X 4 CRISE EN VERS, du 22 juillet au 31 décembre 2011

Ouvert 1er décembre 2011. Suite de THE DAYS BEFORE April 1 2012. Il se passera rien de plus ou de moins, le 1er avril 2012, pas plus dans ma poésie qu'en réalité. Ni retraite, ni retrait. La crise est tout sauf une crise de vers mal armés. " Ce n'est qu'un combat. Continuons le début."

Poésie Plan général. Liste classée de tous les poèmes

*

TROUBLE À L'ORDRE PRIVÉ

 « Le gouvernement ne laissera pas les Français être pris en otages à l’occasion des fêtes de Noël [...] Des milliers de passagers bloqués, c’est un trouble à l’ordre public, cela pose un vrai problème de sécurité.» Libération, 22 décembre

Des mots qui parlent d'or. Dans le temps et l'espace, quelle plus totale prise en otages que le capitalisme ? Quel plus nécessaire trouble à l'ordre public que la révolution ? J'aimerais qu'un poème soit chambard, désordre, trouble à l'ordre privé. Un poème n'est forme-sujet que d'un individu à un autre. Mais contrairement à ce qu'est devenue massivement La Poésie, pourquoi ne concernerait-elle que l'intime, le creusement intérieur de ce qui ne serait que vie privée (l'amour, la relation à la nature, une philosophie des sentiments, le langage du corps blablabla...) ? Il est nécessaire que le désordre public trouble l'ordre privé du poème, le regard intérieur du poète (autrement dit, de tout un chacun à devenir poète*). Ne laissons pas La Poésie prendre en otage le poème. 

* Celui-Celle qui lisant un poème en est touché se fait poète, ni plus ni moins que l'auteur, l'œuvrier, puisqu'il a resaisi le poème. Non compréhension. Subjectivation. Voilà qui fait de la poésie une tâche éminemment sociale. Il faut en finir avec les vieilleries de la poésie comme magie, génie, sur-réalisme, sacré... et l'idée que son langage serait différent du commun de son temps. Tout ce qui sort du donné social est suspect d'artifice.

22-23 décembre 2011

*

SALADE IMAGINAIRE

« Quand le travail fait perdre la santé » Pathologie. Gestes répétés, charges lourdes, produits chimiques : l’activité professionnelle peut engendrer des problèmes de santé [...] des individus rendus malades par leur travail [...] Le service a aussi affaire à quelques malades imaginaires [...] se font démasquer [...] Ce sont des gens qui ne veulent pas travailler [...] » Le Monde pour DirectMatin, 20 décembre 2011 

Imaginaire travail imaginaire fait imaginaire perdre
Imaginaire santé imaginaire malade imaginaire travail 
Imaginaire veut imaginaire individu imaginaire perdre
Imaginaire travail imaginaire malade imaginaire travail

Imaginaire malade imaginaire veut imaginaire santé
Imaginaire individu imaginaire fait imaginaire malade
Imaginaire perdre imaginaire travail imaginaire santé
Imaginaire santé imaginaire pas imaginaire malade

Santé imaginaire fait imaginaire perdre travail 
Individu imaginaire malade imaginaire pas travail
Pas imaginaire individu imaginaire travail malade

Malade imaginaire pas imaginaire travail individu
Travail imaginaire fait imaginaire perdre individu 
Individu imaginaire fait imaginaire perdre imaginaire

20 décembre 2011 /61 sonnet 166

*

L'ANGOISSE DU PAGE BLANC

(Histoire secrète de la poésie, II)

Ô claire lacune
Mon amie d'angoisse
Prête-moi tes maux

Avec ma plume haut
Trempée dans la poisse
Qu'ils crient : Exquis mots !
Choquez là ! Glacez !

Bon bon...  Ne te froisse
C'est froid, sec... difforme
Au goût déplacé...

Ta pâleur m'a plu
Blanche tu n'es plus
Me voici ton page...

Y pa ni kado

19 décembre 2011 /60 Sonnet 165

note : Rimbaud emprunte pour L'Éternité le vers à 5 syllabes de Au clair de la lune

*

J'ATTENDS DE CHIEN MA VIE

Tu reviendras de loin, ma vie,
à tout casser ici
ronger mon os de la mémoire
et me jeter la pierre aux yeux dans le miroir
où nos alouettes sont plumées

J'oublierai mes oublis ravalant ma colère
et noyant mes remords dans l'ivresse des vers
je te rendrai le temps centuple de l'espoir
pressant à t'écouter à tes côtés de vivre

Tu me prendras les jambes à ton cou
Tu verseras l'amer, infidèle maîtresse,
et je boirai la tasse entière de tes larmes

Puis, tirant sur ma laisse
, haletant, vieux, chien, fou,
pour hâter mon retour
un de plus un de trop

Par peur par habitude
et d'aimer ta maison
je pisserai un coup

au pied de l'horizon

18 décembre 2011 /59

* 

LE MONDE PARLE SANS FOI NI LOI

Le monde parle sans foi ni loi
Cent fois j'entends la même histoire
est-ce la mienne ou son écho
en moi que je paye de mots
pour qu'il me dise tout
le mal que j'en pense

Pas un mot ne pense pour moi

Ils sortent en foule inconsciente
se défouler des dictionnaires
Manifester la rage d'exister 
sans identité
sans papiers

Mais chacun en catimini frotte sa solitude
à la porte indiscrète
de mon club de rencontres gratuites
en quête d'un démenti à ses origines

Alors tels des abeilles aux oreilles des humbles
ils font leur miel dans ma bouche

Avant de s'accoupler dans le lit de l'univers fleuve
et s'engloser de signifiances neuves

Tout mot renaît d'un autre
en vampire d'un sens endormi
dans le cimetière sociétal
où la lune est livide à l'ennui du ciel
en panne d'étoiles

Plus tard ils médiront ensemble une prière

Qu'un papillon batte de l'aile
à l'autre face du silence
là où la terre a jeté l'ancre
sur la tache aveugle des hommes
à plumes droit dans le derrière
autruches à livres d'or
dans la banque aux gens d'art
gendarmes de la langue
faisant des mots la circulation interdite
et dressant des procès verbeux
au langage insigne
du monde

17 décembre 2011 /58

*

L'INVENTION DE LA RIME MUETTE

(Histoire secrète de la poésie)

Un faune étique et muet promenait son chat dans les gorges profondes de l'Abîme, quand tomber nous le vîmes. Le chat. Quelqu'un de haut jura : « Ah brutes que ces gorges ! » Le faune acquiesça d'un silence. L'écho nous le bas en perdîmes en haut de l'insondable gouffre, alors que le chat retombait sur nos pieds. Vous le comprîtes, nous en restâmes coïtes. C'est alors, encore une fois, que de haut le faune opina.

Donnons ma langue au chat : « C'est dans les gorges de l'Abîme que mon faune haut maître, à l'âme sublime, et moi chat retombé sur vos pieds, découvrîmes la rime muette »

13 décembre 2011 /57

*

SECRET SALÉ

d'un lapsus de Moeko

à Arthur Lapointe

Un secret salé
à l'insu créé
n'est qu'un pis allé
ça l'est pas sucré

Ne l'eût-ce-t-on su
que non l'eûmes cru
on s'enrhume assez
lassé

de l'amer allé
se sucrer en mer
d'un secret perdu

13 décembre 2011 /56

*

UN RIEN OBSCUR

« quand ils n'ont rien à dire, font semblant de dire quelque chose : alors c'est en poésie qu'ils le disent...» Aristote, Rhétorique III, 5, 1407 a 33-35

en mémoire de Henri Meschonnic

Circulez rien à voir

Quand là un obscur cire
le sombre en profondeur

Que sombre dans le blanc
la parole indicible

Du rien voici le rôle

Un poème-semblant
passe pour difficile

Son effet pour valeur
de vous fait l'imbécile

En voici la recette

On fait du poétHique
puisqu'on est philopouet

L'époque étant au tic
authentique fait bête

Rien obscurcit ce lien

La poésie de société
son impensable a secrété

Ce monde de lui même
ne peut faire un poème

Le poème au présent

Contre tout je suis si
tout contre je suis ici

Je ne suis pas ailleurs un poème
un poème d'ailleurs ça n'existe pas

13 décembre 2011 /55

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PARTIE CIVILE

« 12 accidents ont marqué la journée de jeudi, dont 7 causant des blessures mineures » La Nouvelle Union, 12 décembre 

