VIDE ANGE janvier-juin 2005
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Dense la vie au vide ange des moi ... 

Ceci pourrait être la suite de VENTS GENDRES 2004... Cette rubrique a été ouverte le premier janvier 2005, fermée le 20 juin 2005. La suite est NEW ANGE et FUMEROLLES

RAPPEL :

> Pour s'y retrouver dans  la datation : Calendrier républicain  Conversion de dates 

> Le choix de cette référence n'est pas une allégeance à l'esprit de la république, aux positions républicanistes ou souverainistes, fussent-elles celles de la révolution française. C'est une façon de poursuivre symboliquement l'esprit d'un bouleversement, d'un tremblement : de terre, en ce qu'une telle audace peut nous sembler inimaginable en notre temps pourtant de mondialisation, lessivés que nous sommes de post-modernité timorée. Du point de vue de l'interprétation historique de cet événement franco-mondial, je me situe dans l'héritage de Marx, de sa critique majeure de la philosophie politique des Lumières : à travers celle, philosophique, de l'Aufklärung et d'Hegel même inachevée, mais si oubliée aujourd'hui (lire Logique hégélienne et contradiction, nov. 2002, par Roland SIMON); celle, politique, de cette révolution en son caractère bourgeois avec sa batterie de concepts sous leur acception libérale-peuple, souveraineté, démocratie, liberté, société civile...- (critique à laquelle n'a pas accédé encore le communisme français, matiné de proudhonisme et de pruderie, ni le radicalisme démocratiste à la française)... Tout cela valant pour le point de vue marxiste de l'Occident européen, sauf exception, et sauf à revenir, justement, à la philosophie (pré-marxienne), dont n'ont pas décollé nos "révolutionnaires marxistes" en tous genres.

Les modes françaises, donc, passeront, par manque de pertinence, de prise sur le temps (voir par ex. la tenue d'un Slavoj ZIZEK, et le combat au long cours de MESCHONNIC, par ex. La modernité après le post-moderne). Il faudra bien un jour accepter jeu égal avec les autres de l'Occident, mais ça, c'est encore beaucoup demander à nos indigènes européens (cf Pierre LEGENDRE Ce que l'Occident ne voit pas de l'Occident).

L'an dernier, Vents gendres  était rythmé par la correspondance entre les deux calendriers décalés, de 2004 avec l'an CCXIII de la (première) république française. Avec Vide anges ouvert en 2005, je brouille les pistes, ce qui m'épargne certes quelques erreurs de calcul, mais me permet surtout de considérer, avec Aragon et quelques autres, qu'en amour, en communisme... dans la vie : « c'est toujours la première fois ».

L'esprit général est, par conséquent, de détruire au quotidien le quotidien, sans me situer clairement relativement aux considérations, entre autres, d'Henri LEFEBVRE  (Critique de la vie quotidienne, 1947-62-68-81-92), ou de Karel KOSIK (La dialectique du concret, 1967) : « Nous pensons que l’un des principes essentiels de l’art moderne, de la poésie, des arts figuratifs et du cinéma est de faire violence au quotidien, de détruire le quotidien », dont la référence me hantait déjà en 1990, à l'écriture de LIVREDEL. Problème donc doublement poétique et politique, et qui passe par le concept abandonné de 'révolution'.

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La présentation est chronologique, le plus récent étant en haut. 

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Deux messidor an zéro (fête de l'avoine)

En avoir ou pas ! (l'avoine servait à confectionner des charmes pour accéder à la prospérité matérielle) 

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Premier messidor an zéro (fête du seigle)

DETRUIRE LE SOCIAL EN TANT QUE CAPITAL ! 19 juin 2005 - 20h32 - Posté par 82.***.83.***

Mignard est mignon. Il a toute ma sympathie, mais ce qu’il ré-invente est complètement déterminé, pour ne pas dire ligoté, par la batterie de concepts de la philosophie classique révolutionnaire ’bourgeoise’, prémarxienne : la société civile, le peuple souverain, "le bas contre le haut" (une pensée qui ne dépasse pas Raffarin, en somme, bien que le renversant)

Mignard passe bien parce qu’il exprime la pure essence du démocratisme radical, tel qu’il est par ailleurs exprimé, comme idéologie des limites de la lutte de classes dans cette période post-restructutarion du capital depuis trente ans.

Le malheur est que la prétention "alternative", qu’elle soit par "en haut" ou par "en bas" ne change pas sa nature dans le Capital en subsomption réelle ( domination de tous les rapports sociaux), elle n’est qu’une supposée adaptation du capital aux besoins sociaux, ’humains’... une utopie capitaliste, y compris sous les mots d’ordres anti-libéraux, anti-capitalistes... Ce n’est pas affiare d’idées, ou de polémiques, mais simplement d’essence du capitalisme en subsombtion réelle (concept de Marx dans un chapitre inédit du capital)

Mignard exprime très bien la positivité de la lutte de classe actuellement, à savoir le besoin d’immédiateté des rapports humains, sans échange marchand, autrement (vite) dit le besoin de "communisme" : mais le pb, c’est qu’à toutes questions que nous nous posons dans le système, le capital a donné la règle du jeu, fondamentale, et plus ’active’ aujourd’hui qu’au temps même où Marx en décrypta la donne incontournable (loi de la valeur, aliénation dans l’exploitation de la force de travail etc)

Autrement dit, à un moment donné, la révolution pourrait être une issue inéluctable, comme bouleversement des rapports sociaux, suppression de l’échange marchand (de la valeur, de la monnaie...). Comme autres issues, des formes plus ou moins horribles mélangeant fascisme et démocratie, mais toujours sur la base de l’échange de valeur, donc de l’exploitation (y compris en formes socialisantes, stalino-démocratiques comme annoncées par le PCF, la LCR, LO... et la bande du programmatisme communiste, anti-marxiens). L’horreur capitaliste, et la réalité de la lutte de classe qui se présente sous nous yeux, c’est qu’il n’y a pas d’alternative (de gauche citoyenne... en France en Europe ou dans le Monde entier), pas de transition... et qu’il nous faudra affronter directement l’abolition du capitalisme dans un mouvement révolutionnaire mondial sans retour possible, ni pause café. Le reste, y compris sous couvert de marxisme révolutionnaire, n’est que la lancinante surenchère gauchiste au réformisme des partis de gauche traditionnels (de ce point de vue, aucune différence entre PCF et PS et bientôt entre LCR et PS, que ce soit du ’oui’ ou du ’non’ n’y change pas grand chose..

Ah oui ! la palme de l’idiotie à celui qui trouvi la formule : "29 mai, un mai 68 dans les urnes", j’ai vu que Rouges vifs (ex? PCF) reprenaient ça... la démagogie n’a pas de frontière, n’est-ce pas, pour les bolcho-républicains nationalistes

Patlotch

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30 prairial an zéro (fête du chariot)

La montagne du "non de gauche pro-européen" accouchera d'une souris réformiste. Le fait est qu'elle aura, au-delà d'une obligation des Etats à revoir la copie "libérale" en Europe, servi de tremplin à la mise en oeuvre d'une opération politicienne pour structurer le démocratisme radical français, d'ATTAC à la LCR en passant par le PCF, quelques recyclés du PS et des Verts, des Républicains nationalistes sans frontières, le syndicalisme et l'associatisme d'appareils, et même des anarchistes, garants du basisme démocratique et 'populaire' ! Du plus que pluriel avec du rien moins que servant la soupe à la valeur, au travail, à l'Etat... à l'exploitation propre sur elle !

(en quoi le flop des manifs du 16 juin n'est ni une surprise, ni une mauvaise nouvelle, "le peuple" n'est jamais derrière eux comme ils fantasment d'être devant lui)

"L'EUROPE DÉMOCRATIQUE" C'EST ENCORE LE CAPITAL, SON ÉTAT, etc. 15 juin 2005 - 01h16 - Posté par 82.***.215.**

Réponse à Pour une Europe démocratique et sociale

Dans mon bureau de l’Etat du capital, je fais un pot clandestin anti-citoyen massif (qui se reconnaît comme citoyen du capital -le voteur- se méconnaît comme prolétaire face au capital -le lutteur-, et tous ceux qui prétendent articuler les deux sombrent dans l’électoralisme)

Pour le coup, l’Europe, nosostros, ayant voté ou pas, ce qu’on s’en branle, si vous saviez... mais oui, le capital et son Etat, au quotidien, chaque minute qu’il nous suce, ça on la connaît. C’est bien pourquoi on ne voit aucune différence RÉELLE dans ce que propose l’alternative de gauche pro-européenne, in fine pro-Etat, in fine pro-capital ; qu’on le prenne philosophiquement, historiquement, politiquement, socialement, "scientifiquement", sociologiquement... ces machins baignent dans l’IDÉOLOGIE, celle-même dénoncée comme bourgeoise par MARX dès l’Idéologie allemande...

Alors prenez-en, vautrez-vous dedans, mais ne venez pas vous plaindre de découvrir que vous aurez ré-inventé la poudre (mouillée en l’occurrence) de l’Etat démocratique de la bourgeoisie (serait-elle une bureaucratie des élites du "non de gauche", la resucée des conneries de Lénine et autant de tabous trostkistes), ou pis, mis en programme, l’auto-exploitation démocratique des ’travailleurs’... le PCF finira par vanter les ’Conseils ouvriers" et leur tirer dessus quand ils voudront s’émanciper : l’histoire se répétant en farce (Marx) du Lénininisme sous-kautskyste... les véritables socio-démocrates éternels, et leurs variantes libertaires et anarchistes...

Car dans tout ça, le capital, c’est pas seulement des patrons, des actionnaires, et leurs Etats etc. c’est un rapport social d’exploitation... et rien de ce rapport social n’est explicitement mis en cause par le ’mouvement social’, hormis ses apparences dans les dominations, les marchés, les entorses au "droit" (retour à Montesquieu ?) etc. la partie visible de l’iceberg, et grosso-modo, un interdit de parler de "la réalité sous l’apparence trompeuse des choses" (Marx) : grosso-modo, du citoyennisme, sous couvert de compromis entre gauche social-libérale et ’gauchisme’ sous-radical du pcf à la lcr.

Et toute cette démagogie de pseudo-"marxistes" trop contents, au prix de leurs propres déficiences critiques ou de leur opportunisme, de faire de nouveaux adeptes... Bof, l’air du temps, le temps de se planter, sauf si...

Les luttes elles-mêmes dévoileront la suffisance de ces apprentis ’conscientiseurs’ qui se croient en avance, et qui découvriront sans l’avouer qu’ils seront une fois de plus en retard, le jour où....

Au moins sur un point, je partage avec Danielle Bleitrach  le qualificatif de "mouches du coche", mais rapporté à l’opposition de classe Capital-prolétariat, je l’étends d’ATTAC au PCF et la LCR, et grosso-modo à tous les alternativistes citoyennistes qui ne sont que de doux rêveurs d’une utopie, en réalité, du capitalisme, ce qu’au moins nous apprend une lecture non dogmatique (non léniniste-trotkiste) de l’histoire du mouvement prolétarien -ceux qui ne vivent que de pouvoir se vendre, en gros.

Alain Minc, un des chantres les plus enthousiastes de la restructuration du Capital, dans son livre « L’Economie capitaliste aux limites » écrit :

« L’économie mondiale connaît une révolution sans précèdent depuis quinze ans...La concomitance entre l’émergence des nouvelles technologies de l’information et la chute du communisme était fortuite. [mais] C’est la mise en résonance de ces deux événements qui permet à la machine de tourner à plein régime... En revanche fonctionnant à grande vitesse le système fabrique comme par le passé un maximum d’efficacité et un maximum d’inégalité...Le marché et la redistribution était devenu des jumeaux inséparables garants du bon fonctionnement des sociétés occidentales. C’est cet équilibre qui fait doublement défaut... De là le vrai risque : nous sommes moins menacé par un krach des marchés d’ampleur cosmique que par l’incapacité d’inventer un Welfare State redistribuant des ressources entre pays et surtout au sein des pays émergents. L’absence de social-démocratie est plus pénalisante que les hoquets du monde financier[...]. Les libéraux les plus doctrinaires ne s’inquiètent pas d’un tel état de fait : ils sont convaincus que dispensé, de la sorte, d’entraves et de contre-pouvoirs le marché donne son meilleur, qu’il en résulte à long terme, un optimum collectif...c’est évidemment un pari. Il en existe un autre - et c’est le mien - qui considère comme aléatoire une situation qui voit les sociétés se polariser à l’excès. Espérer l’émergence d’une social-démocratie dans les nouveaux pays semble dès lors un réflexe naturel. Mais c’est aussi un voeu pieux : nulle part n’apparaissent les embryons de luttes sociales, les prémisses d’une bataille pour le partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits, les fondements d’une politique de redistribution. La situation peut-elle évoluer à l’avenir ? Rien n’est moins sûr , car au stade où en sont ces pays de leur processus de développement, de tels indices auraient dus apparaître....La pérennité de déséquilibres aussi marqués peut être éthiquement condamnable. Signifie-t-elle pour autant un risque de déstabilisation du système ? Je le crois. Sous quelles formes ce risque se matérialiserait-il ? Impossible à prévoir. L’apparition dans ces pays de groupes violents réplique contemporaines des Brigades rouges ?... La montée d’un populisme agressif ... conduisant les dirigeants à des politiques erratiques et à mise en cause brutale des pays riches ? Le développement de mouvements de contestation violente se diffusant du tiers-monde vers le monde riche et vice versa, tel un mai 68 radical à l’échelle planétaire ? La naissance dans ces pays et en Occident d’une « internationale du refus » mieux armée pour mener un combat idéologique, en jouant sur les ressorts de la société médiatique que pour conduire des luttes sociales dans les usines mexicaines. Ainsi l’économie contemporaine semble-t-elle à l’abri d’un accident endogène c’est à dire une explosion née du jeu même du marché...C’est en revanche en butant sur les société civiles qu’elle trouve ses limites. La globalisation est en train de détruire à l’échelle mondiale le troc sur lequel l’Occident a fonctionné depuis un siècle : laisser au marché son efficacité, en bloquant, par d’autres voies, sa tendance naturelle à susciter des inégalités insupportables. Croire en revanche, qu’une infinie efficacité et d’extrêmes inégalités iront éternellement de pair relève de l’acte de foi. Il est, de ce point vue, minuit moins cinq. » Source, Bernard Lyon, « Le courant communisateur sujet politique ? »

C’est pas vrai, à mon ordi, il est 1h14, bises à tous !

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Vingt-quatre prairial an zéro (fête du caille-lait)

LA MESSE EST DITE, OU LES POISSONS PILOTES DU DÉMOCRATISME PROGRAMMATIQUE

« dimanche 5 juin / Bourse du travail à Saint-Denis, Le référendum, et après ? Communiqué de CCAG (Convergence pour une alternative de gauche)

Le 5 juin à la bourse du travail de Saint-Denis, s'est tenue, à l'initiative de CCAG, une rencontre destinée à faire le point de la situation créée par le résultat du référendum. Cette rencontre qui a réuni, outre les représentants des collectifs de CCAG de toute la France, des représentants du PCF, de la LCR, des Verts favorables au non, du réseau « Dossier 2007 », du MARS, du Mouvement de l'Immigration et des Banlieues, des Alternatifs,du Réseau des marches européennes, du réseau féministe Ruptures, de l'Ufal, de l'Appel « les indigènes de la république », a été l'occasion d'un échange d'expérience et de réflexion très fructueux. Pour sa part, Convergence citoyenne pour une alternative de Gauche en tire les conclusions suivantes :

La large victoire du non au référendum du 29 juin ouvre une période nouvelle. L'ampleur du refus du projet de  Constitution libérale dépasse la simple adhésion aux arguments de campagne. Nous avons affaire à un vote profondément populaire, ancré dans les mobilisations sociales et qui marque un net rejet du libéralisme.

La possibilité de cette victoire a été ouverte à gauche par une mobilisation unitaire diverse dans ses formes locales mais globalement puissante. Des centaines de collectifs ont organisé réunions, débats, meetings, initiant un mouvement de mobilisation politique sans précédent depuis les années 70.

Ce vote est également l'expression d'une colère contre le système politique et institutionnel dans son ensemble. Il confirme et amplifie la crise de légitimité de tous les pouvoirs: gouvernement, partis, médias. Il porte une profonde remise en cause de toutes les formes délégataires, remise en cause qui se mesure à la hauteur des moyens gigantesques mis en oeuvre pendant la campagne pour tenter d'empêcher cette expression populaire.

Il nous faut aujourd'hui prendre toute la mesure de cette crise, à la fois crise européenne et véritable crise de régime en France, et inventer des réponses nouvelles avec toutes celles et tous ceux qui, à gauche, veulent ouvrir un autre avenir, veulent construire une véritable alternative en Europe et en France. Notre responsabilité collective est d'élargir et de prolonger la mobilisation qui à conduit à cette victoire.

Cela implique notamment de poursuivre le débat sur l'analyse et la portée du vote du 29 mai, face aux tentatives de la droite et de la direction du PS-puissament relayées par l'ensemble des médias- de faire comme si rien ou pas grand chose ne s'était passé.

Cela implique aussi d'engager sans tarder une mobilisation européenne pour un véritable processus constituant, associant tous les peuples d'Europe.

Enfin, nous devons veiller à préserver ce qui a fait la force de ce mouvement: son unité, sa diversité et son autonomie, qu'aucune force, réseau ou parti ne peut prétendre capter ou diriger.  Il s'agit au contraire d'élargir l'espace de mobilisation et de construction alternative pour répondre à ce qui devient une véritable urgence politique de la façon la plus ouverte, la plus partagée, la plus populaire possible.

Dans l'immédiat, nous appelons à assurer, à l'occasion de la tenue à Bruxelles du sommet européen, le succès de la journée nationale d'action du 16 juin contre les politiques libérales et pour le respect de la volonté populaire exprimée lors du referendum, et nous soutenons la tenue à Paris fin juin d'une réunion d'échange et de débat des divers collectif qui ont mené la campagne du NON de gauche.

En prenant en compte l'ensemble de ces exigences que nous proposons pour la suite :

- De répondre favorablement à la proposition du PCF de coorganisation de forums locaux débouchant sur une rencontre nationale  fin novembre, dans un esprit de co-construction de chaque étape et de large ouverture .

