une brochure de 47 pages serrées sous le titre "communisation" est en soi un petit événement, qui rend compte du succès, certes relatif, du concept, sur lequel, au demeurant, il n'y a pas de désaccord majeur quant à la définition. Le reste est littérature militante confinée, comme en témoigne la sanction paranoïde sans appel de l'ineffable Bernard Lyon (Théorie communiste) : « La brochure est VIDE il n’ya que des attaques de TC...».

On comprend dès lors que les auteurs, vu l'intérêt très relatif, au regard de l'enjeu, des polémiques dans le milieu théoricien - sauf à rechercher sa "légitimité" dans "sa cohérence interne" face aux autres, préfèrent s'en tenir à un texte n'y prenant part que très indirectement, et viser l'efficacité d'une expression compréhensible par tous, renvoyant certes à des désaccords de fond, mais non à des groupes et leurs sectarismes congénitaux : « Dans ces conditions, les divergences théoriques comptent moins que la façon de les aborder, de les affirmer, de les asséner ou de s'y retrancher, sans oublier l'envie ou le peu d'envie d'en débattre avec les uns ou les autres. Ni oecuméniques ni polémistes, nous pensons inutile la discussion avec quiconque garde sous son manteau un revolver ou un piolet, fût-il symbolique

4 avril

Visites, en mars, 5200

AGIT' TROP' PRÉ-ESSENTIELLE

Poème tropique (à chanter)

Agitprop : « acronyme de otdel agitatsii i propagandy, Département pour l'agitation et la propagande, organe des comités centraux et régionaux du Parti communiste de l'Union soviétique », d'après Wiktionnaire. Par extension : s'agiter avant de sévir, c'est le top !

Un poème tropique ne donne pas le cancer, même sous le soleil exactement. Tropique vient de trope. Trope n'est pas le féminin de trop mais, dixit Wiki, une figure de rhétorique (de style), « du grec tropos -'tour'-, destinée à embellir ou rendre plus vivant un texte, qui consiste à employer un mot ou une expression dans un sens détourné de son sens propre (Exemple : voiles pour vaisseaux) ». Autres exemples : Démocratie pour piège à cons, Saint-Trop' pour seins propres sous le soleil, exactement, etc. Bobby Lapointe l'a voilé sous "la mise en trope " (et Dufrêne, l'ami sans freins...)

Un-e président-e de trop, c'est trop-e !

Sarko hou, rat ! les niqués ras
Deus Nico las ? Hulo ho là !

(Interlude :)
La ménagè-reu, sous l'étagè-reu,
Les étrangeurs, ça exagè-reu,
Les suffragè-reues, leur Etat gè-reu,
Les naufragés eux, sont mal heu-reux !?

Trois socialos, ça trop pèse

Royal ? S'égrène Lol Ah!
Aubry ? Bruits et débris, aux abris !
Strauss-Kahn ? French 'quand quand ?'

(Interlude)

Quatre François, c'est trop de pèse !

Fillon ? à l'épate ne fions...
Bayrou ? Baroud d'abbé, rabe au rabais *
Hollande ? Ô plat pays dans son sillon
Copé ? Coupez !

(Interlude)

Trotskars ? Pop stars trop tard ? Rapt pas trop top !

Besancenot, pesant benêt penaud
Mélanchon, charme et long feu

Joly mais trop...
Marine, pas joli trope. Stop !

(Interlude)

Un-e président-e ? C'est trop-e
Élections ? Encore trop-e-s
Français ? Trop-e trop-e trop-e

Trop-e ? C'est trop !? (qui trop pique mal étreint)

Note : Baroud, "de l'arabe dialectal « poudre à canon », apparenté à l'arabe classique « collyre »." Wiktionnaire. Entre collyre et poudre à canon, Bayroud poudre aux yeux...

De la goutte salvatrice à la pluie délétère, que l'humour de Kenji Kawakami nous protège. Récupérateur d'eau radioactive avec purificateur intégré pour salaryman citoyen anti-nucléaire (ce titre n'engage que moi)

3 avril

« Ce que personne ne croit a besoin d'être démontré aussi souvent que possible »

" A thing nobody believes cannot be proven too often " Plays Unpleasant, George Bernard Shaw, 1957 [plaisant décalage de la traduction française]

2 avril

« Quand on commence à douter même du hasard, il n'y a plus de limites » Matsumoto Seichô, Tôkyô Express,1958

... plus de limites au délire rationnaliste

1er avril

Mammifère d'avril

Une légende japonaise veut que les tsumamis soient provoqués par les baleines, d'ouss'qu'ils les pêchent (pêcher pour vivre ou vivre pour pêcher ?). Plus c'est gros...

Petits bouts

Aux enfants de Bobby Lapointe

C'est un malin, poisson d'avril,
ne le découvre pas qu'un fil.
Ayant retenu ma leçon,
il fait le tour de l'hameçon.

J'ai eu maman au bout du fil,
et son idée est tombée pile
poil (au citron) sur la chanson
de Lapointe aux vers polysons.

J'me suis dit ça fera l'affaire
parfaitement, c'est inutile
d'aller chercher ailleurs 'Que faire ?'