« Quatre employés de la cantine... ont été condamnés... à 12 mois de prison avec sursis pour avoir volé pendant plusieurs années des denrées alimentaires pour leur consommation personnelle... trois d'entre eux... encouraient jusqu'à 7 ans de prison.» RTL.fr 13 12 2011 à 12h18

« 7 mois avec sursis pour un marchand de sommeil à Gennevilliers... qui louait 12 logements insalubres à une vingtaine de personnes » Métro 12-12-2011 18:32 « Le sommeil, en partie une affaire de gènes » Métro 07-12-2011 20:17  

L'incendie ravagé
Cafards colonisé

Est déclarée la guerre
A salué le maire

dans un communiqué

Un marchand condamné
Et pour les locataires

Des procès similaires
Indigne est l'habitat

dans un communiqué

Victoire pour la Ville
A ajouté l'édile

Quand ya de la gêne il
N'y a plus de sommeil

dans un communiqué

(Pleinement la prison
Insalubre est décent

Le véritable accès
au logement descend)

pas de communiqué

13 décembre 2011 /54

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AMANT DON (parabole hyperbold'airhic) suivi de COCO HIT (rap afro-mage)
et de PLAISE à DIEUZE ("en attendant le final")

Parabolide hyperbolique, installation scoute

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En chemin méditant son Passé souvenir
le Présent tend la main fidèle à l'Avenir

Fond d'impasse. Il voit le mur aveugle, il fonce
tête mule, bandant l'armure et tout en force

Contre l'épais si sûr, si lourd... Mais peu importe
à ce bélier, si dur qu'il enfonce la porte...

Surprise ! L'Avenir d'un pas recule et prie,
épris, l'heureux Présent de prendre son esprit...

Le Présent sous le charme attend le bon moment
d'avancer à l'appel de son futur amant

Cet éros d'un roman sans licence fiction
baisant la liberté au trot de sa passion

COCO HIT rap afro-mage

Dans les ruines encor fume l'ancien décor
le Passé marche à côté de ses pompiers
Funèbre

Toute la société prend une douche froide et sèche
sa chemise à la déchetterie du paradis perdu
pour la cause toujours pour personne

Personne ne sait plus où est son derrière, son devant non plus, rien ne rime à
rien n'est plus interdit, rien qui ne s'autorise, rien qui n'en rie... Magie !
Ici gît le passé, assagi qui s'agite sans guise à présent. Il s'agit

Du présent faire là table rare
où tout s'image tous imaginent
qu'un rire autonome atomise en nouvelle énergie
le droit au meilleur et l'interdit du pire

C'est un monde en verlan qui s'impose
monde sensible sans impôt cible
à l'envers à l'envie et sans pause

Qui sait ce qu'il faut ne pas faire ?
Où aller ? De quel pas ? Quel compas ?

Nos boulevards sont des aires
où le soleil s'est mis au frais
avec une glace à la fièvre amoureuse

Tout est gratuit surtout la générosité : comment donner ?
Pourquoi donner une valeur aux choses ?
Pourquoi ce rien de féminin dans un regard de femme un homme en aurait peur ?
Les enfants sont-ils gais pour manger de petits oiseaux morts ? Pourquoi ?

13 décembre 2011 /52

*

PLAISE À DIEUZE, « en attendant le final »

« ... organisé par le Tennis-club dieuzois... Douze négatifs sont annoncés, sept chez les messieurs, cinq chez les dames... » En attendant le final, Le Républicain lorrain, 12 décembre 2011

En attendant la faim d'un début
remisons  l'espoir  au  rebut
et   résolvons   ce   rébus

du  désespoir  au  fond
des malheurs qui font
l'argent qui fond

l'inodore
parfum
d'or

fin

12 décembre 2011 /53

Mise au point stylistique : À qui s'étonnerait de mon retour à un usage systémique fréquent de 7 et 12, je précise que je n'ai pas le fétichisme des nombres, pas plus ceux-là que d'autres, ou quoi que ce soit d'autre. Je les ai choisis en 1989 pour leur richesse symbolique multimillénaire et parce qu'ils sont plus féconds que d'autres sur un plan compositionnel - en peinture et en musique aussi. Pour simplifier, simplistes en apparence, 7 et 12 et leurs combinaisons peuvent participer d'une harmonie complexe, ne renvoyant pas qu'au nombre, mais aussi aux liens entre leur puissance vitale dans certains rythmes naturels (organiques), et leur présence mythique, symbolique et culturelle abondante dans l'histoire de l'humanité.

Au contraire du hasard objectif et de la fascination de Breton pour le "merveilleux" dans Nadja, je sélectionne des événements parmi d'autres - appelant aussi 7 et 12 -, quand ils m'intéressent pour ce qu'ils disent, évoquent, ou comment. Il n'y a là que banal réalisme et hasard subjectif, concernant des faits dont on admettra qu'ils sont tout sauf 'surréels' et admirables, davantage source de cauchemards que de rêves, éveillés ou pas. Ces faits bruts, si mon choix est subjectif, ne dépendent pas de ma subjectivité - c'est l'intérêt de la presse indépendamment de son idéologie - et, s'ils représentent objectivement parties du monde réel, ce n'est pas dû au hasard de 7 et 12. Si ce hasard semble bien faire les choses, en les mettant à ma disposition, ce n'est qu'un produit de la loi des grands nombres, et d'autres le feraient aussi bien. C'est encore manière de dérision d'une certaine fumisterie surréaliste portée à la superstition. Pour autant je ne veux pas trier ces événements comme on le fait en critique sociale, avec un filtre dont la poésie en tant que telle n'a que faire. Qu'on se rassure, si je prétendais écrire l'histoire ou la théorie de mon temps, je m'y prendrais autrement, d'autres en ont le métier.

Quant aux "contraintes" que m'imposerait cette nombrologie dans la thématique, l'écriture ou la composition, elles sont si ouvertes qu'elles constituent plutôt un stimulant de l'inspiration - bien davantage que la vie privée d'un seul homme surtout la mienne -, ce qui fait que le poème est poème (ou pas) étant ailleurs (que dans la supposée 'forme'). Ainsi, de même qu'une dérision d'un certain surréalisme, il faut y voir une moquerie des procédés à programmation préalable de l'Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle, mais Queneau était drôle et Perec inspiré...), et de Jacques Roubaud, pape du "formelisme". Sinon pourquoi me réfèrer si fortement à Henri Meschonnic ? Nonobstant l'usage que je fais de rimes généralisées et autres moyens, je partage le fond de sa critique, et du ludique qui ne dit rien, et du philosophique qui fait de l'entrisme, les deux usant et abusant de la poésie contre le poème, manquant de plus singulièrement d'humour. Quant au mépris des intellectuels bourgeois ou prolétairenriens pour le calembour - toujours mauvais aux oreilles du sérieux assis - que Dieu les garde, je reste debout au fond de la classe.

En clair, ni 7 et 12, ni la forme-sonnet, ni l'alexandrin, ni le vers ou la prose, aucune des formes que j'emprunte momentanément voire abondamment n'a de véritable incidence sur les poèmes que j'en fais et qui me font, et ma poésie ne change guère quand je n'y ai pas recours. On fait des poèmes avec des mots, non avec des idées (Mallarmé à Degas), et il faut bien les faire venir et entrer en quelque matière de quelque manière pour qu'ils prennent vie. (versé à Notes sur ma poétique, 2003 - 2011)

*

HOURRA L'AMOUR !