- De réunir dans ce cadre le 2 septembre tous ceux, organisations, collectifs ou réseaux sans exclusive, qui sont intéressés par cette coorganisation afin de la mettre en ouvre sans attendre.

- De donner à cette démarche un cadre durable sous la forme d'une Charte de principes communs qui serait adoptée à la réunion de septembre.»

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Vingt-trois prairial an zéro (fête du chèvrefeuille)

Chèvrefeuille à midi s'endort.
Chèvrefeuille à minuit s'éveille.
Chèvrefeuille aimé des abeilles
En Messidor
Tu parfumes la nuit.
Bien malin celui
Qui peut la faire à l'oseille.

Robert DESNOS (Chantefables et chantefleurs à chanter sur n'importe quel air)

CONTRE LA RÉGRESSION CRITIQUE

A propos du référundum : il apparaît (voir ci-dessous) que les 15,5 millions de "non" (a fortiori les 12,8 millions de "oui"") sont moins nombreux que les 17,7 millions d'abstentionnistes, de blancs ou nuls et de non inscrits (39% des Français en âge de voter) : considérations qu'on ne voit nulle part, ce qui dénote et dénonce le point aveugle, ou aveuglant, d'un discours idéologique commun sur la "démocratie", qui ne saurait être que la promotion d'un Etat démocratique du capital, jusqu'en ses formes dites 'anticapitalistes', alternativistes de transition, voire néo-bolchéviques. Voilà où l'ignorance de l'histoire et de la critique de l'économie politique, la régression pré-marxienne, tournant le dos à une mise à jour conséquente de l'héritage de la théorie communiste, sont incapables de remettre les pendules à l'heure de la praxis de classe et de l'état de la contradiction en procès capital-prolétariat. Il faut toujours aux partis, aux militants, par idéalisme, par objectivisme, en des discours d'«espoir» qui n'ont rien à envier au meilleur religieux, projeter sur le réel leurs fantasmes, dans le miroir du capital qui, en tant que mode de production fondé sur l'appropriation de la valeur-travail et l'échange de valeurs, s'en contrefout dès lors qu'il pourrait au bout du compte et des contes 'démocratistes' exister encore comme auto-exploitation démocratique du prolétariat, sauf s'il s'avérait...

... que la révolution et le communisme sont à nouveaux frais une question de notre temps : communisation comme immédiateté le moment venu. Voilà pourquoi nos filles sont sourdes, muettes. Et obèses.

UN MENSONGE ET QUELQUES VÉRITÉS

« sondage Louis Harris pour Libé : 67% de ceux qui ont voté non trouvent qu’il y a trop d’étrangers en France / elle est belle la vraie gauche »

Le sondage ne dit pas ça, mais « 49% de Français trouvent etc », dont 67% ont voté "non", soit 33% des "non"...

RAPPEL :

31 mai 2005 - 15h04 -

« Un sondage à paraître demain indique que 67% des français qui ont voté non trouvent qu’ il y a trop d’ étrangers en France !!! »

J’ai vu cette information dans un communiqué sur Yahoo, et il s’agit soit d’une erreur d’interprétation, soit d’une manipulation. Cf extrait de ce sondage dans un article de Libération du 31 mai (« Entre ras le bol national et colère social », de Renaud Dély)

« Le rejet de l’étranger constitue l’humus d’un pays qui a accordé, il y a trois ans, 5 millions de voix à Jean-Marie Le Pen. Ainsi, 49 % des personnes interrogées approuvent l’affirmation selon laquelle « il y a trop d’étrangers en France ». Et 67 % de ces dernières ont voté non, un symptôme qui témoigne du poids des bataillons lepénistes qui ont silencieusement provoqué la victoire du non dimanche.»


Ce ne sont pas 67% des "non" qui trouvent qu’"il y a trop d’étrangers", mais 49 % "des français" dont 67 % ont voté non, ce qui donne 33 % des "non" pour trouver qu’"il y a trop d’étrangers". Ce résultat est cohérent avec la proportion de votes d’extrême-droite, en projection de 2002, puisque Le Pen/Mégret, avec 5,4 millions de voix, ça fait en gros un tiers des "non". *

* J’ajoute cependant (11 juin) que les projections des voix sur les familles politiques sont à prendre avec précautions, dans la mesure où 1) ce n’était pas la question posée 2) les électeurs n’appartiennent pas aux partis 3) il y a dans le "non" un rejet de classe, du point de vue sociologique, qu’il est hasardeux de vouloir instrumentaliser idéologiquement, aussi bien comme affirmation souverainiste (point de vue du ’oui’ de gauche ou de Toni Negri) ou comme désir d’une autre Europe (enthousiasme d'un certain "non de gauche")

Si l’on admet qu’il y a vote ’anti-libéral’, protestation contre la mauvaise vie sociale, il faut peut-être considérer que le choix n’est pas entre des institutions étatiques à l’échelle du pays (Etat-Nation) ou du continent (fédéralisme ou autre). Affirmer que le territoire national est encore un lieu structurant pour les luttes n’est pas équivalent à affirmer sa pertinence comme lieu d’une construction ’démocratique’ etc. (héritage du "socialisme dans un seul pays"). Personnellement je ne crois à la possibilité ni de l’un ni de l’autre, mais a minima, il ne faut pas faire dire aux électeurs ce qu’ils n’ont pas dit : le problème est plus souvent dans la question que dans la réponse. Dans ce référundum, c’est ceux qui sont rejetés (leaders du oui) qui ont choisi les termes de la question. Le NON ne fait pas que rejeter le OUI, il refuse la question en ces termes. Il ne faut pas faire parler non plus ceux qui, à tort ou à raison, n’ont pas voté, à travers des projections sociologiques des votes sur l’ensemble de la population.

Pour mémoire : 62 millions d’habitants, 46 millions en âge de voter, 41,8 millions d’inscrits

non inscrits, non votants, blancs ou nuls : 17,7 M ; NON : 15,5 M ; OUI : 12,8 M
non inscrits, non votants, blancs ou nuls : 39% ; NON : 33% ; OUI : 28%

Pour être tout à fait clair et précis, le prétendu NON de GAUCHE MASSIF PRO-EUROPÉEN ne saurait dépasser 20% des Français en âge de voter. Voilà ce que j’appelle une instrumentalisation idéologique, prendre ses désirs pour des réalités... Fonder un discours ’démocratique’ sur de telles considérations, cela promet !

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Dix-sept prairial an zéro (fête du sureau)

Le 3 septembre 40, la France déclare la guerre à l'Allemagne... mon père a 14 ans, il fait la moisson, entendons, il taille des flûtes en sureau pour la fête, quand sonne le tocsin...

Je n'en sais guèrre plus, sauf de maîtriser parfaitement la taille du sureau.

INDIGENE

« Le moins qu’on puisse dire c’est que le malaise continue, depuis le Discours sur le colonialisme de Césaire, et sa porte claquée au nez de Thorez... le malaise, c’est l’apparente insolubilité de la réaction à la domination raciste dans la lutte de classes.

Pour ma part, et sans renvoyer dos à dos, je dirais que le problème est mal posé de part et d’autre, notamment par les organisations qui se réclament à l’extrême-gauche de la lutte de classes (je devrais dire qui se prennent pour « la conscience » quand ce n’est pas pour le sujet prolétarien de la lutte de classes).

S’il est une domination qui fait sens plus que les autres dans la résistance à l’occidentalisation capitaliste du monde, c’est bien celle contre laquelle se lèvent ces auto-called "indigènes", et ce qu’ils disent, personne ne peut le dire à leur place, et sans doute, vu ces circonstances, pas mieux qu’ils ne le font, puisqu’ils parlent en tant que tels où les autres sont muets... Un discours militant qui se pense comme "classiste" à la manière du passé ne peut donc l’entendre, et faute de mieux, il préfère passer à côté.

Il me semble qu’on assiste là à l’actualisation typiquement franco-française du raté d’une rencontre, en double miroir de l’anti-colonialisme et de l’anti-libéralisme, doublement acritiques du capitalisme en sa nature de système d’exploitation. La rencontre ne peut se faire, car elle ne se cherche pas, au fond de ce qui la fonderait comme dépassant des identités que seul le capital définit aujourd’hui.

Sans parler d’un athéisme réduit à la critique de la religion, cette religion de la laïcité qui ne se connaît pas comme idéologie, tout aussi pré-marxienne...

Est-ce un hasard ? A mon sens, non, quelque chose de lourdement pré-marxien, de conceptuellement régressif, hante la montée en puissance de l’alternative démocratiste, dans le mélange aléatoire des concepts de citoyenneté, souveraineté populaire, Etat-nation, société civile, démocratie etc. En surfant sur la vague, les discours opportunistes encouragent cette confusion idéologique, sans saisir qu’il n’en tireront rien politiquement, qu’une issue réformiste sauvant la mise à la défunte social-démocratie : il ne suffit pas pour cela de tirer à boulets rouges sur la trahison négriste !

Militants d’extrême-gauche et indigènes dans tout le pays, encore un effort pour vous reconnaître comme prolétaires apatrides ! » Patlotch

Toujours est-il aussi que je suis interdit d'accès sur le site Bellaciao (Votre IP n'a pas accès à ce site... Si vous pensez qu'il s'agit d'une erreur, veuillez contacter le webmaster en cliquant ici. La démocratie, comme dit l'autre, c'est cause toujours : libéral-anti-libéral même combat :)) Tous les mêmes, sauf mes soeurs ?

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Treize prairial an zéro (fête du pois)

Poésie de peu de poids : vil pain

Il est somme toute assez terrifiant d'avoir pour premier ministre un "poète", et plus encore d'apprendre qu'une de ses oeuvres, avant même d'être publiée en français, a été traduite en arabe par Adonis : Terres enflammées

Villepin admirateur de Fouché n'est tout de même pas Machiavel, bien que moins veule et naïf que Moulier-Boutang...

Cependant, le sous-poète Villepin est à la politique cette ambiguïté de Char et Heidegger, cette France traînée (au sens de pute), de Claudel à Saint-John Perse, cette charge aristocratique, bourgeoise, colonialiste, nationalo-mondainiste, machiste... Lettres violées de l'histoire par des hommes aux semelles derrière...

Villepin à Chirac comme Malraux à de Gaulle, la France-Afrique au cul, ça risque d'être un peu juste, déjà que je détestais l'empouleur de la cutlure et son 21ème siècle religieux (avec le couple de couventistes paritaires Besancenot-Buffet, l'a sa chance francocoricotte, mais bon...)

Le talent diplomatique, entre nous, on n'en a rien à cirer, le talent littéraire non plus, quant au talent politique, on s'en passerait, non ?

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Dix prairial an zéro (fête de la faux)

Le vrai est un moment de la faux

Notes autour de minuit, 29 mai

Le 'non' au référundum apparaît d'abord comme un gigantesque bras d'honneur du "peuple français" aux institutions politiques, étatiques et médiatiques (les spectateurs montent sur les tréteaux pour participer à la farce).

S'il est majoritairement un vote "de gauche", il faut relativiser en rapportant ses 55 % (~ 15 millions de voix) aux ~ 45 % (~ 12 à 13 millions de voix) que les leaders du non (de gauche ou d'extrême-droite) réunissaient au premier tour de la présidentielle de 2002, avec, alors, 5,4 millions soit 20% pour la seule extrême-droite (Le Pen-Mégret) -soit, sans de Villiers, l'équivalent d'un gros tiers du 'non'... (on pourrait cerner l'idéologie national-souverainiste qui est commune à une partie de la gauche et de l'extrême-droite, dans le prolongement du bolchévisme national depuis un siècle, avec comme caricature ses figures de transfuges des années 30 ou du courant rouge-brun).

Par conséquent, on peut renvoyer à son poids de démagogie la sur-interprétation politicienne de ces résultats par les leaders de gauche partisans du 'non', et douter de la potentialité réelle de l'enthousiasme et des attentes populaires qu'ils susciteraient, à en croire les militants.

D'une part ce résultat n'affectera que marginalement les politiques mises en oeuvre par les Etats européens (même en cas d'échec final du Traité constitutionnel). Si elles font mine d'être moins "libérales", elles n'en demeureront pas moins capitalistes, y compris dans les modalités d'adaptation qu'un gauche au pouvoir pourrait apporter, et justifier.

D'autre part la campagne du référundum et ses suites se confirmeront comme temps fort de la structuration politique de l'idéologie démocratiste radicale, à travers la recomposition de la gauche qu'elles auront accélérée, dans les termes du pôle de radicalité recherché par les alternativistes depuis plusieurs années, où ATTAC aura joué un rôle transitoire entre déconstruction et reconstruction politique. C'est en apparence, dans l'évolution des discours des partis prenants, une réussite des opérations de type Ramuleau, de rapprochement entre la gauche du PS, le PCF, la LCR et une partie des Verts, qui tend à réaliser sa déconnection du PS majoritaire, mais n'évite pas d'être recouverte par la percée de Fabius, l'ex-épouvantail "social-libéral". Ces partis n'ont pas besoin de réaliser un rapprochement structurel pour opérer cette recomposition, et les appels revigorés au "grand parti ouvrier" pourront aisément lui servir d'appoint gauchisant (le rôle pivot de la LCR, de certains satellites du PCF, de divers groupuscules y compris "anarchistes"...). C'est la réalisation du "prolongement politique du mouvement social".

Pas plus les chiffres des résultats que ces réalités politiciennes ne permettent de préjuger d'une possible construction et de la moindre stabilité d'une politique institutionnelle correspondant à la montée de ce discours alternatif. Autrement dit cet "anti-capitalisme", comme illusion s'emparant des masses, pas plus que "le programme commun de la gauche" des années 70, ne pourra  déboucher sur une réalisation politique stable au niveau institutionnel : ce n'est pas ici une question de rapport de force, mais le fait que celui-ci correspond, non à une possibilité de dépassement du capitalisme, mais au leurre d'un capitalisme propre ou d'une transition socialiste au communisme.

Ce qui change, c'est la donne politique (ou politicienne), qui se met à jour de l'idéologie qui la sous-tend, nécessité historique dans le cycle de luttes du démocratisme radical, avec ses marques persistantes et confirmées de programmatisme. De ce point de vue c'est à la fois une stimulation des luttes et leurs ancrages dans les limites de ce cycle de la contradiction capital-prolétariat.

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Quatre prairial an zéro (fête de l'angélique)

« L'angélique cultivée (Angelica archangelica) est une plante bisannuelle d'origine européenne de la famille des ombellifères comme la carotte et le céleri. Toutes les parties de la plante sont utilisables et se caractérisent par un arôme rappellant le génévrier et le musc. La plante trouve usage en médecine, en confiserie et en parfumerie principalement »

Le concept de démocratisme radical vérifie chaque jour sa pertinence, alimenté concrètement par les discours qui en précisent les contours et contenus dans l'expression des leaders et militants politiques ou d'opinions, que médiatise la campagne pour le "non" au référundum sur le Traité constitutionnel européen. Jamais à ce point ce concept ne s'était présenté comme le juste nom d'un idéologie qui n'en a pas, et ne saurait en avoir que de 'critique', puisque ceux qui en relèvent le refoulent, ne reconnaissant pas la croyance d'où ils parlent -gesticulations au sein et autour de la LCR particulièrement.

A qui se demanderait ce qu'est le démocratisme radical, on ne saurait trop conseiller la lecture du site Bellaciao qui présente le plus large éventail des positions dont il constitue le métissage, à travers des reprises d'interventions d'organisations politiques, syndicales, associatives... ou individuelles (dont de fortes personnalités, certaines au demeurant sympathiques : Patrick MIGNARD ou Matt LECHIEN...). On pourrait citer également le rappel à l'ordre anarchiste de la CNT Vignoles, qui n'entend pas que d'autres contestent sa rentrée dans le rang, aux côtés des trotskystes.

Le philosophe "libertaire" (?!) Michel ONFRAY résume et représente assez bien le nouvel élan de 'politisation' qui, à l'occasion de ce référundum à propos d'autre chose, permet d'ancrer cette idéologie comme "alternative au capitalisme" : voir, sur le site Bellaciao, Contre la servitude volontaire. Est frappante la spécificité française du démocratisme radical, que j'avais notée le 8 pluviôse an zéro (voir plus bas), qui soutient la gageure de réunir anarchisme et républicanisme autour des oripeaux du souverainisme façon Révolution française, c'est-à-dire pour simplifier avant toute rupture marxienne dans la philosophie politique, autour de la batterie de concepts "peuple, souveraineté, Etat-nation, démocratie". Ainsi donc, Onfray, cet enfant de Georges Palante, n'aura pas mis longtemps à mettre en avant une conception de l'Homme et de l'individu à laquelle il n'est pas sûr qu'aurait souscrit son "maître" *. Conception peu "libertaire" (sauf à la mode social-démocrate revendiquée par Besancenot et Corcuff), parrticulièrement pré-marxienne (dès la critique de la philosophie du droit de Hegel), et... oh surprise... parfaitement compatible avec la pensée libérale en ses origines, avec la démocratie majoritaire comme modalité politique adéquate au capitalisme. Je préfère de ce point de vue les alertes anti-globalisantes de Miguel BENASAYAG sur le sujet.

* La souris dandyste esthétisante de l'auteur de Traité du rebelle accouche de la montagne magique du démocratisme branché : comme quoi, même en philosophe, on ne flirte pas impunément avec le Spectacle, ce que révèle sa critique athéiste lourdingue et vieillotte de la religion (Traité d'athéologie) : le problème est que depuis plus d'un siècle, la moraline s'est emparée des athéismes socialisant ou communisant, sans avoir à envier au  prosélythisme chrétien - au fond Onfray n'assume ni Marx, ni Nietzsche.

Toujours est-il que si, sans conteste, le 'oui' au référundum sur l'Europe ramasse une bonne part de ce que le capitalisme peut compter comme soutiens politiques, le "non", sans parler, ni de sa frange d'extrême droite, ni de ses socialistes flairant le vent populaire, ne traduit pas massivement une riposte massive au capitalisme : il traduit, à travers même la parole des plus radicaux, une adaptation au capitalisme, une relève politique cherchant la concrétisation politique du "démocratisme radical" : un souverainisme populiste, social-démocrate libertaire, la nouvelle auberge espagnole de la relève post-mittterrandienne. Il est l'expression des limites de la politique qui, en l'occurrence, justifie le possible : un idéal du capital, une sorte de masque chez les marxi-monstres (comme on en imagine de très gentils, très moraux, très pré-marxiens, pré-nietzschéens*, pré-freudiens, et pour un bon nombre, prêts à pas grand chose pour abandonner leur posture dans le système, si ce n'est exiger des bons fonctionnaires, comme nous l'ont fait comprendre la plupart de ces leaders reconvertis passés par le pouvoir, de Buffet à Salesse, en passant par les nouveaux arrivants associatifs dans les Conseils généreux, régionaux...).

