Ceci pourrait être, ou non, la suite de VENTS GENDRES et VIDE ANGE. Ouvert le 26 août 2005, chronologique de bas en haut.
> Dimanche 4 décembre
Pratique théorique : l'art plutôt que la science
« Si l'on considère la théorie communiste comme déjà donnée par rapport aux luttes, cela aboutit face à celles-ci à proposer un catalogue de techniques, de tactiques, d'attitudes, bien souvent dépassées, et ne considérant pas les luttes immédiates comme créatrices. Le rapport de la théorie aux luttes immédiates n'est pas un rapport de la science à l'expérience, mais un rapport productif, la théorie n'éclaire pas les luttes immédiates » THÉORIE COMMUNISTE n°20, La théorie comme activité d'écart, page 141
La pratique est théoricienne quand la théorie se comprend (se con-prend) comme pratique, sous réserve que la théorie ne se pense pas, relativement à la pratique, comme dans le rapport de la science à l'expérience (de la pratique scientifique) -serait-il dialectique- mais de la pensée du faire dans le faire (battre le faire quand il chauffe, comme Marcel). Ce rapport de réciprocité dans l'unité de la théorie et de la pratique, c'est celui de la pratique artistique, cette improvisation en situation, en temps réel, qui est un oublier-savoir sous condition de le savoir (une co(re)naissance historique, une 'virtuosité' technique dépassée - Kenny WERNER, Effortless mastery, contre tous les 'académismes' artistiques, le combat essentiel de la modernité selon Henri MESCHONNIC) : voilà la différence entre 'conscience' et théorie pratique. Jamais l'artiste ne crée de penser son acte, mais de dépasser ce qu'il ne peut penser qu'en le produisant. La production artistique bouleverse la division du travail intellectuel-manuel, la main 'pense' avant le cerveau : voilà le propre commun à l'acte artistique et à l'acte révolutionnaire, et qui dépasse la science comme la politique.
Les révolutionnaires ont tout à gagner de lire les écrits des peintres ou des musiciens plutôt que des leaders du mouvement ouvrier. Et plus encore de prendre un pinceau ou un saxophone*. Ce qui a permis les avancées théoriques des situationnistes en leur temps, c'est pour beaucoup le croisement de leur expérience pratique des "avant-gardes" artistiques avec l'oeuvre de Marx**.
* Pour tous les musiciens, et quelques autres, le site incontournable de l'EJMA : DOCUMENTS DES SOUFFLANTS
** Voir la discussion sur Anticapitalisme.net, où mes interventions seraient à réévaluer, mais bon... :
Francis WHEEN (Karl Marx, une biographie inattendue, 1999, Calmann-Levy 2003, page 295)
« Le Capital n’est pas vraiment une hypothèse scientifique ni même un traité économique, bien que des fanatiques des deux côtés de la dispute aient persisté à le considérer comme tel. L’auteur lui-même était tout à fait clair sur ses intentions. « Maintenant, en considérant mon ouvrage, je te dirai la simple vérité à son sujet, » écrivait Marx à Engels le 31 juillet 1865. « Il y a trois chapitres de plus à écrire pour compléter la partie théorique [...]. Mais je ne peux pas me résoudre à envoyer quelque chose avant d’avoir l’ensemble devant moi. Quels que soient les défauts qu’ils peuvent avoir, l’avantage de mes écrits est qu’ils forment un tout artistique... » Une autre lettre, une semaine plus tard, se réfère au livre comme à « une oeuvre d’art » et mentionne des « considérations artistiques » à l’origine de son retard dans la présentation du manuscrit. Si Marx avait désiré produire un simple texte d’économie classique plutôt qu’une oeuvre d’art, il aurait pu le faire. En réalité, il l’a fait : deux conférences...»
Après quoi on ne verra aucune ironie à ce que je considère Roland SIMON comme un artiste réussi davantage qu'un scientifique raté, avec ce que cela comporte, avec/contre le réel, comme limites...
> Samedi 3 décembre
Des visites en novembre
4164 visites du site en novembre (138 par jour). 38.685 en un an (105 par jour).
Hors les communs, les pages plus visitées : l'éthique africaine-américaine du jazz, New Ange, le blues et l’harmonie du jazz (hypothèses)...
France 65%, USA 18%, Canada, Allemagne 3%, Belgique 2%, Suède, Suisse, Japon, Côte d'Ivoire 1%, puis Grande-Bretagne, Maroc, Pologne, Norvège, Luxembourg, Espagne , Italie, Tunisie, Pays-Bas, Turquie, Costa-Rica, Portugal, Togo, Brésil, Gabon, Rép. Tchèque, Autriche, Russie, Danemark, Île Maurice...
Merci et potlatch for alles in this too possible World !
> Samedi 26 novembre
Au temps pour moi... "Le salaire ’libertaire’ au mérite démocratique"...
J'ai écrit hier ce coup de gueule contre l'utopie du service public, en ajoutant « je mets au défi quiconque de produire un seul texte conceptuel sur le sujet n’émanant pas d’un haut-fonctionnaire d’Etat »
Au temps pour moi, je relève mon défi, avec un article découvert après coup, de l’ineffable "libertaire social-démocrate" Philippe CORCUFF, idéologue pour le compte de la LCR, qui veut évaluer et payer au mérite démocratique les fonctionnaires nouveaux de sa « civilisation des services publics et de l’individualité, sociale-démocrate et libertaire, à la recherche d’un monde non-capitaliste » [sic]
Voir Services publics, individualité et évaluation. Un point de vue hétérodoxe Extrait :
Cette évaluation serait celle d’individus souvent insérés dans des relations de coopération, et aurait donc une composante collective. On évaluerait ainsi d’abord des collectifs dans la production des biens publics. Toutefois, dans le même temps, chaque agent ne s’engage pas avec la même intensité et les mêmes qualités dans la production de ces biens publics. Cela veut dire que, dans le cadre d’un statut commun protecteur et dans la limite d’un écart raisonnable, l’évaluation serait aussi conduite à introduire des différenciations personnelles (dans les possibilités de promotion, d’accès à des formations, à des « congés sabbatiques », à des réductions du temps de travail ou à des gratifications financières). De telles réformes, à l’inverse des contre-réformes libérales, nous engageraient dans une civilisation des services publics et de l’individualité, sociale-démocrate et libertaire, à la recherche d’un monde non-capitaliste.
C’est publié par Itinéraires SUD (le journal de SUD Éducation Rhône) N°44, novembre-
> Vendredi 25 novembre
J'emmerde les utopistes du service public
J'ai lu quelque part que Fonctionnaires, encore un effort pour devenir communisateurs (ici) relevait de mes textes "parfois cons", un "truc / d'une incroyable pauvreté", et c'est vrai, je n'en pense pas moins, point de vue théorique [ce texte provocateur serait à lire au 3ème degré, comme auto-dérision et seuil d'incompétence de Patlotch en théoricien communisateur]. Mais, d'où vient cette critique, elle se ridiculise par sa posture populiste adepte de l'ordre bourgeois (tendance revisitée par le PCF) pour une démocratie nationale qui n'a d'autre horizon que trouver de meilleurs chefs dans l'absolu* démocratique du râleur [entre Astérix et Don Quichotte déguisé en coco] à condition qu'ils fassent la même chose, en vrai : radicalement. Rêve du capital aboli par sa démocratie même, rêve de la société expurgée de ce qui la définit, fuite en avant dans la contradiction politique niant l'Etat et la société civile (que Marx nomme indifféremment 'société bourgeoise') comme adéquats au mode de production capitaliste.
* Aragon écrit en substance dans Aurélien Celui qui a la soif de l'absolu ne connaîtra jamais le bonheur. Voir aussi LIVREDEL / II 2
Il me faudra un jour expliquer d'expérience ['quelque part', un 'vécu'] pourquoi le communisme n'a rien à espérer du fonctionnariat (voir Fumerolles 21 novembre 2005). Capital ou pas - mais c'est son invention démocratique spécifiquement franco-républicaine - la posture de service (public ou privé) fabrique et entretient la séparation. Elle est inhérente à la division du travail social dans le capitalisme (intendance générale et idéologique d'Etat pour la reproduction de la force de travail sociale) et introduit un rapport social (un ordre, une relation) totalement incompatible avec l'individu immédiatement social caractérisant le communisme - en tant que négation du capitalisme.
Ces considérations, ici, ne relèvent pas de l'utopie au sens de 'doux rêve inaccessible', mais de l'absurdité concrète vécue quotidiennement par les "usagers" comme par les fonctionnaires dans le rapport dit "client-fournisseur", dans les rapports hiérarchiques au travail, dans tous les non-sens d'une vie de salarié tout à la fois aliéné, exploité, et dénié dans ses potentialités créatrices et son désir d'être communautaire.
C'est pourquoi nous en finirons avec le fonctionnaire, qu'il soit adulé ou honni par les politiciens.
Le fonctionnaire n’est qu’un larbin, plus ou moins heureux et satisfait de l’être, comme l’employé de banque ou le conducteur de bus. Le service public, fondamentalement, n’échappe pas à cette posture, ce que traduit son idéal capitaliste selon un ministre communiste (Anicet Le Pors) sous Mitterrand : le "fonctionnaire-citoyen" [on en rêverait, pour la critique, à se mettre sous la dent]. Les montages à la SALESSE [du cab Gayssot, mon ex-patron, à Copernique ton pair et gagne] de type ’élus-fonctionnaires-usagers’ [RÉFORME & RÉVOLUTION, Agone 2001] sont des foutaises techno-bureaucratiques de directeur de cabinet ministériel reconverti en aspirant dirigeant de la démocratie pour utopistes petits-bourgeois.
L'"administration des choses" en lieu et place de l'Etat instance de domination de classe, ce n'est que par confusion linguistique ou sémantique que l'on prétend la tenir, comme "anticipation du communisme dans le capitalisme", de l'Administration et des "services public à la française" [Marx, mais plutôt Engels, tenaient ça de Saint-Simon, et pour cause...]. C'est une vision de haut-fonctionnaire gobée par ceux qui ne les subissent pas [je mets au défi quiconque de produire un seul texte conceptuel sur le sujet n'émanant pas d'un haut-fonctionnaire d'Etat : Patlotch@free.fr, et je le publierai ici]. Un idéal post-stalinien thorézo-gorbatchéviste (laissons Robespierre dormir en paix, qui fut de son temps un bourgeois conséquent).
