CHRONIQUE ALÉATOIRE, de janvier à mars 2011
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Reprise de à CONTREJOURS et suite de BLUES DES PAS SUSPENDUS

Fermé le 10 mars. Suite dans VOL AU-DESSUS DE TERRES BRÛLÉES *  

9 mars

« Il est encore nécessaire pour moi de réduire au minimum la "fréquentation des humains".» Marx, à Engels, Cannes, 5 juin 1882

Je suis un contraire, donc je suis

Les contraires (Terre Humaine/Plon) Tahca Ushte (Cerf Boiteux, arrière-petit-fils homonyme du chef lakota miniconjou du XIXe siècle) raconte :
" Dans notre langue, on appelle un clown heyoka. Il est l'homme qui fait tout à l'envers, met le haut en bas, les choses sens dessus dessous, dit oui pour non. N'importe qui peut être changé en heyoka, que cela lui plaise ou non. Il suffit de rêver aux oiseaux du tonnerre, à la foudre, et en se réveillant le matin, on est devenu un heyoka. Être contraire apporte l'honneur mais aussi la honte. On devient possesseur d'un pouvoir, mais il faut en payer le prix.

Un heyoka se comporte bizarrement. Il dit oui quand il veut dire non. Il monte son cheval à l'envers. Il porte ses mocassins ou ses bottes en se trompant de pied. S'il arrive, c'est pour partir. S'il fait chaud, il frissonne, s'enfouit sous les couvertures, fait un grand feu et déclare qu'il meurt de froid. L'hiver, quand vraiment il gèle et que la tempête fait rage, le heyoka transpire ; il enfile un maillot de bain et déclare qu'il va nager pour se rafraîchir.

Deux heyokas étaient assis sur un rocher au bord d'un lac. Il se mit à pleuvoir. « Dépêchons-nous de nous mettre à l'abri ». Et ils sautèrent ensemble dans le lac.

Un contraire s'appelait L'Aplatisseur. On le voyait toujours muni d'un marteau, essayant d'aplatir des objets ronds ou incurvés, comme des assiettes à soupe, les balles, les anneaux, les roues de charrettes, les oeufs. Ma grand-mère avait une lampe à pétrole avec un grand verre cylindrique ; il l'a aplati.
Il n'est pas facile d'être un heyoka. Mais il est encore moins facile d'en avoir un dans sa famille !

Les heyokas préservent les hommes de la foudre et des orages et leurs facéties, qui font rire, sont sacrées."

Cerbères

Le site DNDF, proche de la revue théorique "Théorie communiste", manipule les interventions, et sélectionne les miennes à son gré selon leur orientation - qu'en tout état de cause les benêts aux manettes ne sont pas plus à même de comprendre que les flics de n'importe quel forum gauchiste. J'ai demandé le retrait de mes interventions depuis l'origine de ce site. Sans ma participation, la vie de ce site aurait été réduite à un journal télévisé très très vaguement 'communisant'. Basta ! N'ayant jamais rien eu à dire sous le contrôle de coupeurs de têtes, je ne vais pas commencer à mon âge à dépendre de pauvres types. Foin des sectes, vive le vent !

Femme de la journée, Fadia

Nous étions 33 à la conférence de ce matin (voir ci-dessous, Ah les dessous...) : 30 femmes, et 3 hommes, plupart des cadres, moyenne d'âge dans les 40-50, sur 4000 salariés invités sur leurs heures de travail (c'est vrai, 3999 - moins 32 - sont débordés, je dois être le seul à être payé pour surtout ne rien faire qui les dérange). L'exposé de la neurobiologiste était passionnant, mais je suis parti avant l'intervention du " Directeur des études du diplôme "Conseiller-ère, référent-e- égalité femmes-hommes", préférant ne pas me friter vu le décalage entre les paroles et les actes. On nous a remis gratos son "P’tit abécédaire de l’égalité des femmes et des hommes", et un tas de brochures paritaristes officielles du gouvernement français de l'enculure démocratique durable. 

8 mars

Le cerveau a-t-il un sexe ? > " Cerveau, sexe, et pouvoir ", Catherine Vidal,  Dorothée Benoit-Browaeys    

Dans le cadre professionnel, nous sommes invités ce matin à une conférence de Catherine Vidal, suivie d'une intervention sur l’influence du genre dans le cadre de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, par Thierry Benoit, initiateur et Directeur des études du diplôme "Conseiller-ère, référent-e- égalité femmes-hommes", auteur du "P’tit abécédaire de l’égalité des femmes et des hommes" [sic et re-sic]

On n'arrête pas le progrès, mais on ne parlera pas de vulgarités telles que les fonctions et salaires féminins majoritaires dans la boutique. La question Le capital a-t-il un sexe ? (Roswitha Scholz) ne sera pas posable. De même que ce ministère a absorbé l'idéologie écolo du développement durable, il organise lui-même, officiellement, le type de causeries prises en charge naguère par les féministes. L'Etat n'est jamais si bien servi que par lui-même... qui a officialisé en 1982 (Mitterrand) le 8 mars comme la journée de la femme... sur-exploitable ?

Suite for Angela, 1985

C'est à ranger comme annoncé en 2004 dans COMPOSITIONS 1981-85... Pour commencer, une suite en quatre thèmes plus ou moins arrangés selon les circonstances (déposé à la SACEM, mais libre de droits, au cas où...) : A comme Angela, B comme bleu, Black People [mineurs anglais], D comme Red Lady

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7 mars

Journée de l'affame ?

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Grands formats, scannés d'après photos/papier*

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D'une série d'après Edouard Manet, Le déjeuner sur l'herbe.

6 mars

Chabar ?