Looby Lou obi Ceinture - Japonais Sakura rouge

pour Moeko, ce sonnet 'japonais'

Que rien ne t'habi-
tue. Tant que printemps pourra
mêle wasabi
sake miso tempura

Déjoue mon hobby
saison venue sakura
Dénoue ton obi
hourra ! l'amour accourra

On verra Nico
la mer posée, Moeko
sourire du coup

à faux nez de japonais 
mutant mon sonnet
affolé en haïku

11 décembre, sonnet 164 2011/51

Ce sonnet se métamorphose en haïku* à la 3ème strophe (5 7 5). L'alternance de vers 5 7 5 7 (Verlaine "préférer l'impair"...) préserve aux deux quatrains une rime de quasi-alexandrins (5+7=12). Les mots japonais sont culinaires, sauf sakura, cerisiers et leurs fleurs, et obi, ceinture des vêtements traditionnels (kimono...) ou d'arts martiaux (dôgi, judôgi...). Les s se prononcent ç et non z. * Voir HAÏKU, TENKA, SENRYU... formes japonaises ou dérivées

*

FAMILLE

7 sur 7, dimanche 11 décembre

Une fois par semaine
Père viole son fils

12 ans traumatisé
Prévenu divorcé

La mère à la police
7 ans ferme regrets

11 décembre 2011 /50

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COMME SYRIEN ÉTAIT

Le Figaro 10/12.2011

Civils
Dont 7 enfants tués
Par forces
Manifestations contre

12 civils dont enfants
12 ans péri contestation contre
Dont enfants tués
Femme fillette tuées

Contestation civils
Dont adolescent tués
Péri par balles

Personnes tuées
Par forces
Révolte populaire contre

10 décembre 2011, sonnet 163 /49

*

AFGHAN SONNET

Agence France-Presse in 07/12/2011

Civilians women and children were killed
Exploi of home-made bomb
Arose drama balance
12 killed civilians 7 women

Killed seven women of same family
Left Lashkar capital sanguin of exploi
Most violent murderous conflict
Home-made bombs favor insurgents

Face government allies of NATO
Hunted by power individual
Aim in theory of coalition

Are first cause of death
Conflict at civilians
By far victims

9 décembre 2011, sonnet 162 /48

*

QUELQUE CHOSE NOIR Y VOIR

Fable dyonisienne

« Le temps, c'est pas de l'argent, Le temps c'est le temps. Vous avez fait l'argent. Nous avons fait le chant.» James BALDWIN, Jimmy's Blues, poèmes, 1983

« Le squat historique de Saint-Denis évacué Les 30 habitants du 76, rue Gabriel-Péri ont été contraints de quitter l’immeuble insalubre, où certains vivaient depuis dix ans. Depuis l’incendie de Pantin c’est le 4e squat fermé [...] 12 hommes, onze femmes et 7 enfants, pour la plupart originaires de Côte d’Ivoire — vivaient dans cette copropriété frappée depuis plusieurs années d’un arrêté « d’insalubrité irrémédiable » et d’un arrêté de « péril imminent » [...] « Ce drame a été un véritable traumatisme, reconnaît Stéphane Peu, maire adjoint (PC) à Saint-Denis.» Le Parisien 8 12  À défaut de cette "inspiration" qui fait le charme discret de la poésie véritable, j'emprunte à cet article un vocabulaire qui me fait des faux, dans l'espoir de recycler durablement quelques déchets journalistiques. C'est ma déconstruction. Tra déri dada...

Aux Frères Jacques, pour La Marie-Joseph, et dont le ton me semblerait bon, pour répartir les voix de ce poème

On voit quoi là d'Ivoire ?
Que du feu ? Que du noir !
Un squat où des lézardes
font perdre la face à d'...

À personne, pensez-vous, jamais ! 
Les démons ont jeté leurs dés
dans l'ire et... mais... diable !
l'irr-é-mé-diable insalubrité

Longtemps l'on a, et de bonne heure,
Péri en la demeure au 76 Péri
de chaud, de froid, de plomberie
du cœur, d'humidité... on meure
de tout toujours un peu traumatisé

- Faut bien mourir de quelque chose

Un peu beaucoup passionnément
à la folie carbonisé...
Sous-maire du malsain déni
par le trauma dramatisé
l'autre Peu un peu trop m'a tiqué

(Re-frein)
Encore heureux qu'il était beau qu'il était beau
dans l'incendie qu'il était beau
et qu' la mairie coco soit un bon bateau

Ah quel maire veille ! Un coq au refroidi
passe un plat réchauffé (être maire se mérite)

Qu'est-ce que tu dis coco ?
(c'est décembre il médite)
et soudain cet indécent dit
« Nous ne sommes pas opposés par principe aux évacuations qui servent à quelque chose... relogement durable...»

- Un sous-maire doit servir à quelque chose

Qu'un quelque chose durable reloge durablement !
Voyons, voyons... Tic tac...  heure et squat... Tic tac... heure et quoi ? Eurêka !
L'horloge ! L'or ! L'or dure ! L'or loge !
L'or dure hein l'or durable loge durablement 
Or le temps n'est-il point de l'argent ?

- Si si mais durable est si lent, si lent...
Silence ! Si lent c'est d'or... a dit la préfecture
Or si généralement le relogement ment, la parole est de peu
ce Peu là dit tant que faire se peut un peu
la vérité : « Nous ne sommes pas opposés...»

Le Peul ira s' fair' voir
Noir d'Ivoire se cacher
Qui peut le moins loger
peut le plus déguerpir
Quelque part où il pleut

Dans les rues dépérir
du 76 pourri
cette rue où l'on pleure
éliminant péril
Quelque jour où qu'il meure

Dehors mis en demeure
de l'or l'ordre est à l'heure putain
de l'horreur à l'honneur d'un pantin
« de l'ordre sur ordre de la préfecture »

En termes élégants quelque chose fut dit
« le 76 Péri a doncque toute chance... »

8 décembre 2011 /47

*

BEL OISEAU VOLE A CARDINELLA

Infos de ce 7 12

De « AAA+ » à « D » : comment sont fixées les notes ? [...] Ce rapport est ensuite présenté à un comité de six à 7 analystes expérimentés [...] Le pays concerné est ensuite immédiatement informé de la décision, en général 12 heures seulement avant sa publication. La Voix du Nord 7 12

Deux voleurs de chardonnerets pris la main dans le sac à Furiani [...] Le chardonneret élégant (dont le nom scientifique est carduelis carduelis et le nom corse a cardellina) est une espèce qui bénéficie par arrêté interministériel d'une protection totale sur le territoire français. Malgré cela, certains le traquent pour des raisons culinaires... Corse Matin 7 12

Le bonheur au travail, la grande enquête de 'La Croix'

en écoutant Tino ROSSI Tchi tchi

La poésie faite par douze est non pareille
Elle vous charma tant qu'en l'oiseau chant vola
O Cardinella Catarinetta bella
Il est trop tard jamais plus ne se fera vieille

Le charlatan tôt rentré des paris
Glissait de sa planche à billets pourris
À vau-l'eau libre dévot à la baille

Bel oiseau vola sonner son glas
Au français bienheureux au travail
Qui n'aimait que sous sous matelas

Qu'il se dise en baisant l'ozeille
Si j'avais su en ce temps las
Aimer le genre dame oiselle
J'en aurai plus de tripes là

7 décembre 2011, Sonnet 161 /47

PS « Les kidnappeurs d'un couple de riche  niçois rejugés [...] Le procès en appel de six des 7 hommes condamnés [...] à des peines s'échelonnant de quatre ans de prison à 12 ans de réclusion...»  Le Parisien 5 décembre 2011 [à bien lire ce couple n'appartient qu'au riche niçois... Pauvre sa femme ! Ô Niçois qui mal y pensent !]

Voir la note À propos du sonnet Bel oiseau vole a cardinella

*

LE POÈTE EN ABÎME ICI

L'histoire et la misère, prose apoétique

En 1989, Michel Collot publiait "La poésie moderne et la structure d'horizon". Je ne l'ai pas relu depuis. Il me semble que cette vision accompagnait une époque révolue, celle d'un projet révolutionnaire et sa perspective programmant un pouvoir de classe prolétarien, avec un horizon qui ne cessait de reculer quand on avançait, jusqu'à disparaître hors champ de vision. L'horizon d'aujourd'hui est à nos pieds, tant sur le plan révolutionnaire que poétique. Peut-être en a-t-il toujours été ainsi, encore que, Gérard de Nerval : "L'idéal rayonne toujours au-delà de notre horizon actuel". De tout temps, la poésie n'a pu se faire qu'au présent, mais aujourd'hui, le sait-elle ? En tant que prolétaire humain, le poète n'a plus d'Abyssinie, mais un abîme ici.

La pauvreté de la société dans laquelle s'effondre le mode de production capitaliste s'annonce comme une immense accumulation de misères.*

L'histoire lèche nos caillots d'une langue unique et polyglotte, la misère. Qui sème nos cailloux sur les chemins de l'avenir ? Nous sommes les petits poussés par l'ogre Capital à nos basques, vampirisant sa queue de miséreux de tous les pays réunis... lâche émoi les basses quêtes !

La misère, sans limite, fait l'écart infini entre les ventres, nos proches sous les yeux. La chiasse miséreuse ferme nos chassieuses paupières sur un paupérisme absolu tissant le désespoir.