En quoi,, en hommage à mes collègues fonctionnaires de labeur et d'angoisses quotidiennes, avec lequels je partage les choses et les causes,, moi je, non-titulaire "hors classe" [sic] suicidé dans l'Etat de sa sous-vie, j'emmerde les utopistes du service public, valets du capitalisme propre, et pourvoyeurs de drogue politique au service de l'Etat-notion.
Voir aussi Les fonctionnaires et le Grand Soir
> Jeudi 24 novembre
De Jean-Patrick MANCHETTE (extraits de son journal, in Romans noirs, Intégrale chez Quarto, en introduction à Le petit bleu de la côte ouest, et Fatale) :« Bien travaillé à l'histoire du cadre fou. Le tout début est amusant et apparemment léger. Puis cela devient aigre. Enfin se produit un acte de violence d'une grande brutalité. Je veux ainsi emmener subrepticement le lecteur en promenade, le faire passer d'un texte amusant et sans profondeur apparente à une texte noir et heurtant, à une réflexion finalement importante et heurtante.D'autre part, je mesure en écrivant, et en ayant pris la décision, en fin de compte, d'écrire ceci avant l'histoire de la Mouche Folle - je mesure l'importance limitative que la vie personnelle de l'écrivain tient dans l'écriture. Cela est immédiatement perceptible en ce qui concerne les éléments pittoresques. Je ne connais pas Bangkok, je ne puis donc écrire sur Bangkok; je connais Saint-Georges-de-Didonne, j'écris présentement sur Saint-Georges-de-Didonne. Mais d'autre part, ce qui m'intéresse est la critique sociale. Et je ne puis écrire sur le prolétariat, de même que je ne puis écrire sur Bangkok. J'écris sur le milieu qui m'est proche.» (8 août 1974)« Mémento sur mes intentions et ma fonction en tant qu'écrivain.L'un dans l'autre, j'aimerais plutôt contribuer à la révolution communiste. Pour l'instant, je n'ai pas réussi à développer une activité qui y contribue.Mon intention est seulement de distraire.Ma fonction est de donner en spectacle aux cadres diverses choses, notamment l'insatisfaction et les réactions violentes à l'insatisfaction, telles que ces réactions s'expriment chez les impatients et les arriérés (le jeune braqueur, le fou, le terroriste, etc.). Il faudrait être une tête de linotte pour conclure, du fait que des catégories marxistes, situationnistes et autres me servent dans mon interprétation du monde et apparaissent dans mes livres, que ceux-ci ont une fonction révolutionnaire. A notre époque, l'expression de la penée révolutionnaire doit être unitaire. Les rbambelles de catégories plus ou moins dépareillées qui apparaissent dans mes livres ne constituent pas une pensée révolutionnaire, pas plus là que lorsqu'elles apparaissent dans France-Soir, Le Monde, ou un livre d'attali. L'extrêmisme de mes opinions ne change rien à l'affaire. Je ne suis pas assez négatif, donc je ne le suis pas du tout, et je ne travaille pas assez quoique je travaille beaucoup.» (30 avril 1977)Lire aussi :- par Serge QUADRUPPANI : Jean-Patrick MANCHETTE, l'écriture de la radicalité, 2005- la dernière interview, 1991 La position du romancier noir solitaire> Mardi 15 novembre
Théorie ou politique : langage tangage*...
Une mise au point que m'impose certaines réactions
J'exprime d'ici (ce site) librement mes débats intérieurs. On peut les prendre comme 'monologue', et opposer à ma manière de prétendues formes de débats et d'échanges virtuels évacuant de longue date tous enjeux proprement 'révolutionnaires', ou simplement intellectuels. Cela vaut pour qui ne sait ni lire ni entendre sa propre surdité. Cela vaut pour tous censeurs dans la née cécité de leur idéologie, piqués qu'ils sont à leur insue ligne.
Je manifeste, quoi qu'on en pense, un état d'esprit 'révolutionnaire'. C'est mon engagement, ma vérité. Qui n'est pas pour plaire ou déplaire. Ni même pour se prétendre objective ou vraie.
Ce n'est pas de la théorie, n'en possédant ni la rigueur, ni le positionnement 'juste' relativement à la praxis, qui n'est que de la vie, de la lutte.
Ce n'est pas de la politique, au sens objectiviste et militant, 'conscientiseur', professant une vérité pour d'autres. J'en suis revenu (garanti).
Cela tient des deux au sens où cela s'en nourrit et les adresse, comme position et reformulation personnelles, parce que je ne peux ni les penser séparément, ni les agir sans les écrire (ou les vivre, mais ailleurs).
C'est un entre les deux, selon le moment, l'humeur, la rubrique... Une parole, une parlotte, un blabla... Je tiens qu'aujourd'hui, d'un point de vue révolutionnaire, la politique est aussi impossible que la poésie, et je l'ai dit clairement, à la limite de l'auto-destruction. La poésie n'est plus pour moi que forme symbolique, codée, de ce qui n'est plus que limite, au besoin par le jeu (ça ou crever d'ennui) :
Il y a belle lurette que je suis, intellectuellement, politiquement, psychologiquement, dans la position de la racaille. D'où il ressort que je n'ai aucun mal, le moment venu, à me situer d'instinct et théoriquement à ses côtés, avec les armes et conditions qui sont les miennes : prolo dé-limité. C'est aussi naturel que Picasso adhérent au communisme comme allant à la source ("je ne cherche pas, je trouve" etc.). Voilà pour les accusations de "théoricisme", de 'suffisance' etc. qui renvoient toutes davantage à de l'incompréhension, plus ou moins compréhensible et bienveillante, qu'à des désaccords bien compris, sur quoi peut éventuellement s'établir un débat. S'interdire de comprendre, c'est s'exclure du débat. Là où l'on fait plus que ne pas me comprendre, où l'on me déforme et me caricature, je n'ai rien à dire. J'imagine mal qu'il en soit autrement dans la vie : affinités électives, y compris dans l'adversité, pour autant qu'il existe un enjeu. Que ceux qui mettent leur talent à brouiller les cartes n'espèrent pas de participation à leurs débats de tricheurs plus ou moins conscients de l'être.
*
La politique comme la poésie (me) sont devenues impossibles, sauf à surgir de situations exceptionnelles, qui peuvent être de l'ordre individuel ou collectif, personnellement vécues ou non : l'essence singulière de l'individu, ce sont ses rapports sociaux particuliers, comme être de classe dans le capital. Du point de vue communiste, cela suppose aujourd'hui se reconnaître comme prolétaire pour ne plus l'être. Le contraire d'éterniser la condition d'exploité comme horizon politique 'radical'.
*
Cela posé, je n'estime pas, ou plus, avoir à répondre à ce qui traîne ici ou là d'interprétations hasardeuses, caricaturales ou mensongères, par bêtise, désaccord ou orgueil personnel, de mes positions. Pas plus que de l'usage que l'on fait de mes textes, ce qui n'engage que leurs usagers.
A propos des derniers, il apparaît qu'ils sont particulièrement mal interprétés. Pourquoi ? Parce qu'ils sont lus avec des lunettes déformantes qui leur font dire ce que je serais supposé exprimer dans une posture militante, pour ne pas dire missionnaire, engoncé dans la 'modestie' con-descendante (la pente des abandons de classe), consensuelle sans sensualité, con-vergente sans désir, et ras-sembleuse en faux semblants. Position de lecteurs qui n'est pas la mienne. Position que je récuse et que j'accuse. Lecteurs qui ne font pas la différence entre un mot et un concept, B. A. BA pour qui cherche "la réalité sous l'apparence trompeuse des choses". Lecteurs qui n'ont aucun soin du langage, théorique ou politique, au point que, se disant qui 'marxiste', qui 'révolutionnaire', qui 'anti-fasciste', qui 'humaniste' etc. ils ont accompagné, accepté ou chevauché en chemin toutes les dérives du langage soi-disant communiste ou révolutionnaire, contre les concepts construits, ou les catégories utilisées par Marx, et enrichis par d'autres. C'est en soi un scandale intellectuel, une supercherie, pour ne pas dire un trafic de mots organo-mafieux : l'être advenu de la réaction anti-communiste infiltrée en son nom. Ce que de non-intellectuels (sic) n'ont aucun mal à saisir, eux, en situation... comme quoi : « La théorie est capable de pénétrer les masses dès qu'elle fait des démonstrations ad hominem et elle fait des démonstrations ad hominem dès qu'elle devient radicale » > MOTS de MARX... MAUX D'ORDRE.
* Les plus honnêtes au demeurant disent clairement que Marx, peu leur chaut, dont ils n'ont rien lu ni saisi mais le décrètent hors d'époque, quand ça les arrange. Au moins l'on sait d'où ne vient pas leur 'communisme', et leur amour de la nation, de la marchandise pour le pauvre salarié, du petit bourgeois d'Etat, de la république, du peuple travailleur et tutti pastis 'anticapitaliste' frelaté.
Car je tiens, moi, et je l'assume, que la pratique est plus forte que la théorie, 'en dernière instance', là où eux tiennent leurs idéaux et leurs idées comme supérieurs à ce qu'invente la praxis, la vie, l'histoire. En quoi le mépris (du peuple gna gna) n'est pas où que l'on croisse, mais la plupart du temps chez ceux qui prétendent parler en son nom. Est-ce bien nouveau ? Non. C'est la question pour un champion de la militance désintéressée, du 'haut' de son 'bas' béat et de son béant bât qui blesse (catégories, en passant, qui sont celles de Raffarin, ce qui devrait interpeller un 'marxiste', mais bon, la mode radical'pcf revient au 'pauvre' et au 'riche', work in progress...).
