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VALSE MA PARESSE
(à Oblomov*)
Aux heures lentes serrant les gloses
fières d'éparses identités
(A contes moraux cultes moroses
Tous ensemble noyant le bébé
Dans la vague de leurs valeurs molles
agitant global'ment le bocal)
Je surnage en bâtard asocial
citoyen ligoté et battu
Tendant mes peaux aux caresses folles
de vents saouls érodant les statuts
Sur le lit défait où la pensée
fait l'amour à la seule maîtresse
Sans esclave et si bien reposée
qu'elle ne trompe jamais l'ennuiRER A, 30 juin, 19h 33
* « Il avait été élevé à cette hauteur par la Russie de février, paresseusement révolutionnaire, qui tenait encore d'Oblomov [GONTCHAROV] et qui était d'une part, oh ! si candide ! et, d'autre part, ah ! si friponne !...» Lénine, Léon TROSTKY (à propos de Tchernov)
** Glossaire j'y serre mes gloses, Michel LEIRIS, 1939
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LITIERE
Passe encore un pou dingue
à couper l'appétit
Pas un pas sur la grève
ne traverse l'enfer
Pas un geste à la mer
n'étanchera la soif
Pas un marin d'eau douce
n'est le sel de la terre
Pas un grain de café
pour lire dans la mare
Pas un coin de canard
ne mets à bas l'épate
Pas un loup pas un chat
ne porte de voile
Fosobo, 25 juin 2005, 23h11
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TAM TAM ALÉATOIRE
Un crime sans bavure
relève en morne plaine
Une orange sans gain
trouble le ciel de gigne
Un mot contre l'ennui
éclaire un front ami
Une grève à toute heure
déride les prolottes
Un regard d'eau marine
baigne la nuit de joie
Une peau tend la main
à la forêt sereine
Un pied ferme la rive
où la mer s'ouvreRER A, 21 juin, 9h07
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DESPERMISSION
par devant
migre misère
de coeurs en chairs
allers retours
alliers retors
élans tournis
à voile brûlant
des vaisseaux d'infortune
volant à l'assautd'incertaines Communes
lassées d'un ciel
traînant aux fronts
de potes empotés
en liesse à récollter
les pots brisés par le gros temps
en laisse de sable
qu'emporte un vent maudit
chargé de fiante ensanglantée
sur les flots déflorés
de grands horizons fiers
où défier la raison
pauvre fiancée défunte
horrifiée par ses armes
rongées de sel amer
usée de feintes ruses
et de ressourcesautoriséespar un douanier pleurant sous cape
aux frontières qu'il efface
aux faces du tout mondechiffonné
qu'il crisse sous sa craie
d'expert-contentcomptant sous table
sur le tableau blanchide ses exploits
stations de son chemin de choix
vers un calvaire d'overdoses souscrites
soleil d'étain
retours hâlés
plomb dans les zèles
congés de paille
bâillons
dentelles
haillons attelles
seaux d'hommes mis
misés misèreà leurs boursesaux enchèresenflammées
par derrièreRER A, 30 mai, 19h15*VESTIGE DU FUTUR
(Pour un tryptique, panneau de droite)
Au vertige berçant
sa promesse de chute
l'homme tergiversant
dirige sa culbuteFunambule dément
sur son île fragile
il grimpe en fol amant
la tige volubileD'un rêve de cocagne
au firmament du bagne
où mise en terre mentLa bombe codicille
dans la tombe d'argile
de son bâtardementFoSoBo, 24 mai, 7h00
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DIABLOGUE, FoSoBo, 21 mai, 18h16
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NOUTROS SCLAVIÉS, FoSoBo, 20 mai, 22h30
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RETROU A LA DORMAL FoSoBo, 17 mai, 0h25
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LOUROPT, FoSoBo, 16 mai, 0h07
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JOCTRACHE, FoSoBo, 15 mai, 20h41
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UNTERFURT
Frontières du sommeil une imagearrange un passage au destinvolabile où sourd un pays sageétagé de plans clandestinsOn y tourne de trop courts métragesmis en scènes d'impurs instinctsoù la pensée force le barragede forfaits commis indistinctsUn enfant a perdu le visageoù pleure une amie qui s'est tueet caresse une envie dévêtueDu vertige étrange visaau matin qui baisse le rideaudu réveil et d'un lourd fardeauMonSoBo, 15 mai, 16h09*
PLAINE AUX AS
(Hon II / Hon, valet de l'arène)
à CitroënLa cité ne prend plus son pouls
sur des vaisseaux sans gains
elle est lasse de coeurDévalisée, la ville épate, avalée
les rois dévalués de la mélasseRayon des corps
Hon brade, force police
une chair rafraîchie, métropolie, traumapliée, X-bronzée...