Car pour le trou à ma chaussette
Maman m'a dit « regarde s'il
ne peut pas servir de lorgnette»

J-?, Sonnet 154

30 marsNono

D'un autre, pensée du jour

« Quand on commence à douter même du hasard, il n'y a plus de limites. » Ten to sen, Matsumoto Seïcho, 1958

Tôkyô Express, Unesco 1989, Picquier 1989, Poche 1994, p.77

"Les travailleurs migrants en Chine", Bruno Astarian, déc. 2007

29 mars

La vie du bon côté 1

Depuis le téléphone portable 'mains libres', même quand t'en as pas, tu peux parler tout seul en ayant l'air normal.

Le Grand bombyl

C'est un des insectes qui m'a visité ce matin. Il a une allure de nounours d'autant plus sympathique que, comme tous les ours - sauf les oursins -, il ne pique pas.

Pöszörlégy / Bombylius major

Parmi ses noms latins, ma préférence va à Bombylius anonymus (Sulzer, 1761). Comme il n'a pas réagi à cette appellation, j'ai essayé Bombylius fratellus (Wiedemann, 1828) - petit frère, bien qu'un peu familier, c'est mignon -, mais sans plus de succès. J'en ai déduit qu'il était sourd.

J'ai également reçu la visite d'une mésange huppée, qui a bien rigolé, allez savoir pourquoi... Est-ce parce qu'elle a bien compris qu'en général, je n'apprécie guère ce qui est huppé ?

28 mars

Le nuage atomique porte la paix comme l'Occident porte la guerre, Stop'chorus à propos de la situation

Ce n'est que mon avis que je partage, le résultat de cogitations informelles qui n'atteignent pas au niveau théorique, et par conséquent, sans aucun développement pour y conduire. Le monde est entré dans une restructuration de la restructuration du capital engagée depuis quarante ans - au sens de Théorie communiste. Tous les événements mondiaux acuels peuvent se lire comme des réactions à la crise économique de 2008 - du côté du capital comme des classes populaires, pour contrer ou dépasser ses conséquences (économiques et sociales). Cela suppose l'accélération - jusqu'à la provocation, la fabrication - de processus faisant rentrer à toutes forces certaines régions mondiales dans la restructuration du taux de profit, y compris comme on le voit, adaptation d'une manière classique, par la guerre - et farce de la farce des farces, pour chacun des belligérants, depuis les révolutions anglo-américaines et françaises de 1789 et 1848... Du point de vue géo-stratégique, on tourne la page du 11 septembre et du moment islamico-terroriste (voile islamique et récit 'Ben-Laden'), comme on avait tourné celle du socialisme réel avec/après la chute du Mur de Berlin.

Du point de vue prolétarien, aucun processus révolutionnaire en vue dans le 'Monde Arabe', n'en déplaise au NPA et autres mouches du coches de la démocratie capitaliste poussée jusqu'au bout. L'intervention en Libye vise tout à la fois à récupérer les "révolutions arabes" et à les faire entrer dans le moule du capitalisme occidental dominant -l'Alliance franco-anglaise n'abuse que ses ressortissants, puisque l'OTAN, bras international des USA, met en oeuvre la politique définie par Obama contraint d'être un peu plus fin que Bush père et fls. Les révoltes arabes (en Tunisie, en Égypte, en Syrie, au Yémen... ) tombent à point nommé, comme par hasard, pour autoriser, sous la façade démocratiste et humanitaire, une intervention contre-révolutionnaire directe, via les maillons faibles (la Libye était toute indiquée depuis des décennies pour improviser l'opération dans le Maghreb, ne présentant pas, intérieurement, d'enjeux de classes lisibles - les "insurgés" et "révolutionnaires" de nos médias arborent pour certains le drapeau de l'ex-monarchie, avant nationalisation du pétrole).

La France dans la droite ligne de son histoire depuis plus de deux siècles (Napoléon, Jules Ferry, De Gaulle, Sarkozy) tente de se refaire -un peu ridiculement-  une santé, vu son calvaire dans le futur annoncé de la mondialisation, mais une santé militariste (Juppé ministre des Affaires étrangères, pour faire la guerre "humanitaire", prend le pas sur le ministre de la Défense, le facho notoire Longuet, aux basses oeuvres aujourd'hui pour contrer la montée du FN).

Grosso-modo, c'est un pilotage à vue pour intégrer toute la région nord'africaine-orientale dans le giron d'un guerre inter-capitaliste dont le centre de gravité, quoi qu'il en soit, s'est déplacé vers les pays aujourd'hui émergés (Chine, Inde, Brésil...). La suite est imprévisible, en Afrique, mais probablement guerrière, puisqu'aucune stabilisation, aucun équilibre n'est envisageable pour le capital global.

Les misères atomiques japonaises sont quasi-anecdotiques et ne peuvent qu'accélérer le processus, ce qui signifie simplement à moyen terme une place plus modeste pour le Japon, mais pas pour les les Japonais, avec leur relativisation territoriale (un peu comme les Libanais, les Hongrois, et d'une façon générale, tous les "Juifs"...).

Paradoxalement, Le nuage atomique porte la paix quand l'Occident porte la guerre.