Ils prennent 'prolétaire', 'travail', 'capitalisme', 'exploitation', 'peuple', 'démocratie', 'révolution', 'communisme'... au sens banal dont ils héritent, soit de la vulgate lénino-stalino-trostko-bolcho-républimécano anti-dialecticienne, soit et de plus en plus dans les catégories de la philosophie politique bourgeoise dont les terminologies gauchisantes et démagogiques du PCF, de la LCR et environs gonflent leur opportunisme politicien, et alimentent avec complaisance une jeunesse légitimement curieuse de ces choses, disponible pour en découdre, qu'ils voudraient embrigader -y compris la racaille, dont ils ne pensent parfois pas moins que leur Sarkozamy d'ennemi national-républicain (on ne se dispute jamais que ce que l'on partage, la nation, pour l'exemple : quoi de plus anti-communiste que la nation ?). Voir là la dénonciation d'une "traîtrise" est une idiotie supplémentaire. Ce n'est que la revendication d'un langage correspondant à sa réalité : la dérive linguistique et sémantique du PCF et environs traduit un abandon -- cette fois revendiqué -- du communisme. Le 'démocratisme radical' se révèle comme anti-communiste et contre-révolutionnaire (c'est-à-dire visant à terme à empêcher la révolution communiste, l'abolition du capital). Il n'y a pas de syncrétisme possible à partir de ces deux positions : communiste et révolutionnaire, ou démocrate et réformiste. Vouloir rattraper le coup en gauchisant par le 'bas' les partis de la gauche radicale relève du pari d'éternels maris et cocus, automanipulés-manipulateurs.
Autrement dit, c'est une régression qui, en prétendant opposer une déformation historique à une autre, tordant le bâton stalinien dans le sens de la démocratie, en revient purement et simplement, à l'insu de son plein gré, à jeter Marx à la poubelle et, au nom de l'anti-capitalisme, à mener campagne, revendiquée comme politique, pour l'éternisation du capital.
*
Si je m'exprime en cette sorte de lieu à trouver par chacun pour tous, entre théorie et politique, et de manière personnelle, ce n'est pas pour les chiens. Cela relève pour moi d'un combat, d'une éthique. Pas d'une étiquette. Ni d'un combat de coqs ou de quéquettes. En quoi j'emmerde ceux qui pourtant auraient trouvé sur ce site de quoi éviter leur ridicule. Les 'cons', chacun les siens, mais le plus dur, c'est d'affronter en face sa propre connerie, sans s'en tenir pour vacciné à jamais. La révolution, je ne la vois pas sans efforts, et je ne place aucun espoir en ceux qui n'en font pas.
*
Ce qui, au nom du communisme, méprise l'effort théorique, mérite le mépris. Car cet effort est à la portée de qui le juge nécessaire. Rien n'autorise les imbéciles à se réclamer du 'peuple' au nom de leur supposée 'conscience' : c'est typiquement les attitudes populistes qui draînent les échanges idéologiques entre rouges et bruns, ne leur en déplaise, car ils refusent de saisir leurs lieux communs. Et l'histoire ne se fait que de faits : à faire comme à défaire. A plaire comme à déplaire.
Une affaire aussi de coeur et de courage. En avoir ou pas : à chacun son port de l'angoisse.
* « Langage tangage, ou ce que les mots me disent » : titre d'un ouvrage de Michel LEIRIS
> Lundi 14 novembre
Qui veut « défendre la société » ?
On aimerait pouvoir dire, avec Y. Moulier-Boutang (Les vieux habits neufs de la République, En défense d’émeutiers prétendument « insignifiants » ), que «la gêne de la gauche laisse pantois». Mais pour autant que les réactions des partis de gauche soient effectivement consternantes, comment en être encore 'consterné' ? S'ils sont aujourd'hui inodores et sans saveur, au point d'en perdre la mémoire ouvrière, c'est qu'ils n'ont pas de solutions à la situation actuelle. Celles qu'ils aimeraient promouvoir s'effondreraient devant la profondeur de problèmes auxquels ils n'ont ni l'intention ni les moyens de se confronter. Ce que traduit leur "gêne", c'est qu'ils comptent politiquement sur le calme social et le besoin sécuritaire pour se positionner comme 'alternative' ayant quelque chance électorale, dans une compétition sur le même terrain que leurs adversaires, celui d'une culture idéologique de la "démocratie". C'est pourquoi on assiste à tant de valses hésitations : le jeu de devinette "qui a dit quoi ?" s'avèrerait cruel, aux précautions de style près, si l'on confrontait les communiqués et certaines paroles militantes, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite... républicaines.
Au passage, relevons que si l'histoire a déjà vu la gauche au pouvoir préparer le retour de la droite, la gauche actuelle s'y entend pour préparer l'arrivée de l'extrême. Mais là n'est pas l'essentiel, ni le plus intéressant.
L'enseignement à chaud des émeutes et des réactions politiques (et plus généralement sociales et sociologiques) qu'elles suscitent jusque-là, c'est le vide sidéral de la critique 'anti-capitaliste', dans les moments où le 'système' est mis à nu par ses célibataires mêmes. Gageons que plus nombreux seront demain ceux qui refuseront de l'épouser, comme les divorces entre l'institution politique dans son ensemble et les supposés 'citoyens'.
On peut rêver comme Y. Moulier-Boutang, qu'« en criant rageusement que la République est nue, les émeutiers ont défendu la société », dans l'exacte limite où ils rêveraient eux-mêmes de "devenir prolétaires" (cf Pépé sur Meeting). Mais pourquoi faudrait-il « défendre la société », qui n'est plus aujourd'hui que l'autre nom du capital ? *.
* Y. Moulier-Boutang : "Et nous disons très tranquillement, et fermement nous aussi, afin qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls : « Il faut défendre la société »."
Le piège dans lequel est prise 'l'alternative radicale', c'est son rêve d'aménager le capital afin de le 'dépasser' : en comptant sur leur respect commun de la démocratie ?
> Mardi 8 novembre
La violence des affrontements sociaux aux limites du capitalisme s'annonce pour durer
Ce à quoi l'on s'attendait -- pour ne pas dire ce qu'on attendait -- arrive. Dans une violence inévitable pour autant qu'elle exprime la réalité des rapports sociaux au point de leur évolution et de l'absence de toute médiation politique ou institutionnelle pour la prendre en compte au niveau de sa signification profonde. La non politisation des émeutiers, comme leur non-organisation, c'est la traduction en creux du rejet de toutes les institutions (administrations, services, gouvernements, partis, syndicats, associations...) qui se sont présentées à eux -- quand elles l'ont fait -- sans résoudre aucun de leurs problèmes vitaux.
Du côté de la gauche, ou de l'extrême-gauche, cette incapacité, également inévitable vu leurs ancrages historico-idéologiques, s'enracine dans l'absence marquante d'une théorisation rendant compte du capitalisme contemporain, la connaissance des "conditions déterminées", dont parlait Marx, dans lesquelles aujourd'hui et demain l'histoire peut et pourra être faite consciemment. Conditions, non comme état nécessaire et suffisant d'une situation propice à telle action révolutionnaire, mais conditions comme contexte incontournable, nécessités propres à la phase actuelle du capitalisme, et nécessité pour le prolétariat de faire ceci ou cela en fonction de ses intérêts contre le capital et ses diverses médiations (c'est en ce sens que les émeutes actuelles sont 'une nécessité' : quelque chose qui ne pouvait pas ne pas se produire; l'explication n'étant pas à rechercher par des enquêtes socio-psychologiques auprès des émeutiers, même s'il importe d'entendre ce qu'ils disent quand ils font ce qu'ils font).
La question qui va se poser alors en permanence, c'est celle du moment où telle action devenue historiquement nécessaire s'inscrit dans les limites du capital ou les dépasse, les déborde, son ampleur ou la démultiplication 'spontanée' et rapide de telles actions.
Ce que nous indiquent les événements actuels, comme certains autres précédemment (luttes suicidaires dans les entreprises liquidées par exemple), c'est que ces limites n'apparaissent que dans les situations les plus graves sur le plan humain et social, dès lors qu'elles prennent la forme d'un intérêt collectif d'une certaine ampleur. En quoi, dans ces situations dont les deux versants subjectifs sont le désespoir et le rien à perdre ("que nos chaînes"), il semble bien que la violence soit inévitable, ce qui revient à dire nécessaire.
Il est évident que cette nécessité est déniée a priori et par principe, pour un ensemble de raisons historiques et idéologiques dans l'héritage du mouvement ouvrier et de ses organisations, et en France particulièrement compte-tenu de la longue période de "paix" et de relative non-violence des rapports sociaux en général, depuis une longue période.
Ce genre d'événements, en tant qu'affrontement de classe brutal aux limites (peu importe ici leur contenu explicitement, subjectivement, révolutionnaire : eux partent de ce qu'ils vivent et ressentent, non de ce qu'ils pensent), laisse les aspirants à la représentation totalement désemparés, car cela sort complètement de leurs schémas pré-établis, c'est-à-dire la construction peu ou prou paisible, convergente et rassembleuse, d'une alternative qui ne se propose surtout pas de dépasser ces limites, voire de s'y confronter, remettant cette échéance à plus tard au nom même de leur sagesse anti-capitaliste : le projet, le programme qu'on appliquera une fois "au pouvoir"...
Il faut par conséquent s'attendre à la multiplication de situations comparables où l'on verra de très sérieux clivages s'opérer dans les rangs mêmes des plus 'engagés', dès lors qu'il s'agira de poser en actes la question du communisme, et non plus d'aménager dans les institutions d'Etat (et environs territoriaux) la cogestion du capital.
C'est d'ores et déjà ce qui se lit dans les réactions aux "violences urbaines" et à l'état d'urgence décrété par l'équipe de Chirac (à noter : le caractère politicien et réformiste du mot d'ordre 'Sarkozy démission', qui ne deviendrait populaire que sur une base populiste de peu d'intérêt). Comme attendu, les réactions des militants traversent pour la plupart leur tamis idéologique : "au secours la démocratie, les libertés individuelles, mesures sociales urgentes...", bref, la soupe politique petite-bourgeoise habituelle, et pas un mot sérieux au niveau de la contradiction de l'exploitation comme noeud de la société capitaliste, au coeur de ce qui provoque ce type de 'crises'. Mais il est vrai que ne travaillant pas, nos 'cailleras' ne sont pour certains révolutionnaires patentés que des salopards de "lumpen" qu'il ne s'agit surtout pas de soutenir*...
