VENTS GENDRES septembre-décembre 2004

Vents gendres : ce seront les vendanges engendrées dans les vents. Les vengeances des gens d'engeances mettant nos anges en danger : si vendanger n'est pas en vain, nul n'est devin de quel dit vin

La présentation est chronologique, le plus récent étant en haut. Ce journal a été ouvert le 23 septembre 2004. "Vents gendres" se ferme avec 2004. "Vide ange" en est la suite en 2005.

> Pour s'y retrouver dans  la datation : Calendrier républicain  Conversion de dates 

> Le choix de cette référence n'est pas une allégeance à l'esprit de la république, aux positions républicanistes ou souverainistes, fussent-elles celles de la révolution française. C'est une façon de poursuivre symboliquement l'esprit d'un bouleversement, d'un tremblement : de terre, en ce qu'une telle audace peut nous sembler inimaginable en notre temps pourtant de mondialisation, lessivés que nous sommes de post-modernité timorée. Du point de vue de l'interprétation historique de cet événement franco-mondial, je me situe dans l'héritage de Marx, de sa critique majeure de la philosophie politique des Lumières : à travers celle, philosophique, de l'Aufklärung et d'Hegel même inachevée, mais si oubliée aujourd'hui (lire Logique hégélienne et contradiction, nov. 2002, par Roland SIMON); celle, politique, de cette révolution en son caractère bourgeois avec sa batterie de concepts sous leur acception libérale-peuple, souveraineté, démocratie, liberté, société civile...- (critique à laquelle n'a pas accédé encore le communisme français, matiné de proudhonisme et de pruderie, ni le radicalisme démocratiste à la française)... Tout cela valant pour le point de vue marxiste de l'Occident européen, sauf exception, et sauf à revenir, justement, à la philosophie (pré-marxienne), dont n'ont pas décollé nos "révolutionnaires marxistes" en tous genres.

Les modes françaises, donc, passeront, par manque de pertinence, de prise sur le temps (voir par ex. la tenue d'un Slavoj Zizek, et le combat au long cours de Meschonnic, par ex. La modernité après le post-moderne). Il faudra bien un jour accepter jeu égal avec les autres de l'Occident, mais ça, c'est encore beaucoup demander à nos indigènes européens (cf Pierre Legendre Ce que l'Occident ne voit pas de l'Occident).

L'an dernier, Vents gendres  était rythmé par la correspondance entre les deux calendriers décalés, de 2004 avec l'an CCXIII de la (première) république française. Avec Vide anges ouvert en 2005, je brouille les pistes, ce qui m'épargne certes quelques erreurs de calcul, mais me permet surtout de considérer, avec Aragon et quelques autres, qu'en amour, en communisme... dans la vie : « c'est toujours la première fois ».

*

10 nivôse an CCXIII (fête du fléau)

Fête du fléau : avec 120.000 morts annoncés, sans commentaires.

9 nivôse an CCXIII (fête du salpêtre)

On peut, nous pourrions, vous pourriez... dire que le nivôse... monte. Salpêtre : il faudrait en faire quelque chose. De pas pourri. La littérature attendra (pour attendrir, quand ce n'est pourrir, ce nez 'pour rire'... suggérons, sans escampette : de la poudre !

Est-ce qu'en salle, pâtre, j'ai ce qu'est sâle paître ?

Sans rire, ya pas deux calendriers républicaïns qui concordent : on dirait des tableurs ex-sels tropkystes mal en trains !

8 nivôse an CCXIII (fête du fumier)

Ah ça, mon bon Michel Leiris, ce que les mots me disent, mais... fumier ?