Mais l'espoir existerait-il sans le désespoir ? Aragon y a répondu dans et par le Traité du style - un jour de 1928, revenant des toilettes du café La Coupole - pensait-il à son père assassin des communards lyonnais ? - alors qu'Elsa payait l'addition.

Les poches de l'histoire sont crevées de faillites infaillibles... L'argent de l'histoire est l'histoire de l'argent. L'histoire de la misère fait la richesse de l'histoire. Quand on a de l'argent, on fait des misères, mais pas d'histoires. On fait des comptes.

Quant à l'historien du capital, c'est un compteur à base de schisme.

* Déclaration du comité central de la Première Internationale communisatrice, en application de la 11ème thèse sur la détermination objective de la théorie, et de la Motion magique Misère de l'homme sans classe,  1er avril 2012 : « l'ex-communiste Patlotch, paumé de l'intermonde poétique, régresse de la science dialectique de classes à l'opposition bordélique entre riches et pauvres »

6 décembre 2011 /45

*

LA FILLE D'UN FUMISTE

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Pourquoi dit-on "Faire fi de..." ?

Abreuvée ma fille aux eaux fortes
qu'on boit loin des philo sophistes

Son vice est meilleur de la sorte
- d'une mousseronne * au trou vert -

Couchée dans ce lit de marasmes
et piquant sa crise de vers

J'eu beau faillir, noyer son âme
dans un verre en papier mâché

La revoilà pute et fumiste **
avec mon temps pour la gâcher 

Laissant ses pan-sœurs du futur
à leur vertu, de sa nature

Oiseuse en viol avant la chute,
méfiante sur la conjoncture

5 décembre 2011 /44

* Le (faux) mousseron est un champignon très populaire, dont le nom savant est marasme des oréades
** « le terme «fumisme» était appliqué à l’origine aux esthétiques de Mallarmé et Rimbaud »
Fumisme : le rire jaune du Chat Noir Catherine Dousteyssier-Khoze, University of Durham

*

LA RIME C'EST RIEUSE

« Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m'est antipathique. » Paul VALÉRY, Cahiers, T1 p197 (wikipedia)

Gare à toi mou ! Garde ton pou ! Laisse nous rire !
Je ne dirions plus jamais 'nous' sauf à nourrir

la belle en jambe rime, au féminin gracieuse,
à l'herbe grasse où je dormirions licencieuse

et brûlerions méthéorire en la marmite
à bouillir le réveil mutin d'une marmotte

enrougeant le monde « - Dieu qu'une travailleuse
est moche ! »
Alors je pillerions sa langue pieuse

sans répit Je roupillerions qu'un loir est cher,
gratuit impensément, heurieuse bonne chère

partout et non pour un pourri de mourriture
céleste à cerveau lent qu'enchaîne un con futur

à la chair à canon payant le prix des gerbes
et le mot 'nous' menti sur les murs en Malherbe

dans le ciment si vil d'un cimetière d'hier
où l'émeute marine a ses tics... Prières

de Valéry poète à l'avenir en lave
de Couté sans cantique à Brassens en conclave

Je n'en saurions que fair' si n'en faisions entendre
qu'à pourrir pour mourir je préférions m'en fendre

la poire entre moi-je face au mage en sa messe
hu-mi-li-tai-re-ment militée mes fils (tôt

fait l'es) poir' que desserterions la table rase
et rirerions sérieux à en mourir sans phrase

5 décembre 2011 /43

*

LA RÉVOLUTION DANS LA RÉVOLUTION

« - Il y a de ce côté-là une troupe de soldats. Ils viennent de débarquer du nord par le train. La barricade devrait les arrêter, au cas où l'envie leur prendrait de donner l'assaut à la grande poste.
Cette rue grouillait elle aussi de toute une faune de pillards déchaînés qui se jetaient sur tout ce qu'ils trouvaient. Au début, tout à leurs allées et venues d'est en ouest avec le produit de leurs larcins, ils firent à peine attention à l'amon
cellement d'objets divers rassemblés par les insurgés. Comme des fourmis rencontrant un obstacle sur leur route, ils infléchissaient légèrement leur parcours et passaient de part et d'autre sans lui accorder un regard. Mais, quand la barricade commença à prendre une certaine ampleur, ils finirent par s'y intéresser. Maintenant que d'autres les ramassaient, tous ces objets qu'ils avaient abandonnés un peu plus tôt et laissé traîner çà et là excitaient tout à coup leur cupidité.» Liam O'FLAHERTY, Insurrection, 1950, Joëlle Losfeld 1996, trad. Isabelle Chapman, p.71

Quand je deviendrons prolétaire
rien ne m'appartiendront ni mes vers
bons à jeter loin des combats
comme l'essence de feux là-bas

Refluera ma bouteille à la mer
le sang noir marée sur les flots

Produiront mes vers solitaires
tout l'effet d'une épée dans l'eau

Là-bas j'engendrerions le haut
dépossédé n'auriant plus qu'à
chanter déveine et mes arts taire

Laissange à d'autres le tracas
d'échanger pieux crabes à terre
contents leurs droits leurs pieds leur lot

4 décembre 2011, sonnet 160 /42

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FRANCHIR L'ÉPAIS

« Soudain, ce fut comme si le voile de la théorie se déchirait, faisant apparaître le corps de son auteur.» Alain JOUFFROY, L'individualisme révolutionnaire et la poésie, S'opposer sans armes, 1995, Tel Gallimard p.113

« Dans une de mes lettres à Sollers (1976), je lui disais : « Je ne te reproche donc rien, sauf d'avoir fait beaucoup de reproches, d'avoir voulu donner des leçons aux uns et aux autres, ce qui t'a fait perdre beaucoup de temps. J'ai vécu, moi aussi, ce genre de tentations : cela faisait partie de mon "héritage" surréaliste, que j'ai dilapidé depuis belle lurette. » Il m'a répondu, peu après, amicalement : « J'aime bien, moi aussi, la distance que tu prends avec les choses... Façon de vivre... Celle du rêve, au fond, et il faut avoir renversé au moins deux fois ce qui a eu lieu, l'avoir éloigné, rapproché, et encore éloigné et retourné pour le retrouver. C'est le "jeu". Ceux qui ne s'y prêtent pas finissent en vieilles filles aigres, célibataires de l'idéal perdu, accrochées à une image frontale à contredire, à contredire sur n'importe quoi...» id. p.115

Nul n'est parfait
le plus dur n'est pas fait
franchir le pas
en soi de la franchise

Le vers en crise
dans son fruit mûr du son
Le vers à pied
sec au milieu du gué

Le vers au pied
du mur l'âme en tesson
Le vers luisant
du feu sous la banquise

Le pied glissant
sous le vent de passion
La main glacée
pour gicler la banquière

L'omniprésence
de l'homme niant la femme
Et son absence
au rendez-vous des flammes

Ceux que tu aimes
encor que tu as tus
parlant en toi 
au coeur de la vertu

À qui s'adresse
en vain l'âme à genoux
qu'un remors blesse
de n'avoir cru en nous

Toi l'étourdi
sur la toile sans fond
Où tu n'as dit
jamais qu'en mots qui font

Mal à froideur
où tu t'es pris de glace
dans le miroir
sans tain à pile ou face

Au monde en toi
creusé par une taupe
toujours si jeune
qu'elle n'en croit ces yeux

Tes yeux en croix
de fer en bois de langue
à foutre à l'air
du temps sans en branler

Manche à cogner
sur l'ennemi en soie
L'enfer en toi

du condamné à vivre

3 décembre 2011 /41

*

COMMUNISME À COQUILLE

Drame surréaliste en un acte

« Pour le quotidien ommuniste, l'importance des surréalistes dans la deuxième moitié de 1925 est, dans un certain sens, considérable.» Le Surréalisme dans la presse de gauche (1924-1939), Au Palais des miroirs, Henri BÉRARD, Paris-Méditerranée 2002, p.11. La coquille est réelle. Le quotidien l'Humanité.

C'est de coquille qu'ommuniste
jette un dé fille agenriste
à la farce de la raison
pure en perte de l'oraison

Mon Q peut arranger ce mythe
au début C rongé des mites
Attendant la fin des visions
commençons par une évasion

Cet Homme à l'H muet m'a tout l'hair inspiré
d'une Samson douce par les cheveux tiré

coupés en quatrains par cette hache de guerre
des nerfs entre doctrines dont reste Que faire ?