* « Ce serait un formidable échec de la classe ouvrière et la porte ouverte aux dérives islamistes, poujadistes ou fascistes. Cette révolte confuse est à l'image du fascisme : au lieu de s'attaquer aux véritables responsables du chômage et de la misère, on s'attaque aux travailleurs. Que dans le lot, il y ait une rage légitime, personne ne le conteste! Mais gardons-nous de soutenir des individus qui n'ont pour seul objectif que le repli individualiste et la bêtise comme mode embryonnaire de pensée ! » (un militant 'unitaire LCR')
> Mardi 8 novembre
Bellaciao : Selon COPAS, Une situation insurectionelle a souvent pour objectif le renversement d’un système...
Echanges intéressants, dont on ne lira pas la suite, puisque j'ai été interdit de réponse à la suite de la dernière intervention de l'auteur, Etat, mon bon état, suis-je vraiment le plus beau du quartier ? 8 novembre 2005 - 01h10 - Posté par 83.***.63.**
Un question ne sera pas posée : qui fait preuve de "confusionnisme", en prêtant à l'autre le contraire de ce qu'il affirme... Basta. Et merde à la censure démocratique des bonnes âmes du prêt à militer en rond (le droit de réponse serait-il sarkozyste ?).
Cet article avait été mis en ligne en Une, sans le dire, pour répondre 'officiellement' à quelques idées que je soutenais dans un autre échange. Bellaciao est le site miroir et un centre de gravité* du démocratisme radical sur le net. Les interventions y sont contrôlées idéologiquement en conséquence, de façon parfaitement politicienne, comme il se doit, et comme cela ne devrait pas se savoir**.
* Centre de gravité en ce sens que rien ne doit trop s'écarter de la fourchette variée d'interventions qui définit cette idéologie, de la gauche du PS (Filoche abonné) à l'extrême-gauche rangée (façon LCR), en passant par le PCF (complaisamment relayé), les écolos décroissants, les assoc' et syndicats associés, quelques personnalités et articles divers ne mangeant pas de pain, plus le tout venant habituel qui fait vivre le style forum dans la vitrine de la libre expression.
** C'est ainsi que deux réponses, dont la mienne, à l'intervention de Patrick BRAOUZEC, député-maire de Saint-Denis, ont été supprimées, n'allant pas dans le sens de ce communiste d'élite. Inutile de préciser qu'elles n'avaient rien d'insultant, mais doutaient, avec quelques arguments, de la pertinence de sa demande d'un "Grenelle des quartiers". De même pour une allusion ironique au caractère historique, en mémoire de mai 68 et vu la situation, du lamentable communiqué commun PCF-CGT : l'histoire se répètera-t-elle en petite farce post-post-courroie de transmission ?
Il leur faut absolument, comme à tous les missionnaires du démocratisme radical, obtenir le consensus politique, et pour cela, leur passion de la démocratie mérite de souffrir quelques exceptions autocratiques : de quoi donner envie de leur confier le pouvoir dont ils rêvent, et pis, font rêver.
> Lundi 7 novembre
Bellaciao : "Violences urbaines, un problème politique"
Réponse à No future 6 novembre 2005 - 22h02 - Posté par 83.***.117.**
Des émeutes prolétariennes
« Pour inverser la tendance, il faudrait considérer l’autre avec respect, proposer du travail et avoir la volonté comme les moyens financiers d’une réelle politique sociale. Désolé, mais l’UMP/PS n’a pas ces articles en magasin ! »
Qui, dans la classe politique, a "ces articles en magasin" ? Ce magasin, et ces articles sont ceux de la classe dominante : le capital, et de fait, de sa classe politique, droites et gauches confondues. Ce que très peu veulent admettre, c’est qu’il s’agit d’émeutes prolétariennes, de ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre et que personne ne veut acheter, un prolétariat non de "travailleurs" mais de chômeurs ou programmés comme tels, enfants de prolétaires, et de plus pour beaucoup rejetés par la France après qu’elle ait épuisé leurs parents, grands parents, et ancêtres. Qu’ils n’aient pas de "conscience théorique" et ne soient pas 'organisés politiquement", qu’ils s’en prennent à tort et à travers à tout ce qui représente ce qu’ils n’ont pas (mais en voudraient-ils, et comment leur en vouloir de ne pas en vouloir ?), ne devrait pas tromper ceux qui ont quelque idée précise de ce qu’est le système capitaliste, son Etat, son idéologie, et toutes ses institutions sociales et médiatiques.
La seule solution sera, à terme, l’extension de la lutte et la mise en question par tous les prolétaires de la domination capitaliste en tant que principe d'exploitation, non pour en demander une version soft, qui ne relève aujourd’hui d’aucun réalisme (mesures économiques ou politiques, bricolages réformistes plus ou moins gauchisés), mais pour porter le fer et le feu au coeur du système : l’exploitation capitaliste et ses ravages, dont la répression d’Etat comme les discours de toutes sortes ne sont que l’intendance et la "culture" (d’entreprise).
Que des élus comme Patrice Leclerc, investis dans le renouveau "alternatif radical" et celui du communisme français, en soient là de leurs compréhension et propositions, voilà qui en dit long sur la capacité d’analyse de classe dont sont capables les "élites communistes" de ce pays. Cela relève d’un refoulement durable, où l’on voit que même la réalité la plus crue et la plus violente de la lutte des classes provoque non une "prise de conscience", mais littéralement un blocage et des résistances sous la chape de plomb de l’idéologie consensuelle de la démocratie d’Etat.
A entendre toutes ces bonnes âmes, qui doivent se sentir plus ou moins coupables, à la manière de ceux qui opposent des prières à la réalité des choses, ce ne serait, ce ne sera jamais le moment. Il faudrait toujours le repousser après on ne sait quelle étape ou transition démocratique ou socialiste...
Ces événements, si cela était nécessaire, sont en train de révéler ce que très peu veulent savoir : il n’y a rien à attendre, contre le capital, des organisations qui se disputent le marché poltique.
Il y aura un moment, si ce n’est pas cette fois, où ça ne s’arrêtera plus aux portes du système : mais la révolution, n’est-ce pas ce que veulent les "anticapitalistes" conséquents ?
> Dimanche 6 novembre
« ils sont incontrôlables et c’est ça qui moi me donne de l’espoir »
Lu sur Bellaciao, en réponse à l'article de Gérard FILOCHE : Battons cette droite ultra-libérale le plus vite possible, car elle conduit notre pays à l’explosion !
5 novembre 2005 - 19h57 - Posté par 82.***.110.**« "Le mouvement syndical n’a aucun intérêt à voir des voitures de salariés brûler, des installations publiques saccagées(..)".L’intérêt du mouvement syndical en ce moment c’est le cadet de mes soucis personnellement et il faudrait peut être penser avant tout à l’intérêt commun. Les syndicats n’ont finalement pas beaucoup de prises sur les chômeurs et les travailleurs précaires et à peine sur le restant des travailleurs. Si le mouvement syndical veut garder ses petits pouvoirs actuels (genre CGT et CFTC) il est évident qu’il faut éviter que le pays s’embrase. Heureusement les syndicats n’ont aucunes prises sur les jeunes laissés pour compte de la banlieue parisienne et il est peu probable que les syndicats puissent participer à l’étouffement du conflit comme en 95.Du reste les émeutiers qui encerclent Paris semblent ne rien faire "gratuitement". Leurs cibles sont les symboles de l’Etat (Commissariats, Mairies) de l’éducation capitaliste (maternelle, lycée), les super-marchés et les gymnases (symbole évident de la société de consommation et du mythe de l’insertion par le sport à la Zidanne) les transports (lieu assez symbolique des contrôles d’identités) et certaines entreprises. Ces dernières cibles ne doivent pas vraiment faire plaisir aux syndicats. Mais les entreprises visées sont des entreprises qui se sont installées lorsque ces quartiers sont devenus des "zones franches". Des zones qui offrent aux patrons une baisse significative des charges. Seulement ces entreprises ne semblent pas avoir cru bon d’engager les jeunes du coin préférant des travailleurs "respectables". Des travailleurs qui devaient être syndiqués et qui ne faisaient pas trop de vagues. Des gens "sympathiques" quoi, qui ne remettaient rien en cause. La mise à sac de ces entreprises est une sorte de relecture du combat entre les "prolétaires" et le patronat.Debord avant de se foutre une bastos dans l’crane n’avait quasiment aucun espoir de changement radical de la société, le seul espoir selon lui venait de cette "racaille" de ces voyous (des mots qui sonnaient comme des compliments à ses oreilles).Les insurgés ne sont pas forcement politisés, n’appartiennent a aucun parti, syndicat et n’ont pas d’attaches particulières pour la plupart, bref ils sont incontrôlables et c’est ça qui moi me donne de l’espoir. La seule façon vraiment réaliste d’un changement positif pour les travailleurs, les chômeurs et tout le reste ce n’est pas en votant PS, ni même LCR ou PC, non la seule façon de contrer la violence du capitalisme c’est de soutenir les émeutiers.Bon bah voila, je vous fais des gros bisous. A plus.»
