FUMEROLLES

Fumerolle : Emanation gazeuse qui s'échappe par un orifice de la paroi du volcan et qui correspond au dégazage tranquille et régulier d'un magma en profondeur; elle se produit même hors période éruptive

(chronologique de bas en haut)

 

* 2 avril

JE, Patlotch : c'est une erreur de condamner, en politique ou en théorie communiste, l'expression du sujet individuel, et une erreur plus grave de le faire au nom du prolétariat ou de la communauté humaine. C'est une erreur fondée sur une confusion, celle entre individualité et individualisme, celle entre individu singulier et individu particulier, appartenant à une classe ou à l'humanité. C'est une confusion entre niveaux de généralités (> cf) rabattant l'un sous d'autres, et l'unique sous un tout quel qu'il soit.

Cette erreur est commune chez ceux qui confondent, si ce n'est en théorie toujours en pratique, communauté humaine et groupe identitaire quels qu'en soient les objectifs et l'étendue : communautaristes, ethniques, religieux, nationaux, "gendrée", politiques, théoriques... et même prolétariens dans la recherche d'une autonomie à jamais introuvable contre le capital dont ils sont, au sens de dominés, les sujets.

A l'inverse, considérer l'individualité comme somme de déterminations selon ces divers rapports de domination, c'est abandonner toute dialectique de la totalité, et toute articulation entre elles, l'individus ne se divisant pas en ses parties.

La quête d'une solution communiste à ce qui serait « la tension individu-communauté humaine » (Temps critiques) a commencé depuis longtemps. Elle n'est pas celle d'une essence humaine hors du temps et de l'espace, mais toujours historisée à travers des rapports sociaux. Mais ces rapports ne sont pas, comme l'affirme Théorie communiste, strictement prolétariens par le fait que la société est totalement subordonnée au capital : question de niveau de généralité (> cf). Il y a par conséquent un lieu de rencontre ou de dépassement de ces approches théoriques marquées au sceau des ruptures dans la théorie des années soixante-dix, de façon typiquement françaises (cf le débat sur l'aliénation entre Théorie communiste et la revue anlaise Aufheben, avec une introduction de Christian CHARRIER, La Matérielle).

M'exprimer à la première personne du sujet, c'est revendiquer (!) que cette histoire n'attende pas la positivité du communisme comme surgissant strictement de la négation révolutionnaire du capital, ou de façon si médiée par les dominations qu'il génère que l'intérêt théorique d'une telle affirmation ne débouche sur aucune efficience en pratique. Ce n'est pas dire que le communisme commence par ses fins ou par l'inter-subjectivité entre individus (un étrange paradoxe antisocial de milieux théoriciens).

Quant à ceux qui ne verraient là qu'onanisme ou narcissisme, qu'ils commencent, avant de le brûler, par lire Montaigne.

* 21 mars

Sâles combles : le comble du fonctionnaire est le fonctionnaire du syndicat, celui du syndicalisme est le syndicalisme fonctionnaire

* 19 mars

Livres : ils peuvent être des amis, à condition de les choisir bien

* 10 mars

Barricades : on construit aussi des barricades, au fond des impasses théoriques

* 7 mars

Retouches : J'aime l'idée de faire ici des retouches en catimini, comme BONNARD à ses tableaux dans les musées.

* 25 février

Union sacrée : antiracisme ou déraison des ratés de la nation, racisation sans dératisation

Sacrée union, s'il en est, que celle de la solidarité anti-antisémite, et "nationale" qui s'impose, aux rendez-vous croisés de la politique et de la moraline... que révèle leur moralité historique : Le Pen, qui n'est plus en retard d'un antiracisme, s'y sent à l'aise, s'y invite, et par suite s'en retire le Mouvement de l'idéologie antiraciste fondé jadis par les staliniens français. Toutes choses somme toute logiques et prévisibles, le piège à cons dans sa splendeur républicaine démocratique, et le borgne à la flûte conduisant se noyer les ratés antiracistes, pour le plaisir des rats, les vrais. Un cadeau très français à l'ennemi, "tous ensemble" : entre deux présidentielles, un nouvel impôt idéologique, un nouveau coût d'Etat, le second tour permanent.