Si Jaurès eu, j'aurais pas v'nu

25 mars

« Dans quelque pays et sous quelque régime que ce soit, l’homme libre (et fût-il enchaîné), l’homme que je suis, l’homme que je veux être et digne de s’entendre avec vous, c’est celui qui ne s’en laisse pas accroire, l’homme qui ne tient pour certain que ce qu’il a pu contrôler.» André Gide, Lettre à Nakamura Mitsuo, 2 janvier 1951

Boucle...

... de ce monde dont je n'entends, je n'attends, aucune raison; je cultive, jusqu'à la déraison, un art du refus social, refuge limite à ma folie, pur produit de ce monde dont je n'entends, je n'attends, aucune raison; je cultive, jusqu'à la déraison, un art du refus social, refuge limite à ma folie, pur produit...

(la peur)

La peur peut entrer sans frapper, elle est toujours chez elle.

(partir)

T'as beau te vouloir comme tout le monde, tu ne fais jamais rien pareil. Rien d'excentrique, non, mais tout de décentré. Partout ailleurs. Étant là t'es ailleurs. Ailleurs partout. Pourquoi partir ? Partout est partout. Ailleurs est ici. Faux départs et faux pas. Ne pars pas. Reste pour être à ce qui change. 

... et tangente

Ailleurs aussi, ici aussi, je cultive un jardin, au sens propre des mots, des plantes et des fleurs. Coriandre et fraisiers, pissenlits et pensées...  Momiji, mizuna, shiso et mitsuba... Et j'attends, impatient, des graines du Japon, où j'entends que « la bonté n’est qu’une irradiation du bonheur » André Gide, Les Nouvelles nourritures, 1935

« Au Japon, les mots momiji et kaede sont synonymes avec érables. Le mot kaede dérive du kaerude dans le «Manyoshu» (le Manyoshu, la première série de poèmes japonais, écris dans la première moitie du 8ème siècle, représente la forme de littérature se rapprochant le plus de la tradition japonaise écrite). Ainsi ce mot s’inspirerait de la similitude entre la forme de la feuille et la patte d’une grenouille. Le mot japonais pour grenouille est kaeru. Le momiji serait la forme dérivée du mot momizu.. Dans le Japon ancien momizu signifiait changer de couleur, c'est-à-dire tourner au rouge ou au jaune. Ils auraient été appelés momiji parce qu'ils étaient représentatifs des arbres qui changent de couleur en automnesource

« Tout le bizarre de l'homme, et ce qu'il y a en lui de vagabond, et d'égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin. » Aragon, Le paysan de Paris,

cité par Jean-Pierre Le Dantec, Poétique des jardins, 2011, p. 161 (ce Le Dantec est l'ex-mao de la Gauche prolétarienne, directeur de "La cause du peuple", condamné en 1970 à un an de prison...). Face à la page où l'auteur cite Aragon, une gravure d'Hiroshige, le Prince Genji dans le jardin des pruniers en fleurs.

Ici, ailleurs, ainsi, je renterre les mots dans un cycle de vie. Ma poésie appartient à ceux qu'elle travaille.

Deux images de Fukushima

Momiji

hanamiyama01.jpg

Trafics non perturbés 

« C'est à l'aube que le travail commence. Mais un peu avant l'aube, nous commençons par nous reconnaître en tous ceux qui passent dans la rue » Discipline, in "Travailler fatigue", Cesare Pavese, 1936

Des transports si communs
bercent comme une vague
cette arche de nuées

Où chacun s'appareille
de ses silences lourd
d'un portable à l'oreille
son pareil à portée

Être intouchable et sourd
dans le long cri des freins...
Des mains vont sur des reins
font les sacs pour des riens...

Hier en bandoulière
demain bande Aujourd'hui
je descends à côté

RER A, Sonnet 152

Potlatch 

Contrat de non-travail

Patron, si tu préfères
m'offrir un bon salaire
pour ne point travailler

Être payé
à ne rien faire
n'est pas pour m'ennuyer

Un placard au soleil
huit heures de repos
obligé mais à l'oeil
l'écart vient à propos

Distribuer le goût
d'autres activités
l'aversion des grigous
versée à gratuité

Ailleurs, 25 mars 2011, Sonnet 153

23 mars

Dans le désert critique, le dire avec des fleurs...

Le plus évident front national, plus que "front républicain" électoral, n'est-il pas celui de la 'classe' politique française dans son ensemble - extrême-gauche et PCF excepté bien que... -, dans l'approbation de la "croisade" (dixit petit Guéant) des forces occidentales en Libye ?

In memoriam, un collage manuel des plus classiques, découpé au cutter dans les pages de bouquins trouvés sans chercher aux Puces de Clignancourt [un, 'les plus belles roses'; un, 'les chars de la seconde guerre mondiale']. Le nom du char, je sais plus. Le nom de la rose est Landora, "une jolie rose jaune de type pluriflore bien caractérisé". Le nom du collage ''Dites-le avec des roses /1", 17 avril 1989 -[en ce temps là, le symbole du Parti socialiste était la rose au poing].