Des actes au coeur de la contradiction de classe
Bref commentaire : la première des exigences, pour qui se propose de comprendre cette vague d'émeutes, c'est effectivement d'observer à quoi elle s'en prend, pour constater que c'est aux médiations institutionnelles de l'Etat et du Capital, et ceci, pas seulement symboliquement, mais en actes. En ceci, elle met en cause "objectivement" non seulement les errements de la droite sarkozienne, mais l'ensemble de la classe politique, toutes solutions confondues, de droite et de gauche. Elle refuse et dénonce le mensonge de toutes les solutions "politiques" et "sociales" passées, présentes... et futures, car à entendre les réactions de la gauche alternative, elle ne propose rien d'autre que de calmer le jeu, exploitant la situation de façon politicienne (en miroir de Sarkozy qu'elle diabolise à cet effet), pour que tout rentre dans le rang en attendant... quoi ? les remèdes introuvables qu'elle mettra en oeuvre de retour aux manettes via les élections, avec son slogan "une alternative politique est possible" : du travail exploité pour tous, des "bons" services publics" etc. Aucune de ces solutions, sans parler de leur irréalisme, ne contient le moindre début de "dépassement du capitalisme", c'est-à-dire d'éradication des causes de cette situation; elles prétendent au contraire préparer ce dépassement par le mythe d'une société démocratique assagie, un capitalisme propre... un cachet d'aspirine pour une jambe de bois vermoulu.
La question n'est pas de prétendre que ces actes de destruction sont "lucides" ou "révolutionnaires", mais sûrement moins encore de les amener à "la conscience politique" : celle de ceux qui n'ont pas davantage de solutions dans ce système social ? Il suffit de constater qu'ils sont absolument désillusionnés par tous ces mensonges politiciens d'où qu'ils viennent, et qu'ils traduisent en actes et sans verbe le refus total d'une société non amendable, le refus de tout aménagement politique et social dans son cadre.
S'ils font peur, au-delà des inconvénients immédiats pour ceux dont la voiture, l'école ou la mairie brûlent, n'est-ce pas parce qu'ils montrent à TOUS les limites de ce qui peut seulement être proposé à TOUS dans le cadre capitaliste, les limites d'un autre monde possible tant que la question révolutionnaire ne sera pas posée massivement.
Toujours est-il qu'à travers la condamnation unanime des "violences urbaines"*, pointe le consensus sur celle de toute action insurrectionnelle : la gauche communiste est décidément bien malade de son histoire, et bien scotchée à l'idéologie dominante.
* Vous dites "violences urbaines"... (A propos de l’article de Laurent MUCCHIELLI "Violences urbaines, réactions collectives et représentations de classe chez les jeunes des quartiers relégués de la France des années 1990", *Actuel Marx n° 26, Les nouveaux rapports de classe) Jean-Pierre GARNIER, 2000
> Mercredi 2 novembre
Nouvelles égo-sitées de la déesse satanistique... Staatistik is no good artist-tic ? Ah bon : so dess' ka ?!
3519 visites en octobre, 113/jour en moyenne. 36535 en un an : 100 par jour (pas fait exprès / 2004 déc 85 / 2005 janv 126 fév 144 mar 127 av 127 mai 118 juin 105 juil 77 ao 65 sept 83)
En octobre :
France 59%, USA 26%, GB 3%, Allemagne 2%, Belgique 2%, Espagne, Suède, Italie, Maroc 1%... Puis : Suisse , Tunisie, Luxembourg, Pays-Bas, Grèce, Algérie, Hong-Kong, Portugal, Chili, Danemark, Pologne, Japon, Bénin, Brésil, Côte d'Ivoire, Colombie, Burkina-Faso, Nouvelle-Calédonie, Turquie.
Le plus visité : les pages appelées par NOUVEAU, et de façon constante et soutenue, heureuse surprise : l'éthique africaine-américaine du jazz, II1.9 le blues et l’harmonie du jazz (hypothèses)...
Merci à tous en général et chacune en particulier, et surtout : ne repartez jamais sans rien prendre ! Pour 'causer' : Patlotch@free.fr
> Dimanche 30 octobre
L'art et la révolution... d'une allégorie à d'autres
La poésie est toujours, à divers degrés, une allégorie. C'est peut-être ça qui la distingue du reste. Plus dure est souvent la chute : rendez-vous au tas de sable, au point d'orgue, au reste... le réel. C'est alors qu'on risque de ne plus pouvoir, la poésie, la faire : l'écrire. Parce qu'au fond, jusqu'à un certain point, créer, c'est détruire : il n'y a pas de création sans (auto-)destruction; tout tient dans leur rapport au temps et à l'espace, dans une danse polyrythmique. De façon banale : créer-détruire est une unité, une contradiction dialectique, et le réel (l'oeuvre...) est le produit ni prédictible ni assuré d'une métamorphose.
Ce n'est pas d'aller en d'Abyssinie que RIMBAUD fut et reste poète. A la limite, le choix (ou non-choix) d'arrêter d'écrire (de la poésie) appartient encore à la poésie, la suite non : on s'en fout de la vie de Rimbaud dès lors qu'il n'écrit plus, c'est un truc pour concierge des lettres et autres assassins de la poésie.
Il n'existe pas (pas plus que d'art ?) de poésie conceptuelle; ce serait une abstraction poïétique, une contradiction dans les termes. C'est en quoi la poésie (comme la théorie), relève dans certaines circonstances du réel, mais c'est affaire de rencontre dans les choses de la vie, de "relation poétique" (respectivement, de relation politique, révolutionnaire...). D'Edouard GLISSANT... à MESCHONNIC : « je dis qu'il y a un poème seulement si une forme de vie transforme une forme de langage et si réciproquement une forme de langage transforme une forme de vie » (c'est l'essentiel à retenir de JAZZ ET PROBLEMES DES HOMMES, 2002)
On n'écrira jamais une "Onzième thèse sur Feuerbach" de la poésie : "Jusqu'ici les poètes n'ont fait que poétiser le monde, il s'agit maintenant de réaliser la poésie". Ou plutôt si, c'est ce qu'auront fait, en voulant dépasser les surréalistes, les situationnistes, et particulièrement VANEIGEM (sa différence avec le DEBORD théoricien révolutionnaire de la Société du spectacle), ce qui impliquait de théoriser-décréter la mort de l'art*, son renversement dans la vie quotidienne (emprunts à Henri LEFEBVRE, lui-même trempé dans Hegel, le surréalisme, Marx, Nietzsche, Freud...).
* Supposée "Mort de l'art" et décret qui en annonçaient d'autres, quinze à vingt ans plus tard, les so called "mort des idéologies" et "fin de l'histoire".
C'était inévitablement 'programmer' un double échec, artistique et politique, contre l'art, contre le Capital et, in fine, contre le Spectacle même. Double échec, avec sa double allégorie dans le miroir de l'idéologie réellement dominante : le lent suicide physique de Debord, et le renversement de Vaneigem dans la guimauve. En somme, Debord aura dissous l'IS comme Rimbaud aura cessé d'écrire, parce qu'ils n'avaient pas le choix, et qu'ils le savaient (Debord à mai 68 ce que fut Rimbaud à La Commune ?). Vaneigem aura esthétisé l'échec, 'pour une société vivante' en repoussant 'l'abolition de la société marchande'...
Il en reste :
- sur le plan 'artistique' une esthétique, pour l'avoir fait avec talent : une esthétique en prise sur son temps (on dit 'en avance' mais on n'est 'en avance' que d'être en prise sur le présent... être 'moderne' selon Baudelaire / Meschonnic)... Et sa dérive en esthétisme : cf le fatras des postures esthétisantes, 'artistiques' ou 'éthiques' (MAFFESOLI, ONFRAY, etc.)... HOUELLEBECQ ramassant le pactole en vendant sa déglingue (retour à l'économie) et, symétriquement, Marc Edouard NABE, ce qui convient de provocation "célinienne" (sur fond de "jazz" mort revivalisé).
- sur le plan politique, un héritage* : le fait que toute "l'alternative radicale" fait du (sous-) situationnisme, sans le savoir ni le comprendre et sans talent, et sans ouvrir à autre chose que la répétition, en farce de l'Histoire (Marx), de mai 68 : l'impuissance communiste éternisée en programme 'anticapitaliste' introuvable.
* Cf Le charme persistant de l'Internationale situationniste, in Roland SIMON, Fondements critique d'une théorie de la révolution chap. 5, De la critique du travail à la critique du programmatisme : une transition théorique, l'Internationale situationniste
Autant en emporte le mou vent social... Resterait à continuer la poésie, et à faire la révolution.
> Vendredi 14 octobre
Au secours, v'là l'autopraxis populo-capitaliste !
Peut-on considérer que la vague de fond démocratique radicale, la mise en cause des directions (des appareils, des partis...), de la représentation (...) traduisent un progrès révolutionnaire (= anticapitaliste) ? Oui et non, selon qu'elle touche ou non au fond de l'essence du capital, l'exploitation, le salariat, la valeur etc. Parfois, c'est tout à fait superficiel : les 'mauvais' dirigeants, les 'traitres" syndicaux... puisque cela laisse supposer qu'il suffirait de les remplacer par des 'bons', de les 'mandater', de les 'contrôler'...
Ce qui est saisissant, c'est la valeur idéologique, à une époque donnée, d'une forme politique : organisation de l'Etat / organisation de la lutte. Aujourd'hui, on voit que cette conception (auto-organisation > auto-émancipation / auto-praxis > autonomie) pour la classe ('le peuple') correspond à la critique du système capitaliste comme domination, oppression... Celui-ci ne serait pas alors la société, mais s'imposerait à elle (avec son Etat comme arbitre). Cette conception se présente - sur la même ligne pouvoir politique / mode d'organisation ouvrier - comme simple renversement de celle qui prévalait en période stalinienne, paternalo-bolchévique, ou social-démocrate : avec la critique de la 'bureaucratie' (> Socialisme ou Barbarie), on aboutit aujourd'hui - sur fond de domination du capitalisme financier et du durcissement étatiste ultra-libéral - à la vulgate de l'opposition public-privé comme fin en soi (le 'service public' ou les fonds publics ne sont pas considérés comme étant de nature capitaliste, on en revient à la philosophie politique "petite-bourgeoise" - révolutionnaire pré-marxienne. Il semble logique que les couches moyennes inférieures (base sociologique des partis d'extrême-gauche et du PCF), se découvrent à la lutte, à la "résistance" - jusqu'à en être conservatrices - pour sauver leur situation, dont elles n'ont pas au fond saisi la nature prolétarienne.
