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SANS ROUPIE YÉ YÉ YÉ
l'étourneau sans sonnette
censé né sans sono
tourne haut la chansonnette
catalogue d'oiseauxdisons qu'il a bon bec
pour de pure salade
offrir la sérénade
à la grand dam... oiselle
rendre la pie qui chante
jalouse du moineau
séduire la corneille
à la barb' du corbeau
et de flûte méchante
pis que le perroquet
polyglotte d'oreille
du merle se moquer
il est inouï son zèle
à la nuit imitant
des chants qui n'iront d'aile
annoncer le printemps
au ciel réjoui un soir
de si beaux sons honnêtes
alors que ton espoir
roupille en sens au netFoSoBo, 31 mars, 22h21
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PROSE PROBOSCIDIENNE (et zoologique)
«Il me dit que je se suis bien gentil, en d'autres termes que je suis un zozo» (MONTHERLANT)
"Partir des mots et faire qu’en quelque sorte ils pensent pour moi (me dictent au lieu d’être dictés par moi…" (Michel LEIRIS, Langage Tangage)
Ah ? partir du mot ment ? Allons-y voir !
Les éléphants du zoo de Vincennes partent pour l'Allier : qui s'y trompe ? Car ce n'est rien moins qu'un moment de la décolonisation ! Trop lourds pour le béton de leur prison parisienne, les mastodontes s'exposent à l'universel, déconcentré en province. C'est un début de reconnaissance tardive du crime de l'humanité urbaine contre les gomphotères*. La repentance assumée de la traite pachydermique. Pour mémoire, mais... défense d'y voir de trop près.
Foin d'aparté. Revenons au moment où partir du mot ment énormément.
J'aime que les mots m'étonnent, quand ils marronnent hors de la page des journaux. J'aime qu'ils passent le mur du son pour s'affranchir d'un esclavage de tâches silencieuses enchaînées aux habitudes des jours, dans le bruit blanc des sémantiques certitudes de l'époque, alignés à la queue leu leu en phrases qui les serrent entre de piètres points en pitres mystifiés, engrossis en titres miteux, entassés en chapitres promis à la lecture rapide, payant leur écot sans licence, sainte taxe de leur orthographique correction, fouettés par une grammaire prude et sans âge, aliénés au non-sens de leur séparation par un dictortionnaire interdisant jusqu'à l'écho de leurs tambours. Sans jugement. Sans avocat. Marrons.En son procès sans son comme en ses sons saucissonnés sans assonnances, la langue a décrété, pour le langage et par les mots, leur peine de mort.
Partir c'est revenir un peu d'où l'on croit vivre, par soi-même libéré. Le langage et les mots le sont par le poème, qui leur est un voyage à l'étranger, qui bande et chante encore, quand rien ne semble plus pouvoir changer, la vie.Ah ! oui... En japonais, éléphant se dit Zo. Oh ! logique...
Mais à partir du moment où... on n'arrive nulle part.
* "Dans l'histoire évolutive des proboscidiens, la famille des éléphantidés (à laquelle appartiennent les éléphants actuels) est issue de la lignée des mastodontes, et plus particulièrement du groupe des gomphotères (Gomphotherium). Le premier représentant en est le genre Primelephas, apparu au miocène, il y a 5 ou 6 millions d'années. C'est lui qui est à l'origine de la famille des éléphantidés, qui réunit les mammouths, apparus vers - 4 millions d'années, et les éléphants. Elephas antiquus (qui a vécu de la fin du pliocène au quaternaire inférieur) est probablement l'ancêtre direct des éléphants actuels." Source : Encarta
RER A, 29 mars 2005, 19h33
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MA CHATTE
Si tu veux ma chatte
Tu n'es guère adroite
attraper la mouche
ne crains qu'elle touche
au bout de ta patte
que pour mettre en bouche
de boîte si louche
le pâté de rateMon pauvre Steinlen
que sont tes félins
si fiers devenusCes chats de gouttière
à la griffe altière
Minette ingénue
FoSoBo, 28 mars 18h25
LA MOUETTE
(à Nicolas DE STAËL)
Vois cette mouette
Bel oiseau poète
envolée de beau
et lève la tête
vers elle en vol haut
loin du noir corbeau
de l'œil sois la fête
en l'air et dans l'eauFais rire de Staël
rimé à ton aile
d'un si pur destinEnvoie-moi en terre
en volant le ver
d'un trop bas instinct
FoSoBo, 28 mars, 17h42
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SAKÉ SHIRAKU ?
Djaku Shirak à Ôsaka
vend le Japon d'hier
le prix d'un gros sac
à la France demain clap clapSacré Chirac ! où ?