Sortant de "mes quotidiennes Humanités", et donc de sa contrainte quotidienniste et plastiquement formelle, je suivais plusieurs pistes avec plus ou moins de bonheur, d'où cette manipulation de livres imprimés, de la même semaine (10-12 avril 1989) que la série 'roses & chars', et son titre : "après les collages, que faire ?" Le premier, en haut à gauche, est un clin doeil à Georges Perec, 'La disparition'. J'ai enlevé tous les "e", comme, plus tard, je transfèrerai un "e" dans ma peinture, muette par essence, et jusqu'à découvrir la puissance [signifiant-signifié] de l'idéogramme [chinois], peu avant ma rencontre avec une femme d'extrême-orient, et la pratique amateure de la calligraphie japonaise (avec Yuko Suzuki, qui fut aussi ma prof de japonais).

*

*

*

L'étrangité française

Dire ici que plus je reçois de témoignages de Japonais ou de Français connaissant le Japon, et particulièrement la situation présente, plus l'image qu'en donnent aux Français médias et politiques me paraît déplacée, hors-scène, obscène. Quant à la Libye, je n'ai pas de témoignages directs, et le magazine "Que choisir ?" ne m'a pas donné la clef des com'.

22 mars

Pilotage... à vue ?

"PARIS (AP) — Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a annoncé mardi la constitution d'une "instance de pilotage politique" de l'opération militaire menée par la communauté internationale en Libye..."

Pauvres pilotes, prions pour eux, qui prennent tant de risques pour assurer la mission de protection civile internationale... Clausewitz prétendait que « la guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens ». En vérité, aujourd'hui comme hier, commencer par la guerre est le plus sûr moyen de masquer ses fins politiques (Machiavel)... et économiques (Marx).

Printemps précoces  

à Ozu Yasujiro, Shoshun

La terre bouge
l'homme se cache
la tâche rouge
sous l'or noir

À désert cash
homme de boue

Un mirage de mille
Rafales de sang

1 geste de 6 troncs

Une coccinelle
a perdu un point
en battant de l'aile
sous un ciel serein

20 mars

Guerre de Libye : Bobardements aériens  (Les aventures du colonel Sarkozi, 3ème épisode), Jean-Louis Roche

Communisation : l'écart fait des petits 

" Pègre et glose est une revue théorique pratique ayant pour vocation à la fois de produire une réflexion critique sur les luttes actuelles et d’inciter au dépassement révolutionnaire. Au sein de la guerre sociale, nos agissements, de la publication de texte à l’attaque pratique de l’Existant, trouvent leur cohérence dans le refus de la compromission. Ce refus ne se parade pas d’un principe de pureté mais convient aux termes d’une époque où rien ne nous confirme et qu’aucun avenir ne se dessine à l’horizon. Ces caracschémas traditionnelles de la lutte des classes. Ainsi, les possibilités révolutionnaires ne résident plus tant dans l’accumulation de force par le prolétariat en vue de sa possible montée en puissance mais bien dans l’attaque de nos propres conditions et rôles sociaux, comme phénomènes de reproduction du Capital. Ces attaques, que nous regroupons dans le terme d’écart, nous annoncent la possibilité d’une révolution abolissant immédiatement toutes les classes et la valeur dans son ensemble.

Ailleurs que dans l’écart, il n’y a que le Capital."

Nous voilà prévenus : choisir c'est renoncer. Le must ? "niquer" ! On attend les prochains numéros pour décider qu'une pomme, une étoile, une femme, la pluie, un parapluie, une pipe etc. sont dans l'écart ou dans le Capital. En attendant, je vais voir ailleurs si j'y suis.

Kawakami Kenji no Chindogu

Protège les pieds des pluies acides et autres retombées

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Le courage de LaFrance en Libye...

Libye : vers une nouvelle « guerre juste et humanitaire » pour s’emparer des richesses d’un peuple, Rodrigue Kpogli

... et au Japon

 Je suis un Français du Japon en colère, Madjid Ben Chihk

19 mars

LaFrance bande, LaFrance tire, LaFrance existe dans le monde, LaFrance est fière de LaFrance...

Pour exister, rien de tel qu'un ennemi commun de l'extérieur. Pour LaFrance, LArabe fait toujours mieux l'affaire. Chacun fera, plus tard, son tri poli...

'Mise en abîme' ?

Dans cet 'Autoportrait' que je place en page d'accueil, en bas à droite, une vague évocation des Ménines de Picasso, d'après Velazquez (voir les analyses de Michel Foucauld et Hubert Damisch)

Malevil

J'ai plutôt un bon souvenir de ce roman de Robert Merle, lu à sa sortie, en 1972 (par contre, le film est simplement mauvais...).

Hidekatsu Yoshii...

... député communiste japonais, en charge du dossier nucléaire au sein du PCJ, interview dans L'Humanité. Rien de très original, mais je relève ces passages : « Tepco a tardé à nous délivrer des informations. Lorsque la pression est montée à l’intérieur du réacteur, ce qui nécessitait des rejets de vapeurs radioactives, ils n’ont rien dit et rien fait dans un premier temps, craignant qu’une radioactivité anormale ne soit détectée. C’est la raison pour laquelle ils ont laissé la vapeur s’accumuler dans la centrale jusqu’à un seuil limite. Voilà ce qui a provoqué les explosions. Dès le début, Tepco a tenté de dissimuler les dysfonctionnements des systèmes de refroidissement. Deuxième problème, la compagnie a d’abord hésité à injecter de l’eau de mer pour refroidir le combustible, par crainte de le rendre inutilisable. Toutes les dérives et les silences de Tepco s’expliquent par sa hantise de la rentabilité. À chaque incident, à chaque accident, ils ont menti à la population. Mais cette fois-ci, il n’y a pas d’échappatoire possible. La responsabilité de cette entreprise est directement mise en cause [...] D’un point de vue géographique et géologique, nous avons l’expérience des tremblements de terre. Dès lors, se pose la question de la pertinence de la construction de centrales nucléaires au Japon. [...] le PCJ prône une sortie progressive du nucléaire, avec un investissement massif dans les énergies renouvelables.» Ce dernier point marque une différence avec la position du PCF pour la France.