Dans les milieux militants d'extrême-gauche (que nourrissent ces couches moyennes et leur jeunesse de ces vieilleries), l'absence de critique du "socialisme réel" comme forme de capitalisme conduit par l'Etat * (à la place de la bourgeoisie patronale, dont la critique est pourtant comme déjà faite dans Le Capital), pèse lourdement sur la compréhension du passé et freine d'autant celle du présent, interdisant subjectivement une ouverture au futur sur d'autres bases qu'un capitalisme pour et par le peuple : 'alternative radicale nous voilà, nous sommes l'autopraxis populo-capitaliste ! l'Etat est mauvais, il faut investir la société civile... mais celle-ci n'est que l'Etat' (immédiatement : utopies fantasmatiques des lendemains du référundum TCE, du 4 octobre, de la lutte SNCM...)
Une différence de taille : alors que le modèle 'programmatique' précédent (socialisme d'Etat = capitalisme d'Etat / partis bolchéviques oppositionnels) était réaliste (il a existé réellement à l'Est et à l'Ouest) en acceptant inconsciemment (sans théorie de sa manifestation réelle) de rester au sein du Capital, le 'démocratisme radical' n'a pas de potentialité stable dans le capitalisme contemporain, et ne peut rien faire pour le dépasser : il se présente donc comme la justification d'un impossible dépassement révolutionnaire du capitalisme, dans le temps même où la lutte des classes en certaines circonstances met en cause la reproduction (du capital, de la classe des producteurs au sens large...), c'est-à-dire pose la question d'une révolution directement communiste (communisation).
* On saisit mieux le noeud trostkyste et son développement durable, qui verrouille de ce côté toute compréhension historique, l'ouverture de la LCR au champ libertaire ne se faisant pas sur une critique de l'économie politique, mais sur l'économie de cette critique.
> Jeudi 13 octobre
Je suis un bon a-rien
Finalement, j'ai mis des 'A-' partout, à la place des guillemets : A-POÉSIE, A-COMMUNISME, À CONTREJOURS, A-JAZZ, A-MUSICAL, A-PICTURAL... 'A-', comme manque, ou comme désir...
Je n'ai jamais ni pensé ni fait les choses comme leurs noms les donnaient à faire et penser, si bien qu'il est préférable de me considérer comme non-poète, non-communiste, amateur de non-jazz, ayant écrit de la non-musique et fait de la non-peinture. Tout cela est plus proche de la réalité, ou du Réel, comme dit François LARUELLE, philosophe inventeur de la "non-philosophie"*.
* Cela dit, ayant lu l'"Introduction au non-marxisme" , et sous réserve d'inventaire de la production théorique et pratique qui s'en suivra, je souhaite bon courage aux réélistes radicaux pour en faire autre chose qu'une nouvelle... philosophie. Voir aussi, Sophie LESUEUR, Non-philosophie du Sujet politique, Extrait présenté le 30 septembre 2004 au Congrès Marx International IV –Université Paris X Nanterre
De là à dire que je suis un bon a-rien, il n'y a qu'un pas, ou un tour de pas-passe.
> Vendredi 7 octobre
Marx, ou de la nécessité de la révolutionPiqûre de rappel inactuelle à l'attention de nos "marxistes" et "révolutionnaires" (y compris la cohorte d'universitaires artisans d'un "retour à Marx" sur mesure, pour le glisser dans les oripeaux de la démocratie (petite-)bourgeoise sous la forme radicale de l'extrême gauche d'Etat). Car ce qui saute aux yeux, c'est que tous les "marxistes" qui tiennent encore Octobre17 pour une révolution prolétarienne par et pour le prolétariat, ou l'URSS pour une parenthèse "dégénérée" du socialisme ouvrant la voie au communisme, tous, militants ou penseurs, posent comme prémisse de leurs activités théoriques et pratiques que la révolution ne doit pas avoir lieu, au prétexte qu'ils ont à se justifier moralement (l'abandon sans frais théoriques du concept de 'dictature du prolétariat', par le PCF et la LCR à 30 ans d'un intervalle intéressé) contre le "Grand soir" par leur "trostko-léninisme" supposé anti-stalinien, revisité anarcho-démocratiste, avec un zeste plus ou moins épais de national-bolchévisme, un autre pour la galerie anarcho-dogmatique (ou anarcho-pragmatique, ce qui revient souvent au même). C'est ce sur quoi bute leur "anticapitalisme", et ce sur quoi se refonde leur réformisme démocratiste délirant en utopie de couches moyennes occidentales, qui ouvre la voie de retrouvailles néo-proudhonniennes bien françaises avec une frange anarchiste remise en scène post-moderne (particulièrement Négri et sa section française de Multitudes, mais plus généralement la French Théorie post-moderne et sa récupération américaine), ce que n'a pas manqué de percevoir l'opportunisme tous azimuts de la LCR (Corcuff/Besancenot en poupe pour l'idéologie 'social-démocrate-libertaire, d'Artous/Texier/Husson pour la critique édulcorée de l'économie politique du capitalisme contemporain, et comme pendants franchouilleurs, Harribey à ATTAC, Bidet à Actuel Marx, Colin en marxiste-républicaniste kantien, Sève au PCF..., Bihr à... contrecourant). L'histoire est appelée, par la convergence citoyenne, à se répéter en farce de la farce...(et nous aurons noté, pour la petite histoire psycho-sociologiste, que les tenants de l'idéologie alternativiste en vogue sont, sans exception, apointés par l'institution étatique ou banquaire, ou les deux, des partis aux syndicats, en passant par les associations... et les mafias).« Finalement, la conception de l'histoire que nous venons de développer nous donne les résultats suivants :1. A un certain stade de développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui, dans les conditions existantes, ne font que causer des désastres. Ce ne sont plus des forces de production, mais des forces de destruction (le machinisme et l'argent). Autre conséquence, il naît une classe qui supporte toutes les charges de la société, sans jouir de ses avantages; une classe qui, jetée hors de la société, se trouve reléguée de force dans l'opposition la plus ouverte à toutes les autres classes, une classe qui constitue la majorité des membres de la société et d'où surgit la conscience de la nécessité d'une révolution radicale, conscience qui est la conscience communiste et peut se former aussi, bien entendu, dans les autres classes capables d'appréhender la situation de cette classe. [je souligne]
2. Les conditions dont dépend l'emploi des forces productives déterminées, sont les conditions de la domination d'une classe déterminée de la société; la puissance sociale de cette classe, découlant de ce qu'elle possède, trouve régulièrement son expression pratique sous forme idéaliste dans le type d'État propre à chaque époque [id]; c'est pourquoi toute lutte révolutionnaire est dirigée contre une classe qui a dominé jusqu'alors.
3. Jusqu'à présent, toutes les révolutions ont laissé intact le mode des activités; il y s'agissait seulement d'une autre distribution de ces activités, d'une nouvelle répartition du travail entre d'autres personnes. La révolution communiste par contre est dirigée contre le mode traditionnel des activités, elle supprime le travail, [forme moderne de l'activité sous laquelle la domination des], et abolit la domination de toutes les classes en abolissant les classes elles-mêmes, parce qu'elle est effectuée par la classe qui n'est plus considérée comme une classe dans la société, qui n'est plus reconnue comme telle et qui est déjà l'expression de la dissolution de toutes les classes, de toutes les nationalités, etc. dans le cadre de la société actuelle... [id]
4. Pour produire massivement cette conscience [que Théorie communiste nomme théorie] communiste, comme aussi pour mener la chose elle-même à bien, il faut une transformation qui touche la masse des hommes; or, une telle transformation ne peut s'opérer que par un mouvement pratique, dans une révolution. Par conséquent, cette révolution est nécessaire non seulement parce qu'il n'y a pas d'autre moyen pour renverser la classe dominante, mais encore parce que c'est seulement dans une révolution que la classe du renversement réussira à se débarrasser de toute la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur de nouveaux fondements. [id]
[passage biffé dans le manuscrit, mais oh combien plaisant à citer pour nos absolus démocrates pré-marxiens d'aujourd'hui] Depuis un bon bout de temps déjà tous les communistes, aussi bien en France qu'en Angleterre et en Allemagne, sont d'accord sur la nécessité de cette révolution; saint Bruno [Bauer] cependant poursuit tranquillement son rêve et pense que si l'on met “l'humanisme réel” c'est à dire le communisme “à la place du spiritualisme” (qui n'a plus de place du tout), c'est uniquement pour qu'il gagne en respect. Alors rêve-t-il toujours “il faudra bien que vienne le salut, que l'on ait le ciel sur la terre et que la terre soit le ciel”. (Notre docte théologien ne peut toujours pas faire son deuil du ciel). “Alors éclateront, au milieu des célestes harmonies, la joie et la félicité pour toute l'éternité” (p. 140). Notre Saint Père de l'Église éprouvera une bien grande surprise, quand fondra sur lui le jour du jugement dernier, celui où tout cela s'accomplira un jour, dont l'aube sera faite du reflet sur le ciel des villes en flammes, et où retentira à ses oreilles, au milieu de ces “harmonies célestes” la mélodie de la Marseillaise et de la Carmagnole accompagnée des grondements de canon, de rigueur en l'occurence, tandis que la guillotine battra la mesure; tandis que la “masse” impie hurlera Ça ira, ça ira et qu'elle abolira la “conscience de soi” au moyen de la lanterne. Moins que quiconque, saint Bruno n'a de raison de tracer de cette “joie et félicité pour toute l'éternité” un tableau édifiant. Nous ne nous donnerons pas le plaisir d'échafauder a priori ce que sera le comportement de saint Bruno le jour du jugement dernier. Il est également difficile de trancher si les prolétaires en révolution devaient être conçus comme “substance”, comme “masse”, qui veut renverser la critique ou bien comme “émanation” de l'esprit, qui toutefois manquerait de la consistance nécessaire pour digérer les pensées baueriennes. » MARX-ENGELS, 1845, L'idéologie allemande (j'ai mixé cette traduction française avec celle de Maximilien RUBEL pour La Pleïade -Gallimard : Marx/Philosophie. Notons que Rubel s'est autorisé à placer ce fragment en conclusion de sa traduction de L'idéologie allemande [rappelons que ce texte fut publié pour la première fois en 1932], et qu'il s'en justifie par 'l'état d'inachèvement du manuscrit' comme comme par celui d''aboutissement de la recherche théorique' des auteurs, son 'caractère de message révolutionnaire'.)