Ce fut un temps la signature de mes travaux plastiques. J'ai récemment découvert que ce mot existait en hébreu (phonétique khaw-bar'), un verbe pouvant signifier Lier des charmes magiques, charmer / Faire une alliance / être allié, être uni / Entasser (des mots) / Se joindre à, faire une alliance, se liguer ensemble... Bref, un programme prémonitoire par 'hasard objectif' (Breton, dans L'Amour fou : "le hasard serait la forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l'inconscient humain (pour tenter hardiment d'interpréter et de concilier sur ce point Engels et Freud) " Source, La richesse conceptuelle du hasard objectif. Plus philosophiquement que poétiquement, de quoi inspirer la réflexion sur le clinamen - la rencontre matérialiste aléatoire selon Louis Althusser, voir plus bas 15 février -, sur le rapport entre conjoncture et nécessité, voire sur le poids de toute foi - idéologie - sur la réalité. J'y reviendrai.

On le trouve dans la Bible, par exemple Deutéronome 18:11 : " enchanteur [Chabar] personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts "; Job 16:4 : "Moi aussi, je pourrais parler comme vous, Si vous étiez à ma place : Je vous accablerais [Chabar] de paroles [sic], Je secouerais sur vous la tête..."; dans l'Ecclésiaste 9:4 : " Pour tous ceux qui vivent [Chabar] il y a de l'espérance; et même un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort "; dans Daniel 11:23 : " Après qu'on se sera joint [Chabar] à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde "; Osée 4:17 : " Ephraïm est attaché [Chabar] aux idoles : laisse-le ! " Source

On le trouve également chez Saint-Jean Damascène, sur le Mahométisme, à propos des Ismaélites : " Ils étaient donc idolâtres et adoraient l’Etoile du Matin et Aphrodite, qu’ils ont appelée précisément Chabar dans leur langue, ce qui veut dire grande. [...] On raconte d’ailleurs que cette pierre est la tête d’Aphrodite, devant laquelle ils se prosternaient et qu’ils appelaient Chabar." Source

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'La quête de l'infini', ou 'L'horizon, c'est ce qui recule au fur et à mesure qu'on avance', collage et pochoir sur papier Canson A3, 1991. Carte de voeux 1992 de L'Humanité (un choix qui se voulait provocateur de Claude Cabannes, alors rédacteur en chef), extrait de la série "Mes quotidiennes humanités", quelque 300 collages réalisés chaque jour de semaine pendant un an dans la matière du journal. Exposition stand de la presse, Fête de l'Humanité 1991. Je n'étais plus alors membre du PCF, et je leur ai vendu de quoi rembourser mes cotisations d'une quinzaine d'années. C'est suite à cette expo que Paul Chemetov, architecte de Bercy - "barrière de péage" selon l'excellent mot de Mitterrand -, m'a réveillé un matin pour acquérir un autre collage de cette série, un portrait de Philippe Soupault ('à toutes jambes quand les sourds'), pour l'offrir à son épouse qui en était la fille. Les mots "Une femme" étaient un clin d'oeil au livre d'Anne Delbée sur Camille Claudel, anti-Marylin avant la lettre s'il en fut.

 

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'La poésie doit être faite par tous, non par un' n°17, transfert sur toile avec montage typo sur imprimante de la phrase de Lautréamont, 6 septembre 1992. Extrait d'une série réalisée il y a vingt ans, superposant, par transferts en glacis, des 'visages' de femmes voilées et des photos pornographiques, dont la suite du 3 mars (ci-dessous) est une réminiscence brute (non travaillée). Cette série a été exposée, entre autres, par le Comité d'entreprise du CNRS de physique des solides à Meudon. C'était donc l'époque suivant la première 'Guerre du golfe', sur laquelle se terminait LIVREDEL, I-VII, poème-roman, 1er avril 1988 - 1er avril 1991, lui-même enchaîné à la série de collages "Mes quotidiennes humanités", repris l'an dernier, avec les références à cette guerre, dans LIVREDEL VII & IX : des feintes fins des faims, avec quelques reproductions de Fadia Haddad (voir plus bas 19 février), peintre libanaise, qui m'avait initié à la préparation des toiles et à l'utilisation des pigments en poudre. La reproduction est tronquée par le scanner; la toile 27x32 cm se présentait démontée du cadre, bords effilochés, clouée avec des pointes de tapissier sur une planche peinte d'un mélange de bleu de prusse et de noir d'ivoire, profondeur de la nuit.

 

 

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5 mars

Le sein de Mona Lisa

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Chose promise, chose due. A l'ouverture de ce site, en 2004, j'ai annoncé la mise en ligne de mes travaux  "plastiques" (quelle horreur !). Grâce à mon fils, mieux équipé que moi, je peux scanner les petits formats. Premier essai, donc, ce "Sein de Mona Lisa", de 1993. Pigments, transferts et techniques mixtes, sur toile. 16 x 18,5 cm (à peu de chose près, ç'aurait été le tour de poitrine de La Joconde, selon des sources autorisées).

3 mars

Journée de la France dévoilée

Quel cinéphile ne se souvient de la célèbrissime tirade de Louis de Funès à Soeur Clotilde : « T'as de beaux yeux, tu sais ? »

C'était au temps où la France n'avait pas peur, pas de raison d'avoir peur. Au temps où ni bombe, ni arabe, ni femme, ni religion, ni cagoule, ni quartier, ni crise, ni rien etc. ne menaçait ni l'homme ni la paix sociale

Fini le temps où le sexe algérien, de peintre en peintre, s'exhibait au nez et à la barbe du gendarme

Picasso, étude pour les Femmes d'alger, d'après Delacroix

Le printemps vient. En attendant la fonte, la loi s'adapte, variations saisonnères 

Ma collègue de bureau, Yeah Men - obligation de réserve - n'en pense pas moins

En privé, faites-moi confiance, elle n'est pas la dernière à

Mais en public, deux lois valent mieux qu'une, il est interdit de

Fini le bon temps où

Aujourd'hui, pour échapper à la double peine

... les femmes s'en mêlent, le genre fait sa révolution

La France, avec son Président en première ligne, lui apporte un soutien officiel

Aujourd'hui, la République française se couvre. Son Journal officiel du 03 mars 2011 - Edition numéro 0052 - publie la Circulaire du 2 mars 2011 relative à la mise en oeuvre de la loi no 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public

Au poète demeure l'oiseau

2 mars

Ministre de la défense... de l'Occident ?