Hon astique un décor d'époqueStand des célébraux
Hon solde, force politesses
un neurone avachi, une poule aux potes, un polycrate, un X osé...
Hon aspire à l'épique en ticsSous les néons falots
Hon traque l'aubaine
comme on troquait l'ébène
hélas, sur le carreauSur le béton banal
Hon bavasse et cueille
en cassant la dalle
le trèfle sans feuilleAu temple en options
sous cellophane Hon vend du vent
et le vide s'emballe au marché du néant
der toc déballé des stocks : pour les masses
Rebelotte et gores lots
Hon abat son carré d'as
en deux temps quatre mouvements
Actions avant, tractions arrière
tenues à carreau, pique adore
cailler au feu, paître au milieu
coeur d'artifaux, trèfle de présentes rixes
FoSoBo, 13 mai, 22h12
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DECADANSE
(à ZORRO)
Au bal des jours des nuits un cavalier
surgit hors de l'ennui et de la peine
à jouir dans la normose à défolier
le temps qui passe ou casse dans l'arène
de sa vie les banderilles rouillées
aux yeux mouillés d'une bête sans corne
et sans défense à défaut d'oublier
des hiers sans remords un présent morne
des demains trop écrits pour délivrer
des livres ravaler ses hurlements
sous la langue offrir sa chair aux serments
qu'un matador sur le sable des lices
signe à la pointe à dessein doux délice
en sentence où coule de sens la mortFoSoBo, 12 mai, 20h32
* normose (22 floréal)
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RAISON CLOSE
Où tu étouffes tu renais
vivre n’est pas ailleursdans la carrière soutenue
de filles de joies en maquerelles civilisées
quand l’homme est nu
en essence posédans la vitrine opaque
de sa trinité
savoir, avoir, hâter
l’autogestion de son cloaquequ’il bouffe bouffi bouffon
rempilant qui remplit
les bas-fonds
d'un replisur soi bavant la bile
en restes d’humanité
débile habile
de virilitéVivre n'est pas ailleurs
où tu étouffes tu renais
FoSoBo, 11 mai, 18h43
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BRISÉESLa haine est fraîche comme une bouse
Demain est déjà las d'un radieux avenir
où se pose une mouche contre la brise
mais aujourd'hui devient moins ennuyeux
Rien n'arrêtant leur charre
qui marche en charentaises
à semelles de plombDe charmantes thèses
mentent et taisent
sans surplomb
Pataugeant dans la soupe au gras des papotages
avec ces cris bouillants où se brûle la langue
Va plutôt valser sur les volcans
étourdir tes élans dans les braises
et voler dans les bras des sorcières
te soufflant à l'oreille leur chœur
FoSoBo, 10 mai, 0h07
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FAUVE QUI PEUT !