> Mardi 4 octobre
Mout vent social : Rouges Vifs toujours en avance d'un retard. Anthologie d'un chef-d'oeuvre national-social'populo'républicain (voir National-bolchévisme, national-communisme, national-socialisme...)
TRACT LE 4 OCTOBRE :
« pillage des richesses par quelques grands groupes capitalistes [...] démantèlement du code du travail [...] services publics, spoliation de la Nation [...] le peuple et le monde du travail [...] Les mots d’ordre du 4 octobre – augmentation générale des salaires, défense de l’emploi, promotion du service public – témoignent du haut niveau des exigences populaires [sic] Dans de nombreuses entreprises, des luttes se développent et obtiennent parfois des avancées significatives [resic]
CONVERGENCE D’INTERETS ET RASSEMBLEMENT
[...] public/privé, salariés/chômeurs, jeunes/anciens, nous avons tous les mêmes intérêts et le même adversaire, responsable de nos maux : le capitalisme [certes... mais voyons ça]
REVENDICATIONS ANTICAPITALISTES
[...] les revendications qui mettent radicalement en cause la domination du capital. L’exigence d’une augmentation générale des salaires, tout comme la volonté de promouvoir le secteur public et nationalisé sont des axes fédérateurs du rassemblement. Ces questions sont également les terrains d’affrontement avec le capital depuis plus de vingt ans [???] car elles représentent une logique radicalement différente [??? l'idéal du capitalisme bourgeois version républicaine de gauche]... la Libération [de quoi ?]
Le salaire, dans ses dimensions directe et indirecte, est l’arme permettant de valoriser le travail au contraire de l’accumulation du capital. Son montant... [...] lui ôte le caractère aléatoire qu’on veut lui imposer au nom de la loi
du marché ; un salaire révisable tous les jours en fonction des bénéfices [ben on s'y attendrait, non ?] Le salaire est également porteur de solidarité [!!!] puisque de son niveau, dépend encore le financement de la protection sociale malgré les coups portés...
Les services publics sont aussi, depuis des décennies, des outils de résistance aux ravages du capitalisme [cette société serait belle, mais il y a le capitalisme, merde, alors...]. L’existence d’entreprises 100% publiques [l'Etat 100% exploiteur, super !], démontrent qu’une activité économique peut fonctionner sans actionnaires avides de profits immédiats, peu soucieux de l’intérêt général [on dirait un énarque !] et du pays [Moon païs !!!]. L’enjeu est de taille pour aujourd’hui mais aussi pour les générations futures [Amen !][En résumé, un super-syndicalisme pour continuer l'exploitation du prolétariat (deux mots proscrits, comme par hasard...)]
SALAIRES ET SERVICES PUBLICS, DES ATOUTS
POUR L’EMPLOI
Nation / service public / solidarité nationale / liberté / population / extension du secteur public et nationalisé en commençant par des renationalisations / revalorisation des salaires et développement du secteur public / question de l’emploi / travail, en prétextant qu’il est un coût pour les employeurs [ben oui, c'est d'ailleurs le problème du capital...] alors qu’il est la seule source de création de richesses... C’est dans sa valorisation [sic : la valorisation en procès, c'est le capital, BABA de la Critique de l'économie politique] au travers d’une forte augmentation des salaires [le curseur de l'exploitation, règme inchangée] complétée par une intervention publique forte (via les entreprises publiques) [l'Etat, instance neutre au dessus des classes ?] dans l’économie [le monde de l'économie, c'est la capital; point barre], que réside la
solution au chômage... [tous au boulot ! sur les bases qui précède,t, Rouge Vif est le servile public du capital au service du peuple]LE NON AU REFERENDUM DU 29 MAI : UN FORMIDABLE POINT D’APPUI
On peut parler de grande victoire de la démocratie, qu’il
s’agit désormais de défendre et prolonger, y compris dans la rue [Eh oh... > DÉMOCRATIE, "DÉMOCRATISME RADICAL", ALTERNATIVE (critique de ---) ] le peuple a
affirmé sa volonté... [on dirait Danton...] En reprenant la main lors du référendum, le peuple a ouvert une perspective pour que le mouvement qui s’affirme à partir du 4 octobre soit victorieux [Amen !]. L’histoire l’a amplement démontré : rien ne résiste à l’affirmation de la souveraineté populaire ! [sic : c'est pour ça qu'on en est là, un siècle et demi après Le Manifeste, que Rouge Vif n'a pas encore lu ?]
DES REGLES EUROPEENNES POLITIQUEMENT CADUQUES
... le défi démocratique lancé par le gouvernement en refusant le résultat du référendum [refuse rien, fait son boulot, c'est l'Etat, la démocratie en trompe-couillons avec les messengers à la Rouge Vif en tête de noeuds] (fin de citation)Pauvre Babeuf !
> Samedi 1er octobre
Des nouvelles égo-chiffrées du site ?¿? ¿?¿? ¿?¿?¿?
34 828 visites en un an, moyennes : 2902 par mois, 95 par jour (fourchette 33-368).
En septembre : 2320 visites, 80 par jour (>32 <147).
Origines : France 69%, USA 21%, puis Allemagne, Belgique, Suède, Canada, Espagne, Suisse, Maroc, Italie, Pays-Bas, Taïwan, Luxembourg, Portugal, Grande-Bretagne, Iran, Pologne, Brésil, Algérie, Grèce, Tunisie, Côte d'Ivoire, Liban, Roumanie, Pérou, Singapour, Argentine, Chili, Norvège...
Net recentrage euro-occidental, pertes en ligne asiatiques et africaines... Pas surprenant mais ouh la la !
En dehors des communs ('page d'accueil', 'nouveau', index, plan du site...), la page la plus visitée demeure, contre vents et marées (!), II1 l'éthique africaine-américaine du jazz, suivie de II2 un art moderne pour la modernité... puis communisation... Que demande le peuple ?
Merci et salut aux visiteu&reuses.
> Samedi 24 septembre
QUATRE LIVRES
> Émergence, complexité et dialectique, Lucien SÈVE + collectif, Odile Jacob 2005
(comme suite à un questionnement > 14 juillet 2004> L'imposture des mots, Yasmina KHADRA, Julliard 2002
> Strange Fruit, David MARGOLICK, 10/18, 2000 / Voir aussi
" Strange Fruit, chanson mythique que Billie Holiday a interprétée de façon saisissante et inoubliable, compose un tableau réaliste arraché à une page sombre et souvent occultée de l'Histoire américaine, celle du lynchage. Mais elle a aussi une histoire et David Margolick nous la raconte ici en traquant la vérité sous le mythe. Avant de s'attacher à l'interprète géniale de la chanson, Billie HOLIDAY, l'auteur évoque brièvement la scène new-yorkaise de la fin du New-Deal avec son activisme tous azimuts et notamment le Café Society, lieu radical où se retrouvaient des intellectuels et artistes noirs et blancs. Cette chanson, qui l'a vraiment écrite ? Qui l'a chantée ? Où ? Comment ? D'innombrables témoignages de chanteurs, musiciens, journalistes et observateurs divers nous donnent un éclairage précis sur, une chanson lui osait dénoncer l'horreur à une époque où la contestation n'avait pas fait encore entendre sa voix."> Quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre, Robin COOK, Rivages/Noir, 1970
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> Dimanche 4 septembre
Louis ARMSTRONG described a New Orleans Jazz Funeral to Edward R. Murrow in the documentary film Satchmo the Great.
« And, speaking of real beautiful music, if you ever witnessed a funeral in New Orleans and they have one of those brass bands playing this funeral, you really have a bunch of musicians playing from the heart, because as they go to the cemetery they play in a funeral march, they play "Flee As a Bird," "Nearer My God Today," and they express themselves in those instruments singing those notes the same as a singer would, you know. And, they take this body to the cemetery and they put this body in the ground. While he's doin' that the snare drummer takes the handkerchief from under the drum, from under the snare, and they say "Ashes to Ashes" and put him away and everything, and the drummer rolls up the drum real loud. And, outside the cemetery they form and they start swinging "Didn't He Ramble." And, all the members, the Oddfellows, whatever lodge it is, they are on this side. And on this (other) side is a bunch of raggedy guys, you know, old hustlers and cats and Good-time Charlies and everything. Well, they right with the parade too. And, when they get to wailin' this "Didn't He Ramble," and finish, seems as though they have more fun than anybody, because they applaud for Joe Oliver, and Manny Perez, with the brass band, to play it over again, so they got to give this second line, they call it, an encore. So, that makes them have a lot of fun too, and it's really something to see.»
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> Mercredi 31 août
« ABOLIR LE CHÔMAGE » : UNE UTOPIE CAPITALISTE !
« Forum : supprimer le chômage et la précarité
Cher(e) ami(e)À la suite de l'appel en vue d'un forum public, "supprimer le chômage et la précarité, en France et en Europe", lancé après discussion avec des militants syndicalistes, associatifs et politiques, nous avons rencontré de nombreuses réactions positives. Elles nous confirment dans ce projet.
Son importance apparaît soulignée par la politique gouvernementale en France et par l'ambition « réformatrice » de Tony Blair : il faut opposer d'autres options, si nous voulons être à la hauteur des espoirs portés par le vote Non. Il est urgent d'imposer un enjeu politique fort autour des exigences des salariés, des précaires, des chômeurs.
Un tel objectif peut être atteint si se rassemblent, pour débattre et agir, tous les hommes et les femmes, toutes les forces qui partagent les mêmes options fondamentales.
Mettre ces forces en commun, tel est le sens de la rencontre pour organiser le travail, qui se tiendra le 6 septembre à Paris [...]. Une rencontre à laquelle nous vous invitons à participer avec vos suggestions . En cas d'impossibilité de vous rendre disponible, nous vous invitons à nous envoyer vos contributions et à préciser les domaines de refexion et d'actions dans lesquels vous souhaitez" participer.