* Comme quoi la politique reste en-deça de la morale.

Voir aussi LA THÉOLOGIE DE L'ALTERNATIVE

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Trois prairial an zéro (fête du trèfle)

Je suis né dans le trèfle et la luzerne, comme d'autres dans les choux de Bruxelles. C'est pour ça que je ne suis pas europiste, mais champêtre.

Voir aussi PLAINE AUX AS (Hon II / Hon, valet de l'arène)  à Citroën

Liens flemmards :

Mois de mai : Les vols des papillons sont plus nombreux. Le papillon souci survole le trèfle et la luzerne ; la vanesse petite tortue et le Paon du jour sont attirés par des orties.

Superstitions : Le trèfle à quatre feuilles est rare, il est encore plus apprécié s'il a cinq feuilles, c'est le n°1 des porte-bonheur ! La légende veut qu'Eve en emportât un quand elle fut chassée du paradis... Plus simplement, rappelons que le trèfle et la luzerne sont les " desserts " préférés du bétail. " Avoir du trèfle ", c'est vivre dans l'abondance, être chanceux. Chaque feuille a une vertu particulière : une pour la richesse, l'autre pour l'amour sincère, la dernière pour la santé

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Premier prairial an zéro (fête de la luzerne)

« A propos de la psychologie de l'artiste.- Pour qu'il y ait de l'art, pour qu'il y ait un acte et un regard esthétique, une condition physiologique est indispensable : l'ivresse. Il faut d'abord que l'excitabilité de toute la machine ait été rendue plus intense par l'ivresse. Toutes sortes d'ivresses, quelle qu'en soit l'origine, ont ce pouvoir, mais surtout l'ivresse de l'excitation sexuelle, cette forme la plus ancienne et la plus primitive de l'ivresse. Ensuite l'ivresse qu'entraînent toutes les grandes convoitises, toutes les émotions fortes. L'ivresse de la fête, de la joute, de la prouesse, de la victoire, de toute extrême agitation : l'ivresse de la cruauté, l'ivresse de la destruction -l'ivresse née de certaines conditions météorologiques (par exemple le trouble printanier), ou sous l'influence des stupéfiants, enfin l'ivresse de la volonté longtemps tenue et prête à éclater.- L'essentiel, dans l'ivresse, c'est le sentiment d'intensification de la force, de la plénitude. C'est ce sentiment qui pousse à mettre de soi-même dans les choses, à les forcer à contenir ce qu'on y met, à leur faire violence : c'est ce qu'on appelle l'idéalisation. Débarrassons-nous ici d'un préjugé : l'idéalisation ne consiste nullement, comme on le croit communément, à faire abstraction -ou soustraction- de ce qui est mesquin ou secondaire. Ce qui est décisif au contraire, c'est de mettre violemment en relief les traits principaux, de sorte que les autres s'estompent. » NIETZSCHE, Le crépuscule des idoles, Flâneries d'un inactuel .

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28 floréal an zéro (fête de Buglose)

Seul Clark Terry en matière de bugle ose. C'est l'homme qui a trempé son embouchûre dans le saké, pour la douceur et la fluidité de sa sonorité qui n'a d'égal que les eaux japonaises.

> En 1936, dans Les beaux quartiers, Aragon écrit : « Nous vivons à une époque historique qui se caractérisera peut-être un jour par là : le temps des hommes doubles » Il reviendra sur ce thème trente ans plus tard, dans La mise à mort, que cite Ferdinand, dans Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard : « Peut-être - que je rêve - debout. - Elle me fait penser - à la musique. - Son visage. - On est - arrivés - à l'époque  - des hommes doubles - On n'a plus besoin de miroir - pour parler - tout seul. - Quand Marianne dit - "Il fait beau" - Rien d'autre. - A quoi elle pense ? - D'elle je n'ai que cette apparence - disant : - "Il fait beau" - Rien d'autre - A quoi bon - expliquer - ça ? - Nous sommes - faits - de rêves - et - les rêves - sont faits - de nous. - Il fait beau - mon amour - dans les rêves - les mots - et la mort. - Il fait beau - mon amour. - Il fait beau - dans la vie.»

Aragon fait aussi des allusions au roman de Stevenson, L'étrange cas du Dr. Jekyll & de Mr. Hyde, le grand "homme double" de la littérature. Aragon explique un peu qui est l'homme double : "Les hommes doubles... L'un qui a une fonction dans la société, l'autre qui n'a rien à voir avec celui-ci, parfois qui le déteste, qui est contradictoire avec lui... l'homme quoi!" (source : De la citation à la création, présence et rôle de la littérature dans le cinéma de Jean-Luc Godard de 1959 à 1967)

C'est une idée très intéressante, au-delà du fait qu'elle hante l'oeuvre et la vie d'Aragon. Par exemple, elle éviterait de considérer que les Français, durant l'Occupation, ont été soit absolument collaborateurs, soit absolument résistants...

Aujourd'hui, elle soulagerait le quidam moyen du poids de sa participation au système, que certains payent aux heures creuses de leur militantisme qui sera toujours loin de compenser leur collaboration, voire leur attachement indéfectible à ce qu'ils pensent et proclament vouloir changer. Voilà qui remettrait les pendules à l'heure en évitant les désillusions, le dégonflage des radicalités par la démocratie, surtout quand elle prétend à la majorité électorale.

Hors de circonstances exceptionnelles, une majorité de personnes jouent toujours du double qui les arrangent, pour leur fonction dans la société... Il n'y a pas que la bourgeoisie pour tenir deux fers aux feux.

24 floréal an zéro (fête de la valériane)

Valériane : et nous ?! qui ne valons rien ! Mais nous voilà sauvés du stress, de l'angoisse, de l'anxiété, de l'insomnie, de l'hystérie... C'est tellement simple, cultivez votre jardin d'herbe à chatte, tant qu'à faire, en toute parité...

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22 floréal an zéro (fête du fritillaire)

Fritillaire : titiller frais sans frire à l'air

La grande normose universelle et les serviles publics : le monde "réel" comme camp de normolisation (esquisse)

Le monde "réel", la représentation que s'en fait l'Homme (= der Mensch = l'être humain), en se mondialisant, se révèle comme un immense champ clos, un camp de normolisation universel. A la différence d'un camp de concentration, on ne peut pas s'en évader : il n'a pas de dehors, il tient le monde en son entier, sans fuite possible. Pour en sortir, il faudra le détruire.

Tous, nous y sommes simultanément prisonniers et geôliers, bien entendu en proportions variables et avec de fortes nuances tenant aux rapports de classes et aux multiples dominations qui les accompagnent. Parmi celles-ci, la servitude volontaire, moteur de l'impuissance, avec son tigre : l'autoservitude, dans son mélange de conscience honteuse et d'inconscient refoulé, prompte à se sentir coupable, triste, quitte à repeindre le camp aux gaies couleurs de ses leurres. La servitude volontaire justifie la normolisation, elle fabrique en dernière analyse les normosés*. L'autoservitude, c'est sa part réflexive : de soi, comme maître, à soi en tant qu'esclave; et sa part projective : le modèle de l'esclave-maître projeté sur les autres en tant qu'esclaves-esclaves. De la même manière qu'une idée peut s'emparer des masses et devenir force matérielle (Marx), cette virtualité se concrétise en potentialité de nuisances physiques ou psychologiques. Chaque normosé est ainsi un normoseur**, réel ou en puissance : sauf à dire «non !».

* normosé : emprunt à Michel Steiner, La machine à jouir Lire Réponses de M.S.

** normoseur : on dit aussi normolisateur, ou normoliseur. Pour le féminin, on dispose du choix entre normoseuse, normoliseuse, ou normolisatrice. Le cas n'est pas prévu par le décret du 21 juin 1993 sur la féminisation des noms de métiers. Les sociologiste-e-s n'ont d'ailleurs pas encore déterminé si normoseur était un métier, une fonction, un titre... bien qu'on y distingue plusieurs grades et "manières de servir". Il ne s'agit pas non plus à proprement parlé de bénévolat, ni toujours d'une activité associative. La question de la rémunération est trop complexe pour être abordée dans cette note introductive. Voir aussi Petites mains

Les normoseurs, les serviles publics, les normoux et normolles...

De cette servitude volontaire, et de sa part auto-servile, les individus sont plus ou moins enclins à se libérer, plus ou moins à même de le faire, certes dans les limites de la grande servitude des rapports de classes. Moins les individus sont désireux de cette libération, plus ils projettent sur les autres cette impossibilité, devenant les serviles publics, des maîtres-esclaves. Ceux-là sont à la fois les meilleurs prisonniers et les meilleurs geôliers, et, dans leur monde "réel", leur représentation du monde, les plus adaptés, les plus normaux dans la grande normose universelle, cette loi générale du camp de normolisation : c'est, à l'extrême, la race pure des normosés-normoseurs. Les serviles publics sont la police et le clergé des normosés. Le simple normosé, qui refuse de faire la police sans pour autant souhaiter la destruction du camp, est le normou, ou la normolle.

Les autoserviles publics se mêlent de tout. Selon le cas, les normoseurs enseigneront aux esclaves la morale et la politesse ou leur serviront des tisanes... tout cela «pour leur bien», pour les protéger en tant que «victimes», ou pour leur épargner l'"autodestruction", que les normoseurs voient dans la part de folie qu'en tant que purs esclaves ils se reconnaissent, la part de liberté qu'ils s'octroient afin de fomenter quelque projet de destruction du camp de normolisation universel. Il en découle que les serviles publics ne comprennent pas pourquoi, quand la coupe est pleine, les aspirants à la destruction du camp, sachant l'évasion impossible, voient en eux des mâtons, ou des kapos, et font tout pour les éviter ou s'en débarrasser, s'en protéger, car il devient dangereux de les associer à leurs projets de libérer le camp. Les normoseurs n'hésitent pas, selon leur grade, et si les esclaves ne font pas spontanément le nécessaire « pour leur bien », à envoyer ceux-ci en cure de désintoxication, en hôpital psychiatrique, à leur injecter une dose de sérum normolisateur, ou à leur mettre une balle dans la peau. Tout ce dont ils rêvent symboliquement, ils le font si possible physiquement, et la réalité dépasse la métaphore.

La liberté d'expression dans le camp de normolisation

L'idéal politique des serviles publics serait de faire des référundums sur tout, de sorte que tout soit décidé démocratiquement, à la majorité : autant de majorités que de questions. Leurs questions. Leurs réponses. La convergence du tout en quadrature du cercle. Une utopie de l'Etat, de la société civile, de l'économie, du capital, de la démocratie : le paradis dans le camp : l'alternative. Bien sûr, les aspirants à la destruction du camp étant aujourd'hui ultra-minoritaires, aucun référundum ne leur donnera jamais l'occasion de choisir ni de répondre à leurs questions, ni de voter démocratiquement la destruction du camp.

Il existe des serviles publics de droite comme de gauche. C'est une caractérisation de la subjectivité, qui ne tient qu'en partie à une appartenance de classe, celle-ci étant déterminée par un rapport réel, une situation, et non comme seule conscience. La servilité publique vient se greffer sur les rapports de classes, et c'est bien entendu du côté du prolétariat qu'elle provoque ses ravages, parce qu'elle sera toujours une justification de l'existant ou du possible en ses limites, en d'autres termes une posture contre-révolutionnaire.

Les serviles publics ne veulent pas connaître les questions qui sont anormosables (on dit aussi anormolisables). Quant à «un autre monde possible», les autoserviles publics unis en politique en préparent un : le même qui coure en continu, ou en alternatif, à la catastrophe.

L'art et la normolisation

Les normoseurs, ces grands reproducteurs du monde "réel", refusent l'art, ce grand questionnement de toute « réalité », ou le considèrent comme un supplément d'âme, une soupape pour leur propre tranquillité, un facteur d'adaptation au camp des normosés, ce monde de l'ennui universel. L'art doit pour eux s'adapter à la loi générale du camp de normolisation, y être reconnu, devenant ainsi une affaire de police, une affaire culturelle, voire de politique, contre sa marchandisation : mais nulle part l'art en tant que tel n'est une marchandise, sauf pour les artistes qui le produisent comme tel, et pour ceux qui l'achètent. Comme l'Homme de l'humanisme théorique, l'Art n'aurait pas d'histoire, et, n'étant donc pas un rapport à historiser, il n'aurait pas de présent... l'Art serait un universel hors du temps et de l'espace. 

Mais voilà : l'art est anormal, anormé, anormalisable. L'art ne dit rien, ou ne devrait rien dire, qui puisse s'exprimer autrement. L'art n'est pas la traduction d'un sens dans la beauté d'une forme : il n'est pas en tant que tel, ce qu'il fait n'est pas, analysable. Cela naît, ou pas, dans une relation à chaque fois singulière et nouvelle. Ce que fait l'art, qu'il ne dit pas, nul n'est moins apte a priori qu'un autre à le sentir, le faire sien pour en jouir : point besoin pour cela de l'expertiser. Mais qu'à cela ne tienne, il faut encore aux normoliseurs et liseuses de l'art comprendre ce qui n'est pas de l'ordre de la raison raisonnante, et passer l'art à la moulinette d'une explication, d'un commentaire, d'une critique, qui prétend savoir ce qu'est la poésie et ce qu'elle n'est pas; à quels critères doit répondre le poème pour être poétique. D'une perception, on fait une norme, un facteur de normose. Les commentateurs de l'art sont des assassins de l'art. L'art n'appelle que le silence dans la relation immédiate.

Confronté aux contradictions de la vie humaine, ayant à traverser les miroirs, l'art est révolutionnaire ou n'est pas. Sa part qui ne l'est pas se détruit en tant qu'art. Où cela se sépare est une question pour chacun, non pour tous : une condition de l'art par tous, non par un (Lautréamont).

21 floréal an zéro (fête de la statice)

statice, statisme, astatisme, étatisme, statues, statuts... stat ice : état glacé

21 floréal an IV : arrestation de BABEUF et BUONARROTI

19 floréal an zéro (fête de l'arroche)

Noter que j'oriente, par principe, vers l'arroche rouge, mais qu'il existe une arroche blonde, auprès de laquelle il fait bon dormir. D'ailleurs elle est verte. En savoir plus : arroche

Comme je suis bon ! Il est vrai, c'est un jour d'armistice (8 mai). Même les furieux n'arrivent pas à me "vénérer" : suite. Ce doit être parce que « l'arroche aide à nettoyer le sang et à soigner les irritations de la peau.» Et puis «on peut en boire en cas de constipation.»

16 floréal an zéro (fête de la consoude)

Larousse : (lat. consolida). bot. genre de borraginacées, dont le type est la grande consoude. ENCYCL. On connaît quinze espèces de consoudes d'Europe et d'Asie mineure. La grande consoude ou consoude officinale est fort employée : les fleurs en tisane, les racines en infusion, pour les diarrhées et les hémorroïdes.

Europe : la grande qu'on soude ? qu'on soûle ? qu'on solde ? qu'on console ? qu'on serve ? Ni oui ni non n'éviteront diarrhées et hémorroïdes. Si vous êtes de faible constitution, essayez donc la grande consoude

> A propos des moeurs du site Multitudes, un échange sur Bellaciao : ici

«Coup de tonnerre dans le ciel heideggerien»), à relire particulièrement :

« Ce qui fait que Le Langage Heidegger (P.U.F, 1990) n'est ni du côté (La poétique tout contre la rhétorique)

« Heidegger, ses mots , son langage, selon Henri Meschonnic » par Jean-Patrice Courtois

15 floréal an zéro (fête du ver à soie)

Histoire de ne pas ramener le vers à soi

L'ÊTRE HON

(réatribulation, car Hon est inconsidéré)

Hon va Hon vient toujours de quelque point à
un quelque honcque lieu
sans connaître, toujours toujours,
sa part de contrebande ou de contrefaçon, seule pour Hon comptant la faconde
Assuré d'un non-lieu
Hon ne craint pas les contredanses, Hon est au rythme de son temps, Hon est partout dans son espace chaîne-gaine

Oh, certes, Hon est bien là
rien que d'y être mal
ou mis à mal
mais pris à parti de n'en point prendre

A tel effet qu'Hon s'absout d'être absent à soi-même, passant comme on siffle pour se défiler
col chic dans l'apprêt
comme à Mao d'autres ont prêté,
pour peu qu'ils en eussent l'âge et déjà le loisir, quand c'en était l'époque, leur bêtise infantile,

A moins qu'Hon ne se contente de croire ne ressembler à personne, Hon a besoin d'être plus con qu'un autre à prendre pour modèle et d'en faire des tics et des stocks
à vendre ou à tuer le temps, oubliant ci ou là quelque démangeance à médailler sa boutonnière intime
A faire comme si ce qu'Hon fait, Hon ne le faisait pas
ou l'inverse après tout quelle importance, n'est-ce pas, ces nuances de ton pour Hon, puisque, principe de précaution : l'être Hon, c'est bon

Hon en est là, toujours déjà au paradis de quelque chose

Notez que Hon a la tâche inspirée : il aspire l'être Hon comme une pompe à ?¿ 

*

14 floréal an zéro (fête du dépérissement)

Nous (je) sommes (suis) là où nous (-) sommes (-) pour détruire l'Etat, en tant qu'Etat.

Des nouvelles de la fréquentation de ce site : janvier 3906 visites, février 4034, mars 3965, avril 3834 (127 par jour) / en avril : France 67%, USA 21 %, puis Belgique, Canada, Suisse, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Suède, Maroc, Autriche, Côte d'Ivoire, Brésil, Roumanie, Japon, Algérie, Tunisie, Pologne, Turquie, Argentine, Chili, Croatie, Finlande, Israël, Polynésie Française, Norvège, Portugal...

A noter, reflux de la fréquentation africaine (7 pays africains dans les 30 premiers de janvier à mars, 4 en avril), forte remontée européenne : manquait plus que ça ! Tel est pris... mais vu le nombre de visiteurs, rien de très significatif, sauf que la poésie, ben... oui... et puis désolé, la langue française, je n'ai que ça, ou presque. Bien qu'en rien je ne sois francophoniste : encore moins saxonphoniste.