Vante à tous vents l'Europe hop hop
cause toujours c'est ailleurs
et boit du saké c'est meilleur
sans sushi mais si merci beau coupSaké Shiraku
Conte en-dessous du sumo la ceinture
et prends-nous pour des jacques
au cas où zou !?...Saqué Chirac ? hou !
FoSoBo 23h47
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MUET COMME UN PAPE
Cueille le jour où le pape se tutA mon fils, Nicolas
muet comme une carpe en chocolat
fenêtre du palais le choc est là
que vive le poison dans l'œuf qui tueA Pâques et pour le coup destitue
le prêche Écoute-moi donc Nicolas
mon fils ne dis jamais à un prélat
« Mon Père » il serait sinon bien foutuDe te filer le virus qu’il radote
envers la vie et l’amour sans capote
(quel beau vers doux renversé satanique)
Cueille les heures garçon carpe diem
cours au bonheur de la fille qui aime
sans culte pieux ni discours adoniqueFoSoBo, 27 mars, 21h22
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BLUE GAMME BOY
Ma bêtise serait à saisir
l'occasion d'un plaisir
si d'effroi n'était le frisson
Dans mon dos
Sourd à mon opinion
médisant oui séduisant non
ce macchabée hante mon vide
Réfrigéré
Livide hiver de ma raison
ma bêtise est hors de saison
et m'alite à l'été d'un coma
De momie
Ouvrant la béante crevasse
où tombe lente en lice
la pulsion écrevisse
D'un vice en fat
Voulus-je maudissant
ce mauvais sang dans ma déveine
qui coule ainsi sa peine
En mon sous-sol
Enterrer à deux mains
mes sales manies d'hier
dont je suis si peu fier
Et si las
Ayant perdu le diapason
pinçant la gaie passion
de rire à l'unisson
De mes soucis
Piqué comme hérisson
retourné par hantise
d'avoir l'air bête
Sur le dos
FoSoBo, 27 mars, 18h34
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RUDE CONDICTION
(étude et variation sur un thème consacré III)
Le cocochon court à confesse
dans les bars tard le soir
depuis trente ans il est l'ami
ennemi de l'espoir
abonné aux retards soumis
à la promesse
de son culteL'histoire passe
le cocochon là boit
âne que rien ne lassela tasse quand «les gens»
se cassent de l'agence...Poil aux fesses
FoSoBo, 24/28 mars
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TROUER LA PEAU
La poésie troue la peau du poète
pitre roué en pirouette
qui contrepète en dessous de son culte
cathartique à tactique
et catapulte la culture
par sa culbute déculottéeLa poésie n'a pas d'odeur
mieux eût valu
qu'elle pût
Sa plus-value
c'est l'hardeur
dont elle sue
Elle sent sans le savoir
Quand craquent les dessous
nous le savons, la poudre, pas la savonnette
le sens sans encens ni l'escampette
au lavoir dans l'avoir
où trop que ça vous n'êtes
la poésie point n'hésite Elle
ne fait pas dans la dentelle
elle entend que ça pète
pour bien plus que deux sousPour autre chose que des mots
la poésie fait ce qu'ell(e) peut
fort peu
mais ne l'envoie pas dire en vers
de l'almanach Vermot
Elle n'est pas démo-
cratique elle est ultra minoritaire
mais pour rien ne met à l'envers
un talent adroit même hâtifElle a le goût de l'absolu
quand tout est relatif
Aragon ne l'a pas résolu
en optant pour se taireLa poésie n'est pas protestataire
à se prostituer pour toi
à conspuer les gens d'affaires
à faire ici la pute
sur les trottoirs littéraires
elle est sans prix, gratuit(e), sans but
et préfère
jouant sous les toits
en mère putative soumettre
l'insoumis en sa lettreAmie sans sou aux cent soucis
qu'est-ce d'épargn(e) : aussi
La poésie n'a pas d'odeur
mieux eût valu
qu'elle susse
la sûre valeur
des abus
dont elle ruse
La poésie troue la peau du poète
pitre roué en pirouette
qui contrepète en dessous de son culte
cathartique à tactique
et catapulte la culture
par sa culbute déculottée
Trop à laisser lassée de prendre
la poésie fait à l'amour la vérité
elle n'a pas à vanter
ni à vendre
tout dans le ventre
à inventerRER A, 24 mars, 8h35
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LE BOGUE ARÇON
(étude et variation sur un thème consacré II)
Lancinante répétition
Tourne sans improvisation
d'une partition d'habitudes
Rossinante en révolution
sur un manège à certitudes
de rassurantes idées prudes
sur l'air d'un hymne à la nation
confondant coda et prélude
Langue de beauf cheval de bois
à dada sur son bide aux abois
de ses pets faisant don quand il trotteUn cocoboy monté en croupe
mouton bêlant en molle troupe
vole au moulin rouge en Quichotte
RER A, 21 mars, 8h 09
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OGRE RÊVE
(la voie royale ou la gelée ?)