Gérard Longuet, ministre de la défense...
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Sarkozy (dimanche) « Nous savons quelles pourraient être les conséquences (...) sur les flux migratoires [...] C'est toute l'Europe qui serait en première ligne. » On entend la métaphore plus militaire que littéraire.
Sur la photo, debout, Pierre Sidos, fondateur du mouvement Occident, puis de l'
Oeuvre française. En 1972, Gérard Longuet rédigeait le premier programme économique du FN, créé la même année (source selon Wikipédia, Renaud Dély, Histoire secrète du Front national, Grasset).

Le temps des émeutes ? 

Un texte de Blaumachen groupe-revue grecque de la bande à 'communisation', sur les événements arabes, importé par DNDF.

Commentaire : dans une lettre à Vera Zassoulitch que rappelle Gilbert Badia dans “Lettres d’Alger / et de la Côte d’Azur”, Marx “insiste sur le fait que « la genèse de la production capitaliste », telle qu’il l’a décrite, « est expressément restreinte aux pays de l’Europe occidentale». Dans une lettre de novembre 1877, il s’élève déjà contre le « passe-partout d’une théorie historico-philosophique générale… supra-historique » et montrait comment « des événements d’une analogie frappante, mais se passant dans des milieux historiques différents [aboutissent à] des résultats tout à fait disparates.» (‘Sur les sociétés pré-capitalistes’ Ed sociales, 1970)

Blaumachen ne tombe pas dans ces travers – rien ici de supra-historique – mais tend à appliquer les résultats théoriques généraux à une situation spécifique, rien moins pourtant qu’un bouleversement historique dans ce cycle de lutte. Or ces événements rebattent les cartes de la restructuration globale. Certes, « rien n’y fait : c’est classe contre classe », mais ce qui est structurel, techtonique des plaques historiques dans la dérive du capital vers sa crise de reproduction ne se donne pas à voir directement : il s’agit encore de relier tous ces phénomènes socio-politiques et économiques complexes à leur sur-détermination capitaliste, comme lutte entre classes antagonistes.

Rien ne me semble vraiment “faux” dans ce texte, mais j’y vois un rien de sollicitation et de précipitation à faire entrer ces événements dans LE cadre théorique pré-établi. Or, pour le meilleur, la théorie n'est pertinente qu'en se laissant remettre en cause, du moins 'sur le métier', par le vivant...

28 février

Kâfir !

Fable arabo-contemporaine

« Est kâfir celui qui dénigre les compagnons ! » Cheikh Nawaf Sâlim

« Cafard : Ménage y rapporte le catalan cafre, infidèle; espagn. et portug. cafre, dur, cruel; de l'arabe kâfir, infidèle, mécréant. Au contraire Du Cange le tire de caphardum ou chabbardum [sic], sorte de vêtement qui est mentionné, au XIVe siècle, dans des statuts d'université. Le fait est que d'Aubigné écrit caphard, et qu'on ne voit pas comment le mot arabe kâfir, avec son dérivé roman cafre, aurait pris le suffixe ard. L'étymologie de Du Cange est la plus vraisemblable; mais il ne nous apprend rien sur l'origine de caphardum même. » Littré

Le vent annonce la couleur, plaisant temps.
Un niveleur, tel un titan,
Va se battre. À la latte !

Ah! là... l'avant-coureur a défié le printemps
Quand une blatte, à court de pâtes,
A semé la terreur chez le fier habitant.

Pas de grand soir sans fer de vouge,
Flot de sang noir dans la nuit rouge...
Marche l'histoire, le monde bouge !

On veut y croire. On fait des vœux.
Rempli d'espoir on crie à Dieu :
« Pas d'au-revoir, c'est un adieu,

Vive les armes ! » Même la femme,
Mêlant l'ardeur à la curée,
Voit son malheur transfiguré...

Loin du capharnaüm, à la cuisine, un homme,
Las de l'art, fine lame, armé d'un économe,
Tranche le cancrelat. Dans le lard. Quel cafard !

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26 février

« Parler de "révolutions modérées" est une contradiction en soi »

C'est la première phrase du premier article de la compilation d'Eric Hobsbwam  : Rébellions / La résistance des gens ordinaires, jazz, paysans et prolétaires. Tirée de la critique, en 1961, d'une biographie de Thomas Paine par John Keane.