18 mars

Calculs du Japon et d'ailleurs

- 6.000 morts + 10.000 disparus... officiels... Combien ? Depuis une semaine, je ne comprends pas comment on compte les "morts et disparus". Certes la police s'en tient aux morts dûment vérifiés - avec papiers -, mais quant aux disparus, si l'on considère et ajoute aux déclarations locales qu'on trouve fort peu de survivants dans les décombres, on n'arrive pas à dix mille, mais plutôt entre trente et cinquante mille. Je suppose que c'est le même décompte à distance qui a fait dire à Claude Allègre qu'on dépasserait les trente mille morts sans catastrophe nucléaire...

- "Le Japon a bougé de 2,4 m"... Dans quel sens ? Il semble que ce soit plutôt vers le Pacifique (voir schémas tectoniques des plaques). Ce qui expliquerait que, dans le même mouvement, des terres se soient enfoncées, jusqu'à 70 cm (contrairement à certaines affirmations, pas de polder - terres gagnées sur la mer, comme aux Pays-Bas), et que les images de "une semaine après" montre encore des terres inondées, appelées à le rester ? (on est en période de grandes marées)... Comme indiqué plus bas (12 mars), et comme chacun peut en faire l'expérience en faisant la vaisselle, un vague de 10 m sur terrain plat, quand elle s'engouffre, elle monte, selon la largeur des lieux. Cela n'empêche de faire un titre "Tsunami, vague  de 23 m ! ", sans rien dire des circonstances...

- "Fumées blanches..." Que ne lit-on pas... Si l'on envoie de l'eau sur un endroit chaud, elle s'évapore et fait d'autant plus de fumées blanches qu'il fait froid. Cela dit toute choses égales par ailleurs concernant son taux d'irradiation. Le Pape ne fume pas, mais il naît dans une fumée blanche. Pendant ce temps-là, l'empereur prie...

- Écolo l'attitude ?

N'enfonçons pas Cécile Duflot, super écolo-woman, géographe de formation. Hmmm, scientifiquement pas bon pour sa carrière politique, elle situe le Japon dans l'hémisphère Sud. Il neige à Tôkyô, pourtant "à la hauteur" d'Alger et au niveau de la mer (qu'on voit danser...), plus au Sud que New-York (= Madrid)... Le nord du Japon, Hokaïdo, est "à la hauteur" de Bordeaux; le plus Sud, au Sud de l'Afrique du Nord (et de la Libye)... Transparente Cécile, que faisiez-vous aux temps chaud ? Hé bien, transpirez, maintenant.

3/2 : 2 = ? Le Japon étant d'une superficie deux-tiers de la France, avec une population double, la densité moyenne est... trois fois supérieure; mais en fait une plus grande proportion du pays est inhabitable (montagnes...), d'ouss' qu'ils sont très plus beaucoup serrés, avec vue sur la mer, le long de golfes clairs...

On leur cache tout on leur dit rien ?

Ayant la possibilité de regarder, et me faire traduire, la télévision japonaise NHK (on en trouve des résumés en anglais) par une personne proche, qui lit la presse japonaise et demeure en contact quotidien avec des collègues et amis à Tôkyô ou ailleurs, je crois pouvoir affirmer que les commentaires accompagnant l'abondante "couverture" des événements japonais en France sont déplorables, sauf à chercher dans les coins, ou à s'en tenir aux propos compétents. Au demeurant, les journalistes français et envoyés spéciaux du 'service public' (Radio-France) ont fui la capitale avant-hier... En règle générale - quand ça marche, naturellement -, les Japonais sont autant, sinon mieux ce dont je peux mal juger, informés par leur presse que les Français. Leurs quotidiens ont des tirages 10 à 50 fois supérieurs, sont 2 à 3 fois plus épais, souvent distribués à domicile, les télévisions et reportages régionaux sont omni-présents sur les écrans à toutes heures... Quant à la sécurité quotidienne et à son efficacité, ya pas photo... La suffisance française, d'où qu'elle vienne, est insupportable, venant d'un pays où l'on n'est pas capable d'affronter des "catastrophes naturelles" en nombre et puissance bien inférieures à celles subies régulièrement par les Japonais.

