X 1 TADAÏMA ! mars 2005 - avril 2009

'Tadaïma !' signifie en japonais "Je suis de retour". C'est ce qu'on dit quand on rentre et les présents répondent "Okaeri", "Bienvenue"

28 avril 2009 

AU BON ACCUEIL

En pensant à 'Nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères'  de Flora TRISTAN

En un clin d'oeil
D'un regard sans miroir
Des autres

Une fleur du mal a fané

À l'accueil
Des autres
Le naturel repousse en mon jardin

*

21 avril 2009 

VIVRE REMIS SUR LE MÉTIER

À Nergiz,

« Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit » Khalil GIBRAN

À l'aube, sans fanfare,
Une fleur nouvelle, et sans fard,
Enchante le regard du jour

Et l'ouvre, don paisible,
Au possible abandon

Alors demain se lève
C'est le temps retrouvé

Ailleurs, 21 avril 2009, 10h42

*

POLYMÈTRE

Prends soin de nous

Prends tes marques, et marche...

Équilibre de déséquilibres,

Polyrythmie sans mètre

Sans remettre le même

Sans remède sans maître

Ni dieu qui soit

Que la soif d'être soi

Entre nous

1er mars 2009

*

Sakura now, Hanami

Cerisier ami,

Allons marcher aux fleurs

Loin des fausses candeurs

Des rêves ennemies,

Amusons nos muses muettes

Aller, dansons musette

 8 avril 2009

Portes ouvertes

Hors dedans, échappée belle

Rêve, à contre-rêves

18 février 2009 

Son ménage en grand

La poésie à la page

Fera propre printemps

26 février 2009

Merle à la fenêtre

Pomme croquée, jeu de billes

La vie s'émoustille

14 janvier 2009

*


Qu'est-ce pour nous mon cœur... Arthur RIMBAUD, 1972 
 
“Le spectre de la liberté vient toujours le couteau entre les dents” Groupe surréaliste d’Athènes, décembre 2008 

*

DUO DE MON TAMBOUR ET  DE MES BAS

sur un ostinato de djembé

La Grèce brûle... 

...et je resterais là ?

La tendresse figée dans ma graisse en gelée,
comme empâté en croûte en empoté du paf,
emporté loin des potes, en culotte de soi...

Faire mon gras en bide et mon maigre en poème,
d'une greffe sans foi cirrhose de l'esprit...

Sans Rose essaie la vie,
endormi dans l'émoi, tel un spectre du moi,
en revenu de tout pour aller nulle part...

Rêve nu ?

en attendant  la fin... 

Tant de voix ont parlé en moi...
Suis-je d'elles muet ?
Sors, poignard, de ma bouche !
Ta trouille la rouille !

Mon chant est le canon en moi tonnant des autres

Ces voix amies reviennent. Elles sont là, en moi,
Sans qui je n'entends rien, à rien, et n'aurais rien à dire, de rien,
Que le silence écho de leur absence sur les murs effondrés de mon bavardage

Mon chant est le canon en moi tonnant des autres

Toi, qui parles si peu, j'aime à te sentir là,
Par toi j'entends, à chaque instant, le coeur battant du monde
Après l'effroi vacarme de mes guerres, dont nos voix s'étaient tues,
J'aime ton souffle chaud écoutant mon silence, enfin...

et notre paix vivante

Mon chant est le canon par toi tonnant des autres

13-15 décembre 2008

9 décembre, 17h26

Il n'aurait fallu
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne
ARAGON

LA FIN D'UN CAUCHEMAR, conte de Noël

Pour mes proches, mes amis... qui se reconnaîtront

Je reviens du pays des morts. À la différence des autres morts qui m'entouraient, j'avais une pleine conscience d'être mort. Du moins eux n'avaient-ils pas l'air de se douter qu'ils étaient morts. Je supposais inutile de leur poser la question. Ils étaient tout ce qu'on appelle mort. Ne donnaient pas l'impression d'en souffrir ou de regretter la vie. Ils me paraissaient même se porter le mieux du monde possible, pour des morts. Des morts normaux, quoi... Toutefois, si eux étaient les morts véritables, et vérifiables, j'étais en quelque sorte, du fait de le savoir, plus mort qu'eux. Comprenez-moi, il n'est pas du tout évident de vivre, comme mort en soi et pour soi.