J'ai connu Hobsbwam d'abord comme 'critique' de jazz, par un ouvrage de 1959 qui me fut offert pour mes vingt ans, en 1971. Cette 'sociologie du jazz' était écrite sous le pseudonyme de Francis Newton. Pour moi, ses chroniques originales et sans concessions tranchaient alors avec les polémiques franco-françaises du petit milieu, plus profondes et plus exigentes que celles, de la même époque, d'un Boris Vian pour Jazz Hot, que je lisais néanmoins avec autant d'avidité (avec le temps, Boris Vian comme critique de Jazz s'avère creux et superficiel, ce qui ne surprendra que ceux, et celles, qui se mirent en ses x-tiples jeux)

Eric J. Hobsbawm.jpg

25 février

Time remembering  

With you on my mind,
How can I do anything ?
With you on my mind,
All the time remembering

Nat King Cole, Illinois Jacquet (tenor sax) 

Souviens-toi d'oublier
l'absence toujours là

Dure face rayée
d'un passé qui brûle à
la mémoire brouillée

Que l'enfant refoula
d'un rire fou allié
provoquant l'au-delà

Un tour de passe passe
de l'intime à l'espace
en témoin d'un instant

Le disque dure et grave
la marque de l'esclave 
en un sillon du temps

Nice Girl, Wrong Place, Gang Starr 

23 février

So low

The Jimmy Giuffre clarinet / Réédition longtemps introuvable de deux LP Atlantic de 1956 où JG joue exclusivement de la clarinette en Bb. Incontournable surtout le premier, avec un ensemble de onze musiciens* sans contrebasse. Chaque morceau n'en emploie qu'une partie, solo, duo, trio, etc. sur des arrangements du maître. So low est le titre du premier, un blues low down, où Giuffre joue seul de la clarinette en tapant la mesure avec le pied.

* Et lesquels ! Jimmy Giuffre (clarinet); Buddy Collette (flute, alto clarinet); Bud Shank (alto flute); Harry Klee (bass flute, bass clarinet); Bob Cooper (oboe, tenor saxophone); Dave Pell (English horn, tenor saxophone); Harry "Sweets" Edison, Jack Sheldon, Shorty Rogers (trumpet); Jimmy Rowles (piano, celesta); Shelly Manne (drums).

22 février

« Dans la vie, on fait tous des erreurs mais on a le droit au rachat  » Boris Boillon, ambassadeur de Sarkozy en Tunisie, à propos de MouaMAMar (Moamer mot amer) Kadhafi

Variation sur le thème "Un homme qui... ne peut pas être foncièrement mauvais "

19 février

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Fadia Haddad

17 février

Sans un mot... 

fuir les mots lavés
de tous soupçons,
vainqueurs

mots maquereaux
sur les trottoirs
de leurs raisons

mots cul-de-sac
mots mord-la-queue
mots boursouflés

mots trop blêmes
no problème
qu'être mots, maîtres-mots

naître que mots
en fausses couches
mot pour mot

mots de curés, mots en purée
où la pensée s'enlise
avant d'entrer en lice

mots-valise' interdit
que nos polices
monopolissent

mots à crédit
qu'un mot rembourse,
bourse au logos

mot légionnaire
sent la conserve
boîte à Légo

sable de mots
croisés d'émoi
et morts de leur croisade

mots qu'un instant 
silence enterre
dans la fosse commune

pour gens sans terre
avec leurs maux
mis en commune

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15 février

e-poésie, rime muette ?

à Claude Nougaro et Jimmy Giuffre

la présence m'arrach-e
à la pensée prenant racin-e

j'e-tue le temps du corps encor-e
à coups de pioch-e

de loin en proch-e
à bout portant j'e-tir-e

un trait, traite la blanch-e
d'un tiret dans l-e

décor homm-e
théo-rico-pratiqu-e

la main sur l'anch-e
claire et nett-e

le souffle cour-e
la verge est touff-e

con-jonc-tue-us-e
du mâle au net

Charlie Parker utilisait des anches Rico

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Lectures contingentes

Antonio Gramsci

Il faut distinguer les mouvements organiques des mouvements « de conjoncture »   Notes sur Machiavel, sur la politique et sur le Prince moderne 3. Analyses des situations - Rapports de forces, Antonio Gramsci 1931-33

Louis Althusser

Le courant souterrain du matérialisme de la rencontre, 1982
La rencontre du matérialisme et de l’aléatoire chez Louis Althusser, Jean-Claude Bourdin
Althusser et le matérialisme de la pratique, Claude Leneveu

Isabelle Garo

L'idéologie ou la pensée embarquée, La Fabrique, 2009 (Introduction et chapitre 1)
Le socialisme introuvable de Marx, Une lecture de la Critique du programme de Gotha
Autres articles

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Mine de plomb

remembering Abbey Lincoln

L'esprit ne perce pas
la carapace de l'époque
La raison s'est démise,
pliée, voiles dedans

Sous les dénis
l'horizon capitule
Le feu nous glace
l'effroi nous brûle

Une main innombrable 
trace l'alerte rouge
sur un mur invisible

Le fantôme de l'homme
assèche le sillon
d'une larme de femme

µ

11 février

Théorie du miracle ou miracle de la théorie ?

Une théorie théorisée pour être la théorie adéquate à l'époque, pour cette raison même, n'est pas moins adéquate à l'époque que toute représentation du monde produite par celui-ci. Les « luttes théoriciennes », reconnues comme telles par Théorie communiste de façon circulaire pour s'alimenter/justifier comme adéquate à..., n'en font pas moins aux yeux de ses concepteurs la théorie communiste de l'époque, que l'apparition de Marie au vallon des Fours, près de Gap, « un nouveau lieu d'apparition de la Vierge reconnu » par le maire de Marseille, entre autres. En revanche, Jean-Claude Gaudin n'est pas l'inventeur de ce miracle; il n'a pas vu la Vierge. Il croit à l'un et à l'autre, comme d'autres que la perspective communisatrice est l'articulation entre 'Théorie communiste' et les luttes théoriciennes selon 'Théorie communiste'. La totalité apparaît moins vraie que sa représentation : les mots mieux que les choses.

C'est à la jeune bergère Benoîte que le miracle est apparu, en 1664 (depuis elle est en bière), et c'est l'évêque de Gap qui l'a reconnu, en 2008. C'est à Théorie communiste que l'écart est apparu, en 2008, et c'est Théorie communiste qui s'est reconnue comme la théorie adéquate à l'époque. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.