En attendant, et pour déterrer la mâche de guerre (lasse) : lire Les luttes de classes en France, Karl Marx 1848 (il suffit d'y changer quelques noms, et ça vous fait un polard politique pour l'hiver, entre deux raz de marée(s?) à la télé)

6 nivôse an CCXIII (fête de la mâche)

L'hiver étaie envers l'été la vérité

Comme en 1848, le petit bourgeois français antilibéral se cache derrière le canon qui tire sur la pauvreté

4 nivôse an CCXIII (fête du soufre)

Noël fête du soufre, ça ne s'invente pas. Peut-être que même une vierge enfante dans la douleur. Mais quoi d'étonnant : faut s'ouvrir pour être best

28 frimaire an CCXIII (fête de la truffe)

"- Musique et pain, lait et vin, amour et rêve : gratis. Embrassade mortelle des adversaires qui s'aiment : toute blessure est une source. Les amis aiguisent bien leurs armes, prêts au dialogue final, dialogue à mort pour la vie. Conjonctions d'astres et de corps, les amants entrelacés traversent la nuit. L'homme est l'aliment de l'homme. Le savoir ne se distingue pas du rêve, ni le rêve de l'acte. La poésie a mis le feu à tous les poèmes. C'en est fini des mots et des images. Abolie la distance entre le nom et la chose; nommer c'est créer, et imaginer, naître.

- Pour l'instant, prends ta pioche, fais des théories, sois à l'heure. paie ton prix et touche ton salaire. A tes moments perdus, pais à en crever : dans l'immense domaine des journaux. Ou bien, la langue enflée de politique, écroule-toi sur la table du café. Tais-toi ou gesticule : c'est égal. Quelque part ta condamnation est déjà prête. Il n'y a d'issue que dans le déshonneur ou la pendaison. Tes songes sont trop clairs, il te faut bien plutôt une philosophie forte."

Octavio PAZ, Liberté sur parole (un poète), 1950

L’AVIDE A VEAUX LOTS

La cadre moyeu est l’axe hâtif et centripète de sa routine. S’agrippant à ses oeufs ronds, heureux d’euros, il est grippé et nous atterre.

Et pourtant, il tourne. Il tourne au centre de sa non-vie d’avide, monte les marches de lui-même, et envoie la censure. Sangsue. Sans rire.

Dans le monde tel qu’il ne tourne pas rond, la médiocrité garantie la puissance d’ascension institutionnelle. L’intelligence critique est alors menacée, suspecte, même pour ceux dont on penserait qu’ils ont besoin que les gens pensent.

Alors nous reconnaissons nos vrais amis : ceux qui comptent parce qu’ils ne comptent pas.

RER A, 16 décembre 2004, 19h06

24 Frimaire an CCXIII (fête de l'oseille)

"Halte-et-Hâtive" ou l'alternative paranoïaque

à Stanislas Brown

Leur silence est urgent quand leur parole endort

Chut!... chut!... chute ?
Paradigue dondaine de l'apolitisthme
Paradigme dont haine de la vérité
Parade normée por no problème
Paradichute pour paranoyés

Alter latence d'haltères hâtifs

RER A, 15 déc. 2004, 7h36

5 Frimaire an CCXIII (fête du cochon)

A l'aube quand le poème est saisi par le tract

Horreur l'aurore !
Falaise amère du poème 
Tombé à l'heure blême 
Sous la mitraille

des cartes à puces débilitant les rythmes de nos vies et débitant le temps en tranches en trajets en travaux en tracas sans trace de sens

Cachez ces sans que vous ne sauriez voir préférant boire le sang que vous pompez à nos malheurs comme le fuel des terres du Sud

Nous crèverons de moins d'égards que vos computations et nos automobiles. Avec ça "fumer tue", "boire tue" et "creuse la tombe de la sécu"... Et quoi, encore ? Pour la fête du cochon, nous vous suggérons le très élégant, très éthique écho logique : "Enfilez des capotes aux bagnoles" !... Et pourquoi pas des perles à la République ?

Que diriez-vous, sur vos affiches sexy-marchandes, de macarons "le profit tue", "tant d'euros pour la TVA, tant de dollars pour nos stock options" ? Certes, répondrez-vous : "ce ne sont jamais que des options", et nous serons d'accord : ce ne sont pas les nôtres.

RER A, 26 novembre, 7h45

4 frimaire an CCXIII (fête de la nèfle)

Black out of the Night

La nuit se lève où ma pensée se fait chatte : black Cat all the Night long, bis Morgen früh : l'aube est le crépuscule où mon jour tombe dans les ténèbres du travail, où ma vie s'ombre jusqu'au soir. C'est à dormir de bout... en bout. D'un sommeil dont fuse le rêve d'un ailleurs cométèque. Qui délire et délivre,  dérive les trajectoires de non-vies aux noms vides, trop pleins dont gerbe en corps fait cons la bête immonde du ventre commercial.

