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TAKE THE "A" TRAIN, MUST YOU ?(à lire en écoutant la musique : à Duke ELLINGTON et Billy STRAYHORN)Loin très loin trop loin si proche ou pas assez
ce qu'il y a est sans détour
sans retour au passéCe qui est là est làCompensé d'inutiles sentances
concentré de virile intendance
condensé de futile abondance
bondé comme en ce train la foule
à voix unique aspirant à l'emploi
et refoulant l'exploit
station debout tabouCe qui est là hélasCeux qui sont là à bout
vont seuls comme à vélo
en auto-immobiles
sans garde-boue
sans garde-fou
sans avant-goût
de ce qui n'est pas làCe qui est là est lasLe feu aux fesses
la détresse au derrière
et partout des garde-barrières
des avant-gardes de fourrières
des frontières d'avant-hier
la frenchie limite en ses mythes
d'identité identitaireCe qui est là et lasseAvec son mâle dedans
le sexe entre les dentscreusées d'E majuscules
qui ne crèveront pas les abcès qu'émasculela Gueuse
Avec sa race dedans
et ses papiers en culte
cette geste indigène en transe sans génie
transpirant la séparation
broyant son blanc noyant son noir
dans un blues faux comme un cantique usé
d'hombre porté sur son humain nombrilCe qui est là holàRenaître par l'autre vaincu
et par soi-même convaincu
en premier de la classe
pour en avoir ou pasCe qui s'en va s'en vaOn pleurera mais ça iraon sentira quand ça ira
on s'en tirera sans canons
ni trompe-êtres l'on chantera
Cuba no be coups bas non (bof !)
Ah ça ira on s'en rirace qui ira sans resteraCe qui est là est là
RER A, 20 septembre, 19h33* la Gueuse : la RépubliqueYou must take the "A" train
To go to Sugar Hill way up in Harlem
If you miss the "A" train
You'll find you missed the quickest way to Harlem
Hurry, get on, now it's coming
Listen to those rails a-thrumming
All aboard, get on the "A" train
Soon you will be on Sugar Hill in Harlem*
UN PETIT GRAIN
Levé au vent qui pousse aux fesses
va le petit grain à vau l'eau
ni bon ni mauvais quand l'ivresse
au rendez-vous offre son lotD'une folie en diligence
qui roule pour lui son destin
de faux passager clandestinIl va sans passer par confesse
en enfer sans dame nation
par instinct de conservationIl se surprend en dissidence
comme d'autres vont au boulot
mais ne fait pas de résistance
pour jouer ad lib en soloRER A, 19 septembre, 8h17
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DEMAIN LA VIEILLE
(à la vieille taupe*)
Sous les mots et merveilles
on nous creuse à tâtons
un tunnel en béton
où dort la taupe vieille
Forts d'un dit sourd sommeil
des fins en politique
ont recyclé ses tics
Mais passent aux aveux
dans le silence au creux
de policés discours
Ah ! que sourde le cours
de ce lourd feuilleton
d'avant hier la veille
Attention au réveil !RER A, 16 septembre, 8h35
* "Bien creusé, vieille taupe", où Marx (18 brumaire...) détourne Shakespeare (Hamlet, acte 1, scène 5 : Well said, old mole ! Canst work i' the earth so fast? A worthy pioner ! - Once more remove, good friends.)
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UN DERNIER VERS
Rouge impair perd vers pépère
L'esprit de parti partout
fait l'orgasme d'orgas membrées
d'individus médiatement asociauxRouge impair perd vers pépère
Allez les gars collatéraux
sans intérêt passants au net
vous prendrez bien une bal dans le dosRouge impair perd vers pépère
Un dernier vers pour la déroute ?
un doigt d'eau glacée dans le culte égotiste ?