13 floréal an zéro (fête du bâton d'or)

Quand l'échange donne des boutons, dors !

Importé de Bellaciao, des fois qu'ils me censurent, comme hier, parce que je secouai le petit Zarka vendant en lousdé aux camarades son "communisme et la révolution" d'opérette doublée démocratie en coulisses d'appareils...

lundi 2 mai 2005 (18h24) :
Référendum constitutionnel : cette bizarre campagne

2 commentaire(s) (le mien en bas)

de Serge Rivron, 2 mai

Cette campagne est bizarre, parce que dans un premier temps tout le monde s’accordait sur le fait que le texte soumis à notre suffrage était un mauvais texte, au moins dans sa forme, et souvent sur telle ou telle partie de son fond. La différence entre les tenants du oui et ceux du non était alors que les premiers répétaient à l’envi que si le texte était certes très imparfait, on s’emploierait dès que voté à le faire évoluer pour qu’il soit mieux, alors que les seconds affirmaient texte à l’appui que ce ne serait pas possible.

Cette campagne est bizarre, parce que les tenants du oui ne cessent à présent de dire que ce texte est excellent, qu’il est le résultat d’un tas d’heure de discussions très ouvertes et que le refuser est inenvisageable parce qu’on ne pourra jamais le rediscuter.

Cette campagne est bizarre parce que ce mauvais texte, qui devrait être au centre du débat puisque c’est sur lui qu’il va falloir se prononcer, sert à tout sauf à enrichir le débat : ceux qui le rejettent s’échinent à démolir les propositions qu’il avance sans être d’accord sur celles qu’il faudrait lui opposer, et ceux qui le soutiennent n’ont d’autres justifications que de s’évertuer à lui faire dire autre chose voire l’inverse que ce qu’il dit.

Cette campagne est bizarre : le texte à ratifier fait plus de 500 pages, et ceux qui l’ont écrit n’arrêtent pas de nous expliquer que seules les 60 premières sont à considérer. Alors pourquoi en ont-ils écrit 460 de plus ?

Cette campagne est bizarre. On voudrait croire que ceux qui défendent la Constitution, parce qu’ils l’aiment bien, aimerait la lire, mais ils ne citent jamais précisément le moindre de ses articles, et s’empressent d’en empêcher ceux qui sont contre. On préfère nous passer des reportages pour expliquer que l’Union européenne a fait du beau boulot depuis 35 ans, ce dont personne ne semble disconvenir.

Cette campagne est bizarre : on se demande où est passé Philippe Seguin - que la médiature unanime avait, à l’époque du référendum pour Maastricht, élu leader charismatique du non. On se dit qu’il n’y a sans doute pas de leader charismatique du non cette fois-ci, alors qu’on se rappelle que pour Masstricht ç’avait été exactement la même pagaille dans le camp du non (et du oui, d’ailleurs) et qu’il n’y avait pas plus de raison qu’aujourd’hui de trouver dans cette pagaille un leader charismatique, mais qu’on l’avait quand même trouvé.

Cette campagne est bizarre, il n’y a pas non plus de leader charismatique dans le camp du oui, mais Jack Lang semble bien vouloir de ce rôle, puisque le Président de la République refuse de l’assumer et ne veut surtout pas que Nicolas Sarkozy s’en empare. Et on essaye de nous expliquer que le bordel est seulement dans le camp du non.

Cette campagne est bizarre. La voix de ceux qui sont pour ce texte a priorité absolue dans tous les grands média, ceux qui expriment ce choix détiennent l’essentiel des postes de pouvoir depuis 25 ans, et ils n’arrivent pourtant pas à convaincre largement les Français de l’intelligence de leur point de vue.

Cette campagne est bizarre : on n’a aucune envie de porter au pouvoir ceux qui disent non, mais on n’a aucune confiance en ceux qui disent oui.

Cette campagne est bizarre : tout le monde accuse tout le monde d’en vouloir à l’Europe, mais personne ne paraît s’apercevoir que la Constitution proposée ne définit jamais ce que c’est que l’Europe.

Cette campagne est bizarre. Ceux qui se prononcent pour cette Constitution au prétexte de ses avancées démocratiques et sociales regrettent qu’elle ait été jetée en pâture au suffrage universel ; et ceux qui se prononcent pour le non au prétexte qu’elle n’est pas assez démocratique et pas assez sociale se revendiquent pour la plupart d’idéologies assez peu démocrates et pas très douées pour la prospérité des peuples.

Cette campagne est bizarre : les partisans du oui accusent ceux du non d’être frileux et peureux, mais ils ont peur que le non l’emporte parce qu’ils pensent que nous risquerions d’être mal jugés et mis au ban par les autres pays.

Cette campagne est bizarre. Ce texte que plus de 60 de ses propres articles nomment sans ambages "la Constitution", est systématiquement appelé "Traité" par ceux qui l’approuvent lorsqu’ils expliquent à ceux qui redoutent son immuabilité une fois voté que ça n’est pas vrai du tout. Ils reprochent en revanche à ceux qui rejetteraient ce texte que ce serait une grande inconséquence que d’empêcher la Charte de droits fondamentaux d’être inscrite dans la "Constitution", parce que cette inscription lui ferait gagner en respectabilité et garantirait sa durée.

Cette campagne est bizarre : les partisans du oui affirment que ce Traité pourra être modifié dès demain, mais il est selon eux inenvisageable de rediscuter le moindre article du projet en cas de victoire du non, parce que les 25 pays de l’Union ne pourront plus jamais se remettre d’accord.

Cette campagne est bizarre : les partisans du non sont jusqu’à 55% dans certains sondages. Or les média semblent croire qu’ils soient très bien représentés par 4 à 5 leaders de partis politiques minuscules qui n’ont pas l’air de s’entendre du tout entre eux.

Cette campagne est bizarre : on nous dit sans arrêt que les 55% de français qui s’apprêtent à dire non sont des vieux un peu trouillards et légèrement arriérés qui sont mal informés parce qu’ils habitent la province. Or je corresponds bien moins à ce profil que Jack Lang et même que Serge July, qui pourtant voteront oui, à ce qu’ils disent.

Cette campagne est bizarre : les ténors du OUI anticipent comme une épouvante en cas de non le retour prévu au Traité de Nice qu’ils ont pourtant signé avec enthousiasme, quand les ténors du non qui l’ont toujours dénoncé sont prêts à faire avec encore un moment en attendant mieux.

Cette campagne est bizarre : malgré tout, elle pourrait bien finir par une victoire du oui.

Référendum constitutionnel : cette bizarre campagne
2 mai 2005 - 20h59 - Posté par 82.**.237.***

Trop bizarre cet article et loin de ce qui se passe réellement. En plus les arbitres qui rejettent les gens dos à dos provoquent en moi un malaise. Je choisis mon camp et je fais avec, comme on est, avec les différences et les oppositions. De ce point de vue, cette campagne du "non" est déjà un immense succès du mouvement social qui a imposé à des gens très différents d’opinion à se mettre autour d’une table et à faire ensemble. C’est simplement génial d’avenir.

Patlotch, Vous avez dit bizarre
3 mai 2005 - 00h26 - Posté par 82.***.219.***

Il y a quelque chose d’intéressant : c’est vrai que les partisans du ’oui’ ressemblent bien souvent aux caricatures qu’ils font des partisans du ’non’. Quelque chose qui fonctionne à l’esbrouffe, et bien sûr qui est renforcé par cette marchandisation politique -façon sport de compétition- que booste la médiatisation de ce choix binaire qui n’est pas un "choix choisi" : on fait avec, et bien souvent un peu n’importe quoi, au nom du non : couard ? chouard ? choir ? choisir ? quoi ?

Il y a une France -mais c’est partout, allons... pas toujours mieux que l’Autriche de Jelinek, la France, non ?- une France de la collaboration, on dira, une France de la trouille, que les partisans, ici, du ’oui’, nous montreraient pour la plus audacieuse, la plus ’progressiste’... Voir ce que la remontée du ’oui’ dans les sondages lui devrait, à cette France froncée plus que foncée, moins que fonçante, timorée jusqu’à acheter tout ce qu’on lui vend pour le prix d’un bulletin, allez... « positivez, dites ’oui’ !’ » non ? La France de la fuite en avant réactionnaire, on connaît ça, hystoriquement, non ?

A quoi il s’agirait de répondre l’AutrEurope, bricolée en "perspective alternative" dans la dernière longueur : superbe dans la compétition !

Alors, je vais vous dire, je ne vote pas, je ne considère pas même que l’enjeu soit au niveau de cet anticapitalisme supposé dont on gonfle le "non" : le capital, s’en fout un peu, retombera sur ses pieds avec 80% des positions exprimées dans le non, alors, sauf à aller voir sérieux ce que c’est le capital, ça me fera pas déplacer, la république sous-utopique de l’autre Europe... mais ma voix, tout le monde s’en tape...

Mais au moins, qu’on laisse "les gens" dire NON à ce qu’ils entendent, sans y générer (de façon en rien démocratique, n’en déplaise) une positivité d’on ne sait quelle Europe institutionnelle : d’ETAT, un de plus... en attendant des superstructures mondiales démocratisées ?

Alors si "vous" voulez vraiment faire gagner le ’non’, c’est pas la peine de singer l’adversaire (qui ici n’est pas ’de classe’, mais bêtement de savoir communiquer) : pas besoin de tricher, de vendre une Autre Europe pas moins hypothétique et pas garantie moins capitaliste, au son de la république, sans canons, en plus : sans canons !

Bon, vous pouvez couper, sera pas la première fois, faut pas désespérer les orphelins de Billancourt, mais si vous cherchiez aussi, parfois, des vérités gênantes, le ’non’ n’en serait pas moins crédible...

La fin (ici le résultat du 29 mais) justifiant les moyens, c’est aussi les mensonges de l’histoire qui repassent leurs plats -dans les mêmes bouches bien lavées, en plus- la première fois en tragédie, la seconde en farce, comme disait le barbu

Patlotch

bâtons merdeux par les deux bouts (ou quatre : chacun les siens, en binaire, ça compte double), le référundum, que les partisans du «non» auront voulu, pour en faire ce qu'ils en font : quelque chose où les prétendants à une Autreurope sont aveugles à discerner leur fond commun avec ceux d'en face (les méchants du 'oui', qui serait le capitalisme), que cette situation les porte à dynamiser, à la manière dont la politique ressemble de plus en plus au sport de compétition, à une "marchandise", comme les plus vieux font mine de le découvrir après s'y être vautrés pendant des décennies, "à gauche", marchandise politique et démocratique dont ils sont les jeunes vieux et vieux jeunes représentants de commerce, l'Etat multicouleurs en bandoulière et de superbes lois alternatives comme perspective qui les fait rebander comme des éminences sans culottes : imminence de l'immanence ? queue d'chique : bricolages rhétoriques de campagne électorale, comme d'hab !

Vendre de la social-démocratie et des républiques sous-idéales, on peut bien y mettre n'importe quelle étiquette, jamais ça ne pourra faire vibrer un être libre, persuadé que le monde est ce qu'il en fait quand il ne se laisse pas faire : dans l'immédiateté. Quelque chose résiste -et résistera jusqu'au bout- à prendre des vessies pour des lanternes, qu'on les gonfle d'en haut ou d'en bas, : la vie c'est pas halloween importé chez les baudruches tricolores.

Les militants nous prennent, éternellement, pour des cons, avec des comptes qu'ils font qui ne sont que les leur-re-s, qu'ils se racontent en tas au ras qu'ils sont de leurs pâquerettes, paquets raides à manche à balai dans leur culte. Amen. Et merde à leurs  prétendues deux "Europes". Le capital en a vraiment beaucoup moins à foutre qu'ils ne prétendent, mais ça... allez leur dire sans passer pour un ennemi de classe... quelle classe, d'ailleurs ? celle des professeurs de l'Etat mal rasés ?

Autrement dit, le "non" ne porte aucune dynamique "de classe" au-delà de ce qu'ils y ont, de par leurs visions bornées, programmé. Qui ne pisse pas plus loin que ses limites, capitalistes (ceux-ci y trouvent l'occasion de retomber sur leurs pieds).

A force de raconter des histoires, l'histoire vous revient toujours dans le nez, en boomerang. A peine sorti d'un conte (stalinisme, social-démocratie, conseillisme...) on nous en vend un autre (la démocratie, jusqu'au bout mais si possible à moitié de la moitié...). Les moins drôles mais les plus pathétiques sont ceux qui ont vécu les deux, sans n'en rien savoir. Ils rageront que "les gens" ne prennent pas d'initiatives, mais le jour où ils en prennent... dès qu'on fait un pas de travers (de leur voie), on les retrouve en face, avec les autres. C'est pas plus compliqué que çaça s'appelle "l'expérience", "le vécu".

12 floréal an zéro (fête du sainfoin)

André HELENA, Portrait, Impressions variées, «Un si bon diable !», nouvelle

Rappel : Jean MECKERT / Jean AMILA, "...un ouvrier qui a mal tourné" , Le boucher des hurlus, La lune d'Omaha, Les coups, Noces de soufre

7 floréal an zéro (fête du muguet)

le muguet : la mue guette ?

6 floréal an zéro (fête de l'ancolie)

Il paraît (Larousse) que "l'ancolie est, pour les poètes, le symbole de la tristesse / on les emploie quelquefois en médecine, mais leur usage est dangereux".

Sans colère ni colique, un élan cool et cosmique vers ce mélange : mélancomique

Il existe un monde réel de dynamisme, au delà de la colère, apaisé, au delà des miroirs, traversés, du cynisme, vain, des espoirs, aveuglants. Pour y accéder, s'armer de théorie comme recherche concrète (dans l'acte) et non comme science expérimentale (d'un objet), connaître les guerres de la totalité en devenir, leurs enjeux situés où la création féconde sans violer le réel, quand tout idéalisme révèle son opium, où la pensée n'est plus séparée de l'action, quand elles sont adéquates en leur rapport, disponibles aux surprises du présent, optimisant leur puissance dans sa relativité : en prise. Une joie matérielle de l'esprit et du corps réconciliés : la joie des miens.

On n'y trouve ni preuves ni certitudes, mais une justesse, une résonnance débordant la raison. L'énergie d'une justice. Et donc un refus fondateur ayant dépassé (vaincu) tout nihilisme, par une violente intolérance, contre toute loi majoritaire, démocratique, s'ignorant comme dictature du même, aussi réfractaire aux sens mêlés de juste que les pouvoirs minoritaires.

La rebellion est un droit absolu. Sans rebellion, pas de révolution, un seul monde possible : celui-ci. Sa folie. Ou une autre. Sa norm-animalité pour nhormmanimal. Ou une autre. D'autres, à mettre en danger. Entre autres contre ceux qui ne connaissent qu'un sujet amputé, pute en son imput, buté en son but, celui de l'histoire, de la politique ou de la psychanalyse.

En finir avec l'homme, esclave de ses leurres. Libérer la relation de la société. Trouver les voies de l'insurrection.

Corollaire 1 : refuser toute discussion avec les sourds, les imbéciles -bien vite salopards- qui ne savent ni entendre ni lire. Moins que singes. Avec leurs alliés des ordres et compromesses : politiques, pédagogues, juristes...

Corollaire 2 : aller - dans la gaîté et le sens du tragique, contre la comédie de moeurs demeurés -  à ceux qui soufflent et marchent sur les braises de leur liberté, de la liberté.

4 floréal an zéro (fête de l'aubépine)

Plus que la gente rose, la sauvage aubépine
et que sage vertu, ma folie aux épines

Je suis un névropathe. Ainsi donc. Dixit Brutis, l'estudieu p'tit bourgeon vertueur sans épine en son aube, son OB, son aubaine, sa BA, sa survie normosée (néologisme de Michel STEINER dans "la machine à jouir"). Rien qui dépasse, Brutis est un adaptisé : un normopathe.

Qu'à cela ne tienne. Névropathe, voilà un pur cadeau de la normalité "révolutionnaire", cette engeance qui baigne si bien, sortie de son marketing politique, dans l'idéologie, de la télé à la fac, en passant par le net nettoyé de toutes bavures par les soins d'une police normale comme toutes polices. Le militant rêve de normaliser : normal, c'est sa fonction. C'est fou comme certains militants, y compris, le comble, se re-commandant de Félix Guattari,  sont enclins à voir la folie dans ce qui leur résiste intellectuellement, au point qu'ils y cassent leur bêtise gonflée de culture bourgeoise. C'est fou comme il monte de certains "trotskismes" des remugles de psychiatrie soviétique. C'est fou comme, quand ils enfilent l'uniforme de leur secte après le travail bien rangé et leur journée en ordre, dont ils ne parlent jamais qu'en termes poliment conservateurs, ils deviennent en puissance des médecins à seringues ou des flics de bureaux. Voilà pour faire d'excellents enseignants par l'Etat a-ppointés : sans épines. Désappointant.

On n'a pas envie de renvoyer : "névropathe toi-même". Au contraire. D'abord car l'on sait trop le grain de folie qui manque à ces gens-là, qui aiment tant ce monde qu'ils passent leur temps à l'accommoder en s'en accommodant, à trier ses bons et ses mauvais côtés en déplaçant le curseur de leur démagogie propre sur elle, sans jamais que leur gesticulation ne fasse prise matériellement sur ce qui cloche. Ensuite, quand on se connaît, en tant que névropathe, on n'a pas besoin d'apprentis psychologues. Enfin, parce que celui qui de ce monde ne devient jamais assez fou pour dérégler ses sens en sera l'éternel ange gardien, le meilleur pilier d'une prétendue sagesse, la raison même de ne pas en changer.

Pour le meilleur et pour le pire, pour mon bonheur par-dessus tout, je suis un névropathe.

29 germinal an zéro (fête de la myrtille)

La myrtille : la mitre ou la mule du pape ?