L'oubli d'un songe efface au matin l'aventur(e) noctiluque
et l'amnésie sans tain dans un miroir fait face
à la mémoir(e) sans trac(e) d'un souvenir eunuqueAinsi s'en va la nuit
la clarté s'évanouit
de vérités omises
sans mensonges émisAinsi le vrai s'enfuit
la fausseté s'ensuit
qui porte la méprise
ennemie des amis
On raconte une histoire où dort la noctambule
avec le faux espoir d'un avenir en bulle
que le présent éclate
Ainsi le funambule
se croyant acrobate
la corde au cou se passe
raide sans compromisFoSoBo, 20 mars 2005
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L'ESPRIT DU COCON
(étude et variation sur un thème consacré I)
A perdre haleine le mouton
du ton mou tricolore
tri-coté du cocon
passe les plats du repentirMentant comme il aspire
à être plus qu'au net
son nombril sous le nez
c'est sur d'autres qu'il tire
Déformant tout propos
croyant de bonne foi
répondre à fleur de peau
jaune il rit plus d'un(e) fois
Ce plouc suivant les masses
à l'avant gardé d'elles
se trémousse et surpasse
un passé idéelQuichotte au don virtuel
l'homme singe en forum
le songe habituel
promis aux braves pommesPour ses rares fidèles
n'ayant pas acheté
au prix leur lâcheté
ses rachats sont assezLa vérité n'étant jamais le con-
traire d'un mensonge L'écho
sort à son comble les cocos du cocon(FoSoBo, 12 mars)
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DÉRIME AKADANSÉ
(8 mars > 11 mars)
Dense la vie au vide ange des moi
le diable au corps en accords entendus
entre nous de fortune et par nos sangs mêlés
une vie passe une autre vient tendue
de folies centrifugues embellieBas les pattes canards domestiques
en coins coincés sans point danser
jamais sur nous et toujours au passé
simplet plus que parfaits de vérités
gluantes morales d'outre-temps
Jusqu'où tombera le mot espoir
d'abandons en grotesques parades
paravents de panades par avance
noyé sous les hauts fonds des souamis
à la molle voyance des ramasseurs de bonnes poiresDes rabatteurs de foire et surenchères
pour un oui pour un non contrariés
pour un rien ne sachant plus à quoi il rime
brassant leurs mots de bâteleurs en bavardages
de vieillards avant l'âge et déjà plus que mortsIncontinent de suffisance un continent
vieux comme le monde s'enfonce
dans sa fosse d'aisances pour gens bons
à la hausse à moëlle substantive
de mots doux en maux durs de toc en stocks
de méga fard en métaphore hurlante
avec les louches escarpant l'OlympeTriste très triste affaire les affaires
des petits gars légers à grosses galéjades
roulez galets la plage est sous la grève
c'est de bon ton rouler quand le train
traîne que la chaîne déraille
que vaille des exploits stations que baille
un gosse en grâce de paresseFaut-il encore que paraisse
le signe ostentatoire d'une bataille décisive
et les faits d'armes cathodiques de tant de généreux
interchangeables d'un jour d'un siècle à l'autre
à qui vend à qui vante où tournera le vent
pour déployer les zèles des élites
sans cesse ressassant des litanies d'âneries"Retour à la normale" à la norme à l'énorme
et vulgaire équation quotidienne
premier degré du chagrin avec ou sans tôlier
dans l'usure de passions sans désir
pour une usurpation sans azur assurée
aux parfums délétères de l'ennui et du temps suspendu
à son vol régulier par habitude séculaire
de rêves interdits aux simples gens honnêtesPourtant encore
trouver le souffle
et marcher sur les braises
comme on valse au petit matin
avec la douce oiselle du printemps
(en marchant, 8 mars > 11 mars)
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TOUJOURS JAMAIS
Un oiseau juvénal
L'oeil frais et le ton beau
Survole l'amoral
Au-delà des nous veauxFranchit les murs d'enceintes
Où les chiasseurs militantaires
Entristent par le bas du culte de leurs saintes
Raisons des tas des mots cratèresUn monde si possible si là si las si lent si blanc
Qu'un troupeau de toiles cirables
Dans le musée des siècles sonnant le glas gluant des glands
Suspendus à leurs chaînes durablesAccrochant des jeunesses de vieux
A des vieillesses de pompiers
Pyromanes dans les boutiques d'hôtels-dieux
Du même étalé à leurs piedsFoSoBo, 4 mars 2005