Libération 13h15 Grand écart entre les journaux occidentaux et japonais. Nous recevons encore beaucoup de témoignages de lecteurs qui s'étonnent de la différence de traitement de l'information. Dernier en date: ce mail, envoyé par Isabelle, à Tokyo depuis sept ans: « Nous sommes choqués par la façon dont les medias français dramatisent la situation ici. Tout est exagéré: les titres, l'utilisation de photos inadéquates pour frapper les esprits. Nos familles et amis en France sont extrêmement inquiets, on doit les calmer en plus de gérer notre propre stress! Les déclarations sur de possibles retombées sur la France sont tout simplement ridicules... c'est tellement nombriliste! »

Pour vous faire votre propre idée, consulter ici (en pdf) l'édition du 18 mars du Nihon Keizai Shimbun, le journal économique du Japon, qui est selon Courrier international, «sans conteste le plus important quotidien économique du monde par sa diffusion» (trois millions pour l'édition du matin et 1,65 million pour celle du soir). D'autres exemples, ici

Pour ce qui est massivement voilé par les médias, la compétition internationale est ouverte...

17 mars

Crue et rupture de la civilisation bourgeoise, Amedeo Bordiga, 1951

16 mars

Rem : Roentgen Equivalent Man !

Comptes et rebours, mécomptes et rem*bourses, etc. Et le communisme, dans tout ça ?

rem « Pour mesurer le risque pour la santé, la contamination, on calcule la dose équivalente. Ici également il existe plusieurs unités de mesures. Les chercheurs anglo-saxons utilisent encore l'ancienne unité, le rem ou le milli-rem (mrem), l'acronyme de "roentgen equivalent man".» Source Mesure de la radioactivité et protection civile

« Il n'en peut plus de leçons (il devient rebours, et il y a de quoi) et ne veut plus en donner, mais comment vivra-t-il là-bas ? » (Flaubert, Correspondance, 1852).

Je pense que le nombre de victimes au Japon, indépendamment de la menace nucléaire, demeure sous-estimé, et qu'il faudrait maintenant envisager plusieurs dizaines de milliers. Cela étant, ou pas, me direz-vous (?), qu'est-ce qui compte ? Qui n'est pas secoué par le cancer d'un proche plus que par la mort de milliers d'inconnus ? Ainsi va la vie... Il me semble même que c'est ainsi que les Japonais ont pu, de longtemps, sur-vivre.

Par ailleurs, dire que l'événement japonais aurait permis d'enrayer l'avènement arabe, et particulièrement libyen, me semble discutable. Si les 'Occidentaux' ne sont pas intervenus, c'est qu'ils ont -en moyenne saisonnière -pesé le pour et le contre, en attendant... Il n'est pas même exclu qu'ils refassent une santé, sinon à Khadafi, à quelque-un des siens. L'histoire répète l'histoire, les affaires les affaires. L'histoire du capital répète son affaire.

Enfin, versant 'lutte ce classes', je suis de plus en plus convaincu qu'envisager la révolution (communisation) à titre strictement prolétarien relève d'une vision, non pas fausse s'agissant de sortir du capital, mais étroite - donc vaine -, un peu comme verser un tsunami historique dans un entonnoir, et ne rien pouvoir imaginer qui en déborde. Le flux de l'histoire, communisme, est d'un débit trop grand pour être pensé comme seule (auto)abolition prolétarienne. En soi, cela ne définit pas une perspective, mais une version, prononcée plus qu'annoncée, du chaos - ce dont transpire Théorie communiste [sous-titre annoncé de son tome II : "Tout ce qui existe mérite de périr", tiré de Gœthe - Faust, première partie, scène 3 - qui vaut parce que cité par Marx]. Ce nihilisme, réductionnisme théorique mystique et militant - un rien idiot - fait plus peur que pitié, dès lors qu'il influence et embrigade. Autrement dit "explorer les voies de la communisation" ('Meeting') devrait commencer par relativiser cette variante en passe de devenir officielle et qui, taxant les autres d'"exotiques", fuit en avant dans la propagande internationaliste et les compromis adéquats à son succès. En clair, participer à la revue internationale SIC c'est choisir de servir la soupe à Théorie communiste. Quel courage me manque pour remettre en chantier  COMMUNISATION "troisième courant" : 12 thèses pour dépasser les sainthèses, prothèses et fouthèses ?

Si j'ai ôté au nom de mon site "poésie et communisation (ou communisme)", c'est pour ne réduire ni son contenu, ni sa lecture... ni son écriture. Poésie n'est pas généralement compris comme, pour moi, incluant la musique et la peinture. Communisme est trop strictement vu, petit bras, comme envers du capital...

(mon site, dans les milieux de la communisation voire au-delà, est référencé directement à la page "Communisation, Ressources classées". Admettons que le reste les emmerde, fasse tache dans la liste de leurs liens sérieux, ou jette un discrédit sur la rigueur foisonnante de mon accumulation documentaire - mi-utilitaire, mi artiste-fou, Patlotch, Strange Case of Dc Jekyll and Mr Hyde, admettons... Certes, cette mise à distance n'est pas pour me déplaire, puisqu'elle traduit une incompréhension majeure (lire "artiste" ou "théoricien incompris" serait une méprise) - précisément un écart. Ce faisant, non seulement ils châtrent le sens affiché de ma démarche et de mon site, mais ils amputent sa part communiste dans sa compréhension même, et révèlent ainsi la mutilation intrinsèque de leur rapport au monde, leur incapacité à l'articulation conséquente des choses, des concepts, et des affects. Puissent-ils un jour saisir, descendus de leur religion rationnaliste, que ma poésie dit cent fois mieux ce qui (m')importe)

15 mars

Mauvais oeil ?