Entre théorie et croyance, un écart certes, mais... un gap ?

Relire Christian Charrier cinq ans après : Lettre ouverte à Théorie communiste / Sur votre pratique théorique en général et en particulier dans le cas de Meeting

10 février

5148 visites en janvier 2011 - Visites mensuelles de 2005 à 2010

Un deux trois Soleil !

Un coup de soleil en trois dés jamais n'abolit le regard :
Sur l'autre face est son retour
Qui donne, à telle tache, la forme, informe,
D'une faucille et d'un marteau fondus et confondus
Dans le plomb du décor

Remontant la mémoire en un sommeil mutant
A son réveil matin, mutine...
Qui dort encore ?

Que d'or encore !
Pourquoi toute une histoire
Pourtant, puisqu'elle tourne ?
Et monsieur capital est d'un si mauvais genre... 

Qu'il vienne, le temps dont elle engendre

Le soleil en 3D

8 février

Ne dites plus "Cherchez la femme", mais "Où est la cuisine ?"

« Les positions des féministes américaines sont à l'origine de la cuisine et de l'espace à vivre et parfois de son intégration, appelée encore aujourd'hui cuisine à l'américaine. Elles ont radicalement changé la façon de considérer les programmes domestiques.» Depuis la fin de la Seconde Guerre, comment ont évolué nos logements. Jean-Claude Ribaud. Le Monde, article DirectMatin 7 fév. 2011

Origine de l'expression "Cherchez la femme"

" Tout homme qui a suffisamment vécu pour apprendre que si l'amour rend aveugle, le désamour rend lucide (comme disait Corneille), sait que, lorsqu'il y a quelque part des bisbilles dans un groupe d'individus, des empêchements agaçants (ne plus pouvoir aller jouer au tiercé avec ses copains piliers de bar, par exemple) ou même un crime, c'est la plupart du temps parce qu'une femme est au milieu, soit parce qu'elle a provoqué des jalousies, parce qu'elle ne supporte pas que son mari s'absente longtemps pour essayer de gagner au PMU de quoi manger pendant qu'elle a la chance d'avoir largement de quoi ne pas s'ennuyer avec les enfants, la cuisine, la vaisselle ou le ménage, ou bien parce qu'elle a poussé son homme à trucider le voisin pour lui voler son Rembrandt, idée qui ne lui serait certainement pas venue toute seule tellement il est gentil et ne veut de mal à personne.[...] " Source 

Origine de l'expression "Servir la soupe"

" L'expression "servir la soupe" était en grand usage dans le milieu théâtral bien avant que la télévision n'existe, et elle n'avait pas forcément la connotation péjorative que vous lui attribuez. Beaucoup de dialogues sont en effet écrits de manière à mettre en valeur un seul des deux comédiens en scène, l'autre étant donc réputé jouer le jeu et ainsi lui "servir la soupe", à charge de revanche bien sûr. Ce que vous décrivez entre plutôt dans la catégorie "cireurs de bottes" patents, dont nous affligent quotidiennement les émissions de promo. Mais il va sans dire que ce n'est qu'une opinion personnelle." Lu quelque part

4 février

Trottoir glissant ? Vers (quel) glas ?

Mon môme est remonté de l'école, ce matin, avant même de l'avoir rejointe. Sur le cul tombé. Trottoir glissant. Verglas.

Edouard Glissant est mort hier. A Paris. A Paris qui ne l'a jamais aimé. Jamais honoré. Qu'un peu, ce matin, mais mort. Poète, penseur, romancier. Martiniquais. Enseignant à New-York, plus près.

À Edouard Glissant, comme à Henri Meschonnic, disparu il y a si peu, je dois quelque chose, dont ce site garde la trace. Meschonnic en page d'accueil « il y a poème seulement si une forme de vie transforme une forme de langage et si réciproquement une forme de langage transforme une forme de vie », Glissant en tête de mes pages 'poétiques' : « Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore.» Tout-monde / Edouard GLISSANT, 1995

Ils ont pu être "récupérés" par la vague altermondialiste, voire y contribuer, "embarqués" assumant le navire. Mais il faut lire comment. Il n'y eut pas, un temps, pour moi, de meilleure critique de la post-modernité mondialisée que la leur, à sa marge. Je pense que cela tient à ce qu'ils étaient avant tout des poètes.

Au tout-monde, nous sommes malgré nous créolisés, glissant irrémédiablement, sans autre prise que l'adversité, vers glas et sang de ce que nous sommes, prolétaires, hommes et femmes.

Quelques liens :

Retrouver la parole perdue : Edouard Glissant et le récit d'esclave, Lydie Moudileno

En redonnant la parole a la femme esclave, Glissant reconstruit la figure de la mère...

"Dans toute l'histoire de l'esclavage", affirme le critique americain Henri Louis Gates, "seuls les esclaves noirs des Etats-Unis ... ont cree un genre litteraire qui a la fois denonce les maitres et temoigne de la necessite pour chaque esclave d'etre libre et alphabetise" (ix). Ce genre litteraire ne au dix-huitieme siecle et qui continue a evoluer jusqu'au milieu du vingtieme, est connu en anglais sous le nom de slave narrative, le recit d'esclave. Le corpus est enorme: on recense, entre 1703 et 1944, plus de six mille recits ecrits en anglais par des hommes et des femmes ayant vecu directement l'experience de l'esclavage. Grace aux travaux de chercheurs comme Henri Louis Gates qui publie en 1987 le recueil Classic Slave Narratives, certains de ces recits ont desormais integre le canon de la litterature, sinon americaine, en tous cas africaine-americaine.