Ciel donne-moi la cleFemme d'omme nouveau
sans âge et sans limite à l'horizon où veau

d'or s'abolira en poussière
surpoétique et nourricière
d'ironiriques di-amants
rêve haut lu sillon des amants

Poètes du réel en grève
des lits débordant leurs dénis
seront mis au piquet de rêve
ci-giront à jamais punis

1er décembre 2011 /40

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RANÇON DE LA PLUS HAUTE TOUR

(Drame banquier) 

Chanson de la plus haute tour, Arthur RIMBAUD, mai 1872

« - Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? - Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie »  Charles PERRAULT, La Barbe bleue, 1697

Du haut de sa tour, banquière, sous le rouge et le noir et dans tous ses états, dame, ne me vit pas venir. Sa tour dans les nuages, elle était dans la lune.

Vues de mon placard, les tours Nuages dressaient leurs crasses sous l'orage et sur le quartier Picasso. Pas de Cartier. Pas de banquier. Personne dans la lune.

En face, aux pieds du temple général, mon pote le corbeau gobait les mouches... Soudain la pie, mon amie, qui a plus d'un tour dans le bec et dont les chants sont du plus haut bagout, m'apporta une bagouze. Que dis-je, un bijou. Pas de Cartier. De Rimbaud. Dame banquière me le fit oublier.

*

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La dame m'a prise
Le cœur beau d'ivresse
Tombée des nues grise
Le ciel me l'envoie

Ardant la promesse
De si haute joie
Plus rien ne m'arrête
Jusqu'à la retraite

Oisive vieillesse
À rien asservie
Derrièr' la fenêtre
J'ai gagné ma vie

Qu'un sale temps craigne
Où le corps entraîne

29 novembre 2011, sonnet 159 /39

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LE POÈTE EN PÉDALO

Délire en sept sizains

« Ce qui m'empêche de me prendre la vie au sérieux, quoique j'ai l'esprit assez grave, c'est que je me trouve ridicule, non pas de ce ridicule relatif qui est le comique théâtral, mais ce ridicule intrinsèque à la vie elle-même et qui ressort de l'action la plus simple, ou du geste le plus ordinaire.» FLAUBERT, cité par Frédéric Ferney, Aragon, La seule façon d'exister, Grasset 1997, p.103

*

D’œuvres béantes
en ses naissances
à vivre s'éclopa
Ses clopinettes s'estropiant
s'envoluta par tous les sens
expié à pied sentir les paix

Sueur sort du mot tord
pille à pédale en travers
de port, tordu du mentir vrai
Démenti, tiraillé,
rayé, raillé, rallié,
épié par l'effet d' serf

Ce dément irascible
tira sa cible assis
sur son puant séant
Tenant ce trou du culte
de l'essence, céans,
c' te séance incessante

De mensonges en fête
partouze et non pareil
partout Zénon parrain
À l'oeil et cons tournés
parfois à l'aigre fin
parfois bons zaux zoneilles

Parfois pas zau zob gai
parfois si farce ici
qu'il affranchit non pas
Le pas la ligne
il est tombé dedans
c'est la faute au parterre

De lectrices jolies, de joie
il est tombé les filles
de joie il est tombé !
Allo !... Il est tombé
du pédalo à l'eau
le pédalo s'en fout

Il s'en va vide et vain
en attendant l' débout
mais rev' nez donc demain
(car là on n'écrit point
car car là fait Bruni)
puisqu'ici c'est fini.

28 novembre 2011 /38 

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TON COMPTE EST BON

Sept nouvelles et douze vers, façon Livredel IV  

« Cisjordanie : 12 colons, dont 7 mineurs, ont été arrêtés aujourd'hui par la police  israélienne lors d'une opération de destruction de trois constructions "illégales" dans une colonie sauvage près de Ramallah en Cisjordanie...» Le Figaro, 7 novembre 2011

« Les nouveaux contrats de 7 heures destinés aux bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) […] vont être testés dans 12 départements...» France 3 Alsace, 13 novembre

« Licencié de Carrefour pour 12 salades... Employé depuis 7 ans chez Carrefour, il achève ce matin-là la réception d’une commande de fruits et légumes. 12 salades sont en trop...»  Le Parisien, 18 novembre

« Les 12 comptes cachés en Suisse de Bettencourt. Des sommes à 7 chiffres et des plus petites sommes de plusieurs centaines de milliers d'euros ont régulièrement été virées vers des comptes étrangers...» Europe 1, 21 novembre

« Nucléaire : 12 militants en garde à vue. Cinq d'entre eux ont été interpellés ce matin […] Les 7 autres ont été arrêtés après l'incendie d'un fourgon de CRS...» AFP, 23 novembre

« 12% des français en situation de surpoids et d’obésité. Chez les hommes, dans 12 des dix-neuf États membres [...] la plus forte proportion d’hommes obèses est observée dans le groupe d’âge 65-74 ans, tandis que dans les 7 autres États membres, la plus forte proportion est enregistrée dans le groupe d’âge 45-64 ans.» Toulouse 7, 24 novembre

« Une femme sur 7 victime de violences conjugales durant les 12 derniers mois » Le Vif, 25 novembre

Mercis à Jacques Prévert (Les feuilles mortes), et Henri Salvador (Le loup, la biche et le chevalier)

Sept une chanson qui nous ressemble
Toi qui paix paix... moi qui mais mais...
Une chanson douze que me chante le moment
De ce temps las, ma vie et tes poubelles...

Je bois... Je n'ai pas oublié
Ton loup ce riche, toi chèvre à lier...
La nuit, la mort que ton vent porte
Où je crevions si bien ensemble...

Ma feuille rimasse à l'appel
En brassant douze et sept assez
Le joli compte que voilà
Là l'A l'A l'A...

28 novembre 2011 /37 

*

BATARDEAU DÉMONTÉ

« La crue centennale aura-t-elle lieu cet hiver ? Impossible de le prévoir, si ce n'est trois jours à l'avance. Alors en attendant, la Mairie de Paris s'exerce à tester son matériel pour faire face à une montée des eaux, inéluctable d'après les scientifiques. Hier, un batardeau (digue) a été installé sur la voie express de la rive gauche en face de l'Assemblée nationale, puis démonté en fin de matinée. » Paris ne veut pas être submergé par la crue, '20 minutes' de ce matin dans le RER, p.2

" Voie de débord : voie latérale établie dans une cour à marchandises pour permettre le chargement et le déchargement des wagons." Ou Debord en son impasse, criant "mort à la marchandise !", entré de son vivant, en 1986 dans le dictionnaire... de l'Académie française.

*

J'irai par les débords parler aux oiseaux blancs
d'un bateau tard chablant mille et mille tremblants

badauds ivres par les rues de l'aube qu'inondent
d'ombres troubles et bleues leurs misères immondes

J'irai de quais en quête des queues embarquées
bon matin en marins mutines confisquer

l'or du monde à jeter sis à l'eau de la mer
de putrides flots où navigue sans amer

mon rêve d'une crue sans digue submergeant
l'usine et la coutume et l'usage et l'argent

J'irai j'irai cent fois plutôt qu'encore attendre
l'heure le jour qu'annonce un oracle de chambre

J'irai sans revenir d'être sorti des rangs
en rage de moi-même où j'errais aberrant

en cage de mes fers otage volontaire
d'une flemme ennemie rongé d'un pinnothère

dans ma coquille en vers. Quelle conque versant
l'infortune quelconque à l'océan berçant

les illusions perdues la berlue d'un poème
à tendre au mieux lisant cet écho de lui-même

achoppé sur les bancs d'une grève des temps
ensablés des esgourdes lourds et secrétant

d'un raz-le-bol ami un tsunami des hommes
brisant leurs batardeaux d'un désir autosome

22 novembre 2011 /36 

*

AU CUL LES MIRACLES !

Improsivation

L'aukuu est cet oiseau qui va chercher du pain sur la rive, le brise, et le jette en appât au poisson. Le contraire de Jésus multipliant pains et poissons.

Passons. Sur les voix sans passion de longs mois sans moissons, passons. Sur l'émoi des rations pour foie maigre d'oison, passons. Sur un coin à toison sous un toit sans cloison, passons. Par les voies qu'ânons prennent bien qu'impénétrables, tant de cons passent à foison...

Que de monde, notre cœur si petit, notre corps alangui, nos bourses si fragiles, nos prêteurs si pressés, nos prêcheurs si peu prêts... Toutes ces peines aux labeurs que notre vie structure comme un credo miscible en aubaine... à ordures. Riches de vous, saigneurs ! Pauvres de nous, sans veine ! Mais de sang rouge, en vain ?