un geste de six tronches ?Rouge impair perd vers pépère
Ailleurs, 14 septembre, 11h05
bal : boîte à lettre de messagerie électronique
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DE GLAS POTINS EN CLAPOTIS
Une larme d'enfance
une seule
sans sel
a renversé la mer des normesSous la digue un barbu barbote
Une pluie de démences
linceul
d'un ciel
en cadences d'indignes formesOù l'on se ligue on se ligote
Nous n'irons plus au bois
danser la gigue dans la grotte
sur l'intrigue ravie des bigotesBriguant un sort d'aucune sorte
Nous ferons le tour des gargotes
dormant dans l'ivresse d'un grain
amis réveillés sans migraines
d'un cauchemar vieil uniglotteAinsi vide un seau de vie sotte
sa dose maso d'eau de chiotteAilleurs, 13 septembre, 18h07
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JE SUIS STALINIEN / roman
Depuis que j'ai laissé l'exploitation aux exploiteurs, le travail aux travailleurs, la politique aux militants, la théorie aux théoriciens, la révolution aux révolutionnaires, et la poésie aux poètes, je n'ai plus rien à faire.
Ainsi "la vie est redevenue plus heureuse" (Staline, 1936).
Ailleurs, 12 septembre 2005
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D'OÙ L'ABUS DE BOUE ?
(Lettre fermée)
Quand des intelloscroient marcher sur l'eauen leurs gros sabotsde procès verbaux
Ya pas de miraclemais de vrais obstaclesaux pieds du spectacle
des petits cénacles
On n'est pas de boiset qui veut ne flottepas en langue morte
En baissant culottedebout dans les bottesd'abbesse aux aboisFoSoBo, 11 septembre, 15h55*DÉGÂT DES GATTES(à ma grand-mère)Jonglerie dérisoiremot à maux goutte à goutte
verbose en perfusionpoison d'entre doux doutes
Diantre deux os squeletteen solde cherchant chairsans canon ni trompette
morose à bouche noire
Fichtre queue de sagesse
en tir bouché mutiqueen avant, ma muse, hic !
Noyée dans un vers beaude garce patronnesseprenant pied à confesseRER A, 5 septembre, 18h16*
COMMUN MANCHE
(à Stan)
Commun lundi,
j'en ai marre dis,
l'amer crédit
de l'enjeu dit :
me vendre dix
fois, ça me dit
rien. Ferme et dis :
manche !Ailleurs, 5 septembre, 12h04
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WALTZ TRIP
Au bal des incertains
la musique est atone
et le bruit opportunD'un silence en aplomb l'écrit leste
Au club coton sur thèses
un fou danse à tâtons
sur des pieds qui se taisentSans paroles dehors le cri reste
Haut vent porte matin
un air pesant qui tonne
en un cratère éteintTon chant s'étrangle qu'un mot empeste
Rage qu'un rien détone
à l'eau tombé du bain
ton bébé plaint l'automneUn coeur qui mord dérange la sieste
Ailleurs, 5 septembre, 11h41
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HORS RAGE(poème de contre-bande)Sur l'ardoise d'hiers emportés
la colère effacée par la rage
en nuée de notes sans portée
ni partie pour diriger l'orage
Déchaîné par les moins empotés
fracassant de leur rêve la cage
où crève si tôt née cécité
leur ardeur échangée pour l'usage
En valeur attendant les années
où le nombre en fera le ménage
comme de ses espoirs surannés
Monnayés en vrai papier qu'il faut
recycler du pas pareil au même
quand papa est la maman du fauxAilleurs, 26 août, 18h16*
JE EST UN HÔTE
JE est un hôte
de ses figures
qui jamais n'ôte
un masque pur
Quand cette haute
voltige assure
un air sans faute
au clair-obscur
Son ombre saute
à doute allure
un as trop nôtre
Qui fait le mûr
avec une autre
JE est un durAilleurs, 25 août, 15h10
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CHICANE
Faisandant l'aise
de fausses peurs
où rend son beurre
l'époque obèse
De gros balèses
de sûrs hâbleurs
de vrais malaises
Le temps déniaise
toutes ses heures
entre les leurres
où la vie biaise
Avec ardeur
sans sainte thèse
sur le bonheurAilleurs, 25 août, 11h50
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LE JOUR OÙ
(à G.)
Le jour où nous sera
d'être ce qu'il n'est pas
je voudrions parjoui
mon bonheur éblouiTirer à bout portant
d'un sûr parabellum
sur ta misère d'homme
en cage pour autantM'en servir que je sache
sans mentir que je cache
contre ton coeur battantLa chamade d'un temps
m'invitant par hasard
à danser sur l'histoireFoSoBo, 13 août, 18h43