L'existence de recits d'esclaves revet une importance historique majeure a deux niveaux. Tout d'abord, au moment de sa production, c'est-a-dire aux dix-huitieme et dix-neuvieme siecles dans le contexte des debats philosophico-politiques sur l'esclavage, le texte emanant de la voix de l'esclave represente un instrument des plus efficaces pour la propagande anti-esclavagiste. On le sait, la diffusion et parfois l'elaboration du recit d'esclave ont ete largement prises en charge par les societes anti-esclavagistes determinees a attirer l'attention sur l'horreur de la condition servile, et par consequent la necessite d'une emancipation legale. Si le recit d'esclave sert de plaidoyer pour l'affran-chissement, ce n'est pas uniquement par les themes qu'il aborde. C'est aussi par la demonstration qu'il fait de la capacite raisonnante des Noirs. En effet, le Noir s'y montre non seulement comme sujet souffrant, mais aussi, et surtout, comme sujet ecrivant, capable de speculer sur sa propre condition. L'existence meme du texte mine ainsi la logique esclavagiste construite precisement sur l'inferiorite intellectuelle du Noir. La question de l'emancipation legale a donc ete intimement liee, des le depart, a la maitrise de l'ecriture et a la production de recits autobiographiques.

Dans le contexte des revendications culturelles africaines-americaines au vingtieme siecle, un tel corpus constitue pour la critique et l'historiographie litteraire une source inestimable, dans la mesure ou il dote toute une tradition a la fois d'une origine et d'une structure. Ainsi, toujours dans l'introduction de son Classic Slave Narratives, Gates etablit-il une continuite entre ces recits et les textes les plus classiques de la litterature africaine-americaine contemporaine:

   Les recits d'ex-esclaves constituent, pour le critique litteraire, le 
   fondement sur lequel sont basees les formes narratives--fictives et 
   non-fictives--africaines-americaines. C'est le cas pour Booker T. 
   Washington, Malcom X, Zora Neale Hurston, Richard Wright et James Baldwin 
   ... La tradition litteraire africaine-americaine, surtout les textes 
   canoniques, repose sur la structure construite par acoups et pour des 
   raisons essentiellement polemiques, par ces recits a la premiere 
   personne.(xii)(1) 

Dans le contexte des revendications culturelles africaines-americaines au vingtieme siecle, un tel corpus constitue pour la critique et l'historiographie litteraire une source inestimable, dans la mesure ou il dote toute une tradition a la fois d'une origine et d'une structure. Ainsi, toujours dans l'introduction de son Classic Slave Narratives, Gates etablit-il une continuite entre ces recits et les textes les plus classiques de la litterature africaine-americaine contemporaine:

   Les recits d'ex-esclaves constituent, pour le critique litteraire, le 
   fondement sur lequel sont basees les formes narratives--fictives et 
   non-fictives--africaines-americaines. C'est le cas pour Booker T. 
   Washington, Malcom X, Zora Neale Hurston, Richard Wright et James Baldwin 
   ... La tradition litteraire africaine-americaine, surtout les textes 
   canoniques, repose sur la structure construite par acoups et pour des 
   raisons essentiellement polemiques, par ces recits a la premiere 
   personne.(xii)(1) 

En ce qui concerne la France et ses colonies le cas est bien different. Il existe bien evidemment une masse de documentation relative a l'esclavage et a la traite, elle aussi diffusee avec l'aide des societes anti-esclavagistes. On y releve: une abondante iconographie representant bateaux negriers, marches d'esclaves, personnages d'hommes et femmes; les requisitoires des philosophes (Montesquieu, Voltaire, Condorcet); les illustrations litteraires par des romanciers ou poetes; les documents legaux, dont le Code Noir de 1685; finalement, les seuls temoignages directs provenant …

LA CATEGORIE DE LA RELATION dans les essais d’Edouard Glissant, Philosophie d’une poétique, par Jacques Coursil (un grand trompettiste de "jazz")

Le bateau négrier ou l'anticipation du "Paradis cauchemardesque » dans les Caraïbes à travers Canto Gemido de Eliseo Altunaga, Koumba Gelase

29 janvier 2011

Mais que fait la police ?

« Bonjour, police de l'environnement. Nous venons contrôler votre caviar", annonce l'agent en poussant la porte d'une boutique parisienne renommée. Sa mission: vérifier que le caviar proposé respecte les règles internationales du commerce de l'esturgeon, une espèce protégée [...] Quant au caviar saisi au cours de cette campagne, "il sera probablement détruit", selon M. Costa, qui note en plaisantant ne pas avoir obtenu l'autorisation de le servir au réveillon de Noël du ministère de l'Ecologiesciencesetavenir.fr

L'article ne dit pas s'il s'agit d'un caviar de gauche. Faut-il en déduire que la police des caractères, pour assurer le développement durable des bobos, l'aurait proprement caviardé ?

Quant au ministère de l'écologie, dans notre époque où le service public s'annonce comme le plus périssable des concepts politiques, il a tant à faire pour convaincre son personnel de se sacrifier au nom de l'"administration durable", que même ses agent-e-s de police doivent légitimement se protéger, eux d'abord, dont est menacé... l'environnement.

La nouvelle est si troublante que j'en voie 36 chandelles, honni soit qui mal y pense.

28 janvier

Quand l'analyse éclaire l'intuition, texte de la préface de Habib Sâï à De la politique en Iran, Theo Cosme

27 janvier

Classe moyenne et/ou classe capitaliste ?