Par chance, nul doute n'étant démontrable, aucune science n'en connaît. Car si tout foie est hépatique, toute foi n'est pas apathique. Poil à Zappa, barbe à papa, qu'il dit (un pro verbeux). Petit poisson de nul besoin chez soi ?

Quant à pécher, fripon, pourlèche-t-en ! Garde à pourlèche et gare à polissonne ! Il en nage une venimeuse en votre genre. Celle avenir de l'homme ?

21 novembre 2011 /35 

*

TRISTESSE ABSOLUTRICE

Prose aléatoire

« Parmi l'énumération nombreuse des droits de l'homme que la sagesse du XIXème siècle a recommencée si souvent et si complaisamment, deux assez importants ont été oubliés, qui sont le droit de se contredire et le droit de s'en aller * » Préface de Baudelaire aux Histoires extraordinaires d'Edgar Poe. * En l'occurrence il s'agit du suicide, mais l'on peut généraliser...

Les verts bœufs des récits fabulés pondent des perles tragicosmétiques. Le temps leur appartient comme le savon de Marseille aux mains sales. Par chance, avec la mort de dieu, ils ont perdu toutes extrémités, et jusqu'à la conscience d'en avoir eues, un peu comme Jacques Chirac la veille de ses procès. Ils sont propres sous eux à la manière des livres de comptes, et sages comme des stylommatophores dans le ciel de Guerlande. Ils occupent d'ennui les veillées d'armes, en oubliés des jolies femmes, inconnus de la vie sauvage, désespérant jusqu'au soleil de croire en la lumière, comme disait Goethe, quelqu'un des siens, ou personne, qu'importe... La détresse du monde leur colle au cerveau, qu'ils ont dans les sabots d'Hélène, comme en atteste la photo d'un voyage, en 1968, au bord des larmes. Ils ont en horreur les bains de minuit demi-nus, les tartines de miel avec des trous, et le sirop de fraise à l'eau écarlate. Ils adorent en revanche les suçons de conspiration des masques populaires sous le manteau des réseaux sociaux, surtout en hiver. Longtemps, ils se sont levés de bonne heure, et du pied gauche, pour observer en avant-première le matin d'un grand soir. D'années et d'amours, de jours et de bonheurs, de goûts et de couleurs, quelque part et partout, chaque matin de chaque jour, ils se trompaient toujours. Ils se trompaient sur tout. Ils se trompaient même d'erreurs. Mais aujourd'hui, qu'importe ?

18 novembre 2011 /34 

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« QU'EST-CE QUI VOUS INDIGNE ? »

Sur le parvis de La Défense, devant la Grande Arche, ce jour, quelques dizaines d'Indignés tiennent la place depuis deux semaines. Leur carré s'étend, mais pas leur nombre, par les dazibaos posés au sol, dont les thèmes débordent allègrement les présupposés de ce mouvement. Quelques policiers les encadrent. Ils se les gèlent ensemble. Dans les cars, les flics sont au chaud, plus nombreux que les manifestants. Ce soir, du haut de l'escalator qui descend au RER, deux militants bariolés haranguent la foule des salariés. L'un tend la main : « - Soutenez-nous ! », tandis que l'autre : « - Il y en a, des moutons, qui se soumettent, plus de moutons que de lions...» Quelques moutons y vont de leurs euros. L'histoire ne dit pas ce qu'en pense un homme âgé, un SDF qui est là, au pied de l'escalier, depuis plusieurs années... Chez DNDF, une discussion

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J' suis p't-être un peu zinzin
mais pas l' genr' "zindignés"

Que m' semblent ces gens niais
et leurs airs policés

French'min qu'on me dise, hein,
à quoi sert ce bousin ?

Étant des indiens nés
(indigène et cousin)

Je préfèr' l'indigeste
poil au pâté d' bousier

15 novembre 2011 /33 

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TRIPLE Z

Sonnet alexandrin théoriciste

« Comme l’État est né du besoin de refréner des oppositions de classes, mais comme il est né, en même temps, au milieu du conflit de ces classes, il est, dans la règle, l’État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée. » Friedrich ENGELS, L'origine de la famille, de la propriété privée, et de l'État, 1884

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- « Les temps sont durs, les États mous », nous dit Moody's
- « L'agence, hein, trop pèse ? » devisent avisées
douze élites - « Standard pauvre de vie » prédisent
dix expertises. Poète oisif, amusé,

agence en ses verts mots, avec note zéro,
ce faisant infusant un plaisir de vers zen,
des pieds prenant leurs aises et ces airs fiérots,
sans vergogne abusant de cent rimes en Z.

Fitch repassé par l'A, putois, fourrer son nez,
accourt : « La poésie française déraisonne
et de Verlaine fichtre, on se fiche, apprenez

à peser vos écrits.» Euh... L'art naît à mesure
qu'il refuse les ordres, les Césars, l'usure...
« De la musique avant toute chose » ? Qu'on ose !

15 novembre 2011, sonnet 158  /32 

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BRISE SOCIALE

GOYA, Le naufrage, 1793, qui illustra en 2010 un article du GEAB, qui annonçait dans son n°58 la "décimation des banques occidentales", et dont le n°59 vient de paraître.

À Christine Lagarde, cette fable en 13 quatrains de 2 alexandrins

Merci à Stéphane MALLARMÉ, pour les embrunts à Brise marine

« Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître, fripon, maraud, voleur…! » (MOLIÈRE, Le Médecin malgré lui, acte I, scène 1)

« Il s'est formé une petite secte de théoristes de Terreur, qui n'a d'autre but que la justification des excès révolutionnaires. » (CHATEAUBRIAND, Ét. ou Disc. hist., t. 1, 1831, p. XCI)

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La guerre est triste ! Hélas,
je n'ai bu tous les litres
du sang de votre classe,
et me voilà bélître,

Moi ! Banquière au chômage !
Pour une ultime fois,
qu'on paye sur vos gages
cette crise de foi

en l'argent ! Ô mon cœur,
entends le chant du signe,
la fin d'un extorqueur
dans son bon droit, qu'assigne

la dure loi du genre
et de l'économie
perdus, ensemble... J'enr-
age, quelle anomie !

Diantre ! Grosse légume,
inconnue terminer
dans la fosse comme une
vermine éliminée !

Quel calcul égoïste
inspire les prolos ?
Secte de théoristes
ou lubie d'alcoolos ?

Fuir ! là-bas fuir ! Que faire ?
Aller me faire voir
chez les Grecs aux affaires ?
Conseiller le pouvoir ?

Sauver Rome ou la France ?
Ici, comment s'ôter
d'un doute, où trop d'outrance
fit D.S.K. sauter,

Borloo se défiler,
en queue, jusqu'à Lagarde...
Que ne puis-je enfiler
des vers de gare, hagarde,

en regardant les trains
comme une vache à lait*,
les pis dans le pétrin,
par la baie du palais ?

Que ne suis-je chinoise
née, à tout petits tétons,
pour allaiter sans noise
cent min-gongs rejetons ?

Un ennui, sans mouchoir,
croit aux profits croissants
quand les miens vont déchoir,
et moi, du noir brassant,

descendre sans ressource
de subprime en sur-crise :
Tant va l'autruche en bourse
qu'à la fin ell' se brise

14 novemvre 2011 /31 

* vache à lait : "marché en faible croissance ou récession et position dominante de l'entreprise sur ce marché" (Vocabulaire du marketing  > Matrice BCG)

*

LE TEMPS, PLUS LOIN

nébuleuse du Sablier située à 8000 années lumière...

La nébuleuse du sablier

« Je cherche l'or du temps » André BRETON, Discours sur le peu de réalité, 1927

Avec le temps brisez l'horloge
Brûlez l'argent et l'euchologe
Tuez le temps le temps compté

Vive le foin cachez l'aiguille
Bagnes fermez Fêtez la quille
Perdez le temps à volonté

Fusez l'or du temps hors du livre
Étoilez vos yeux Enivrez-
Vous amants de rire et bon thé

Qu'attendez-vous le temps perdure
Du labeur dû l'heure s'endure
Au prix du beurre et sans bonté

10 novembre 2011 /30 

*

AUGUSTE MÉCÈNE

Voir en relation le texte Éloge de ma mise au placard, du 17 novembre

« Caius Cilnius Mæcenas, dont le nom francisé est Mécène (v. 70 av. J-C – 8 av. J-C), est un homme politique romain et un proche de l'empereur Auguste, célèbre pour avoir consacré sa fortune et son influence à promouvoir les arts et les lettres.» Wikipedia

Cezanne - Mardi Gras

Cézanne, Mardi Gras, 1888

« Le clown blanc est le personnage sérieux, intelligent et rationnel. L'Auguste est fruste, outrancier et désordonné. Le clown blanc a un ascendant sur l'Auguste, il le domine. Mais il est en même temps son faire-valoir : c'est l'Auguste qui est la vraie vedette, celui qui déclenche le rire au final. L'Auguste peut aussi être apparenté au ça freudien (la pulsion animale et désorganisée), tandis que le clown blanc représente le surmoi (l'interdit, la loi) » Source [ce que dément (sic) mon poème]

Bosser est mon enfer
et l'art que je préfère
rime avec ne rien faire.