Dupés, mais par eux-mêmes, nos fiers "athées", ces prémarxiens qui s'ignorent en tant que croyants de leur idéalisme objectiviste, ce dont relèvent la plupart des militants autoproclamés "communistes" *, ces en-retard de bientôt deux siècles sur la question du matérialisme, dont nous (moi) conchions et compissons la moraline gréco-chrétienne, vont s'en donner à coeur joie, au coude à coude avec les chrétiens progressistes et défroqués en tous genres de 20 siècles de "culture", qui n'auront pas assez de mains à se tendre... pour se les serrer, se rassurer dans leur commune et "radicale" perspective alternativiste (comme on dit de la Vierge)  : rappelez-leur, Herr Ratzinger, Vater Josef, vous qui savez de quoi vous causez, et nous promettez de belles joutes à enfoirer vos pseudo-adversaires pour occuper ensemble la galerie du même : un Benoît (à l'article 16 de notre mort), des benêts parmi vos ouailles et en face, un milliard de cathos qui feront deux milliards d'idiots au nom du "monde possible", dites-leur votre pari : "le 21ème siècle sera con ou ne sera pas", et que vous comptez sur tous les croyants de bonne volonté. Vous pourriez avoir raison, c'est bien parti : pas de fumée blanche sans extinction des feux rouges !

Avertissement, prendre au mot : nous (moi) ne ferons pas de différence entre un croyant au ciel et un qui se dit matérialiste avec deux siècles de retard... sur Marx. Sans parler de Schopenhauer, Nietzsche, Freud... En réalité ils n'ont pas dépassé Feuerbach, ils baignent dans l'humanisme théorique.

Quant aux "révolutionnaires" qui prétendraient, avec leurs manières, nous empêcher de vivre (car in fine, ils en transpirent, c'est ce qu'ils préparent, et qu'ils feront, pour nous faire entrer dans le rang, le leur), nous (moi) n'hésiteront pas sur les moyens, pour les neutraliser, en toute illégalité et contre "l'Etat de droit" (sic). Quand certains se demandent "êtes vous prêts à tuer" pour signifier l'intensité de leur engagement "anticapitaliste", rappelons qu'en nos jeunesses la question était "êtes-vous prêts à mourir", et qu'aujourd'hui nous leur demandons : "êtes-vous prêts à vivre ?"... Malheureusement, de leur foi asthéniée, de leur moralinicisme, de leur langage, de leur suffisance, de leurs pratiques... on peut déduire que non. Si révolution il doit y avoir, elle devra donc se passer d'eux, se faire contre eux, ces antipapistes qui font concurrence au Pape, comme aux fondus de la nation, de la race, et de leur identité d'hommes nouveaux, sur le terreau de l'adversaire.

Quoi d'étonnant que l'Eglise enfonce le clou : tant qu'il y a des Sainthomas... et nous en sommes au point où la foi athéiste n'est pas moins religieuse que la foi en dieu : tous les désespoirs sont permis, pourvu qu'ils soient universels !

* le genre d'amoureux de l'exploitation qui confond "déplacer le curseur du salaire" avec sortir du capital...

28 germinal an zéro (fête de la pensée)

La pensée : crime parfait

Entre autres impensés stérilisés, les gauches politiques «anticapitalistes» qui croient ou font comme si la politique faisait le capital, et non essentiellement l'inverse : tous à la soupe, au pied, caniches de «l'économie», flics du futur. Dans le bruit blanc introccidé de ces bavardages militants singeant leurs professionnels de "patrons", que de certitudes et de servitudes volontaires violenteuses, mitonnées mirlitonton mimilenterre. Programmation des lendemains qui déjantent.

14 germinal an zéro (fête du hêtre)

Où ne pas être ?

Le pape est mort je m'en fous mais alors... que dire de ces athéistes de pâquotille étalant pour l'occasion leur impudeur, quand au fond ils vendent éternellement pour révolutionnaire la même moraline judéo-chrétienne au nom du libre esprit...

13 germinal an zéro (fête de la morille)

préférer la morille à la morale : titiller ce qu'annihile la moraline

4 germinal an zéro (fête de la tulipe)

A la lèvre près : tue le !

"Partir des mots et faire qu’en quelque sorte ils pensent pour moi (me dictent au lieu d’être dictés par moi…"

Michel LEIRIS, Langage Tangage

3 germinal an zéro (fête des asperges)

Aspergeons.

"On transforme le marxisme en analyse culturelle, on apprécie la théorie de l’aliénation, du fétichisme de la marchandise, mais l’idéologie spontanée de tout le monde n’en reste pas moins le capitalisme à visage humain. On semble avoir moins de mal à imaginer la fin du monde qu’un changement, même mineur, de notre système économique. On ne laisse aucun espace ouvert pour penser le dehors radical du capitalisme, la sortie. En France, ce qui semble très à la mode aujourd’hui, c’est l’idée d’un capitalisme contrôlé par un fort esprit républicain. On se demande comment humaniser le capitalisme avec un peu plus de solidarité ou de droits des minorités. Ou pis encore, on se demande comment garder son identité nationale dans un monde global ! C’est absolument ridicule, ça ne peut pas marcher. Non, la seule question c’est: le capitalisme est-il oui ou non l’horizon ultime ?"

Slavoj ZIZEK (entretien avec - , 11 novembre 2004)

Il serait de loin préférable que le Français n'existe pas. Autant pour la Française (nous nous passons ici des "le/la Français-e-s" par lesquels se signe encore une suffisante connerie égalitariste à mauvais compte. Par conséquent, Françaises, Français, soyez-en (r)assurés,  je vous hais à parité !)

Le Français n'existe que faisant peuple, dans ce qui le singularise comme peuple, dans sa supposée unité et sa souveraineté introuvable, et donc par ce qu'il a de plus nuisible à tous et chacun : ce qui leur interdit, à la fois, d'être différents à l'intérieur, égaux à l'extérieur (de la nation). Il en va ainsi de tout peuple, et le peuple français ne vaut en ceci rien de plus que l'autrichien de Thomas BERNHARD ou Elfriede JELINEK (l'intérêt de leurs livres n'est pas de nous parler des Autrichiens, mais de nous-mêmes, dans le rapport au temps, à la tradition, aux habitudes, aux autres...).

La singularité du Français, quand il agit et s'agite en tant que Français, c'est de se croire meilleur que les autres : là, qu'il dise OUI ou qu'il dise NON, il confère encore à son vote des vertus qui sont censé dépasser l'expression de ses voisins.

La suffisance française, le rance à la française, s'exprime de droite à gauche en passant par ses extrêmes (car toute la modération française est imprégnée de ses extrêmes, ce qui fait l'originalité de son démocratisme radical*: c'est par exemple le faux partage français du racisme et de l'antiracisme, sa conception commune de l'Europe qui traverse les oppositions prétendues radicales...). 

L'originalité française, c'est-à-dire la suffisance française, est passée en deux siècles d'une capacité révolutionnaire à l'avant-garde de la médiocrité démocratiste. Elle demeure fondamentalement d'inspiration occidentale et impérialiste, étatiste et coloniale au sens le plus large y compris déguisée en multiculturalisme. Le comble de l'idéal mesquin vient d'indigènes revendiquant d'être des "français comme les autres".

Cette originalité française, on l'observe dès que des Français se mettent en tas en tant que Français, que ce soit pour "supporter" (sic) qui une équipe de foot-ball, qui une exception culturelle, qui l'orthographe ou la langue, qui un anticapitalisme au sein du capital**, qui un communisme de lieux communs républicains***, qui le "renouvellement des approches du politique"... c'est une caractéristique commune, qui traverse toutes les couches socio-culturelles, qu'elle soit l'expression d'élites auto-reconnues -intellectuelles ou politiques- ou du populisme commun aux militants du bas (tirant du bas vers le bas) de toutes obédiances. L'originalité française, c'est le ridicule français qui s'ignore de haut en bas. Le Français est insupportable.

Françaises, Français, je vous hais !

* On a donc, au bout des contes et mécomptes, une double instrumentalisation du concept de démocratie ('pouvoir du peuple par le peuple' etc.) : par son filtrage républicain souverainiste bi-séculaire, dans la forme politique adéquate au capitalisme classique, par l'actuelle prétention illusoire d'en faire le moyen de la révolution par une majorité à constituer comme sujet politique. Voir la théorisation à prétention dialectique du retour de la nation comme concept révolutionnaire, chez Michel Clouscard, que le turlupin Alain Soral présente comme "le dernier des philosophes marxistes" : Les concepts de Michel Clouscard.

** Il est symptomatique, par exemple, qu'un KEYNES était plus proche en définitive des conceptions révolutionnaires de son temps, relevant du programmatisme au nom du communisme, de l'étatisme bolchévique, que les économistes d'ATTAC, "marxistes" ou non, qui inscrivent leurs propositions dans les limites du capitalisme justifiées par l'idéologie du démocratisme radical : ne serait-ce que parce que cette dernière relève d'une utopie capitaliste de rechange, alors que le keynésianisme promouvait un compromis historique réaliste, en phase avec l'état de la lutte de classes en son temps. A la stabilité de l'un, qui a produit du réel, succède l'instabilité de l'autre, qui produit du leurre. Il n'est par conséquent pas plus facile d'être révolutionnaire en 2005 qu'en 1936 : c'est toujours à contre-courant de l'histoire immédiate.

*** Le communiste français est ainsi triplement ignare, suffisant et contre-révolutionnaire, en tant que croyant pré-marxien, en tant que militant objectiviste et subjectiviste,  en tant qu'indécrottable français.

29 ventôse an zéro (fête du frêne)

Sait-on que Milan KUNDERA fut pianiste de jazz ? Partage des immortels : LIVRE de l'AUTRE  

Elfriede JELINEK

Sur la langue:
"Je compare toujours la langue à un chien en laisse qui vous tire derrière lui. Pour écrire, on n'a pas besoin de faire grand-chose. Il faut commencer par poser quelques jalons, comme pour une esquisse, et puis à un moment les choses prennent. Comme une vis dans le mur qui tout d'un coup mord et qu'on peut enfin visser. Le texte traîne à sa suite celui qui écrit. Ecrire devient alors un processus qui ne se déroule plus dans la conscience. Je n'écris plus mais quelque chose m'écrit et me regarde devenir écriture. Je suis donc de toutes parts « à l'écart ». Dans mon discours, parce que j'observe toujours les choses de l'extérieur sans jamais y participer ; dans mon existence, parce que je mène une vie très retirée ; mais aussi dans ma langue, parce qu'elle n'est pas mienne, parce que tant de choses y ont déjà été crachées qu'on ne peut pas croire à l'existence d'un langage poétique personnel, et que ce langage personnel se construit forcément alors dans la déconstruction. Ma langue est à facettes, comme les pièces d'un kaléidoscope où se dessinent sans cesse de nouveaux motifs (...) S'ouvre ainsi un nouvel horizon de significations, dans lequel je m'engouffre avec ma langue faite d'assonances, de variations, d'amalgames d'autres textes. Comme la Mur, cette rivière en furie qui, à la fin de mon roman Les Enfants des morts, précipite des monceaux de terre et vient tout recouvrir d'éboulis. Et cet éboulis est soudain détourné de son cours par une montagne. On n'est jamais maître de sa propre langue, quelque chose s'écrit qui relève aussi en partie de l'inconscient."

Sur Internet. :
" Je l'utilise pour écrire des textes qui n'ont pas encore trouvé leur formulation définitive, que j'appelle « mes notes » et dans lesquels je prends position sur des événements actuels dans une langue encore approximative. La rapidité d'Internet, cette facilité avec laquelle on peut effacer une chose et aussitôt la réécrire stimulent aussi ma relation ludique à la langue. (...) Avec l'ordinateur, je peux taper aussi vite que je pense, ce qui est important pour ma technique d'écriture, celle de l'association rapide, des jeux de mots et des jeux de langage. Car tout doit se faire dans un même flux, comme au piano. Au fond, je suis une éternelle pianiste, au sens où je travaille avec les doigts sur un clavier et un écran, je dispose presque le texte sur l'écran d'une façon matérielle en l'obtenant par un travail du corps."

Source : Jelinek à l'écart

BiblioMonde, Dossier ARTE, France Culture, "un fameux plat de résistance"

26 ventôse an zéro (fête du pissenlit)

... par la racine, ça va sans dire, et par Marx, qui nous rappela que 'radical' vient de 'racine', ce qu'oublient généralement les généreux 'radicaux' en tous genres, y compris 'alternatifs' et autres 'anticapitalistes' pitoyeux, pitres pas joyeux pour deux dents de lion.

A la messe d'enterrement de mon grand-père, j'a foutu l'camp, ramassé quelques pissenlits, jetés dans son trou : un truc entre nous, de son vivant, avec ma grand-mère pour la salade.

(revenir sur deux choses :

- la proximité du prolétaire et de l'artiste, de ceux qui savent (=, ici, sentir et vivre), et pourquoi, ils n'ont que leurs chaînes à perdre

- le RER ou le métro comme moyen de voyage plus que de 'trajet' = 'moyen de transports' humains = lieu de rencontre sans pareil = érotisme politique = galerie des glaces à déglacer, et vice et verse ail ail ail !

"Crains qu'un jour un métro ne t'émeuve
        Plus"
(
Ali Ben Apollinaire

Nous n'aimons pas assez la joie
    De voir les belles choses neuves
    Ô mon amie hâte-toi
    Crains qu'un jour un train ne t'émeuve
        Plus
    Regarde-le plus vite pour toi
    Ces chemins de fer qui circulent
    Sortiront bientôt de la vie
    Ils seront beaux et ridicules
)

25 ventôse an zéro (fête du ton)

Je n'ai jamais entendu Charlie PARKER vivant. J'avais quatre ans quand il est mort. Mais les trois autres musiciens sur la photo en page d'accueil de ce 15 mars, je les ai vus et entendus plusieurs fois en concert : Charlie MINGUS est à la basse, Thelonious MONK au piano, Art TAYLOR à la batterie. Chaud lapin, Art Taylor, qui draguait ma compagne à Chateauvallon*... en 1971 ou douze... Drôle d'oiseau, le jazzeur : chasseur boréal ? 'mauvaise augure' ? Il ne me souvient pas que cet été là, la France ait été visitée par les jaseurs boréaux.

* du coup, il me revient un truc : quelques années plus tard j'ai utilisé cette photo pour une peinture (que je reproduirai ici un jour), mais j'ai remplacé Art Taylor par Kenny CLARKE, qui complétait davantage à mes yeux le quartet comme pointure du bebop : vengeance patriarco-propriétaire ? Toujours est-il que ma douce, c'est avec Gerry MULLIGAN qu'elle comptait fleurette dans le château, sous prétexrte de croquer son portrait en pianiste intime... J'avais 20 ans, je courais après les autographes : tout a un prix... proxénet !

La vie tourne, dit-on, quand on a plus d'amis morts que vivants.

"J’ai été très influencé par Charlie Parker. L’une des premières fois que je jouais avec lui, il m’a dit ce que je devais faire pour m’améliorer : je devais apprendre les paroles de toutes les standards que nous jouions. Et ensuite, en jouant, inconsciemment, je ne jouerai rien à côté, en connaissant les paroles. Les paroles m’aident à me diriger. Je ne suis jamais perdu... Bon , ça m’arrive parfois, mais c’est quand on me sème...

Art TAYLOR (1929-1995), batteur, Drummersweb, oct. 1993, Hugo Pinksterboer, Tr J-P C" in avec Leroi Jones aux sources du jazz 

23 ventôse an zéro (fête de la mémoire)

« Pendant cette journée que [Levinthal] passa avec moi, il me fit un cours en accéléré sur la vie, l'horreur, l'indescriptible et l'indicible. Calcutta émergeait à peine d'une famine qui avait coûté la vie à 6 millions de personnes. Des paysans, pour la plupart des Intouchables, fuyaient la campagne pour pénétrer en masse à Calcutta, par milliers chaque jour. Comme il n'y avait pas assez de place pour eux, le gouvernement municipal leur réserva un secteur délimité par des cordes, et autorisa les paysans à passer la nuit dans ces rues. On les appelait les rues dortoirs, et à l'époque elles étaient toujours utilisées comme telles, bien que la période la plus noire de la famine soit passée. Et pourtant, un matin où Levinthal me fit visiter une rue dortoir, je vis, éparpillés ça et là, les cadavres de ceux qui étaient morts pendant la nuit, des corps qui n'avaient que la peau sur les os, comme ceux des survivants de l'holocauste. Levinthal m'apprit que quelques mois plus tôt, une telle quantité de gens mouraient dans la nuit, qu'au matin les Britanniques manquaient de camions pour emporter les cadavres hors des villes où ils devaient être incinérés.

Selon la thèse de Levinthal, dès que l'offensive japonaise à travers la Birmanie et contre l'Assam avait donné des signes de réussite, les Britanniques avaient commencé à craindre que les Assamais n'accueillent les Japonais comme leurs sauveurs, et n'en profitent pour passer dans leur camp. En conséquence, les Britanniques avaient signé un accord avec les marchands de riz musulmans pour qu'ils accaparent le marché du riz - on me montra par la suite un vieux hangar à avions où étaient empilées sur neuf mètres de hauteur des tonnes de riz - dans le but d'entamer la volonté et la résistance des Assamais et des Bengalais. On me raconta que les réserves de riz que j'avais vues n'étaient qu'une infime partie de ce qui avait été retiré du marché; et dans les jours qui suivirent, cette histoire me fut confirmée par de nombreux témoins. Mais les Britanniques déclinèrent toute responsabilité et incriminèrent les marchands de riz qui, selon eux, avaient suivi le marché et augmenté leurs prix. Lors d'une discussion que j'eus avec un marchand  de riz, celui-ci démentit cette interprétation et me soutint que c'étaient les Britanniques qui contrôlaient le prix du riz. Il est certain que, détenant le pouvoir absolu, ces derniers auraient pu confisquer le riz et fixer eux-mêmes les prix, conjurant une immense tragédie, évitant que six millions d'êtres humains, hommes, femmes et enfants, meurent de faim.

En 1987, lors d'une réception donnée par une Indienne à New-York, j'eux l'occasion de parler avec deux diplomates indiens. Je leur racontai cette histoire, et ils m'assurèrent qu'elle était parfaitement exacte et qu'il y avait dans les dossiers de l'Université de Calcutta assez d'éléments pour prouver que l'administration coloniale britannique avaient délibérément commis un crime qui rivalisait avec l'Holocauste d'Hitler. Je leur dis qu'il me semblait de leur devoir, aussi bien vis-à-vis de l'histoire que de la civilisation -si tant est que la civilisation existât réellement - de rendre publique cette tragédie. Dans les mois qui avaient suivi l'Indépendance indienne, me répondirent-ils, ils avaient envisagé la publication des faits et circonstances ayant provoqué la grande famine, mais ils avaient trop désespérément besoin de l'Angleterre pour pouvoir la confronter à son crime -sans parler de confronter le monde à sa responsabilité - et à ce moment-là encore, les liens avec l'Angleterre avaient trop d'importance. Puis l'un deux ajouta, un peu honteusement bien sûr, qu'en 1945 et même aujourd'hui la vie avait peu de valeur en Assam et au Bengale.»