En fait, cette réunion lancera réellement le forum « Supprimer le chômage et la précarité ».
Afin de préparer cette réunion, nous proposons la thématique suivante, ni limitative ni définitive, et à laquelle nous vous demandons de réagir. Toutes les contributions sont les bienvenues.
1) 5 groupes de problèmes et leurs convergences pour le projet d'ensemble.
- indemnisation des chômeurs et retour à l'emploi ;
- propositions alternatives dans les entreprises contre les licenciements ;
- transformation des emplois précaires en emplois stables ;
- expansion et démocratisation de la formation continue;
- projet d'ensemble d'éradication du chômage et un système de sécurisation et de promotion de l'emploi et de la formation.
2) 7 questions transversales
- transformations du travail
- sécurisation des revenus,
- lutte contre les discriminations (sexistes, racistes.)
- durée du travail (intensité, usure, pénibilité),
- droit des contrats,
- politique du gouvernement (Villepin, Borloo)
- moyens financiers (fonds publics, crédits, banques, etc.)
3) organisation du forum, des initiatives, des relations
- forum national, forums régionaux, forum européen (localisations, périodicité,)
- Groupes de travail
- initiatives locales (prévoir des rencontres ...)
- communication et relations aux médias (Politis, Economie et Politique...)
- relations avec des initiatives convergentes ? Relations des débats à des actions ?Amicalement, Paul Boccara / Pierre Cours Salies »
Il faudra qu'un jour ces braves gens nous expliquent (mais qu'ils commencent par se l'expliquer) comment de «l'abolition du chômage» ils passent à l'abolition du salariat, qui définit l'abolition du capital, du moins depuis MARX. Car ils nous proposent rien moins, comme projet, que leur abandon conceptuel dans le miroir de leur histoire du "marxisme". Non seulement ils n'ont qu'un fantasme de transition du capitalisme au communisme, non seulement ils sont infoutus d'en élaborer quoi que ce soit de théoriquement sérieux, mais ils engagent leur improbable projet en sens inverse de l'objectif qu'ils sont supposés s'assigner, en tant qu'ils se prétendent communistes : mystère de la dialectique ? (« Le chemin de celui qui écrit/peint/dessine est droit et courbe » HERACLITE)
Le comble est que les fers de lance de cette supercherie idéologique ont plus ou moins envisagé il y a trois ans de mettre en chantier ce qu'ils nommaient le "champ du communisme", dont ils n'ont rien trouvé à dire, et que pour l'heure, au nom d'un « anticapitalisme » introuvable, d'un gauchisme populiste au profil plus bas que le radical-socialisme à ses beaux jours, dans toute l'ironie démocrate du verbe, ils représentent "l'alternative radicale", à grande surenchère de dénonciation du social-libéralisme. (c'est aussi parmi les mêmes qu'on propose, pour "sauver le service public" de l'énergie, d'acheter en masses des actions GDF...)
Pauvre Paul LAFARGUE ! dont tout ce gentil monde possible a oublié que Le droit à la paresse, malgré ses limites, portait un sous-titre : Réfutation du droit au travail de 1848
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> Mardi 30 août
DU CAPITAL COMME BORDEL
1) Tous des putes, sauf les proxénètes ?
« - Rien ne presse, fit Kléber. [...] Dites donc, vous avez déjà vu des chevaux en train de baiser ?
Non, ils n'avaient jamais vu ça.
- Moi, si, poursuivit Kléber. Quand j'étais gosse, chez mes grands-parents. La femelle est en chaleur, pas sûre d'avoir envie de cet étalon-là plutôt que d'un autre. Mais elle n'a pas le choix, en fait, parce qu'elle est entravée. Et l'étalon, qui enfilerait n'importe quoi et ne se prend par pour de la merde, la saute de toute façon, pendant que les propriétaires assistent au spectacle, en espérant bien que le poulain va leur rapporter de l'argent. Si vous remplacer les chevaux par des hommes, vous obtenez ce qu'on appelle la société. » Robin COOK, Cauchemar dans la rue, 1988
Proposition : La prostitution est le plus actuel métier du monde. Le capitalisme, c'est le bordel généralisé qu'on nomme 'société'.
Scolie : Principe républicain oblige, le contrat d'achat-vente de la puissance de production entre personnes "libres" et "égales" fonde la base historico-juridique de l'exploitation capitaliste. Le contrat prostitutionnel repose sur l'achat-vente de la puissance à faire jouir.
Pas plus que dans le rapport d'exploitation, il n'y a vente/achat du "travail" mais de la force de travail productrice de plus-value (Marx contre les économistes classiques), pas plus dans la relation prostitutionnelle, il ne se vend/achète un corps, mais la potentialité de celui-ci à donner du plaisir au "client" : dans les deux cas, le temps est compté pour l'échange et son paiement. En réalité, le temps pendant lequel le corps est mis à disposition s'apparente à la fois à l'exploitation du travail et à "l'exploitation" de la terre par son propriétaire* (la prostitution fonctionne selon les principes croisés de l'exploitation du travail salarié et de la rente foncière, deux formes du capital).* Ce que montre bien, à la limite pré-capitaliste, l'auto-exploitation dans la forme individuelle et artisanale de la prostitution (sans proxénétisme). Le corps est au/ à la prostitu-e ce que la terre est au petit paysan propriétaire, auto-exploitant agricole.
Dans le monde actuel - et pour ce registre de formulation pseudo-théoricienne où la métaphore rejoint le concept abstrait de la façon la plus concrètement réelle - il n'est ni possible ni indispensable de discerner si l'exploitation est fille de la prostitution ou l'inverse. La réalité actuelle - cad en subsomption réelle de tous rapports sociaux sous le capital - est que le capitalisme s'établit comme bordel selon deux lignes :
D'une part le contrat d'achat-vente est élargi à toute potentialité (puissance), qu'elle soit physique ou intellectuelle, de produire une plus-value pour sa transformation en capital (dans le procès de la valorisation). Car il va sans dire que, tirée de l'acte prostitutionnel par le client comme plus-value de plaisir sans réciprocité, sa jouissance ne saurait être gratuite... elle devient capital par l'intermédiaire du proxénètisme dans la valorisation de "l'argent sale" (critique acritique qui suppose la normalité de l'argent, de l'argent "propre"...).
D'autre part ce contrat est généralisé à tous ceux qui n'ont que leur potentiel corporel (et donc intellectuel) pour vivre* (extension du domaine de l'exploitation au-delà de la "classe ouvrière").
* y compris en tant que privé de travail : le chômeur SDF fait la manche dans le métro en récitant un texte de marketing (auto-exploitation du prolétaire nu) : il vend son absence de travail sous le statut qui institutionnalise sa prétendue "exclusion". Il est "acteur" de sa carrière de précaire. On imagine qu'il a reçu pour ça une formation par une association ad'hoc. J'y reviendrai.
On peut donc considérer réciproquement la prostitution comme capitaliste et le capitalisme comme bordel. Parvenu à ce stade historique, le/la prostitué-e est prolétaire, et le prolétaire prostitué plus que victime : nous sommes tous des putes ! Sauf les proxénètes ?
(à suivre : 2) prendre la mesure immoraliste de cette considération...)
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> Dimanche 28 août
« La notion de réinsertion se retrouve, ne serait-ce qu'en tant que vocable, au coeur de l'ensemble des dispositifs d'aide et des discours du champ. De la gestion du RMI aux distributions de soupe, la réinsertion est mise en avant, tantôt comme objectif immédiat, concret et réalisable, tantôt comme idéal modeste et asymptotique, mais néanmoins structurant et garant du sens de l'action. La réinsertion suppose, le plus souvent implicitement plutôt qu'explicitement, l'idée d'un retour du sujet au sein de la normalité sociale et économique. Cette représentation s'accompagne d'une dimension spatiale. On imagine le sujet comme une pièce de puzzle isolée et par la même dénuée de sens, que l'on remettrait par une opération dont les détails restent d'ailleurs des plus vagues, à sa juste place, inséré, citoyen enfin parmi d'autres, dans le cadre des obligations du fonctionnement social, économique et relationnel. Guéri, autonome, il vivrait alors le reste de son existence, comblé par les délices de la normalité, c'est-à-dire en définitive du travail. Il est du fantasme et de l'idéologie là-dedans et pas n'importe lesquels.» Patrick DECLERCK, Les naufragés / Avec les clochards de Paris, Terres Humaines, Plon, 2001
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> Vendredi 26 août
« Une légende veut qu'à la fin de sa vie, Lester Young ne parlait plus qu'avec les morts. Il s'était inventé une langue à lui -une langue à eux... Il avait fini par comprendre, même des choses qui ne plaisent pas vraiment, des choses qu'on préfèrerait ne jamais avoir sues. La légende dit aussi qu'un beau jour, celui que ses pairs reconnaissaient comme le plus grand saxo ténor de sa génération, celui que tout le monde appelait «Président», est parti tout seul sans rien laisser derrière lui, rien que quelques phrases pudiques et tendres, d'un tragique contenu, d'une magnifique sagacité un peu pensive, où transparaît, lorsqu'on y prend garde, la splendide amertume paisible qui est le terrible apanage de ceux qui avaient deviné dès le début qu'ils n'iraient pas beaucoup plus loin que le coin de la rue... Même dans sa chambre d'hôtel miteuse, à attendre que la Dame vienne, je ne vois pas un instant Lester Young en débraillé.
En moralement débraillé.
Cette sorte de débraillé est notre privilège. Elle n'est pas d'invention récente, mais la dernière décennie l'a portée à une manière qui la rend admirable...
C'était de ce débraillé moral que me parlait Duke, quelques jours avant sa mort. [...]» Hugues PAGAN, Tarif de groupe (dont cet extrait est l'incipit), 1993, Autres livresPour lester l'été, mais rester jeune, avec Lester Young :
- Claude AMOZ : Bois-brûlé, Etoiles cannibales...
- Yasmina KHADRA (tout)
- Louis CALAFERTE : Septentrion
- MURAKAMI Ryu (tout)