Le temps c'est le vol : ne parle-t-on pas du vol du temps ? Mais ici c'est comme on dit : "la propriété, c'est le vol". Car qui vole qui ? Quel temps volé à quoi par qui ? Temps compté à crever ou à vivre ? Faut voir. Parfois les voleurs sont volés. Alors mon jour s'éclaire.

RER A, 25 novembre, 8h12

2 Frimaire an CCXIII (fête du turneps)

Un oeil écoute où l'écho
perce ton corps et berce l'autre
de la couleur de ton accord
douleur douceur cool heur

RER A, 23 novembre, 19h06

Contre la religion, au-delà de l'athéisme : l'imaginaire libéré, la poésie ! 

Je ne suis pas athée. Je ne suis pas non plus croyant : je ne crois pas en un dieu ou une quelconque puissance surnaturelle.  Je ne définis pas mes convictions négativement, comme non-croyance en quelque chose qui n'existe pas. Elles ont un fondement positif : ce qui est existe, que je le connaisse ou non. Ce que je ne connais pas, que cela soit ou non connaissable, je n'y mets rien qui prétende l'expliquer. Je n'y apporte que des questions qui peuvent avoir, ou non, des réponses rationnelles. Par la science en partie. Par l'imaginaire, ou la poésie, mais ce n'est pas alors une explication : c'est une manière de vivre avec. Avec le connu comme avec l'inconnu. Avec le connaissable comme l'inconnaissable. C'est un rapport au monde. Au réel. La poésie est relation des sens au tout perçu, mais, si elle est une forme de connaissance, ce n'est jamais que de soi. De soi dans son rapport au monde. Au réel. De la représentation que l'on se fait du réel. La connaissance poétique complète la connaissance rationnelle, expérimentale, scientifique.

L'athéisme est par définition une négation de la religion. Se définir comme athée, c'est se placer sur le terrain de la religion, pour en nier la pertinence. Sur le terrain, donc, de ceux qui croient en un dieu, pour s'opposer à eux. S'y opposer plus ou moins fortement, selon la priorité que l'on accorde à ces questions, relativement au politique, par exemple. Dès lors, le rapport qu'entretiennent athées et croyants les placent ensemble dans une position dont je m'éloigne, pour me tenir vis-à-vis d'eux, politiquement, humainement, détaché de cette position.

Il n'est alors pas difficile de comprendre que la laïcité puisse, selon le cas, être vécue comme combat athéiste, ou comme recherche de vie commune apaisée dans le registre de la religion. C'est ce que l'on constate avec les réactions à la  loi sur les "signes ostentatoires" de religion...

Toujours est-il que l'athéisme est une position sans consistance philosophique propre : une inconséquence philosophique. C'est la question que Marx a réglé avec les jeunes hégéliens, principalement Feuerbach et Stirner. S'il est vrai que l'athéisme est un stade de libération, offrant un degré de liberté supplémentaire dans le rapport au monde, pour la conscience qu'on en a, il ne peut, par lui-même, rien faire de cette liberté. Pour en faire quelque chose, par exemple politiquement, il faut aller au-delà de la religion et de sa négation, l'athéisme.

"(.) l'athéisme pratique est l'humanisme médiatisé par la suppression de la religion, et le communisme est l'humanisme médiatisé avec lui-même grâce à la suppression de la propriété privée. C'est seulement par la disparition de cette médiation (qui en est cependant une condition nécessaire) que se crée l'humanisme positif, l'humanisme qui procède positivement de lui-même."

Karl Marx, Ebauche d'une critique de l'économie politique, 1944

Il faut encore répondre à deux interrogations.

La première : refusant de "croire", dans l'ordre de ce qui n'est pas expliqué, connaissable ou inconnaissable, n'ai-je pas l'esprit singulièrement asséché par mon matérialisme ou mon naturalisme impénitent ? Je réponds : au contraire ! Car ne donnant pas à cet inconnu une fausse explication, vivre avec lui est sans écran. Ce qui vient à m'être connu, par la science par exemple, est une bonne nouvelle, ou du moins une nouvelle qui ne m'oblige pas à abandonner une fausse croyance. Je peux ainsi entrer avec l'inconnu dans une relation plus directe, plus intime, par tout mon être. Et la puissance de l'imaginaire qu'il me suggère me donne à toucher des réalités que ne peut infirmer la connaissance rationnelle. Si l'imaginaire se trompe, il n'y a plus de poésie : la poésie ne (se) trompe pas.