M'obliger ? Cogiter
sur leur « mobilité » ?
Il faudrait m'augmenter !

Qu'ils aillent se fair' voir.
Merci. Adieu Chabar.
Bye bye sans au revoir.

Ce vœu illégitime
me coût' pas un centime
mais vaut toute l'estime

Au mécène bêta
des vers que suscita
au poète l'Etat.

7 novembre 2011 /29 

*

À LA RIGUEUR

Dali Salvador - Montre Molle au Moment

Salvator Dali, Montre molle, 1931

« L'un des budgets les plus rigoureux depuis 1945 » François FILLON, Premier ministre, 6 novembre 2011

On pourrait boire un coup
à la rigueur

Un coup d' jaja
à la rigueur

Au goût d' j'arnaque
Ah ! la rigueur

Jeter un dé à cou-
dre à contrecœur
avaler la liqueur

Se pendre à son licou
faire son lit
comme on secoue

Chaque heure
la bourse qu'€ur-
o ramollit

Comme Dali déjà
la montre du docteur

Il est minuit beaucoup
trop tard pour les truqueurs

Allons donc boire un coup
pour preuve de vigueur

7 novembre 2011 /28 

*

LES PIERRES TÉMOIGNERONT *

* "Lapides clabamunt", épitaphe

En écoutant le sixième quatuor de Bartok par le Tôkyô String Quartet, 1976

« Il n'y a plus désormais, sur les cinq sixièmes de cette terre en proie à la démence, de havre ni de refuge pour un malheureux désireux de se soustraire aux horreurs de la civilisation capitaliste. » Liam O'FLAHERTY, À mes ennemis ce poignardSHAME THE DEVIL, Wolfhound Press, Dublin,, 1924, Ed. du Rocher 1998, p.12

Traintrain de vide
dans le pétrin,
sans frein droit au rapide,
l'insipide m'étreint.

L'entrain lapide
mes quatrains
contraints, stupide
arrière-train

De sonnets de sonnailles
entraînant mon refrain
attendre son étrenne,

Assis sur le lutrin
aride, fier et canaille,
un autre Un.

4 novembre 2011, sonnet 157  /27

*

VEDETTES INUSABLES

En priant à genoux les CharlAznavouriens

Tout le talent les mots
servis comme la soupe
de jeunesse à vieillesse
par des vedettes molles
à les gens populaires
d'âge en âge qui passent
de bohême à trépas
en vous faisant danser
sur des airs sans faux pas

Faut pas (ne faudrait pas)
s'y prendre
ils n'ont rien pour surprendre
que nourrir leur ennui
les jours les ans les nuits
et survivre d'attendre
par habitude un rien
un idéal de rien

Pour n'avoir rien vécu
et n'avoir rien à vivre

24 octobre 2011 /26 

*

ENTRE VIEUX...

à mes parents

Entre vieux
et très vieux 
on se raconte des malheurs
pour taire ses bonheurs,
le temps d'un verre,
d'un autre,
à l'endroit, à l'envers,
entre sieste et dormir
entre veille et soupir

Entre vieux
et très vieux
On rêve de partir

24 octobre 2011 /25 

*

BANALITÉS PRIMAIRES

Sept quatrains en demi-alexandrins à rimes plates

Un million de primates
aux urnes déprimantes
Le citoyen s'aliène
à sa foi régalienne

Chacun de sa névrose
glisse au nom de la rose
Un ticket convaincu
dans la trappe à cocu

De divorce royal
en cortège nuptial
Au lieu qu'on décapite
l'ineptie précipite

L'heure au leurre François
la France fait son roi
Comme on dirait ses fèces
tout en serrant les fesses

D'un pas de sénateur
fidèle à l'exploiteur
Présidant à la crise
avant qu'elle dégrise

(...)

Survivant sur le quai
de la mort convoqué
J'ai concédé ma place
(c'est un don de ma farce)

En attendant la fin
je vote pour le fun
Et vole en rimailleur
un billet pour ailleurs

7 octobre 2011 /24

 *

L'ÂPRE ET VOUS

Télégramme (en écoutant Tchaikovsky, Concerto pour violon et orchestre en ré M, Maxime Vengerov / Claudio Abbado, 1995, Teldec 4509-90881-2)

Vous laisse parce
ne m'aime comparse
de vos nous

Pas ma place
De tout suis l'ex
l'après vous

Qui voilez la face
où vois le pile
Ah ! Les goûts...

5 octobre 2011/ 23

*

ROSE BRUIT

Caméléon de Matisse

*

*« Le bruit rose est un signal aléatoire dont l'intensité de chaque bande de fréquence de taille identique est égale, si on l'analyse dans une échelle logarithmique. Autrement dit, il possède une intensité constante par octave (le bruit blanc ayant une intensité constante par hertz, c'est-à-dire dans une échelle arithmétique). Si on mesure un bruit rose avec une échelle arithmétique (en hertz), sa densité spectrale de puissance tend donc vers l'infini pour les basses fréquences et vers zéro pour les hautes fréquences.» Wikipédia

« Le miracle éclatant qu'il fit alors conserva long-tems le souvenir de cette nuit précieuse. Le plaisir des auditeurs augmentoit à mesure que le discours duroie davantage.» Les homélies, ou sermon sur les Actes des Apôtres. Jean Chrysostome (Saint -), 1703

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Crise et grigris
Grise la foi,
folle, et duroie

Rose, le bruit

Gente payse
en ce désert
sur son sein serre

La Poésie

Soudain, un cri
tombe des lunes.
Aflûté. Frit.

Sempiternul !

Un grain de rire
(en théorie)
dans le bruit blanc...

Plombant plan B . . . . . . .

On fait des bulles
de savant vain,

On s'affabule
entre devins,

C'est fatal à la faim
qu'à la fable on s'affale : : : : : : :

Du pain, du vin,
mais la bourse... hein ?!

(Pendant ce temps)

L'idéologue est l'avenir
de l'antivol à sa moto :
« - En avant doute ! à la culbute ! »
(Il est en rut pour s'abolir)

30 septembre 2011 /22

*

PARVIS SANS DÉFENSE

« Un parvis est l'espace ouvert devant le portail ouest d'une église. Le terme vient de « paradis », car lorsque l'on montait les marches d'une église, on s'approchait du ciel. » Wikipédia

Alors un œil aux trousses
vise le trou pour tous
non pour un. En leasing.

Crise point comme
une beauté tombée - tondue.net
par un cadre inférieur à talons hauts,
la vie carrée dans ses lunettes -
de sommeil @-@

En ce temps las
sénile est-il
ou laide à létal âge ?

Ici sur le parvis la vie se mire et glisse,
en partie fine, sans particule,
en cette mare ou pis encore, 
que pisse, goutte à goutte à péage,
un cruor inconnu

16 septembre 2011 /21 

*

CUTICULES ADNÉES

" La cuticule désigne la couche externe sécrétée par l'épiderme des arthropodes et plus largement des cuticulates " Source. Pour moi, ici, la cuticule est en gros la peau d'un champignon. Adnée, la peau fait corps avec... Ces termes s'imposent lors de cueillettes-découvertes, du moins à qui ne peut rien faire sans un livre.

L'époque-tique épouse
et pique et tête à l'oeil
toutes chairs à pognon

Tous à poil, et plongez,
idée neuve en euros,
l'époque vous étoffe
le bonheur vous étouffe

(ouf !)

La pleurote à l'oseille
pelure nos oignons
sous le lorgnon

Qu'on ose !

Au nez du gabelou
garrot dans l'oubliette,
un gros pleur d'opérette

À la barbe du loup
gris, poil à l'opéra,
Et ça ira...

(etc.)