(à Jacques PRÉVERT :
« De deux choses l'une
l'autre c'est le soleil
les pauvres les travailleurs ne voient pas ces choses...» Le paysage changeur, 1949)A la méningerie de la bonne figure
le fauve de sa peur a forgé ses barreaux
son échine assouplie policé son allure
lissé son poil fraîchi l'haleine de ses crocs
Le port de son angoisse assure ses augures
dispensé de cravate il ravale un bas rot
dans le complet festin qui remplit de pelures
la carie faite dans sa carrière en raccrocs
Choisir c'est renoncer et de deux choses l'une
l'autre c'est le sommeil entre jungle et zoo
avoir ou être too to be or not to be
A la guerre à la paix suce au sens à la Une
le soir au fond des boîtes bavant du museau
entre l'ombre et la proie rutilant alibi*FoSoBo, 7 mai, 0h07
L'ÊTRE HON
(Hon I / réatribulation, car Hon est inconsidéré)
Hon va Hon vient toujours de quelque point à
un quelque honcque lieu
sans connaître, toujours toujours,
sa part de contrebande ou de contrefaçon, seule pour Hon comptant la faconde
Assuré d'un non-lieu
Hon ne craint pas les contredanses, Hon est au rythme de son temps, Hon est partout dans son espace chaîne-gaine
Oh, certes, Hon est bien là
rien que d'y être mal
ou mis à mal
mais pris à parti de n'en point prendre
A tel effet qu'Hon s'absout d'être absent à soi-même, passant comme on siffle pour se défiler
col chic dans l'apprêt
comme à Mao d'autres ont prêté,
pour peu qu'ils en eussent l'âge et déjà le loisir, quand c'en était l'époque, leur bêtise infantile,A moins qu'Hon ne se contente de croire ne ressembler à personne, Hon a besoin d'être plus con qu'un autre à prendre pour modèle et d'en faire des tics et des stocks,
à vendre ou à tuer le temps, oubliant ci ou là quelque démangeance à médailler sa boutonnière intime
A faire comme si ce qu'Hon fait, Hon ne le faisait pas
ou l'inverse après tout quelle importance, n'est-ce pas, ces nuances de ton pour Hon, puisque, principe de précaution : l'être Hon, c'est bon
Hon en est là, toujours déjà au paradis de quelque chose
Notez que Hon a la tâche inspirée : il aspire l'être Hon comme une pompe à ?¿RER A, 4 mai, 12h31
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TOI, QUI SAIS, TU EFFACERAS
(à Paul ELUARD :
Que ce nom libéré l'on n'ait plus à l'écrire)Quand la bonté fera la manche
en traversant sa haine amère
Quand tes yeux de velours
auront percé nos visages d'étoiles
filées de rires bleus en mémoire des blues
Quand la beauté ne s'assiéra plus,
jamais !
elle déjà sur les genoux qui vage
en contrictions, a mal en ses dessous
en des veines gonflées,
triste à pourrir de trahison, elle,
Qui de longtemps ne descend plus en parachute
d'un machin à découdre sa robe de célibat
endurcie de semonce à s'en jouir
Moi peut-être, sûrement quelques autres
ôteront
la majuscule à nos corps retrouvés
la circonflexe au faîte du grand mot
sorti de crânes durs du mou qu'ils ont en dette
retroussé en coussins couci-couça suspects
si conscrits
circonspects
ou rassis
Alors TOI, qui saisoh, que si, les mots mentent,
raillent de traits nerveux ce qu'ils n'enrayent plus
en défilés captifs de lourds désirs atones
sous les mégalophones
Alors toi, LIBERTÉ, tu
effaceras ton nom aux frontons de la honte
ton nom aux frontons de la honte
aux frontons de la honte
hauts frontons de la honte
de la honte
la honteTU EFFACERAS
RER A, 3 mai, 20h05
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BISONCE
Ce trou dans la tête fontaine de mon sang
où l'aube grise lave une cacophonie d'échos
dans la sueur aux draps marbrés de son caillot
sans même que le merle en afflige sa flûteTorpeur à l'âcre odeur mouillée
de miennes terres brûlées
volant en purs nuages funérairesEt là, sentinelle déchue du chaos,
cette glace aux herbes sauvages
pilée par les sabots des choeurs grégrairesCombien combien de pages
à dégriser des vers brouillées
quand chute sous l'aisselle un soir noyé
sans opinion aux turlurettes des sondagesFoSoBo, 1er mai 2005, 17h08