Howard FAST, Mémoires d'un rouge (Being red, 1990)

Hommage à Howard FAST  

22 ventôse an zéro (fête du jaseur)

Un oiseau "de mauvaise augure" est venu par chez nous annoncer le printemps (voir Le jaseur boréal). Que demande le peuple ? L'outrage de ses plumes fera-t-il l'infortune de nos crève-la-faim ? Portera-t-il ombrage aux gens huppés ? Aux citoyens dupés ? 

Il préfère la France à l'Europe de l'Est : peste ! l'Europe... du lest ?

Le Président (sic) de la République (recycle), qui a bon bec, se verrait-il en jaseur boréal ? Beau réaliste dort idéal en L'Oréal*. Que nenni ! Si le bel oiseau a quitté la Sibérie c'est pour les lieux enchanteurs de la gauche éternelle : Place d'Ivry, Île de Ré... Prions ses trilles pour qu'il mette le feu aux poudres, du sang en veine et des larmes de joie aux communes. Que jazze le jaseur si tel est son plaisir. Et qui vivra verra : un boréal jaseur ne vaut-il pas un merle moqueur ?

* "La patronne de L'Oréal, Liliane Bettencourt, reste la première fortune de France et l'une des 68 femmes milliardaires, avec 17,2 milliards de dollars, en 16e position." AFP, vendredi 11 mars 2005, 8h25

20 ventôse an zéro (fête du cordeau)

"- Mais les autres ne veulent pas le croire. Personne.
- ça, les autres, c'est souvent des têtes de bois. Faut pas s'user à leur faire entrer quelque chose dans le crâne s'ils veulent pas. Si c'est ce que vous essayez de faire, vous vous râpez les nerfs pour des noix.
- Vous avez raison, Clémentine."

Fred VARGAS, Sous les vents de Neptune, 2004

18 ventôse an zéro (fête du capillaire)

Faire appel au citoyen n'aboutit à lui proposer que l'Etat. Ceci relève d'une logique originelle plus qu'originale : l'essence même de la société civile bourgeoise, capitaliste. Une boucle se boucle autour du concept de démocratie, entre la Révolution française et l'effondrement des concepts de lutte de classe, exploitation, révolution... communisme. Contre l'ultra-libéralisme, la "gauche de la gauche" se baigne dans l'idéologie... libérale.

Le tour de passe-passe est particulièrement réussi en France puisque, grâce à cet abandon en rase campagne, un NON à l'Europe qui se veut tantôt OUI tantôt NON à telle ou telle forme institutionnelle d'Etat et de souveraineté populaire, le démocratisme radical parvient à tisser une nouvelle alliance allant des républicains (au niveau français, européen, ou mondial) aux alternatifs d'obédiences social-démocrate, communiste, et parfois même... anarchiste.

L'illusionnisme est ainsi parfait car le référundum est l'occasion d'entreprises politiciennes croisées de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par partout et nulle part son contraire : de part en part le consensus français atteint sa perfection pour absoudre, sous sa houlette, un capitalisme plus que jamais fondé sur l'exploitation.

Le référundum, par toutes propositions alternatives des plus molles aux plus radicales, est la piste de relance des utopies du capital.

Moralité : un piège à con peut en cacher un autre.

17 ventôse an zéro (fête de la libération)

En politique du moins, c'est toujours dans ce qui apparaît au premier abord voire durablement comme le meilleur qu'il faut chercher l'éventuelle faille idéologique. Dans toute cette histoire depuis mai 2002, des Etats généraux du communisme (EGC) à la Convergence pour une alternative radicale de gauche (CCAG), en passant par les divers Appels, les évolutions de la LCR et du PCF... ce qui m'a le plus longuement induit en erreur, par-delà les pas-de-deux intenables éthiquement, c'est l'apparence de sérénité, la position mi-théorisante (mais petit-bras) mi-politique (mais sans clarté), la relative qualité des réflexions d'Alain Bertho (la fameuse "nouvelle culture politique de rupture" de L'Etat de guerre).  Sa sortie du PCF en avril 2004 prolongeait un temps ma confusion critique... En même temps, Alain Bertho, trois fois rencontré, trois fois un malaise émanant du personnage, toujours légèrement en retrait, parlant clairement et d'apparentes maîtrise et sagesse, mais le trouble rhédibitoire de quelques signes subliminaux : "le curé de Saint-Denis promis à un avenir d'Evêque", avec une admiration dans la voix recoupée par le col mao de cet évêque communiste refondateur (qui s'y projetait), la posture professorale qui se la joue simple militant, l'opportunisme verbal du dirigeant politique et son autoritarisme latent... Sur le fond, en trois ans de sollicitations, jamais une explication claire aux questions publiquement posées sur la stratégie, en termes de communisme (pour causes). A l'automne 2004, succédant aux maladresses des lourdauds Cours-Salies et Bénard-Ramulaud, son coup de pure et simple censure autocratique manipulant la garde rapprochée de la CCAG, ainsi que les loupés de leur communication par listes interposées, tout cela aboutissait au basculement (Bertho "petit bourgeois", le complexe d'Aragon...), à une rupture définitive avec ce milieu idéologique, et me mettait en position de saisir l'ensemble de la démarche idéologique, le rôle de plaque tournante (sans besoin de base) de la CCAG entre partis, syndicats, associations, avec la succession d'opérations politiciennes rythmant le processus de structuration en réseaux... La découverte des textes de Roland Simon, qui décrivaient depuis 1995 cette évolution en terme de "démocratisme radical", de manière apparaissant rétrospectivement 'prophétique', tout devenait limpide et historisé dans le mouvement du capitalisme et des cycles de luttes : une boucle était pour moi bouclée, entre sortie du PCF dans les années 80, découverte tardive du situationnisme et tentative de reprendre pied politiquement. Mon histoire personnelle entrant en phase avec l'histoire au présent, une page pouvait être tournée, parce qu'elle avait enfin été lue.

16 ventôse an zéro (fête de la folie)

A peine sorti de la maison des morts-vivants, je me rendis chez Douce Lafolie. Comme je m'y attendais, elle me reconnut d'emblée, me sourit, me tendit une main longue et fine. D'une voix grave légèrement rocailleuse, mais fluide et sensuelle (une pluie de petits cailloux au fil de la rivière), elle me dit : "- Bonjour, je savais que tôt ou tard tu viendrais. Je t'ai toujours compté parmi les miens. Je suis sûre qu'ensemble nous oeuvrerons pour le plus grand plaisir." Puis elle m'attira à elle, m'enlaça avec une vigueur insoupçonnable, et me donna un baiser chaud et profond comme un abîme. Enfin fou, je me sentis heureux.

14 ventôse an zéro (fête du vélar)

Vélar (Larousse) : Nom vulgaire du sisymbre (genre de crucifères, renfermant une trentaine d'espèces de l'Afrique tropicale et des régions tempérées...)

Comme quoi rien n'est pas si simple qu'il ne paraît, et réciproquement. Et donc si l'on vous traite d' "espèce de vélar !", c'est une chance. Ne le prenez pas a priori pour une insulte raciste (ou antisémitiste, des fois qu'une religion provoque une répugnance plus qu'une autre au point de s'auto-instituer comme race). Nous voilà sauvé par le vélar, puisque la nature produit des éléments pouvant être aussi bien africains -et même tropicaux sans trop piquer- et tempérés.

11 ventôse an zéro (fête du Narcisse)

Narcisse (Larousse) : Genre d'amaryllidacées. ENCYCL. Les narcisses (narcissus) sont des plantes bulbeuses, à feuille radicales, linéaires, à fleurs solitaires ou en ombelles au sommet d'une hampe nue, et protégées avant la floraison par des spathes membraneuses. On en connaît une vingtaine d'espèce de l'Europe moyenne et de la région méditéranéenne. Les plus connues sont le narcisse des poètes (jeannette ou herbe à la vierge) à fleurs blanches, le narcisse sauvage (coucou) à fleurs entièrement jaunes, la jonquille, à fleurs jaunes très odorantes, le narcisse à bouquet, à fleurs d'un blanc jaunnâtre, etc. On les cultive dans les jardins.

Un débat "passionnant"

Parmi les débats du plus grand enjeu révolutionnaire, autour de l'idée que le service public annoncerait le socialisme, "la production non-marchande" (et le fonctionnaire l'homme nouveau ?), entre Jacques BIDET et Jean-Marie HARRIBEY, idéologues 'marxistes' peu ou prou aux services respectifs de la LCR et d'ATTAC :

Jacques Bidet

Objections adressées à Jean-Marie Harribey au sujet de la théorie des services publics (sept. 2003)

L'activité non-marchande produit de la richesse, non du revenu, note à propos d'une thèses de Jean-Marie Harribey (août 2002)

 

Ce qui n'est dit nulle part, c'est de quelle conception de l'abolition du capitalisme, donc de la révolution et du communisme, relève ce bras de fer, qui présente toutes les garanties 'scientifiques', de part et d'autres, pour relever de l'héritage de Marx. Fichtre ! Comme salarié de l'Etat ayant expérimenté deux ministres communistes et plus encore de directeurs de cabinets radicaux alternatifs citoyens qui nagent dans les mêmes eaux troubles sans changer le fleuve, ça fait frémir...

7 ventôse an zéro (fête de l'alaterne)

Alaterne (Larousse) : Espèce de nerprun d'Europe (rhamnus alaternus), toujours vert, exhalant une odeur de miel agréable, à fruits purgatifs

Dick'au Pat : Allah terne ? Ceux qui croyaient qu'en Europe, il était grand, parce que toujours vert, voilà sur ce point de quoi les rassurer. Leur problème se reportera sur l'odeur de miel, et la purge...

De notre faiblesse : les héritiers officiels de Marx servent l'idéologie du démocratisme radical

Un indice de la force d'emprise du capitalisme est la manière même dont son premier ennemi mortel, Karl MARX, comme fondateur du communisme théorique, est aujourd'hui diffusé, mais plus grave, relu ou interprété par ceux-là mêmes qui en héritent pour lui donner une vigueur en prise sur les événements de notre temps.

Sur le premier point, sans disposer de chiffres de l'état et de l'évolution de l'édition et des ventes, j'ai eu le plus grand mal à trouver dans Paris une édition complète du Capital, y compris chez les libraires 'spécialisés'... Je pense que certains tomes sont devenus tout simplement introuvables. Les éditions en lignes sont la reprise de traductions anciennes et donc chargées d'erreurs qui furent corrigées, ou non, par la suite, dans les éditions françaises : voir par exemple,  Comment Engels a procédé pour l'édition des manuscrits économiques de Marx (Rolf Hecker, Rédacteur de la MEGA)

Sur le second point, il conviendrait de mener une enquête rigoureuse, mais il saute aux yeux que les "retours" à Marx, y compris de la part de supposés 'experts', se concentrent sur la dimension politique de ses idées, essentiellement à partir des écrits de jeunesse, et ont en commun d'abandonner ce qui en fait essentiellement la portée révolutionnaire : l'analyse du procès d'exploitation, la critique de l'économie politique.

Il semble qu'on assiste, des approches les plus "théoriques" jusqu'aux plus "politiques", en passant par les plus "philosophiques", à la construction d'un néo-marxisme idéologique pour servir le démocratisme radical : la Revue Actuel Marx en est le principal vecteur, mais également les Editions Syllepse et La Dispute, du moins celles-ci ne semblent pas avoir autre chose à se mettre sous la dent...

Les auteurs concernés, à divers degrés, sont tout aussi bien des philosophes, des sociologues ou des anthropologues, des historiens, que des économistes, et pour l'essentiel des universitaires. De ce point de vue, c'est-à-dire du simple point de vue de leur approche du marxisme, ils s'éloignent de Marx qui était tout cela à la fois, et quelque chose en plus : un théoricien de la praxis, comme on n'en voit plus, hors la bande des 'communisateurs'.

Parmi ces auteurs, tous ceux qui relèvent de la sphère des intellectuels autour du PCF et de la LCR : Lucien SEVE, Roger MARTELLI, Michel VAKALOULIS, Daniel BENSAÏD, Henri MALER, Antoine ARTOUS, Michel HUSSON, Jacques TEXIER, Jacques BIDET (et la quasi totalité des textes français du 4ème Congrès Marx International).

L'ouvrage d'Eustache KOUVELAKIS ("Philosophie et révolution, de Kant à Marx") s'achève sur le maître mot politique de cette nouvelle idéologie : "alternative radicale", alors que Fredric JAMESON, figure du marxisme américain, affirme dans une introduction élogieuse : "un tel Marx pourrait s'avérer pour nous d'un intérêt et d'une valeur des plus élevés"...

Le plus communisant des penseurs alternatifs radicaux du communisme, Alain BIHR, ne fait comme SEVE qu'en faire rentrer le concept dans l'idéologie démocratiste.

D'autres plus indépendants : Jacques RANCIERE, Miguel ABENSOUR, Antoine BALIBAR et d'une façon générale tous les post-althussériens. 

Le sociologue-philosophe Michel CLOUSCARD, comme la plupart n'analyse pas le capitalisme contemporain, mais ses effets : il se confirme à tous les étages marxologiques que la sociologie plombe l'héritage comme le chewing-gum les dents creuses.

Il convient d'y ajouter aussi bien les négristes (Toni NEGRI, Yann MOULIER-BOUTANG) en ce qu'ils se sont fort écartés de tout rigueur marxienne, que leurs adversaires résolus de Krisis, Robert KURZ et Anselm JAPPE, qui sont tout aussi focalisés que les autres sur la marchandise et le marché, exit l'exploitation comme procès...

Pour illustrer ce constat, je ferai suivre, quand j'aurai le temps, une liste d'ouvrages portant sur Marx, le capitalisme, la démocratie, la politique... dont les seuls titres sont significatifs de ce courant, qui se présente, relativement au nouveau cycle de lutte, comme l'équivalent de la vulgate marxiste de l'époque du programmatisme (~ 1905-1975).

On pourrait objecter qu'il s'agissait, plus encore que lors de la sortie, toute relative, du stalinisme, de dédouaner Marx de ce qu'on avait fait en son nom. Mais là encore, le bât blesse, car la plupart de ces penseurs, tombés petits dans le bolchévisme ou plus rarement dans l'anarchisme son frère ennemi, ont le plus grand mal à s'en abstraire : ils furent et demeurent incapables, au nom de Marx d'analyser le système soviétique comme un capitalisme réel, avec sa bureaucratie remplaçant le patronat... Au moins, des Conseillistes aux Situationnistes, en passant par Socialisme ou Barbarie n'avait-on pas eu besoin d'attendre cinquante ans après la mort de Staline pour le savoir et le dire, y compris "au nom de Marx".

Comme quoi, entre autres, les penseurs à la solde de Besancenot sont les derniers des bolchévo-crétins, à vendre au plus offrant, des libertaires aux républicains, leur transition socialiste et leur travail salarié...radicalement démocratique.

Heureusement qu'Allah est terne, et les aristocrates à la lanterne...

6 ventôse an zéro (fête de l'asaret)

Comme chacun ne le sait pas mais s'en doute, l'asaret est un petit hasard... qui fait bien les petites choses. J'ai procédé à une nouvelle division de la rubrique vents gendres, cette sorte de non journal : Vents gendres pour 2004, Vide ange pour 2005, le tout sous la rubrique A contrejours

A propos de "l'affaire Dieudonné"

(texte transmis sur le site Bellaciao, 24 février, ici quelques corrections)

Comme toujours, pour paraphraser Marx, un problème mal posé ne saurait être résolu. Ici, la question ne saurait être "pour ou contre ce qu’a dit Dieudonné", que ce soit tout ou partie. Pas plus que personne, en France franco-occidentalo-euro-française, ne serait tombé dans le panneau -sur le même double fond idéologique- contre le "voile islamique" ou contre la loi d’exception xénophobe et raciste à prétexte laïciste : tiens donc !

Ce que ne saurait poser Dieudonné, pas plus que ne le posent les divers commentateurs, c’est que le racisme, l’antisémitisme sont des produits de l’histoire occidentale mais dans un contexte entièrement remodelé par le capitalisme depuis l’esclavage (le commerce triangulaire et les plantations) et par son abolition même, nécessaire au capital industriel... La colonisation se construit sur l’idéologie des Lumières comme occidentalisation capitaliste du monde, qui se poursuit depuis avec ses phases néo-coloniales et "re-coloniales", sur fond de "conflit de civilisations".

Ce que ne disent pas ceux qui s’en prennent superficiellement aux dérives verbales calculées et provocatrices de Dieudonné, c’est qu’il s’appuie sur un fond de vérité : les grandes puissances capitalistes occidentales ont instrumentalisé dès le procès de Nüremberg la lutte contre l’antisémitisme pour éviter le retour de boomerang sur le colonialisme alors en pleine vigueur. Et c’est seulement 50 ans plus tard que l’esclavage est reconnu crime contre l’Humanité (loi Taubira 1999, ou et quelles mises en oeuvres ?), il y a bel et bien deux poids deux mesures et cela s’explique parfaitement, sur la base des faits et des enjeux colonialistes (Amélia Plumelle Uribe : La Férocité blanche ). Ce ne sont pas seulement les sionistes qui sont en cause, c’est l’idéologie même à laquelle participent l’antifascisme et l’antiracisme dans le contexte des démocraties capitalistes. Voilà qui est plus délicat à poser, mais sans doute plus fondamental et qui deviendra rapidement incontournable (autrement dit, un peu plus loin qu’interroger le passé colonialiste de la France etc).