Douleur du temps
l'incontinent dérive
un autre contre bande

La pelote d'altocumulus
(à beau nuage bon usage)
me tricote d'orage
un bonnet de silence

19 août 2011 /20

*

OUTRE-SAISON

À l’automne des mots
les choses autonomes
font écho

Tu fus donc je suis
Tu fais donc je jouis
Tu suis donc je fuis

Je me contente d’être tenté : 
de contempler l’été

Le tilleul fait le frais,
sous la lune à peu près,
d’un front haut mais passif

Le poète a jeté son bonnet d’ennui
aux orties,
Son gant à l’ennemi
inconnu,
Le sort par la fenêtre
aux oublis

Les habits neufs de l’éphémère
lui jouent un air d’éternité

17 août 2011 /19 

*

MANIFESTE (de poche*)

* Les miennes ne sont pas crevées 

Mes pensées 
effacées 
se révèlent 
infidèles

Au passé. 
C'est assez, 
de mon zèle 
après elles, 

D'être un autre 
en apôtre. 
Sans issue.

C'est ailleurs 
qu'un meilleur 
quête ici.

15 août 2011 /18 Sonnet 156

*

ICI L'OMBRE... le poète ne parle à personne

« Ici Londres ! Les Français parlent aux Français... »

Solitude océane. Au pied de mes fadaises
la raison, d'avoir tort, n'est pas toujours mauvaise.
Encor trop d'horizon, trop de demains, surtout
la tête ne tient plus en un si petit tout.

Voyez ce monde plaint pleurer de toute part
ses lames en pluies sèches de cinglants poignards,
sur les rêves d'avoir sur des comptes gelés...
Voyez nous-boîtes conservés, à pérempter,

Voyez cet oiseau mort nager sur l'huile noire,
où je trompe ma plume et trempe l'écharnoir
pour me faire la belle, une nouvelle peau,
tirant mon pauvre zob suc(r)é comme un appeau

Par un art de la fugue en sous-sol mineur d'hors,
monnaie de singe ou pis, roupie, sansonnet mort
au chant bonheur, caché d'un jardin de caillots,
léché des asticots que crashent les boyaux

D'une littérature à l'estomac qui brûle,
qui hurle, ment, culturelle berlue qu'hulule
une chouette hibou comme une poule au pot
qui bout, au bout du bout... d'un coup mâle à-propos.

Ici la rime a fort raison, d'avoir son tort,
à savoir
mes
raisons, sur la raison du fort
en thème, et du docteur en logique béton.
Qu'un gruyère troue donc le cul à ces croutons

Sans preuve ! Que d'en jouir car pour ça l'on s'en passe,
si le poème est tel, là, qu'il change l'espace
et le temps, du plaisir double, payé de mots,
de penser l'impensable et d'oublier ses maux.

26 juillet 2011 /17 

Ce pourrait être un art poétique. Ici d'emblée, j'ai voulu ces sept strophes de 4 alexandrins modernes (sans césure obligée à l'hémistiche), en rimes plates aux sonorités répétitives, mais également ces rythmes décalés par rapport à la structure, voire la cassant, suggérant des accélérations, ralentissements, ruptures... à la manière d'un stop-chorus de saxophone sur un 4/4 ternaire, entrecoupé d'autres mesures, 3/4... métriques, octosyllabes, décasyllabes etc. Pour moi, il est faux d'affirmer que l'on ne peut pas faire swinguer la langue française... Jacques Réda, pourtant connaisseur de jazz et plutôt fin versificateur, à cet égard se trompe, à mon avis, avec tous ceux qui pensent qu' "en anglais..., mais en français...". Il n'y a qu'à d'ailleurs lire Racine, Hugo, ou Verlaine ici ou là. Cela dit, rien n'assure que j'y réussisse, et s'en convaincre exige une certaine lecture, à haute voix de préférence, un travail sur le son, une approche plus musicienne que théâtrale. Penser à Nougaro. La difficulté est de faire sentir la mesure de base, la rime, et le rythme secondaire, et le souffle du texte, avec dedans, naturellement, le(s) sens... On peut ainsi établir une prose polyrythmique. La ponctuation que j'ai choisie n'est qu'une possible, plutôt classique. Chacun peut donc en introduire une autre, et la respiration lui convenant... Une règle intangible (pour ma poésie en général) est une diction claire respectant la métrique des "e" muets, éludés, mais prononçant les autres. Toujours est-il que c'est ma règle d'écriture/lecture, sauf erreur. Sans ça, ça se casse la gueule, ou ça devient une autre chose, éloignée de mon intention.

*

LE CONDAMNÉ

à Cole PORTER et Billie HOLIDAY
« Day and night, night and day, why is it so... »
Cole PORTER

Henri MATISSE, Danseuse dans un fauteuil, sol en damier  1942, 46 X 55 cm -  Huile sur toile

Qu'un mot abuse de pouvoir
Berner la cervelle, à l'insu
Des yeux, le cœur, sans le vouloir,
Berce en apnée l'inaperçu.

Le jour passait, de mauve à noir,
Et la nuit lui glissait dessus
Douce et nue, bleue dans son peignoir.
Leur âge ? Ils ne l'ont jamais su.

Il se dit blanc. Elle négresse.
Ils se sont grisés de caresses,
Puis ont croisé l'aube au croissant.

L'âme du mâle en fut damée
Sur l'échiquier de sa maîtresse.
Le matin vint le réclamer.

25 juillet 2011 /16  Sonnet 155

* 

VOUS VERREZ BIEN

à Pepe Carvalho*,

« Pour des raisons obscures, il semblerait que le jeu de boules ait été interdit au peuple de 1629 à la Révolution » Pétanque, Wikipedia

Ah ! Pepe ! Quand tu brûlais Hegel
Le soir, au fond du foyer
Ah ! quel bel âtre en gueule
De bois. Fin de l'histoire, voyez

Quelle valeur d'usage ont les livres usés
Par l'ennui de les lire
En place d'en sourire et vivre énabusé
Sous la pluie délétère,

Vide aux as, las des piques
Et rouillé des échanges.
Retour au port, épique,
Y mouiller comme un ange

À pétard de sirène
Qu'une queue de hasard
Enfile par tout trou...
Qui a lancé le cochonnet ?

Les hommes, tous des... !?
Quoi ? Toutes les mêmes ?!
Qui a dit ça que je me tue
Combien de fois, l’énième

À trop me taire mais qu'y faire
- Suis-je mal entendant d'un bien tant attendu, l'assassin,
La censœure du ciel, suis-je ce mâle ce malsain, l'insensé
Forgeron de ses fers ?

- Mais non, mais non, tu n'es
Que l'heureux riverain d'un fleuve de malheurs
Remontant le courant en marchant sur les os, les yeux crevés creusant,
(La taupe ah ah parle seule à présent, à personne au présent) 
Tué, tu es, tu t'es autorisé l'inter-diction,

Chanter entre les lignes, de front,
Cet absent de tout quai, ce mot nouveau blindé
Avec un train d'avance – E pur si muove -
Zorro est toujours déjà tard tarrivé,

La femme au bras, des autres, galamment abolie,
L'avenir du prolo est en passe
Gratuit tout au fond de l'impasse, 
Le second sexe est premier de la classe, à vos lits !

(Voilà la contrôleuse, sortez vos révolvers,
Position du tireur ? Couchette)

- Révolution ! À mort les révolus !
Camarades, il va falloir rapprendre à lutter russe,
Et puis, tout d' suite après, pendant longtemps pendantes, comme on dit des affaires,
Apprendre à ne rien faire

Que de chacun-e selon ses ruses
À chacun-e selon sa paresse,
Attendre rien, que vienne rien dont on s'éprenne,
Le plus troublant repos d'un-e obligé-e guerrier-e.

Et bien qu'à l'aise ça paraisse,
Si facil que paraître ça puisse,
De l'intercuisse à l'entrefesse,
Encor faudra-t-il que ça jouisse

On verra bien, nous verrons bien, vous verrez bien...

22 juillet 2011 /15 

* « Pepe Carvalho [personnage de Manuel Vazquez Montalban] a été militant communiste avant de travailler pour la CIA.  Reconverti en détective privé, ayant tout lu depuis "Cantos Gitanos" de Garcia Lorca jusqu'à la "Philosophie de l'histoire" de Hegel en passant par "l'Histoire universelle de l'infamie" de Jorge Luis Borges, il brûle consciencieusement, chaque soir, un livre dans son âtre...» Source * 

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