Vivre cette intimité avec l'inconnu, c'est en quoi réside la puissance de la poésie. Voilà pourquoi le monde sera libéré le jour où il n'y aura plus ni croyants ni athées, ni religion ni sa négation. Le jour où chacun rencontrera sa propre capacité créatrice, son imaginaire, sa puissance poétique, ce jour là, tous seront poètes.

La seconde interrogation est celle de la foi : n'étant ni croyant ni athée, peut-on avoir la foi ? Je crois.

RER A, 23 nov 2004, 8h35

27 Brumaire an CCXIII (fête du macjonc)

du macjonc... à l'atérant athéisme, en passant par la république française et ce pauvre Feuerbach

Non, et j'en suis désolé, le 'macjonc' n'est pas un nouveau concurrent de Bill GATES, de passage à Paris, encore que... Je ne sais pas ce qu'est le macjonc, et cherchant à le savoir, je tombe sur... le calendrier républicain : si cela ne relève pas d'une fabuleuse capacité de création révolutionnaire, je me fais curé, ou jeune hégélien sur le tard.

Esprit de l'escalier, le nombre de ceux qui, pensant en être libérés de toutes croyances, se disent "athées", me laisse sur le culte. Marx a pourtant réglé ça avec Feuerbach il y a plus d'un siècle et demi. Il n'empêche. Ce qui n'était pour lui que la négation de la religion, comme premier temps pour inventer la praxis politique, est comme stoppé historiquement, suspendu en plein vol dans l'ombre des Lumières. Voilà qui est à rapprocher du fait que la philosophie politique est la plupart du temps pré-marxienne, spéculative et donc frappée au coin de l'idéalisme chez les matérialistes les plus impénitents. Le plus plaisant est de rencontrer des "athées marxistes" : beau doublé d'ignorances !

J'ai beau avoir été catéchisé chez les cathos, j'ai eu plus peur que j'ai véritablement cru. Ne croyant plus, j'ai peut-être été athée quelques années, le temps de croire aux sorts nets du PCF. Mais alors là, non, et merde ! je ne suis pas athée. J'ai mieux à penser.

17 Brumaire an CCXIII (fête du cresson)

"Qui sommes-nous ?". C’est un paradoxe que UN ou UNE doive représenter un NOUS. D’autres liés à ce NOUS auront alors à coeur d’écrire d’autres articles "Qui sommes-nous ?".

En allemand "nous" se dit "uns", ça me plait, comme le "tous uns" de La Boétie, pour l'ENcommUNS, comme nous.

30 Vendémiaire an CCXIII (fête du tonneau)

Un poème, y chercher ce que son auteur a bien pu "vouloir dire", ou pire à quoi cela renverrait dans sa vie personnelle, quand bien même il en exprimerait quelque moment : quel bon leurre culturel ! Les poèmes, les vers, les phrases, les mots... où l'on a "voulu dire" sont généralement les plus mauvais. Les biographies des poètes n'expliquent rien, que le besoin de ceux qui les écrivent d'étaler leur insensibilité à la poésie.

Il est patent que si le poète avait voulu dire ceci ou cela, il l'aurait dit, il n'aurait pas fait un poème. N'est explicable d'un poème que ce qui n'en fera jamais un poème, et s'il l'est entièrement, ce n'est pas un poème. Fait-on de même pour la peinture, la musique, les remplacer par des explications ? (encore que...). Un poème expliqué est un poème mort. L'explication tue le poème aussi sûr que les historiens d'art sont les assassins de l'art (Thomas Bernhardt, Maîtres anciens). S'il n'y avait que les historiens... Pour l'art tant pis, il s'en remettra, mais confrontés à l'art, que certains s'assassinent, ah non ! s'il colporte par bonheur un danger, quel gâchis si c'était celui-là.