L'obscénité du monde, il faut bien du talent pour la mettre en scène avec un tel unanimisme politique. Ce qui est montré, et démontré, par la France aux avant-post(e)s, c'est l'évolution d'une société et de son Etat oppositions comprises, le produit d'une convergence où tout se fonde historiquement dans une nouvelle fonction étatique qui condense au présent le passé (social-démocratie, république, partis religieux, fascisme) tout en révélant l'essence, l'utilité capitaliste, de la surenchère : "Plus antiraciste que moi, tu meurs !"

Deux jeunes prolos grillés par la police dans un compteur électrique peuvent toujours attendre leur hommage national, leurs messes et manifestations parisiennes : vous avez dit "racailles" ?

(ce qu'on trouve dans la boue, serait-il nécessaire de l'y traîner, quand il suffit de constater : "voilà la boue" ?)

Quant aux rapports entre capitalisme et antisémitisme, lire "Antisémitisme et national-socialisme", dans « Marx est-il devenu muet ? Face à la mondialisation », Moïshe POSTONE, et Temps critique n°2, 1990 (articles de Jacques WAJNSZTEJN et Bodo SCHULTZE... Dieu qu'à prononcer ces noms sont difficiles)

* 21 février

Schopenhauer, les "racailles", et les "voitures"

(l'écrit comme "produit" marchand)

Une de mes petites rages, c'est de voir réédités des livres sans qu'on y trouve nulle part la date à laquelle ils furent écrits, voire publiés la première fois. Ainsi ce Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse et dans la vie, certes une compilation, dont je ne possède que la quinzième édition, la première datant de 1943 : celle-ci n'en dit pas davantage. Il semble qu'une première version allemande parût en 1887, mais l'auteur était mort depuis 1860. Il est vrai qu'on y trouve cette phrase sans âge : « où il y a beaucoup de convives il y a beaucoup de racailles, eussent-ils tous les crachats sur la poitrine », ainsi qu'une autre, que je ne retrouve pas, sur l'encombrement des "voitures", qui allaient "vides" : elles n'étaient pas encore des "auto-mobiles". Schopenhauer pionnier théorique du "co-voiturage" ? Allez savoir... et si à l'époque celles-là brûlaient déjà celles-ci...?

* 20 février

Juge et parti, ou trop outré ?

Plaignons les juges. N'étant que bourgeois, ils veulent être "indépendants". On les comprend : quel besoin de l'Etat pour juger bourgeoisement ? Terrain piégé chacun son gleive. A qui l'tour, en vitrine ? 

Racaille au trou, juge est parti, ou trop outré ?

* 19>21 février

Vous avez dit "modeste" ?

(ou de la "détente" chez les tendus)

Je ne suis pas modeste, et n'aspire pas à l'être. Parler depuis ce que l'on est, et l'assumer, est comme marqué au fer rouge de l'égocentrisme, pour ne pas dire de la trahison : mais celui qui n'est pas à lui-même son centre du monde, que connaît-il des autres (que peut-il en entendre ?), et du monde, hors ce qu'il y projette ? Ce n'est pas d'être des individus saisissant leur particularité de classe que viendrait l'impossibilité de leur émancipation, mais bien plutôt de noyer cette particularité-là dans celles qu'il s'agirait de sommer, à et pour se libérer. C'est là ce qui aveugle le militant conscient(iseur) : c'est d'abord d'être extérieur à lui-même qu'il l'est à sa classe. Il porte l'esprit de parti comme la nuée l'orage. Il est à sa place, revendique d'y rester et d'y tenir les autres : il veut l'Etat, il est son "bas", d'où il aspire comme il veut inspirer son "haut", et du coup il étouffe. Il n'est rien, veut être tout, mais ne fait pas la différence, par "modestie". Pour lui il faut être absolument modeste. Merci et bon voyage au pays des cocucococufiants. > Tout est à eux, rien n'est à nous !