Aujourd’hui, dans le contexte du "conflit de civilisations" qu’a refabriqué le capitalisme international, avec la nécessité de diviser toutes ses victimes, on peut toujours s’opposer en belles-âmes anti-racistes aux "communautarismes" nationalistes, religieux ou colorés... cela n’aboutira qu’à les encourager tant que l’on renverra les victimes à leurs oppositions communautaristes réciproques dans le plus consensuel des dénis, de gauche à droite : le déni de l’exploitation capitaliste, y compris sous un label alternatif, citoyen du monde... au nom d’un principe d’égalité lui-même hérité des Lumières et, paradoxalement pour cet anti-ultralibéralisme, de l’idéologie libérale (le concept bourgeois de l’individu séparé, de la souveraineté populaire nationale etc...). De ce point de vue en rester à la condamnation du racisme et de l’antisémitisme, établir des comparaisons parce qu’il y a deux poids deux mesures ou participer au déni parce que les souffrances ne se hiérarchisent pas, c’est se placer sur le même terrain acritique du capital dans l’histoire comme dans le présent.

Voilà ce qui réunit plus que ça n'oppose ceux qui condamnent et ceux qui soutiennent Dieudonné, comme plus généralement ceux qui en demeurent à l’antisionisme ou à l’antiracisme, parce que cette posture présuppose et entretient la différence (selon la couleur, l’origine, la religion, le droit du peuple à une Nation...), au nom du respect de ces catégories, mais en évacuant la communauté d’intérêts proprement prolétariens, pour sortir du capitalisme, par son abolition, celle de toutes classes et figures des séparations qu'il entretient, par des dominations et oppressions soumises au procès de l'exploitation.

Il va sans dire que les plus armés pour éviter ce piège seraient bien avisés, sans soutenir les bouffonneries d’un bien mauvais ami des Noirs, de ne pas hurler avec les loups...

A propos de capitalisme et prostitution, de patriarcat et marxisme, d'exploitation des corps achetés pour leur "force de travail", marchandise humaine sexuelle... une anecdote. Marx introduit le chapitre II du livre premier du Capital, sur Le Procès d'échange, par ces lignes :

"Les marchandises ne peuvent aller d'elles-mêmes au marché, elles ne peuvent pas s'échanger elles-mêmes. Il faut donc nous retourner vers leurs gardiens, les possesseurs de marchandises. Les marchandises sont des choses, elles n'offrent donc pas de résistance à l'homme. Si elles n'obéissent pas de bon gré, il peut employer la force, autrement dit, il peut les prendre..." Ici, Marx renvoie à cette note : "Au XIIème siècle, tant renommé pour sa piété, on trouve souvent parmi ces marchandises des choses très délicates. C'est ainsi qu'un poète français de ce temps dénombre parmi les marchandises proposées sur le marché du Landit, à côté des étoffes, des chaussures, du cuir, des outils de labour et des peaux, "des femmes folles de leurs corps".

5 ventôse an zéro (fête du bouc)

J'ai retiré du site tous mes textes politiques antérieurs à la découverte de la Théorie du communisme de Roland Simon [textes réintégrés depuis : 2002-2004 ÉCRITS DU JEUNE PATLOTCH], c'est-à-dire de fait tous ceux qui figuraient ici. Empreints d'humanisme-théorique, ils relevaient globalement de l'idéologie du démocratisme radical. Ils critiquaient à juste titre, mais sur de mauvaises bases théoriques, les alternatives dites anticapitalistes, et c'est en ceci qu'ils traduisaient une évolution conduisant à adopter le point de vue des théoriciens de la revue Meeting : celui-ci répondait à mes inconséquences que je ne pouvais saisir sans la batterie de concepts critiques élaborés par ces théoriciens depuis une trentaine d'année.

Sauf à disposer de ce corpus critique de base, pour en tirer quelque leçon, mes textes ne pouvaient qu'entretenir des confusions. Bien que comportant divers ingrédients utiles ils ne présentaient en rien la cohérence critique hors de laquelle ceux-ci auraient pu avoir un intérêt politique pratique bien compris, du point de vue révolutionnaire. Par conséquent, leur présence ici ne relevait plus que de l'autobiographie, ce qui n'est assurément pas souhaitable dans l'esprit de ce site (23 février 2005).

28 pluviôse an zéro (fête du cyclamen)

Cycle amen : langage en lent gage l'engage

20 pluviôse an zéro (fête du thlaspi)

Larousse : genre de crucifèresherbacées annuelles, que l'on rencontre en abondance au milieu des champs sablonneux.

"J'écris pour des raisons qui poussent les autres à dévaliser un bureau de poste, abattre le gendarme ou son maître, détruire un ordre social. Parce que me gêne quelque chose : un dégoût ou un désir " Louis SCUTENAIRE

19 pluviôse an zéro (fête de la pulmonaire)

Larousse : nom vulgaire d'un lichen qui croît sur les chênes, et qu'on emploie parfois en infusion pectorales.

TRAIN DE VIDES

Qu'est-ce que c'est que ce quai ?

Je voudrais être une vache dans un pré pour regarder les trains passer. ON dit qu'elles ont l'air bête. Faut voir. Moi, 'nous', pleins, sur ce quai, en tas sans un brin d'herbe. Devant nous des trains passent. Pleins. Pleins d'autres 'nous' qui nous regardent. Pleins. Les yeux vides. Le quai, les trains, tout est plein sauf les yeux. Les yeux sont vides du trop plein. Plein la vue du reflet vide de la non-vie.

Qu'est-ce que c'est que ce quai qui le sait ?

Embarcadère pour l'exploitation. Exploit 'station. Nos trains de vides pleins sont nos exploits. Quai d'embarquement. Bovins de l'essence inhumaine, qui allant semble de gras porcs sots chauds. Effroi ? So show ? Sochaux ? Montbelliardes ? Ah la vache ! Vive la sociale !

Quoi quai-ce ?

Performance quotidienne de la viande sans amour. Bovidanse. Le capital embrasse la capitale. Baiser de mort. L'étreinte du train pour le chagrin. Tombereaux fermés ou tombeaux couverts ? "Rail cassé !" Kaput ?! Nicht fern sehen ! Où est ma ferme au bord de la mer ? La ferme ? Tais-toi ! Was sagen sie bitte sehr ? Wollen sie repetieren, une fois ? Was ist das ?

Qui sait ce qu'est ce quai ?

L'enfer commence avant le train et recommence après le train. Pendant le train écrire pour faire corps ou parler avec le voisin pour casser l'ambiance. Faire semblant de remplir le vide ? Parfois la sauce prend : quand 'nous' te prend pas pour un fou, NOUS rigolons, ensemble, c'est toujours ça de pris. J'arrête mes ratures quand tout le monde descend. Aux enfers ?

RER A, 8 février, 9h18

De tout cela, il ne faut jamais perdre de vue que la poésie est un échec. Du moins la trace d'un échec qu'elle ne surmonte qu'aux yeux de ceux qu'elle abuse. L'échec à sa plus haute densité d'expression avant la mort. Ou la vie. Selon. Plus le poème est "réussi", plus il exprime cet échec, envers de son désir. Après quoi, soit il renonce, soit il est renversé, dans la vie, indéfiniment.

16 pluviôse an zéro (fête du poème)

Poésie : "contrainte de la forme" ?

Il y a la forme imposée, classique, connue, partagée (le sonnet par exemple, mais tant de variantes...). Même celle-là, je ne la choisis plus au départ. Elle ne vient qu'en chemin, mais, quand elle s'impose à l'écriture, elle entre en contradiction avec le poème comme production poétique. Il faut alors user de ruses, et même en abuser, s'en amuser, avec plus ou moins de bonheur, pour n'en être point dupe.  Mais la liberté n'en est pas moins grande, ce sont seulement les contraintes qui sont déplacées, comme conditions déterminées du poème, ouvrant à d'autres dimensions de liberté. Il y a bien quelques problèmes techniques, mais ils sont affaire de virtuosité, c'est-à-dire de pratique. Il n'y a pas de poème dans l'indétermination. S'il y a un choix du poète, il relève de l'éthique, de sa politique du sujet, de son histoire comme rapport au langage, et de celui-ci comme rapport social. En quoi je m'oppose tant au néo-classicisme qu'à une certaine critique du néo-classicisme, qui, formaliste, commet la même erreur sur "la forme", sur la forme-forme (comme les critiques politiques de la forme-parti).

Il y a une plongée poétique aux apparences plus libérées, moins contraintes. La forme y semblerait entièrement libre. Mais cette liberté n'est encore qu'un leurre, car au bout du compte, il y a toujours une forme produite : un résultat, qui ne définit pas le poème, ne le porte pas non plus de manière séparée (ça c'est bon pour les experts, avec leurs lunettes déformantes sorties des académies pour y entrer, y faire rentrer la poésie, par la rhétorique, voir LA POETIQUE TOUT CONTRE LA RHETORIQUE). C'est comme de considérer le free-jazz plus 'libre' que le New-Orleans. Même si l'on refuse tout ce qui faisait jadis la différence entre forme 'poésie' et forme 'prose', ni la première ni la seconde ne définissant la poésie (le poème comme oeuvre-sujet selon Meschonnic), cela n'aboutit qu'à en sélectionner des ingrédients, des procédés rhétoriques (rythmes, mètres, sons -rimes, allitérations...-, prétendus "sens"...) quitte à en inventer et en promouvoir d'autres : il n'y a pas d'écriture sans forme, mais le poème, de la forme, il s'en fout, comme de l'écriture (il est toujours, même pour celui qui écrit, lecture, réception, oeuvre-sujet, de la même manière qu'un musicien joue par l'écoute : un sourd ne fait pas de musique -conneries sur Beethoven...).

Celui qui voit "la contrainte de la forme" ne la verra jamais entièrement : en cherchant à la comprendre, à la maîtriser par l'analyse, il y perdra le poème. Seul le poète peut être dans le poème en poète, en le produisant, à condition de le faire, de n'y être pas en tant que poète (ce qui n'est jamais acquis, d'où l'inertie programmatiste, la forme comme contrainte). C'est un peu comme le public musicien qui se croit expert, ou le musicien critique de ses pairs, qui, repérant les enchaînements harmoniques ou rythmiques, croit savoir ce qui se passe, "comprendre" la musique : pauvre Coltrane, mis en patterns, Pater noces ternes qui êtes aux cieux, prosternés suspendus à la paterne éternelle comme le commerçant à la patente. Où celui qui n'y connait rien, qui n'y comprend rien, est sans comparaison meilleur 'public' (ce que disent au demeurant John Coltrane, Bill Evans, Art Blakey...).

Avec quoi on peut lire un sonnet dans sa forme, comme schéma (abab, cdcd etc.), ou entendre un blues comme machin à douze mesures... La meilleure façon de rater Rimbault et Monk.

La forme du poème est un piège à cons. Son service public. Sa société civile. Son Etat. Ecrire dans la "contrainte de la forme", c'est faire du programmatisme poétique, programmer le poème.

Au total, demeure une incompréhension sur la dialectique du contenu et de la forme en art, et une déshistorisation de la forme classique, où l'on ne voit dans celle-ci qu'une répétition de ce qu'elle était à ses heures de gloire (elle ne fut d'ailleurs pas figée, voir l'alexandrin chez Hugo, ce vieux filou, ce jeune filon qui n'a pas de complexe à avoir devant Rimbault, celui-ci retenant à l'insu de son ironie sa part "absolument moderne", qui n'est qu'historique : on n'est, on naît, au mieux, "un autre", que de son temps).

Il y a sur la base de la forme un dépassement de la forme, une combat de l'écriture par la lecture, contre la forme par la forme.

La forme, et, dans la même geste, le "contenu", sont dépassement produit d'un tout qui fait le poème : cette geste est improvisation. Le poème n'est pas plus forme qu'il n'est contenu. Ramené à ces dimensions séparées, il n'est plus un poème, il est détruit en tant que tel. Ce ne sont que les apparences de l'écriture dans la lecture. La poétique n'est que faire*.

* En quoi l'on peut détourner Marx : La poétique [le communisme], c'est comme l'amour, c'est tout ce qui est vivant, toute spontanéité, toute expérience sensible, en un mot toute l'expérience réelle dont on ne sait jamais à l'avance d'où elle vient et où elle va.

15 pluviôse an CCXIII (fête de la vache)

On ne peut pas écrire un poème bovin tous les jours (voir VERS LENTS VERBEUX)

14 pluviôse an CCXIII (fête de l'avelinier)

Larousse : "Variété de noisetier des contrées méridionales de l'Europe"

Dick' au Pat : Avelinier : nier la lie, Ave !
L'ardent gâté, la lie gâteuse. Aligato'. Croque idylle et casse-noisette.

(suite du 4 pluviôse)

3906 visites en janvier, moyenne de 126 par jour. 67 % de France, 23 % des USA...

En janvier, sur 67 pays* dont proviennent les passants au net, les 30 premiers sont, dans l'ordre * : France, Etats-Unis, Belgique, Canada, Suisse, Allemagne, Maroc, Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Tunisie, Suède, Pays-Bas, Luxembourg, Algérie, Chili, Brésil, Japon, Mexique, Egypte, Gabon, Israël, Roumanie, Liban, Sénégal,  Burkina Faso, Kazakhstan, Norvège, Pologne, Hongrie... 

Les mois précédents, des visiteuses (et...) sont venues également de Côte d'Ivoire, Portugal, Thaïlande, Danemark, Irlande, Costa-Rica, Autriche, Slovénie, Grèce, Australie, Bulgarie, Hong-Kong, Colombie, Mali, Togo, Taïwan, Bénin, Biélorussie, Congo, Bosnie Herzegovine, Indes, Uruguay, Kenya, Philipines, Russie, Andorre, Cuba, Madagascar, Nouvelle Calédonie, Pérou, Argentine, Rep. tchèque, Ghana, Corée du Sud...

Merci à toussétoutes de votre passage...

* Avec mes excuses à ceux qui ne sont pas cités, je n'ai pas cette information. Vous pouvez toujours me faire signe à Patlotch@free.fr

12 pluviôse an zéro (fête du brocoli)

Un brocoli yoyo brio ?

LE RIEN DU TOUT ALTERNATIF

Propre sur elle, allant son pas de scène acteur en actes tristes, elle conteste et désire les avantages sans les inconvénients... du Capital. Elle fait ses sites de ses cécités, sans cesser sa félicité de cité, nécessité citoyenne si t'as rien que le salaire de sa peur : la démocratie de son consensus mou. Son "possible" est son rien, le rien de l'économie politique, avec sa politique d'économistes en leurs échos normés par des taxes bidons. Bidons, bidons, bidons vils et vides du bide des cocochons, le bide à soi des bidochons de leur Bidassoa, parti de sa classe sans luttes. En grèves bien rangées, en rang d'unions sans failles (ail aïe mes os !), elle veut son pain sans rêves. Mais ça n'en mange pas, elle étale dessus en couches moyennes son beurre, avec le lard des gens du leurre, gens bons sans art, sur la tartine le foie gras de sa foi grasse : son utopie du même ordre social. Radicale sans racine, elle nous repeint les murs pour éviter qu'on les abatte : l'alternative.

(au nom de la politisation du mouvement social, la syndicalisation de la politique, sa reproduction capitaliste - tautologie, toute au logis)

FoSoBo, 30 janvier 2005

9 pluviôse an zéro (fête du peuplier)

Peuple y es-tu ?

L'art (la poétique) est en ceci fécond, s'il tient son éthique, qu'il fait en exprimant le stade de l'intuition, du ressenti, des affects. Il n'en est pas moins représentation du réel que la théorie, la philosophie, la science. Sa différence avec ces catégories de la pensée et de l'action, s'il tient son éthique, c'est qu'il n'évacue pas les contradictions : il les représente par l'équivoque (Aragon), qui est tout autre chose que la polysémie (le public y trouvant ce qu'il veut, que n'a pas mis l'artiste : limites de Duchamp et plus encore de ses caricatures tout au long du 20ème siècle).

Cela (m')explique pourquoi j'ai pu être plus 'juste' politiquement dans ce qui se présente comme le moins politique (Livredel, Jazz et problèmes des hommes, parties de Carrefours des émancipations). De fait je constate, d'expérience, la justesse des considérations de Marx sur la plus grande pertinence, dans certains cas, de l'idéalisme philosophique, par rapport au matérialisme jusqu'à Feuerbach (qui régresse en certains point par rapport à Hegel : Philosophie et révolution, De Kant à Marx, Kouvélakis / Logique hégélienne et contradiction, Roland Simon)

Autant dire que cette éthique de l'art, une fois sur deux, un vers sur deux, une mesure sur deux, une toile sur deux, je ne l'ai pas tenue. Elle ne se programme pas, mais s'invente dans le travail de la forme, qui parfois vous capture.

8 pluviôse an zéro (fête du mézéréon)

Larousse : "n. m. Arbuste du genre daphné, qui croït dans les régions élevées, et qu'on nomme vulgairement bois-gentil" (ça ne s'invente pas, le mézéréon : ce n'est pas de la langue de bois !)

La con-des-fédé-ration CGT a décidé 'ni oui ni non' à l'Europe constitutionnée. Goutte qui fait déborder la vase : j'ai rendu ma carte. Après la pointeuse du ministre communiste, après des années de clientélisme et de revendications catégorielles séparées, et dès lors qu'il ne s'agit plus, au nom du service public, que d'exister européanisé en confortant les salariés d'Etat, qu'ils aillent se faire foutre. Corpos de toutes corpos et blanc de blancs sans fond rouge, vous pouvez crever !

On observe dans ce pays, la France, une rare capacité à cumuler les extrêmes : avec un écart de deux siècles, la tragédie révolutionnaire se mime en farce réformiste, mais dans des formes qui parviennent à ramasser "génialement" gauchisme, réformisme, et contre-révolution. L'alternative radicale en est l'expression politique. L'analyse faite, cela saute aux yeux à la lecture des discours 'qui montent', en prenant soin d'évacuer toute issue révolutionnaire. Pour le coup, on doit se souvenir inlassablement, sans pour autant être 'léniniste' (en substance) : "Les hommes resteront les dupes d'eux-mêmes tant qu'ils ne saisiront pas derrière tout discours les intérêts de telle ou telle classe". Et cela concerne toute la classe politique organisée, ou en voie de s'organiser à gauche. Avec son peuple. Avec ou contre sa souveraineté, le disposititif politico-syndical français se comporte globalement comme une super-syndicalisme de collaboration de classe avec le capital.

5 pluviôse an CCXIII (fête du taureau)

Notons que le taureau républicain n'est pas en phase avec le zodiacal. C'est toujours ça de pris, croyance pour croyance, bof...

"Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas*, Madame ! Certes, mais la vie est si fatalement sérieuse qu'elle serait insupportable sans cette alliance du pathétique et du comique. Nos poètes savent cela. Les plus effroyables images de la démence humaine, Aristophane ne nous les montre que dans le miroir rieur de la saillie, le grand désespoir du penseur qui conçoit son propre néant, Goethe ne se risque à l'exprimer que dans les vers de mirliton d'un spectacle de marionettes, et les plaintes les plus poignantes sur la misère du monde, Shakespeare les met dans la bouche d'un fou dont il agite les grelots d'une plume angoissée." Henri HEINE, Le Tambour Belgrand, 1826, Trad. François Rey *Attribué à Napoléon fuyant la Russie

4 pluviôse an zéro (fête de la virtuelle)

Foin de fausse modestie. Depuis sa création en mai -j'y ai fait ce qu'il me plaisait- ce site est de plus en plus visité. Depuis que j'ai accès à des statistiques : un millier de visites en juillet à plus de 3000 probables en janvier*, soit une moyenne de 120 par jour (rien n'indique que ça durera, peu importe, c'est à partager)

* en définitive, 3906 visites, 126 par jour

Les pages les plus visitées sont certes les plus actuelles, auxquelles je renvoie par le bouton 'nouveau', et donc depuis quelques mois des pages plutôt politiques. Mais une part importante, ce qui n'est pas sans me surprendre tout en procurant la plus grande joie, visite avec une belle constance les pages de "Jazz et problèmes des hommes", en particulier celles où je n'écris pas, pour laisser parler les musiciens, poètes, philosophes... Comme c'est ce que je considère ici de plus "fort", je ne saurais que m'en réjouir... A notre commune jazzitude, buvons !

Concernant la provenance des visites, la proportion de visiteurs (...) de France n'a cessé de baisser dans cette augmentation absolue, pour passer de 85% en juillet à 60% depuis le premier janvier, descendant à 27 % en août (pour 58 % des Etats-Unis).

En janvier, sur 57 pays dont proviennent les passants au net, les 30 premiers sont, dans l'ordre * : France (60%), Etats-Unis (26%), Belgique, Canada, Suisse, Maroc, Grande-Bretagne, Luxembourg, Italie, Tunisie, Espagne, Chili, Allemagne, Pays-Bas, Algérie, Japon, Egypte, Mexique, Gabon, Kazakhstan, Liban, Suède, Brésil, Argentine, Rep. tchèque, Norvège, Sénégal, Ghana, Israël, Corée du Sud...

Les mois précédents, des visiteuses (et...) sont venues également de Roumanie, Côte d'Ivoire, Portugal, Pologne, Thaïlande, Danemark, Irlande, Costa-Rica, Autriche, Slovénie, Grèce, Australie, Bulgarie, Hong-Kong, Colombie, Mali, Togo, Taïwan, Bénin, Biélorussie, Congo, Bosnie Herzegovine, Indes, Uruguay, Kenya, Philipines, Russie, Andorre, Cuba, Madagascar, Nouvelle Calédonie, Pérou

Merci à toussétoutes de votre passage, quoi que vous en ayez retiré, pour le meilleur et le pire du potlatch... A nos amitiés virtuelles, buvons ! (quant à trinquer, c'est assez...)

* Avec mes excuses à ceux qui ne sont pas cités, je n'ai pas cette information. Vous pouvez toujours me faire signe à Patlotch@free.fr

3 pluviôse an zéro (fête du fragon)

Larousse : "Le fragon épineux ou petit houx a des baies rouges comestibles" (Larousse). Voir dans le genre, mais sans épines : Le merle en perd ses cerises  (4)

2 pluviôse an zéro (féte de la mousse)

Cesser de faire de la mousse !

Pour avancer, il me faut considérer ce que j'avais entrepris (notamment Carrefours des émancipassions) non comme "erreurs", conscience fausse, mais comme conscience vraie dans les limites de ce que je pouvais saisir, et saisir ces limites pour les dépasser

21 nivôse an zéro (fête de l'écriture)

AUTOCRITIQUE (esquisse d') Voir plutôt AUTOCRITIQUE

Au bout de trois années, si ce n'est de trois décennies, je n'ai pu dépasser le stade critique hérité de la théorie situationniste, malgré quelques mises à jour échappant à sa récupération générale, ou à son recyclage (Anselm Jappe). Me manquaient les concepts que propose entre autres Roland SIMON, en termes de "cycles de luttes" en faisant la critique du "programmatisme", du "démocratisme radical" (alternativiste ou rupturiste), et en construisant celui de "communisation" autour de la contradiction de classe : l'"exploitation" du prolétariat par le capital. Sans retenir dans mon "retour à Marx" cette dynamique historique, je restais par conséquent prisonnier de la focalisation sur la marchandise et la valeur, sans prendre le mouvement du capital dans sa "présupposition" et son procès entier : aujourd'hui sa "restructuration" qui détermine à l'intérieur de la contre-révolution les formes 'alternatives', y compris à prétention 'anticapitaliste' dans l'impuissance de la phraséologie révolutionnaire.

J'avais beau "créoliser" les éléments hybrides du renversement de perspective, il me manquait un fil rouge pour les tisser en terme de communisme conséquent, d'abolition du capital, pour en faire plus que des ingrédients précieux et justes, mais inopérants car n'accédant pas à la conscience, à la théorie dans la pratique.

Je ne parvenais pas à mettre en cohérence ces ingrédients - ma critique de la théorie et de l'organisation séparées, de l'identité militante, le concept d'autopraxis, la double subjectivation individuelle et collective, le pragmatisme anticapitaliste, et mes dernières retours sur la lutte de classe- car je les passais tous par la double grille, nécessaire mais insuffisante, du capitalisme comme système marchand et de l'étatisme politiciste : in fine, je me heurtais à des inconséquences que je sentais poéthiquement, sans les saisir théoriquement.

Ces ingrédients stratégiques m'ont certes conduit à écarter, comme inadéquates au mouvement du communisme, les pistes partisanes, citoyennistes, les alternatives et convergences plus ou moins radicales, en saisissant comme impasses, mais sans tenir la cause de ces "limites" intrinsèques du "cycle de luttes" actuel, sans sortir clairement du flou du prolétariat élargi (multitude) comme sujet politique, sans nommer la possibilité du renversement par la lutte de classe comme autonégation du prolétariat. Il ne suffisait pas de considérer positivement (par humanisme théorique ?) l'autopraxis comme carrefour de toutes les émancipations, mais de la comprendre comme autoabolition du prolétariat dans le procès de dépassement du capitalisme jusqu'à l'abolition.

Corollaire : Patlotch fut un anornymal de nosotros. A ronger ce  frein, friand de friends. Un cycle de luth achevé, le jeune Patlotch est renversé sans avoir touché le but de son potlatch, n'ayant su qu'animer, d'un pseudonyme rêvolu sonnant ses matines, l'aube d'un jour encore à lever. 

18 nivôse an zéro (fête du clavier)

THEORIE DU COMMUNISME

Meeting  (revue internationale de communisation)

17 nivôse an zéro (fête de l'écran plat)

Aussi loin qu'il me souvienne, je n'ai voulu devenir rien : ni pompier, ni aviateur, ni je ne sais quoi. Rien. La question ne s'est, on ne me l'a, jamais posée. Moi non plus. Fort bien, car j'en fut réduit à vaquer. Ce que je suis, je l'ai peu choisi. Pas plus d'autres pour moi. N'ayant personne à blâmer,  je me suis rendu libre. Libre de n'avoir point à refuser ce que personne ni moi n'avait à m'imposer : le luxe d'être un esclave, et de n'avoir que maîtres à affronter. Le plus puissant : la réalité.

16 nivôse an zéro (fête de la souris)

Le secret du "rêvolu(tort)tionnaire"

A délire de la veille, cela consiste à con-sidérer la réalité comme inconnaissable en totalité : connaissable en parties et limites seulement. Sans quoi l'on croit possible de l'atteindre comme une totalité par une vérité, et l'on ne fait plus la différence entre sa vérité et la réalité : puisqu'on a raison pourquoi chercher ? Et l'on préfère les réponses aux questions. L'art est à l'abri tant que l'artiste ne le considère pas comme vecteur d'une vérité de représentation mais bien de (re)création d'une réalité. La politique fondée sur des certitudes s'ignore comme représentation et se présente comme vérité à faire partager, par quelque pédagogie. Elle a d'autant plus de mal à atteindre son but qu'elle écarte les moyens de le toucher : elle n'est plus art de l'attention à la réalité mais détention de sa vérité.

Sachant tout, le tout d'une totalité qu'il croit posséder alors qu'il ne la pense pas, et dont sa vérité est (hait) l'absolu contraire, le "révolutionnaire" ne trouve rien de réel à changer : dés-altéré, il alter-erre dans le miroir de ses altères-égaux : la musculation égotiste du même collectivement individualisée... par son identité en tant qu'indivi-duel-le ('révolutionnaire', 'communiste', 'marxiste'...) entièrement aux mains... du Capital : sa 'révolution' étant le contraire de ce dernier, dans un miroir qu'il ne traversera jamais, et voulant changer le tout il ne change que rien : à son corps défendant, il ne peut rien changer. Sauf à changer de peuple, comme disait Brecht. Son auto-pro-clam-action est alors le contraire de l'autopraxis (du prolétariat réel), pour une fin qui, n'ayant jamais à commencer par la lutte initiale (Edgar Morin), toujours re-commence la lutte finale : la révolution impuissante est sa répétition par celui qui n'aurait pas à (se) changer : le "rêvolu(tort)tionnaire".

15 nivôse an zéro (fête de la main)

VALSES NOUVELLES (à dire vrai, très approximatives)

1) POLITIQUE : VÉRITÉ, RÉALITÉ, PEUR, LÂCHETÉ, CRITIQUE, ENFANCE, ART

Comment la politique, la démocratie révolutionnaire, l'auto-praxis pourraient-elles se développer dans un pays et une époque où la parole n'est pas libérée, où les relations humaines sont écrasées par les pesanteurs de la honte de quelque privilège, de la peur de soi et des autres, et in fine par la lâcheté incommensurable d'un peuple qui est bien loin d'être resté celui de la liberté, dont il fut censé porter le flambeau aux yeux du monde.
Quelque chose s'est durablement embourgeoisé, franco de porcs, derrière des barricades qui sont essentiellement intérieures, que le terme d'aliénation peine à rendre, car ces supposées "victimes" sont prises, entre objectivité et subjectivité, entre intérêts de voir et de s'aveugler. En tous domaines, la réalité fait peur. Sa propre vérité fait peur. La sécurité est de rigueur. L'autocensure et l'auto-servitude font barrage à l'autopraxis dont tous les ingrédients sont pourtant au bord de la conscience et de l'action.

La peur de la réalité conduit aux interdits et aux tabous de la critique. De la critique radicale. Voilà la glue à laquelle se collent aussi bien le syndicalisme que l'apolitisme massif qui fait du régime 'démocratique' une dictature sur des esprits consentants. Les corporatismes disent assez bien cet état de pourrissement de la veine intempestive. Celle-ci n'est contre toute illusion que très minoritaire. Point besoin dans ces conditions de se demander pourquoi l'électorat remet son avenir entre les mains de ses représentants dans un geste de consommateur. Qui veut la vérité pour la réalité ? Qui veut la responsabilité qu'implique la liberté ? En vérité, et jusqu'à preuve du contraire, les Français ne sont guère plus avancés que les Autrichiens de Thomas Bernhardt ou d'Elfriede Jelinek.

Quelque chose est à secouer, d'une geste artiste, cette quête absolument vitale de la réalité, qui demeure la source essentielle, comme disait Lénine, de la révolution : "la vérité est révolutionnaire". La vérité comme recherche de la réalité à transformer : difficile de transformer dans un sens choisi ce qu'on ne connaît pas. En France ce ne pourra être secoué qu'à l'occasion d'une explosion populaire du type de 1968. Les seuls moments de vérité sont ceux où la parole, comme sortant de la bouche des enfants, s'autorise à surmonter la honte d'avoir peur. Ces moments qui surgissent à l'occasion d'événements rompant avec la normalité quotidienne et sa scansion du temps de la survie. Ces moments où ceux dont on l'attend le moins retrouvent la joie vraie de l'enfance, qui est aussi celle de l'artiste dans l'acte de création. Une question revient toujours : peut-on et comment participer à l'émergence de tels moments ?

2) VÉRITÉ, RÉALITÉ : ART, POLITIQUE, ÉTHIQUE

(politique est ici pris dans le sens de la politique pour l'émancipation, celle dont 'nous' a besoin)

L'art (la poésie, la peinture...) ne dévoile pas la réalité, comme prétendrait le faire une philosophie. L'art se fait à partir de la réalité : il recrée ce qu'il a senti d'elle, telle qu'elle se donne à voir à qui la regarde droit dans les yeux. L'art s'empare de la réalité sans chercher à en dire la vérité : il existe dans l'équivoque qui sépare la réalité de toute vérité (philosophique, politique...). C'est pourquoi l'art ne s'arrête pas à une vérité ni à une autre, mais commence en-deça et emmène au-delà, s'approchant de (touchant à) la réalité mieux (en tous cas différemment) que toute vérité (philosophique, politique...).

L'art est un faire, une praxis. Différente de la praxis politique. Il est praxis entre sentir (saisir =  'voir') et faire. La politique est praxis entre penser (saisir = comprendre) et faire. L'art est politique quand il ne tente pas d'anéantir la distance entre vérité et réalité. L'art cherche la réalité plus qu'une vérité de la réalité : penser lui est nécessaire mais pas suffisant ni essentiel. Il ne s'impose pas à la réalité comme vérité, mais comme re-création, dans l'oeuvre comme sujet, c'est-à-dire par les effets sur son 'public', capable de re-saisir (même inconsciemment) la geste de l'artiste (à qui la conscience n'est pas non plus indispensable dans sa geste) : c'est pourquoi l'art véritable exige un public actif. Il touche qui en est saisit en le saisissant. Voilà qui ne relève pas, comme l'Occident le croit, de capacités intellectuelles.

La politique ne serait pas émancipatrice qui n'aurait pas besoin de l'activité (besoin que les gens pensent et agissent).

L'art rejoint la politique en ceci qu'il ne triche pas avec la réalité sans risque de se perdre, lui en tant qu'art, elle en tant que politique. Si art et politique jouent avec ce feu de leur mort, cela reste par quelque ruse de la forme : la tactique pour la politique, l'esthétique pour l'art. (L'esthétique est la tactique de l'art. La tactique est l'esthétique de la politique) Ils en sortent vivants par l'éthique. L'éthique est ce qui sauve l'art et la politique de se croire plus vrais que le réel, d'imposer une vérité à la réalité.

3) POLITIQUE : VÉRITÉ, DISSENSSUS, ART

Avons-nous peur de la réalité ou de la vérité ? Il me semble que nous sortons de l'époque où nous avions si peur que nous ne pouvions appréhender la réalité que par le mensonge. Nous entrons dans une autre où nous avons absolument besoin de la vérité vraie (sincère, car chacun la sienne). Quand on a saisi son mensonge, on le rejette où l'on y sombre en pires souffrances. Vouloir sa vérité rend possible de rencontrer la réalité pour tous, y compris d'autres vérités. Mentir leurre tout le monde : dans le capharnaüm post-moderne il n'y a que des dupes.

Le simple fait de chercher la (sa) vérité, de ne plus supporter le mensonge, est une phase de libération qui constitue une rupture éthique : pour toucher à la réalité, il faut d'abord vouloir la vérité. Alors la politique devient possible comme dissenssus. Ceux qui cherchent le consensus plus que la réalité, et plus que leur propre vérité, ceux-là négocient avec le mensonge. Croyant rencontrer le réel plus vite, ils lui tournent le dos. Mais on ne sortira pas d'une époque de mensonges en leur opposant d'autres mensonges, sauf à précipiter la catastrophe. Ceux qui se battent pour la vérité peuvent faire des compromis, car ils négocient dans la réalité.

Nous voulons passionnément la vérité, car elle seule peut nous faire toucher la réalité et gagner le réel de vivre. Pas plus que l'art ne se réduit à une esthétique, la politique ne se ramène à une tactique, à ses ruses. Voilà aussi en quoi la politique apprend de l'art.

14 nivôse an zéro (fête du lendemain)

Construire la forme libérée, libérante, libre errante au gré du vent déviant et sous la grêle d'évidanse son grès vivant son grain divin et sans chagrin dévidée du sain sein en son son de saison assassine

12 nivôse an zéro (fête de la fête) 1er janvier 2005

"Je te trouve toujours à l’heure Où quelque grande idée en moi Surgit, où l’éclair va jaillir De mon esprit illuminé.
"Que veut dire ce regard fixe ? Explique-toi : que caches-tu D’aussi brillant sous ton manteau ? Qui donc es-tu et que veux-tu ?"
Il répondit sur un ton sec Et même quelque peu maussade : "Ne m’exorcise pas, de grâce, Et surtout pas de grandes phrases !
Je ne suis pas un spectre antique, Un fantôme qui sort des tombes. Je n’aime pas la rhétorique, Je ne suis pas grand philosophe.
Je suis de nature pratique, Toujours paisible et taciturne. Sache-le : ce que ton esprit Conçoit, c’est moi qui l’exécute."

Henri HEINE, Germania, conte d’hiver, 1844

(cité par Isabelle GARO, Intervention théorique et révolution chez Marx)

An nouveau, dispositions nouvelles, dit-on. Disons que ça continue. C'est du talon d'argile crotté que surgit la vraie liberté.

MOISSON ROUGE :

- Eustache KOUVÉLAKIS : Philosophie et révolution, De Kant à Marx, 2003

- Robert MUSIL : Oeuvres pré-posthumes, 1920-29

- Elfriede JELINEK, Lust, 1991

- Eric HAZAN, L'invention de Paris, 2002

IndexALLAIS (Alphonse) ; AMILA Jean (écrivain) ; ARAGON Louis (écrivain) ; BERNHARD Thomas (écrivain, dramaturge) ; CLOUSCARD Michel (sociologue, politique) ; DAC Pierre ; DESNOS Robert (écrivain, poète) ; DUFRÊNE François (poète, affichiste) ; FAST Howard (écrivain) ; GETZ Stan (saxophoniste, comp, lead) ; HEINE Henri ; HELENA André, écrivain ; JELINEK Elfriede ; LAPOINTE (Bobby) ; YOUNG Lester (saxophoniste ténor, clarinette) ; ZIZEK Slavoj
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