Une vitre épaisse me séparait du monde des vivants. Je les observais à travers, vaquant à leurs occupations. Eux pouvaient me voir aussi, mais ne prêtaient pas attention à moi. Je cognais sur la vitre et criais : « Sortez-moi d'ici, je veux revivre, je l'exige ! ». Mais, soit qu'ils ne m'entendissent pas, soit qu'ils fissent la sourde oreille, ils ne se détournaient pas de leurs activités. Et, comme j'avais été vivant, avant, je savais trop que les vivants, les morts les dérangent, la plupart du temps. Aussi, à leur place, me serais-je pareillement demander de quel droit un mort pouvait exiger de revenir à la vie. Ils ne pouvaient que me prendre pour un fou.

C'est alors que quelqu'un, du pays des vivants, est apparu. Je ne sais pas comment il a fait pour traverser la vitre, et entrer. Il est venu à moi et m'a dit : « Tu es fou. Tu es fou et tu nous emmerdes. Si tu continues de faire le mort, tu vas vraiment mourir, et tu nous manqueras. Alors arrête-toi ! Reviens-nous plutôt », et puis il m'a pris par la main et nous avons traversé la vitre ensemble.

Je me suis réveillé. À l'instant où je vous parle, je ne suis pas encore tout à fait sûr d'être vivant. Je me frotte les yeux. Je me palpe. Je me pince. Je me donne des claques... Je sens bien que je ne suis plus mort. Malgré tout, je crains que ce ne soit qu'un rêve. Alors je voudrais dormir, juste dormir, pour voir si je suis encore en vie au réveil.

Peut-être avais-je seulement perdu le goût de vivre, depuis le temps... *

*

.

INCANTATION

Donne-moi, tambour,
Que nos peaux touchent et accouchent,
La vie entre les sons et les silences,
Par le rythme des mots libérant tous les sens

Donne-moi, tambour,
Le vouloir enchanter les cycles du réel,
Le pouvoir de la danse
Avec la femme-oiseau

Donne-moi, tambour,
Le savoir oublier pour arracher les chaînes
De la raison et de la déraison,
De la misère en rêve rikiki

Donne-moi, tambour,
La force d'enfanter la joie
De la douleur acquise
De la douceur promise

Donne-moi, tambour,
Le coeur de battre nuit et jour,
Donne-moi la main, tambour,
Donne-moi demain
Donne-moi l'amour

FoSoBo, 14 juin 2008, 11h59

*

SÉRIEL QUI LEURRE

à Megumi et Jean-Yves, à Gilles, aux enfants
pour Harumi et Moeko, pour les enfants

Le soleil ne s'est pas levé,
sur l'île aux coeurs bridés,
par l'enfance brisée
sous la roue, sous la mer.

Seule une image fait surface,
de cris joyeux, petits vélos,
de poussettes, ronds dans l'eau,
mais en vain. La scène s'efface

des plaisirs oubliés,
des amis, des années
engloutis et sans trace

que la série qui leurre
le rêve qui en meurt.
Au carrefour. Pour rien.

22 février 2006, RER A, 8h17

*

MOSHI MOSHI

(décalage entre sept et huit)

Le silence à pas de velours
pose une pause allongée
sur la portée des rêves lourds
dont est la raison chargée

La nuit renoue le fil des jours
dans la maison allégée,
le décibel nuit alentour
loin, son halo mensonger

Alors s’ouvre, qu’un noir soulage,
une grève à l’objet doux
sur la plage où le temps volage

S’oublie, mais l’otage s’avoue
dont sonne en un mot l’écho
d’un allo allo Moeko

FoSoBo, 26 avril 2005, 19h42

*

QUAI QUÊTE

Sur les quais de Paris
sourds laquais mais pas riches
là qu'est sûr pas de risque
pour le serf outre rien

Que lécher des vitrines
aux odeurs de latrines
et des glaces vanille
sur des Îles sans mouise

Un oiseau s'est posé
sur la main d'un enfant
qu'est très beaucoup content

D'avoir perdu trois dents
devant et le hoquet
de pouvoir en causer

à l'oiseau

FoSoBo, 18 avril 2005, 0h07

*

PROSE PROBOSCIDIENNE (et zoologique)

«Il me dit que je se suis bien gentil, en d'autres termes que je suis un zozo» (MONTHERLANT)

"Partir des mots et faire qu’en quelque sorte ils pensent pour moi (me dictent au lieu d’être dictés par moi…" (Michel LEIRIS, Langage Tangage)

Ah ? partir du mot ment ? Allons-y voir !

Les éléphants du zoo de Vincennes partent pour l'Allier : qui s'y trompe ? Car ce n'est rien moins qu'un moment de la décolonisation ! Trop lourds pour le béton de leur prison parisienne, les mastodontes s'exposent à l'universel, déconcentré en province. C'est un début de reconnaissance tardive du crime de l'humanité urbaine contre les gomphotères*. La repentance assumée de la traite pachydermique. Pour mémoire, mais... défense d'y voir de trop près.