« Grâce aux vastes possibilités que j'avais d'observer simultanément la classe moyenne, votre adversaire, je suis parvenu très vite à la conclusion que vous avez raison, parfaitement raison, de n'attendre d'elle aucun secours. Ses intérêts et les vôtres sont diamétralement oppo­sés, bien qu'elle tente sans cesse d'affirmer le contraire et qu'elle veuille vous faire croire qu'elle éprouve pour votre sort la sympathie la plus grande. Ses actes démentent ses paroles. »

Ce qui pourrait paraître adressé aux salariés et précaires d'aujourd'hui fut écrit en 1845, par Engels, 'Aux classes laborieuses de Grande-Bretagne' *

Il poursuit : « J'espère avoir apporté assez de preuves que la classe moyenne - en dépit de tout ce qu'elle se plait à affirmer - n'a pas d'autre but, en réalité, que de s'enrichir par votre travail, tant qu'elle peut en vendre le produit, et de vous laisser mourir de faim, dès qu'elle ne peut plus tirer profit de ce commerce indirect de chair humaine.»

Quand Engels parle de « la classe moyenne », cela n'a donc pas le même sens qu'aujourd'hui. Il le confirme dans la préface de « La situation de la classe laborieuse en Angleterre  », puisqu'il s'agit de cet ouvrage, paru en 1845 quelques mois après la rencontre à Paris de son auteur avec Marx, à qui il en transmet alors le manuscrit. On connait mieux la suite, leur longue collaboration et le poids de ces 'enquêtes ouvrières', telle aussi celle de Flora Tristan (Le Tour de France, Journal 1843-44), dans l'élaboration même de cette "Critique de l'économie politique" qu'est le Capital de Marx.

« J'ai utilisé constamment le mot « classe moyenne » au sens de l'anglais « middle-class » (ou bien comme on dit presque toujours : middle-classes); cette expression désigne, comme le mot français bourgeoisie, la classe possédante et tout particulièrement la classe possédante distincte de la soi-disant aristocratie - classe qui en France et en Angleterre détient le pouvoir politique directement et en Allemagne indirectement sous le couvert de l' « opinion publique ».»

Si la classe moyenne d'alors n'est pas les couches moyennes actuelles, il n'en demeure pas moins que leur positionnement social entre prolétariat et capitalistes, et leurs comportements politiques, idéologiques et économiques, sont et seront un enjeu majeur dans la période d'ici à la crise de reproduction, et si dieu le veut, à la communisation. Pour quelques aspects particuliers de la question, voir la discussion « Autour des évènements en Tunisie »

* On trouve les 2 premiers chapitres de ce livre, qui vaut bien Dickens et Eugène Sue, aux Editions des Mille et une nuits, 3€50

26 janvier

Les bidonvilles forment-ils une planète à part ?  par Bruno Astarian

L’article qui suit est essentiellement une critique du livre de Mike Davis Le Pire des Mondes Possibles, consacré aux bidonvilles. Ce qui désespère Mike Davis et consorts, c’est de ne pas retrouver dans les bidonvilles un prolétariat qui soit conforme à l’image qu’ils en veulent : une masse salariée de façon formelle, consciente et organisée en partis et syndicats. C’est comme cela qu’il faut comprendre leurs lamentations sur la disparition du travail formel, prédominant au cours des trente glorieuses, de même que sur celle de Marx (remplacé par Mahomet!). Il s’agit au contraire de montrer que, loin d’être des laissés pour compte qu’il faudra tirer de leur merde, les bidonvilliens font pleinement partie de la classe qui sera appelée à communiser la société (...)

25 janvier

J'engage une tentative de comparaison entre la conceptualisation de 'Théorie communiste' et celle de Critique de la valeur dans le fil " «Masculinité» et «féminité» comme piliers de la modernité  " (DNDF). N'étant pas un expert, je préfèrerais (I would prefer...) que ceux qui maîtrisent leurs thèses s'en mêlent. Voir ce jour ici et ci-dessous.

Maintenant que sont éclaircis (du moins pour moi, et j’espère d’autres) quelques enjeux de cette double critique, du capital et des genres, par le détour de discussions du texte de ‘Théorie communiste”, il me semble possible de revenir au texte ouvrant le fil, “«Masculinité» et «féminité» comme piliers de la modernité”, et ceci sous deux angles :

- l’articulation interne de cette critique entre “critique de la valeur” et de la “dissociation-valeur” (Roswitha Scholz appuyée sur Robert Kurz) vs celle que construit TC, points communs, zone de questions, divergences;

- comment cette théorie (“Le Sexe du capital”, Scholz 2000, dont on espère une traduction) peut être révélatrice des forces et des faiblesses de la “Critique de la valeur”, étant entendu qu’il faudrait distinguer, pour les plus connues en France, les positions d’Anselm Jappe, Robert Kurz et Moishe Postone, selon ce qu’ils font notamment de la marchandise et de la lutte des classes. C’est ici que peuvent en résulter des différences dans l’appropriation politique (Cf Jappe, Les aventures de la marchandises, 2003 et la lecture par Antoine Artous – proche de Besancenot, Corcuff et théorien du NPA – du livre de Postone traduit l’an dernier dans sa version revue de 2003 > L'actualité de la théorie de la valeur de Marx. A propos de Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale. C’est ce que je suggérais en #4 “quelque chose me dit que par ce bien de “la dissociation-valeur”, on peut engager une critique plus générale de la “critique de la valeur”.”

Chemin faisant, ce sera l’occasion d’un troisième angle, celui du langage, pour confronter la terminologie de la “critique de la valeur” aux concepts de TC, et voir en quoi elle peut porter accords et divergences.

Je tenterai de le faire en prenant le texte de haut en bas, sachant que n’étant affilié ni à TC ni à “Critique de la valeur”, cela n’engage que ma compréhension à ce stade, et appelle donc d’autres points de vue.

