- le comportement des publics

Les publics du jazz se sont extrêmement diversifiés à partir de la fin des années soixante. Les chemins conduisant à s’intéresser à cette musique sont alors multiples : amateurs traditionnels portés sur tel style, mouvance politique avec le free jazz, découverte par le blues, la bossa-nova, le rock, la soul, le funk... plus tard le jazz-rock, la musique latine, la salsa, la « fusion »... la « word-music » etc... Tous les profils existent, depuis l’amateur averti et passionné, fidèle à des choix esthétiques plus ou moins ouverts, jusqu’au touriste des festivals d’été ou au consommateur culturel remplissant son panier dans les super-marchés de la musique : artiste qui s’y (re)connait, fervent d’un underground frotté parfois au « jazz », mélomane éclectique et profond, instrumentiste en herbe ou musicien de métier...

Le tout s’est mis en place, entre les forges médiatesques du goût de masse et les conservatoires académiques, car il faut bien apprendre le B-A-BA de la musique.

D’abord sur le fond d’inculture musicale que génèrent les déficiences du système éducatif et la diffusion massive d’une sous-musique commerciale.

Ensuite, avec les nombreux élèves des écoles de jazz - dont les fantasmes de carrières musicales sont encore autre chose. Ils peuvent constituer un vivier d’amateurs encourageant la création authentique et les productions les plus fortes, mais assez souvent ces musiciens en herbe se targuent d’une écoute de connaisseurs : ils n’ont en général qu’une paire d’oreilles et sont tellement omnubilés par le « niveau », la virtuosité technique intrumentale en soi... que les critères de leur discernement et de leurs goûts ne font qu’ajouter à cet état pessimiste des lieux.

... Il y a sans doute des gens qui s’amusent comme des fous en décortiquant la musique : ça, je n’en sais rien, il y a toutes sortes de gens. Mais moi, j’aime voir des gens qui communiquent, qui donnent un attrait à ce qu’ils font, qui projettent de l’apaisement. Plutôt qu’être un génie de la contrebasse, je préfère être quelqu’un qui rend les gens heureux. (...) ... ça n’est pas le public spécialisé qui m’a fait des compliments, ce n’est pas le public des amateurs de jazz... et j’aime bien le public qui n’est pas spécialiste, qui n’analyse pas trop, qui est encore suffisamment frais pour recevoir des émotions

Jean-Louis RASSINFOSSE (1952), contrebassiste, JHot 565, nov. 1999, J-M Hacquier

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