« Le passé était comme un oeil; parfois j'étais devant lui, parfois derrière, mais il était toujours là... s'ouvrant, se fermant, s'ouvrant à nouveau. » R.J. Ellory, Seul le silence, Thriller, Livre de Poche, p. 447

Le monde entier ne tardera pas à savoir - à se rappeler ? - ce qu'on pouvait lire en 2007 dans le quotidien le plus tiré au monde, l'Asahi Shinbun - 8 millions d'exemplaires - en même temps que dans le International Herald Tribune, "édité à Paris, imprimé dans 35 villes et lu dans 180 pays, soit la quasi-totalité des pays du monde". Quoi ? Un article de Ishibashi Katsuhiko, un sismologue, pas un écrivain de science-fiction. En substance, les centrales nucléaires japonaises ont été construites à une époque où les risques sismiques, et donc les tsunamis, étaient moins élevés et moins puissants qu'ils ne le devinrent à partir des années 1990-2000. Les groupes électrogènes de secours - pour le refroidissement des centrales -étaient au mieux protégés de vagues de 3 à 5 m... pour 10 m sur ce "dramatique coup du sort", qui s'annonçait de la plus haute probabilité pour "un futur proche" : ce qui s'est passé dans ce présent proche. Katsuhiko démissionnait alors d'un "comité d'experts chargé d'établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaises", car il refusa même de préconiser les mesures d'adaptation ou de fermeture, selon le cas. Soit dit en passant, le danger n'est donc pas strictement atomique... Merci à l'Anonymus, pour ce lien vers l'article de Michel de Pracontal. On ne peut tout savoir, tout prévoir... Moi non plus. Sauf que le capital compte ses sous sur des critères insubmersibles. TEPCO ? propriétaire de Fukushima Daïchi, premier producteur mondial privé d'électricité... Pauvre Lénine, avec son Communisme = les soviets + l'électricité...

Parmi tant de conneries, de bavardages et d'indécences - en particulier de la part de cette communauté tôkyoïte du luxe exporté, premier vecteur de l'économie française au Japon -, surnage un peu d'intelligence. Pour rester dans l'ambiance Godzilla (cf 12 mars) : « Les Japonais sont un peuple qui vit avec l'Apocalypse » J'ai apprécié cette remarque de J-F Sabouret : « On voit bien que là l’homme est partie intégrante de la nature. C'est très différent de la culture occidentale et cartésienne. Chez Descartes, l’homme est maître et possesseur de la nature. Au Japon, l’homme est locataire et serviteur, il est tout petit. En Occident, c’est la prééminence de l’homme, du moi, de l’ego, c’est tout à fait différent. Nous, nous sommes plutôt les héritiers des Grecs, de la culture latine, c’est l’Acropole, le Parthénon, c’est le temps qui suspend son vol. Or là, au Japon, c’est plutôt Héraclite, 'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve', et les choses passent, passent...»

Pour le reste, certains villages n'ont pas encore vu l'ombre d'un secouriste. On manque d'eau (potable) et de vivres au pays le plus riche et le plus équipé, le plus sécurisé, du monde. Bref, Haïti-Japon, même combat... Même des 'survivants' y meurent de soif et de faim, avant tout secours. Mais il est vrai, allez donc reconnaître un prolo d'un patron, dans la boue, mort ou vif...

13 mars

MinamiSoma

"Night and Day" en mars 2008 au club de jazz de la ville engloutie,

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images

"Y'avait une ville, et ya plus rien"(Claude Nougaro)

12 mars

Japon

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Que vient faire ici Godzilla ? " La thématique du monstre exploite aussi des thèmes écologiques et la peur de la bombe atomique " Le film de 1954, " fut fortement censuré aux Etats-Unis ". " Le titre de base était Katei niman mairu karakita no dai-kaiju, c'est-à-dire « le grand monstre venu de 20 000 lieu sous les mers »". Ironie du sort japonais, " Godzilla symbolise la folie des hommes et leur inconscience à manipuler des armes meurtrières comme la bombe atomique."  C'est un excellent film, dans lequel joue Shimura Takashi, acteur phare de Kurosawa Akira, notamment chef des Sept samuraïs. Il faut ajouter que l'action se passe dans la région de l'actuelle catastrophe, qui fut une des plus tourmentées de l'histoire du Japon (guerres, famines...). On retrouve les mêmes thèmes dans Rodan (dérivé de radon..." L'importance du radon tient à ce qu'étant partout présent dans l'atmosphère, il est la principale source d'exposition naturelle des populations à la radioactivité "), film de 1956. (Citations Wikipédia).

la terre, l'eau, le feu... terres noyées, terres brûlées

(11 mars, 22 heures) J'ai regardé toute la journée les infos japonaises sur diverses chaînes. Bien que ne comprenant pas grand-chose aux commentaires, dans les villes et villages de la côte Nord-Est, très découpée amplifiant les effets du tsunami, les reportages locaux sont terrifiants, surtout ces incendies après le tremblement de terre, la vague, les répliques... Pour des infos locales, chercher tsunami dans Google Japon/Vidéos, "tri par date", ICI. A 1000 km de l'épicentre, à Osaka, rien de grave, ascenseurs bloqués, vaisselle brisée... Tout dépend "naturellement" de la qualité des constructions, et comme partout, c'est les plus pauvres qui sont les plus fragiles (à Kobé en 1995, dans les quartiers de vieilles maisons effondrées, émergeaient intactes des résidences aux dernières "normes antisismiques", comme on peut le constater à Sendaï aujourd'hui, cf photo ci-dessous). Il me semble, à cette heure, que le nombre de victimes est très sous-estimé [3 à 400 autant de disparus], je m'attends à plusieurs milliers.