(Pour la fête, rentre dans ton tonneau)

29 vendémiaire an CCXIII (fête de l'orge)

ARIME ET ARRAISON, pour François DUFRÊNE *, mon ami l'immortel oiseau

Désir des sirs cirer
les pompes pompe et pond
un neuf en noeuds où je
jouant au jeu joué
serré serf vil con pris
dessert des aires désertes

RER A, 21 oct 2004, 19h24 

* voir et boire, lire et ouïr, jouir sans fuir de La cantate des mots camés

28 vendémiaire an CCXIII (fête de la tomate)

SUR LES PAVÉS LA PLAGE

Que dit le grain de sable à qui ne connaît pas la mer ?

Né d'une négation garganturique, il porte son énergie à gripper tout bocard. Graîne à désengrener, il s'égrène à gêner où s'engrange la haine

(Fenêtre sur plages : vue imprenable sur nos destins indépassés d'être en histoire)

de la main par la peine passe le pain humain
le grain du matin concasse le gros chagrin
et les marchands de sable ont froid aux yeux

sable hier d'un temps venu pour nous
des mères du Sud et des pères sans missions
à l'heure ici et là
de vivre

la multitude a la mémoire virtuelle des vagues à venir de ses grains

à faire sourgir la plage sur les pavés

26 vendémiaire an CCXIII (fête de l'aubergine)

Deux certitudes maintenant :
Une ligne de démarcation entre création (artistique) et créativité sociale : pour la première, ne jamais se préoccuper de ce qu'on en pensera.
Toutefois un passage frontalier : l'exigence politique comme l'exigence poétique sont nourries par l'éthique, minées par la morale.

A l'arrière-garde de mes désirs, la voiture-balais de mes rêves agite l'étendard de ma révolte. Acculé. Dos aux murmures. Des lamentations anonymes enfoncent leurs épées dans le culte des autres. Devant, l'effroi du bouillon délétère où je noie quelques pitreries vendues en contrebande vertuelle pour des audaces. Valeurs d'usures. De grandes idées en brasse coulées. Bouteilles à l'amer. Comment font les manchots pour nager ? Ils volent. Mais moi, planté là, en grève des ailes ? Où plonger du plomb j'ai.  Et las, dans la pesanteur d'un confort déchiré, le vide cantique d'échos atones. Des "cause toujours" buvant la tasse des abandons.

RER A, 18 octobre, 19h33

25 vendémiaire an CCXIII (fête du boeuf)

On dit "le capitalisme", certes. La société marchande, certes. Il y a au-delà la médiocrité dont 'les gens' s'accommodent et font avec leurs petits commerces, pragmatiques s'il en est. Lâches s'il en est. Nous n'avons aucun scrupule petit-bourgeois ou prolétarien à le dire : la multitude aura la vie qu'elle mérite = 'les peuples, dans des conditions déterminées, font leur histoire'

La plupart des "alternatives radicales" sont encore fondées en Occident sur la démagogie de la consommation qui a permis au capital de se refaire une santé à la fin de l'ère industrielle, en prolétarisant les consommateurs, hors de la sphère d'exploitation de la valeur-travail. La plupart ne le savent pas : ce qu'elles promeuvent n'est rien d'autre qu'un capitalisme propre et 'bon' ('humaniste' et 'éthique', vous affirmeront-ils), satisfaisant les beûsouins sauciox, réalisant la moyennisation parfaite de la société, abolissant les classes au super-marché du désir : quelle bande de porcs dans la porcherie !

Faudrait-il se réjouir de tous ces machins qui se cherchent à gôche de la gôche ?

Un conseil radicalement anticapitaliste, n'écoute pas ceux qui te disent : "trouve-toi un travail intéressant !" Ils ne seront jamais qu'alliers nés du Kapital.

Faire le boeuf avec ses autres

Tutoyer la folie du monde, à s'effroyer comme un enfant perdu, dans sa fragilité absolue, sa nudité absolue, la vérité absolue de sa pauvreté, sa détresse et sa force absolues

"Violence", disent-Ils. Qui dira la violence qu'Ils nous font ? Quotidienne, sadique, perverse : le harcèlement moral, s'Ils ont besoin d'en faire juridiction, n'est-ce pas simplement qu'il est la loi fondamentale qu'Ils nous imposent ?