Foin d'aparté. Revenons au moment où partir du mot ment énormément.

J'aime que les mots m'étonnent, quand ils marronnent hors de la page des journaux. J'aime qu'ils passent le mur du son pour s'affranchir d'un esclavage de tâches silencieuses enchaînées aux habitudes des jours, dans le bruit blanc des sémantiques certitudes de l'époque, alignés à la queue leu leu en phrases qui les serrent entre de piètres points en pitres mystifiés, engrossis en titres miteux, entassés en chapitres promis à la lecture rapide, payant leur écot sans licence, sainte taxe de leur orthographique correction, fouettés par une grammaire prude et sans âge, aliénés au non-sens de leur séparation par un dictortionnaire interdisant jusqu'à l'écho de leurs tambours. Sans jugement. Sans avocat. Marrons.

En son procès sans son comme en ses sons saucissonnés sans assonnances, la langue a décrété, pour le langage et par les mots, leur peine de mort.

Partir c'est revenir un peu d'où l'on croit vivre, par soi-même libéré. Le langage et les mots le sont par le poème, qui leur est un voyage à l'étranger, qui bande et chante encore, quand rien ne semble plus pouvoir changer, la vie.

Ah ! oui... En japonais, éléphant se dit Zo. Oh ! logique...

Mais à partir du moment où... on n'arrive nulle part.

* "Dans l'histoire évolutive des proboscidiens, la famille des éléphantidés (à laquelle appartiennent les éléphants actuels) est issue de la lignée des mastodontes, et plus particulièrement du groupe des gomphotères (Gomphotherium). Le premier représentant en est le genre Primelephas, apparu au miocène, il y a 5 ou 6 millions d'années. C'est lui qui est à l'origine de la famille des éléphantidés, qui réunit les mammouths, apparus vers - 4 millions d'années, et les éléphants. Elephas antiquus (qui a vécu de la fin du pliocène au quaternaire inférieur) est probablement l'ancêtre direct des éléphants actuels." Source : Encarta

RER A, 29 mars 2005, 19h33

*

MA CHATTE

à Nora, en pensant à Théophile-Alexandre STEINLEN)

Si tu veux ma chatte
attraper la mouche
ne crains qu'elle touche
au bout de ta patte

Tu n'es guère adroite
que pour mettre en bouche
de boîte si louche
le pâté de rate

Mon pauvre Steinlen
que sont tes félins
si fiers devenus

Ces chats de gouttière
à la griffe altière
Minette ingénue

FoSoBo, 28 mars 18h25

Nora n'est pas à la mode d'Ibsen, branchée sur scène pour bobos parisiens, mais le nom de notre chatte. Nora-Neko, c'est l'équivalent japonais de 'chat de gouttière'. Janvier 2010.

*

LA MOUETTE

Nicolas DE STAËL)

Vois cette mouette
envolée de beau 
et lève la tête
vers elle en vol haut

Bel oiseau poète
loin du noir corbeau
de l'œil sois la fête
en l'air et dans l'eau

Fais rire de Staël
rimé à ton aile
d'un si pur destin

Envoie-moi en terre
en volant le ver
d'un trop bas instinct

FoSoBo, 28 mars 2005, 17h42

*

SAKÉ SHIRAKU ?

Djaku Shirak à Ôsaka
vend le Japon d'hier 
le prix d'un gros sac 
à la France demain clap clap

Sacré Chirac ! où ?

Vante à tous vents l'Europe hop hop
cause toujours c'est ailleurs
et boit du saké c'est meilleur
sans sushi mais si merci beau coup

Saké Shiraku

Conte en-dessous du sumo la ceinture
et prends-nous pour des jacques
au cas où zou !?...

Saqué Chirac ? hou !

FoSoBo mars 2005, 23h47

*

MUET COMME UN PAPE

A notre fils, Nicolas Shunto

Cueille le jour où le pape se tut
muet comme une carpe en chocolat
fenêtre du palais le choc est là
que vive le poison dans l'œuf qui tue

A Pâques et pour le coup destitue
le prêche Écoute-moi donc Nicolas
mon fils ne dis jamais à un prélat
« Mon Père » il serait sinon bien foutu

De te filer le virus qu’il radote
envers la vie et l’amour sans capote
(quel beau vers doux renversé satanique)

Cueille les heures garçon carpe diem
cours au bonheur de la fille
qui aime
sans culte pieux ni discours adonique

FoSoBo, 27 mars 2005, 21h22

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