VIII 11 DE VERS GONDÉ, octobre et novembre 2005

SOPHISME AU PAIR

La vie est ce qu'elle est en somme
tu veux ou tu veux pas
tu prends ou tu prends pas
la chose là sans qu'on la nomme

Pour autant qu'on la fasse
surgir pensée avec les mains
sans qu'un con ne l'efface
à jouer au plus malin

La chose n'a de cause que demain
ainsi va la vie à l'avide
et le vide au trop-plein

Ainsi danse le dense
au creux de l'évidence
où meurt la norme énorme

Ailleurs, 28 novembre 2005, 23h56

*

DU CHAOS DE GALA
à quelques humbles
Le chaos vient je vis je vaque pour le voir
d'un monde à prix cassés dont tout doit disparaître
le rêve est dans la main plus réel de savoir
que n'avoir rien se conjugue avec être
Souffle au coeur d'en faire notre histoire
Il vient pour déchanter ceux qui ne font que boire
jusqu'à la lie bernés au calice à promettre
le bonheur relatif en messes petits soirs
gueules de bois dans la langue des maîtres
Souffle à ton coeur qu'il en fasse l'histoire
Il vient pour aller plus loin que l'esprit des lois
la sociale est si lasse de la paix des classes
la guerre est là tu sais je t'aime hélas
Souffle à mon coeur d'en faire une autre histoire
Le chaos vient du temps où s'emporte la haine
dans le vent grand matin sur nos plaies sur nos peines
qui souffle à nos coeurs d'en faire toute une histoire
« L'abolition des classes sera tout sauf un dîner de gala » Roland SIMON, Ballade en novembre
 
« La révolution n'est pas un dîner de gala; elle ne se fait pas comme une oeuvre littéraire, un dessin ou une broderie; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élegance, de tranquilité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue, de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre. » MAO ZEDONG, Le petit livre rouge
 
Ailleurs, 25 novembre, 17h01

*

'RETOUR AU CALME', PAS DE 'QUARTIERS' 

Rap à Toto *

Puant pays de collabos
labo de la conservation
conversation l'art des bobos
beau d'être sa dénégation

Gardez vos places, tirez la chasse

Couches moyennes mais épaisses
comme se couchent font leur lie
leur lard où gens d'argent paissent
l'ordre dur l'ordure où l'or dure

Gardez vos places, tirez la chasse

Société bonne pour les chiottes
à deux bâtons qu'elle s'importe
pour chier assis soleil levant

Gardez vos places, tirez la chasse

Seins bronzés et cul dans la soie 
par compassion ça va de soi
Prolos et bourges, tous au chaos !

Gardez vos places, tirez la chasse

* Monopole japonais de sanitaires spécialiste de WC à commande numérique et perfectionnements d'ultra-confort > La Rolls des WC est japonaise, Philippe PONS, Le Monde, 16 novembre 2005

** PARIS (AFP) - La situation était revenue à la normale jeudi partout en France après trois semaines de violences urbaines, a annoncé la police, quelques heures après l'adoption par le Parlement de la prorogation pour trois mois de l'état d'urgence...

RER A, 17 novembre, 8h17

*

MAUX D'ORDRE

Quand une idée s'empare des masses, elle devient force matérielle *

Après le feu l'effroi
du peuple sans armure
L'émeute est hors d'émoi
le bourge dans ses murs

Du mythe de l'Etat s'éprend
la masse promise aux casernes
La misère entre dans le rang
l'Idée l'imite en sa caverne

L'esprit tenant en force
de l'ordre rétabli
la raison tonne sous abris

Le béton coté à la hausse
se coule idéal en blockhaus
Black 's back cool on rescue

Ailleurs, 15 novembre, 11h23

* « La théorie devient force matérielle lorsqu'elle pénètre les masses. La théorie est capable de pénétrer les masses dès qu'elle fait des démonstrations ad hominem et elle fait des démonstrations ad hominem dès qu'elle devient radicale. Etre radical, c'est prendre les choses par la racine.» Karl MARX, Critique de la Philosophie du droit de Hegel, 1844

*

FLASHS BAL (Manifeste a-poéthique, 2.)