Être fou ? oui, comme Artaud , d'une solitude qui seule atteint à l'authentique, par une relation entre toi gens sans taire et moi jetés comme à la mer, plus concrètement réelle que toute conversation, avec ses pauvres abstractions et son bruit entre sourds

Être des autres, c'est savoir éviter d'être pris pour un autre, pris pour ce je-celui-même qu'on n'est plus depuis si longtemps, qu'on n'a jamais été que par absence ou par mégarde, par faiblesse ou par dérision, par cynisme ou provocation, sous la contrainte insupportable de présences molles ou dures qui vous obligent à être quelqu'un : "être soi-même" dit-on, quelle connerie ! C'est bien plutôt "deviens ce que tué !" Ils ne sont pas déçus, avec les singes que tu envoies tous azimuts incarner tes grimaces aux faussetés du "monde réel". Dans la survie quotidienne qui mime la télévision. Sous l'injonction totalitaire du spectacle : "paraître = pas rêver d'être".

Être des autres, c'est savoir refuser les vains rendez-vous de l'éphémère qui se prend pour le temps : la vie-la poésie n'a ni le temps à perdre ni de chaînes à gagner

22 vendémiaire an CCXIII (fête de la pêche)

C'est juste pour dire qu'aujourd'hui j'ai la pêche, et ceci bien que je n'ai commis aucune méchanceté. Si je l'avais fait je ne le dirais pas. Mais je ne l'ai pas fait et je le dis.

17 vendémiaire an CCXIII (fête de la citrouille)

Il faudrait se dire qu'une des plus stupides manières d'hériter de Marx serait comme lui de perdre son temps en polémiques stériles, mais ça... c'est, comme d'arrêter de fumer, se refuser un plaisir...

12 vendémiaire an CCXIII (fête de l'immortelle)

Nous sous verrins de Nations mettant la haiNe à nos Rations sans aiR

Nous sous régimes banhaineux

Nous de patries bullières

Nous à couleur colère

Nous traverserons les miroirs piqûrés de chiurres philosophistes, qui nous renvoient ces faces bronzubides aux siècles eurempaillés de l'exposition universelle.

Non, il n'y a pas eu trahison des clairs mais développement durable de la suprématie des élites blanches démocraturistes, associées à l'appropriation asociale des moyens de produire, de savoir, de parler, d'être, de vivre.

Dans le fracas des boîturachiques et les piailleries des gossmétriques, des voix nous ont parlé. Dans le decrescendo nocturne des jacasseries médiacrimales et boursifiantes, nous avons entendu ces cris que ne parvenaient plus à couvrir la voix des saigneurs.

6 vendémiaire an CCXIII (fête de la balsamine)

Accumulation primitive d'un capital d'injures urgentes pour les temps festifs de l'intempestif (suite du 2 vendémiaire)

Adminicastreur, amphigurant, cérébraspiraux, cérébrouille, clergypasêtre, communicrate, drômaguerre, énarkyste, ensaigneur, gouroupie sans son maître, hiérarquebuse, hypokhrâmpe, managiaque, mâlheureux, patlotchiste primaire, philosoft, plateunuque, purisantain, chaud religionnaire, révolusonneur encagouliste, X-MENeur polytechnul

2 vendémiaire an CCIII (fête du safran)

(Nous entre en scène)

Morpieux, de l'air ! Dégageâmes la place please ! ventripötures, chirakusés,  raffinagrobistes, lepenostes, manageurs en eaux glacées, républaïcains, bayroupettes, europariens, borlampistes, hollandais voleurs, gôchurnistes, pécéfixes, beauzençonettes à bans publics, arletajactabests,  conscientiseurs, convergés du saint déni,  encooleurs du mou vent social, mûltyples des papes, marxtrop'kiss malentrains, mondialo-altérangs,  antilibéralisses du miroir, tronches de prime time (à suivre)

(entre nous, nous souhaite une bonne nuit à nos honorables visitheur-euses)

En corbeau blanc ? La beauté ne peut plus être blanche. Même riche. Encore moins sur fond blanc. Suffit de comparer de banlieue à banlieue. C'est bon signe. Pas toujours 'black is beautiful' mais souvent 'blanc riche moche'. White spirit : juste bon pour nettoyer les sens. Un des premiers à l'avoir con-pris, Picasso, demeure encore beau blanc.