Je songe à reprendre la problématique Communisme, mouvement (dans le capitalisme) vs résultat (son mouvement propre après victoire de la communisation), sous le titre annoncé (TC23) pour le tome 2 de "Théorie du communisme", Roland Simon : "Tout ce qui existe mérite de périr" ? C'est un détournement par Marx, dans le 18 Brumaire encore, du Faust de Goethe. Pratique du "détournement" que n'a pas inventé Debord, mais qu'on trouve fréquemment chez Hegel, Marx, sans parler de Lautréamont, chez qui elle est l'écriture même. C'est la question de la positivité du communisme qui hante les controverses entre Théorie communiste et Bruno Astarian (voir ici COMMUNISME), celle évoquée dans mon texte COMMUNISATION "troisième courant" : 12 thèses pour dépasser les sainthèses, prothèses et fouthèses

J'ajoute à diverses définitions de la communiation celle de Bruno Astarian > COMMUNISATION, RÉVOLUTION, COMMUNISME...

23 janvier

Hic salta, was ist das ?

Bruno Astarian a intitulé son site Hic Salta Communisation et place en exergue de la présentation cette phrase de Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte : « … jusqu’à ce que soit créée enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière, et que les circonstances elles-mêmes crient : Hic Rhodus, hic salta ! Voici Rhodes, c’est ici qu’il faut sauter !». Hic Salta est par ailleurs le titre d'un texte de BA en 1998.

D'ouss' que sort  donc c'te latinerie ? Ouvrons le Dictionnaire des sentances latines et grecques, de Renzo Tosi (1991 trad. fr. 2010, éditions Jérôme Millon)

« Hic Rhodus, hic salta / Voici Rhodes, c'est ici qu'il faut sauter.

Il s'agit de la forme médio-latine - encore utilisée parfois - d'un proverbe qui se moque des sottes vantardises, en reprenant une anecdote présente dans la tradition ésopique : un fanfaron, de retour dans sa patrie après un long voyage, fait un récit avantageux de ses prétendues aventures en terre étrangère, et se vante entre autres d'avoir réussi à Rhodes (île connue pour la fierté de ses habitants, cf. par exemple, Caton, Origines) et devant témoins, à faire un saut que personne n'avait été en mesure d'égaler. L'un de ses auditeurs, à ce moment du récit, lui réplique alors pour le mettre à l'épreuve : [ici en écriture grecque, je n'ai pas les caractères] « voici Rhodes, c'est ici qu'il faut sauter ». Les parémiographes [ceux qui étudient les proverbes] rapportent cette phrase dans une formule exactement équivalente au proverbe latin : [en caractères grec], proverbe qu'on retrouve dans notre littérature moderne chez plusieurs auteurs, parmi lesquels Goethe, Carlo Emilio Gadda (Eros et Priape) et Ennio Flaiano (Confessions romaines); Hegel le transforma en Hier ist die Rose, hier tanze (« Ici est la rose, c'est ici qu'il faut danser » [Rhodes signifie 'la rose'], c'est-à-dire « ici est la réalité, ici il faut la comprendre », préface aux Principes de la philosophie), et il fut repris à plusieurs reprises par Karl Marx (cf notamment Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, en 1852), ainsi que par plusieurs personnalités politiques communistes. Parfois Hic Rhodus hic salta est utilisé dans le sens plus banal et moins précis de « là est la difficulté » »

En d'autres termes, Hic saltaJust do it ! "Zyva, bouffon, tu vas te faire pécho par les keufs..."

22 janvier

22, v'là la praxis ?

Je cesse d'alimenter COMMUNISATION Ressources classées, dont la pertinence serait à reprendre. En attendant, toute intervention ou texte seront signalés dans la présente rubrique. Je reviens à l'idée qu'il ne saurait y avoir de théorie séparée de la vie, que la perspective communisatrice n'est pas à inscrire dans une "articulation" entre une théorie "restreinte" - élabeurisation nécessaire de théoricien spécialisé - et des luttes dites "théoriciennes", qui ne le sont que sollicitées par "le théoricien" (cette dérive théoriciste mettant en apesanteur la méthode marxienne d'élaboration-exposition fut produite par la fin du programmatisme ouvrier; elle s'est sclérosée et a atteint ses limites dans le moment actuel - voir le texte éponyme). Les luttes produiront d'elles-mêmes leur auto-critique, et n'auront plus à être qualifiées de théoriciennes. Ces questions importantes n'ont pas d'issue dans la poursuite d'activités de groupes identitaires confinées, confinant à l'intervention (extérieure), et débouchant sans paradoxe sur la forme-parti - Théorie communiste, TC = Trajectoire d'une balle dans le C... ? *

* TC a publié aux éditions Senonevero, une Histoire critique de l'Ulltra-gauche sous-titrée Trajectoire d'une balle dans le pied

Entre poésie et révolution, paraphrasons Meschonnic (voir ici) : il y a praxis seulement si la lutte transforme le langage et si réciproquement le langage transforme la lutte. On laissera de côté, pour la forme, et pour la route, les vieilleries sur la théorie et la pratique.

Le vote 'non' chez Mirafiori (voir ici) m'évoque irrésistiblement Bartleby, de Melville : « I would prefer not to...», J'aimerais mieux pas... Ã saisir chez Mille et une nuits, 3€

*

Chez Pepe (DNDF), je suis intervenu dans :

. Autour des événements de Tunisie

. «Masculinité» et «féminité» comme piliers de la modernité

. La régression servile de Mirafiori 

. Où va 'Théorie communiste' ?  (Bruno Astarian)

. Débats autour du mouvement d’octobre/novembre 2010

. Retraites : "il faut une grève insurrectionnelle !"

- Le front commun des casseurs

- Vidéo polémique

- L'aveuglement des impasses

- Ce qui est en jeu, ce ne sont plus seulement les retraites (Léon de Mattis)

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