Comme il n'y a pas grand chose à dire de plus que les (bonnes) infos, je conseille, à ceux qui veulent 'pénétrer' un peu ce que vivent et ressentent les Japonais, quelques lectures :

- La submersion du Japon, roman d'anticipation de Komatsu Sakyo, 1973, best-seller incontournable, plusieurs fois traduit en français et adapté au cinéma.

- Le Grand Tremblement de terre du Kantô (1923, 140 000 morts), roman d'Akira Yoshimura, 1973 traduit en 2010. 

Le grand écrivain Tanizaki, déjà marqué d'une peur viscérale par les séismes de 1891 (Nagoya, 7 000 morts ) et 1894 (Tôkyô, 27 000 morts), quitte alors la région pour le Kansaï (Sud-Ouest, Ôsaka/Kobé/Kyotô). Images. C'était à l'époque de Paul Claudel ambassadeur, Article de "L'illustration" relatant les évènements survenus au Japon deux mois avant

- Tokyo magnitude 8, un manga pour toussétoutes.

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11 mars

Jazz

Billie Holliday, Papier journal marouflé sur papier kraft, 90x72 cm (dé-construction 7x12), 15 nov 1989

 

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Télévision 1

Pigments + colle sur papier journal (citations de Guernica/Picasso), 90 x 57 cm, 3 déc 1989

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Lénine et le voile islamique, peinture et transfert sur toile, 46x61 cm, 28 juin 1992

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Clartés ?

Lénine et le voile islamique, peinture et transfert sur toile, 65x54 cm, 8 juillet 1992

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10 mars

Icare

Douze études d'après Jazz d'Henri Matisse, 1992.

Elles appartiennent à un cycle de tressages, transferts et pochoir sur papier journal marouflé sur papier kraft, selon le rapport 7x12 déjà utilisé dans la structure et la versification (micro>macro) de LIVREDEL. Je l'ai utilisé à la manière d'un nombre d'or, ou toute autre contrainte de rapport. Ce format n'existe pas en peinture classique. Je l'ai toutefois retrouvé au Japon en 1995, dans un plafond à caisson d'un ryokan de plusieurs siècles. Le principe du collage/tressage en peinture me venait de François Rouan, mais j'avais découvert par hasard celle du transfert à la colle (et non par décalcomanie au trichloréthylène, comme Rauschenberg). Tout cela succédait à une vingtaine d'années où j'avais intensément fréquenté musées, expositions, et livres d'art, parallèlement au jazz... et aux pécéfien-ne-s.

Le tressage 7x12 de bandes d'égale largeur donne des carrés. Trois miroirs, techniques mixtes, 42x72 cm, 30 mai 1992.

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Rapporté dans ces études à un format carré (42x42 cm), c'est à l'inverse le tressage de 7 bandes sur 12, de largeurs appropriées. J'avais acheté le 1er avril 1992 autant de quotidiens que possible du monde entier, au métro Belleville... Ce qui m'intéressait était naturellement ce croisement à base de mondialisation, mais plus formellement la diversité des caractères typo, latins, grecs, arabes, chinois... Les reproductions sont un peu floues, scannées d'après photos dont je n'ai plus les pellicules. Je reproduirai les originaux ultérieurement, ces 'détails' y sont perceptibles.

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Pour cette expo "rétrospective" de la période à cheval sur poésie, collages et - grâce à Fadia Haddad rencontrée en 1989 retour de Cuba -, premières peintures, l'affiche utilise un des collages de la série "Mes quotidiennes humanités". Je ne me souviens plus pourquoi Robespierre était ce jour-là dans l'Huma. Le flic, et la "prime d'insularité", ce devait être en Corse... J'avais emprunté à Jirí Kolár, artiste hongrois, cette façon de recomposer les textes imprimés. Dans la mesure où je m'efforçais de réaliser ces collages chaque jour sans trop de retard, cela supposait une organisation de la journée dès le matin, repérage dans le journal pendant le trajet en métro - j'en avais une lecture tout sauf militante, je cherchais des 7 et des 12 dans les articles, je notais les mots des titres pour en faire des poèmes...-, conception et préparation au boulot (photocopies calculées sur mesure), réalisation le soir, parfois jusqu'à une heure avancée de la nuit, selon la difficulté technique. J'ignorais que « Ne travaillez jamais » était un mot d'ordre situationniste, mais en pratique, quel besoin de le savoir ?

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Cycle de luttes

L'envers du vélo est l'endroit pour cela...

Si, tel un contraire (voir 9 mars), je monte mon cheval à l'envers, c'est pour avancer en terres vierges sans risque de balles dans le dos. Je romps tous contacts avec le milieu communisateur, et je renomme ce site Poésie & Communisme.

>>>>>>> Communisation  

Jacques Carelman, Catalogue d'objets introuvables

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