Qui se rassemble se ressemble ? Ne serait-il pas utile d'apprendre en quoi l'on se ressemble avant de se rassembler ? Ou même d'en rêver. Courir après s'ombre, où son nom brille en étiquette : communistes, marxistes, anarchistes, révolutionnaires, négristes, anticapitalistes... triste tribu d'attributs d'istes ! Yen a de l'identité, même sans carte, qui fabrique son nouvel étranger, avec son sans à la Une, du multi-culturisme d'altères mondains au commun-autisme trans-partisan. Dépasser nos identités politiques, c'est les con-penser, les panser en nous, hors de nous, entre nous. Où est nous, en somme, la vie est : ailleurs = entre nous (réponse au casse-pipe).

Pour comprendre la mentalité africaine / les rapports afro-occidentaux en dynamisme constructif / Julien Koku Kita, LIT 2003

Ce qui est à fermer
Il faut d'abord l'ouvrir
D'abord consolider
Ce qui est à fléchir
D'abord favoriser
Ce qui est à détruire
Ce qui est à saisir
Le souple vainc le dur, le faible vainc le fort

Lao-tzeu, La voie et sa vertu, Tao-tê-king

cité in : L'étranger, l'identité / Essai sur l'intégration culturelle / Toshiaki Kozakaï, Payot, 2000

Misère d'un general intellect particulier Qu'est-ce qui empêche d'être soi, un, une, deux... autres ? Ils disent 'multitudes', ça fait classe ! genre hypocagne bien alignée derrière son gourou. Cotterie des premiers de la classe si fiers d'avoir été althussériens : ils seront les derniers. 'Multitudes', donc. Le pluriel est aussi singulier que le singulier est pluriel. C'est l'avantage. L'inconvénient c'est que tout est dans rien, entre l'unique et l'Un. C'est la tunique enfilée par les idéologues de la multitude au peuple sans classes, abolies par le capital même, jamais célibataire, ni par devant, ni par derrière. Car avec un pareil concept, il ne peut rien se passer entre nous, entre l'unique et l'Un : le ver est dans le rien de la multitude. Pas étonnant qu'avec ça on se cherche un "sujet politique de l'émancipation"... on peut le chercher longtemps si on le cherche où on lui dénie d'être : où là quand ça advient, on fuit. A commencer par le langage, qui les distingue, et reproduit les séparations : celles du capital. Un tel sujet ne montera pas sur leur scène, pour un petit spectacle dans le grand, il entrera en scène pour démonter tous les tréteaux. Ce ne sera pas trop tôt, ni jamais trop tard.    

Symétriquement, la crispation 'marxiste', planquée derrière son facteur du désir révolutionnaire...

nouvelle jeunesse d'une maladie sénile :
Forum des amis de la LCR 'marxistes révolutionnaires'

Ghettos philosophistes ou groupes paramilitants, même combat !

Ho hé, les anars ! c'est pas la peine de faire les fiers, pour avoir garder le beurre quand les partis ouvriers mettaient les épinards en conserve. Votre beurre, quand il n'a pas fondu il sent le rance.

Premier Vendémiaire an CCXIII (fête du raisin)

Las des oublis j'ai brisé la vitrine épicière du temps. Aujourd'hier j'abolus les mauvides dans le dictortionnaire. Changer d'habitudes n'est pas un secret de polychimère démocatrique, mais un privilège de minotauritaire. Alors donc j'ai tranché la pastèque fatale avec la guillotine flambant vieille du musée europarien. Elle n'avait que trop et mal servi. Erreur que de couper des têtes, par déraison de la colère. Je laisse les pépins aux ordouilles calibrées qui pensent comme des flingues. Entre nous la vie est ailleurs (ceci est un casse-pipe).

IndexDUFRÊNE François (poète, affichiste) ; HEINE Henri ; LEIRIS Michel (écrivain, ethnologue) ; MARX Karl ; NEGRI Antonio (philosophe) ; PAZ Octavio (poète, écrivain)
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