à James BALDWIN, La prochaine fois, le feu, 1962

Le feu des dieux perdus projette une lumière
d'enfer sur les murs d'ombres
de la cité des hommes
Lumière noire pour nuits blanches, preuve du négatif, ya pas photo
le vrai a mis le feu au faux et le fer dans la plaie, ça déplait
Rien ne vient plus distraire ni le regard ni les songes
le réel a crevé l'écran où l'oeil aveugle sa pensée
il n'est aucun besoin d'images
à qui voit clair avec le ventre
La peur est dans la vérité de la violence
son vrai est un moment du vrai
Le pays s'est voilé son histoire et ses viols
des yeux que la mémoire éblouit au présent
la politique en sa foi d'outre-tics
inculte montre sa fesse gauche à sa droite
douce France qui pue donc tant d'ignorer d'où qu'elle pète
La République sous ses ors d'hier
roule sa caisse en ses ornières
Langage t'engage, lent gage t'enrage
l'urgence longtemps dure et l'Etat trop
capital, catéchismes, catharsis, catastrophe
tango cahin-caha, tanguez cahots chaos
(...)
 
Approcher la vérité brûle
la prochaine fois est là, le feu

« Comment peut-on s'attendre à ce que l'on respecte la Loi, quand la Loi visiblement, ne vous respecte pas ?... Comment peut-on devenir les complices d'un Ordre qui vous enferma dans le ghetto et semble vouloir vous y maintenir éternellement avec vos enfants ? » (James BALDWIN, après les émeutes d'Harlem, 1964)

RER A, 8 novembre 2005, 18h00

*

ÊTRE

C'est mal armé qu'il gesticule 
en jetant ses dés au hasard 
c'est à céder son âme au culte
d'agir pour être sans savoir

C'est à n'être qu'avoir occulte
à perdre son temps de bavard
c'est à se livrer à l'insulte
où la raison le rend hagard

Que pèse le plomb de ses pompes
lourdé Gros-Jean comme devant
un spectre à semelles de vent

Seul sur le sable où tous ensemble
s'enlise à l'amer d'où lui semble
être vrai ce qui n'est que dit

FoSoBo, 1er novembre, 17h17

*

« e »

De France j'aime la muette 
(Silence insigne je l'avoue 
Du mot génie sous la luette)
Elle aux gémonies je la voue

Fière nation baisse la tête
Et vois tes arts pions dans la boue
Tes fois en pâté d'alouette
Et tes «valeurs» qui font la moue

Je rêve au jour qu'on te la coupe 
Aux ploucs du Spectacle qu'on cloue
Le bec dans la bave ou la soupe

Où trempe celle de Louis Seize
Sans cri. Leste en geste illettrée
Le nez en l'air. A la française

FoSoBo, 31 octobre 2005, 17h44

*

LA DÉFAITE (Manifeste a-poéthique, 1.) 

Valse (à Guillaume APOLLINAIRE*)

Je ne regarde pas ce train n'y
monte pas ni n'en descends n'en res-
sens ni joie ni regret ému ni
nostalgie où noyer l'amer Est-ce

ainsi que le quai me jette au vi-
de ma vie de laquais démuni
du droit à la paresse ou par es-
prit de contradiction que paraisse

la mort lui donner raison Qui nie-
rait qu'à rien ne sert non plus de res-
ter comme un âne à regarder pas-

ser ces trains pour le néant à pa-
niquer branler dans le manche en di-
sant vendredi que lundi l'indif...

FoSoBo, 14 octobre 2005, 21h22

* LA VICTOIRE
[...]
Nous n'aimons pas assez la joie
De voir les belles choses neuves
Ô mon amie hâte-toi
Crains qu'un jour un train ne t'émeuve
Plus
Regarde-le plus vite pour toi
Ces chemins de fer qui circulent
Sortiront bientôt de la vie
Ils seront beaux et ridicules
[...])

*

GLOBALEMENT POSITIF
J'ai donné ma langue à la chatte
pour lisser le poil de ses fesses
sans laisser les mots à confesse
ni compter les pieds sur mes doigts

J'ai marché effaçant l'épate
en dansant sur le rien qui passe
sans penser à mal qu'il me fasse
léger de peser tout son poids

J'ai monté sans selle à Dada
taillé une pipe à Mona
rendu le poème à Ducasse

J'ai jeté le tout à la casse
pour manger le pudding debout
mais gardé le pourboire au bout

Ailleurs, 13 octobre 2005, 14h02

*

« MUSE-ZIQUE »
(matérialosmose, à Charlotte)
D'aucune muse j'erre de toute zique
l'impudeur étalée de longue date a tué
la "poésie"
je ne vais que de vers gondé
 
Pour dire que pour dire que pour
dire que pour dire que pour que
dire dire que pour dire qu ?!
 
De loin en loin passe une femme une ombre chère
sans fard la chair épaisse l'âme vierge
dont on attend plus que des cuisses
ou de virtuelle promesse

Toutes affres pendantes
et tenante à un
rien
Fosobo, 9 octobre, 15H19

IndexAPOLLINAIRE Guillaume (poète) ; BALDWIN James (écrivain, USA) ; MAO ZEDONG ; MARX Karl
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