Thèmes composés de 1981 à 1985 (compositions déposées à la SACEM)
Cette page nécessite de photographier les partitions manuscrites avec un appareil numérique (je viens de m'en procurer un, je n'ai pas de scanner).
(10 juillet 2004) Quelqu'un a posé la question de ces titres "sans notes ni sons".
Il s'agit de thèmes, au sens où on l'entend dans le jazz, c'est-à-dire de mélodies accompagnées d'une harmonie chiffrée, et au besoin de quelques indications (tempo, style de rythme...), le reste étant décidé sur le tas. Ces thèmes sont un support à d'éventuels arrangements (distribution de voix pour une orchestration donnée, voire des musiciens donnés, comme chez Duke ELLINGTON). Hormis quelques rares (Paris Auster' blues, Black People), je n'en ai pas écrit. Dans les rares groupes auxquels j'ai participé, nous en décidions sur place (head arrangements, ou arrangements de têtes, comme c'est le plus fréquent en petites formations. Les premiers Kansas City Five ou seven de Count BASIE procédaient de la sorte). Ils sont surtout prétexte à l'improvisation : d'un nombre donné de mesures (par exemple pour le plus classique 4x8 dans la forme AABA, 12 dans le blues), le thème tourne en boucle, est exposé une ou deux fois, puis donne lieu à la mise en avant d'un musicien du groupe, pour un ou plusieurs chorus, improvisant sur le thème nombre défini à l'avance ou décidé chemin faisant pas le groupe ou le leader. Chacun ayant pris ses chorus, le thème est généralement repris pour finir.
Sans parler de l'improvisation collective, qui naît avant même le solo accompagné (qu'invente littéralement Armstrong) et qui revient sauf exceptions notables à partir des années soixante, diverses formules permettent de varier ces bases classiques, qui apparaissent dès les années 20 (Jazz New-Orleans, Chicago...), parmi lesquelles : quatre-quatre -successions d'improvisations par les membres du groupe, seule la rythmique -piano ou guitare, (contre)basse, batterie-, stop-chorus -arrêt de l'orchestre pour quelques mesures avant la fin du thème et improvisation d'un musicien retombant sur le début du thème où l'orchestre revient : les plus célèbres de "l'histoire du jazz' sont celui de Louis ARMSTRONG dans West en blues en 1928, et de Charlie PARKER ou Dizzy GILLESPIE dans Night in Tunisia ou Salt Peanuts... Précisons que dans les enregistrements d'avant le microsillon, les faces des 78 tours étant limitées à 3 ou 4 minutes, les musiciens prenaient souvent des chorus d'une nombre de mesures inférieures à celui du thème. De ce fait, il n'y a que peu de témoignages de ce qu'était alors le jazz, les orchestres jouant pour la danse pouvant faire tourner un thème beaucoup plus longtemps, et le porter beaucoup plus haut.
Je donne néanmoins, en attendant, les titres de ces thèmes ou morceaux. Pourquoi ?
Pour composer, j'ai eu plusieurs approches. Soit me venait d'abord une idée musicale, un air en tête, base de l'écriture, soit une intention, une image, une situation de la vie que je mettais en musique. Ce dernier cas fut le plus fréquent, et se traduisait par le choix d'un titre correspondant à cette référence. Dans le premier cas, le titre venait après l'écriture de la musique, censé donner une indication d'ambiance. Le choix du juste tempo par le groupe était donc important pour respecter l'une ou l'autre de ces intentions.
Pour répondre à la question sur l'absence de notes et sons, j'ai répondu en substance ceci :
D'une part il ne s'agit pas d'une ambition d'avant-garde, musique sans notes ni son, à quoi pourrait renvoyer par exemple, à Cannes en 1952, la Lecture des Tambours du Jugement premier film "imaginaire" sans écran ni pellicule, par François Dufrêne, oeuvre comprenant 'la majeure partie, à cette date, de sa production phonétique'. http://www.dufrene.net/francois/
D'autre part je considère que le choix du titre de ces morceaux de musique est tout aussi chargé de sens que ceux de mes poèmes ou autres textes. Le titre est une façon de nommer les choses en réduction, qui doit être adéquate à ce que l'on a voulu faire comme à ce qu'on en fait après, et peut influencer la réception, l'écoute. Par exemple, on n'imagine pas d'improviser sur Strange Fruit, rendu célèbre par Billie HOLIDAY, sans savoir que sont évoqués les Noirs pendus aux arbres, ni sur Alabama, en ignorant que John COLTRANE y évoque une tragédie, et rend mémoire à quatre fillettes noires tuées le 15 septembre 1963, dans un attentat à la bombe sur l'église baptiste de la 16e rue à Birmingham, Alabama. On n'imagine pas le tableau de MAGRITTE, Ceci n'est pas une pipe, ou le Morceau en forme de poire, d'Eric SATIE, sans leurs titres, qui leur confère une toute autre profondeur de champ.
Cela dit, il s'agit de cas singuliers, et il arrive que certains standards de jazz soient joués sans référence particulière aux motivations ou versions d'origine, la plupart étant tirées d'un répertoire étranger au jazz (chansons populaires, comédies musicales, films...). De plus, mes partitions, quand elles seront présentes, n'en diront pas beaucoup plus, y compris à ceux qui peuvent les lire, car elle sont faites pour être jouées, et c'est cela qui compte.
Enfin, j'ai quelques traces sur cassettes audio d'enregistrements de ces morceaux. Si j'en trouve le moyen, je les placerai ici un jour avec plaisir.
binaire enlevé, C..., 20 juin 1982
Hommage à Jean Wiener (compositeur de l'indicatif d'Histoires sans paroles, série télévisée)
Modal médium, 29 juin 1982, dédié à mes collègues du ministère de l'équipement, 244 Bd Saint-Germain
Folklorique et dansant, 17 mars 1984
Inspiré par les harmonies de "Friday the 13th", de Monk, decimotercero signifierait treizième dans un vieil espagnol
Le rythme est à d'origine turque, à 14 temps
Le pont peut évoquer le Miles Davis de 'Sketches of Spain'