* 11 février

Représentation démocratique : le tango des gogos

Dans la démocratie radicale, le bas est pressé de représenter le haut, et réciproquement, dans le cercle vertueusement vicieux où elle se boucle sur elle-même, entre "comités de base" et "rencontres de sommets", qui se renvoient leurs manques respectifs à gagner leur commune impuissance, baptisée "prolongement politique du mouvement social". Nulle part la posture, extérieure à la lutte de classes, n'a changé son fond de commerce avant-gardiste, sauf à sombrer dans le populisme et la démagogie gauchisante vers l'implosion électorale. L'encarté regarde dans le miroir son double, l'ex-, et son triple, le nouveau citoyen alternatif. "Représentation" prend son sens littéral de mise en scène dans sa répétition historique en farce tragi-comique, spectacle du même en version politique, avec pour toile de fond l'absence de "la classe en luttes", toujours à représenter, rejouer, mimer, de bas en haut : « nous sommes le peuple ». Déjoué et joués par eux-mêmes, un tango des gogos.

* 10 février

Incompatibilité ?

Pour le militant ou le théoricien, et même pour le philosophe (occidental du moins, excepté le genre Montaigne ou Nietzsche et, autrement, Marx), dès lors qu'il est question de poétique, on sort de la rigueur, du "sérieux", on tombe peu ou prou dans le romantisme. C'est bien là leur problème, plus que le nôtre.

Convergence ?

Que trois rubriques soient encore nécessaires (à contrejours, a-communisme, a-art), cela témoigne de la séparation, de l'impossible rencontre dans l'immédiateté du vivant. Une période révolutionnaire se traduirait par la tendance de ces rubriques à converger. Rien ne relèverait plus d'une étiquette séparée, d'un style différent, parce que la forme serait à son contenu adéquate, comme vraie expression du vrai. Parfois, cette tendance s'annonce, par excès de romantisme, sans doute. Le vrai venu, plus besoin de ?¿? ¿?¿? ¿?¿?¿?. Plus besoin, à proprement parler d'expression, de 'création'. L'immédiateté d'un faire qui détruit les catégories séparées de l'activité humaine, et particulièrement de l'art et de la pensée.

* 9 février

Merdum to homo-tripalicum-cérébro-spongius

Les peine-à-jouir ratiocineurs me gonflent, du Lévy d'Indigènes au Denis de Meeting, en passant par quelques autres fatigueurs de métier. Ils prennent leur rhétorique de cagne pour de la dialectique, et leurs phrases soignées pour de l'intelligence critique. Des formalistes. Des ciseleurs de polémiques à n'en plus finir. Des noyeurs de poissons en eau trop claires pour être honnêtes. De la baignoire cérébrale pour amoureux du tripalium. De ce jour, les éviter.

Ce qui m'aura toujours fait fuir, chez les militants, ou tout comme, théoriqueurs rhétoriqueurs, c'est leur côté sans queue que tête, sans corps, sans humour et sans art : rédhibitoire. Renvoyés à ce qu'ils sont, et ne dépasseront jamais. Des coupeurs de tête en quatre quand une fois suffit : leur petitesse devant l'infini.

* 6 février

Evolution de la population mondiale  (puis F5...)

* 4 février

L'esprit de corps. Un esprit sans corps dans un corps sans esprit. L'absence d'esprit dans l'absence de corps.

* 29 janvier, 3h31

absolument relatif...

Aragon écrit, en substance, dans Aurélien :  « Qui a la soif de l'absolu ne connaîtra jamais le bonheur » C'est à compléter par : qui a absolument soif du relatif ne connaîtra que la médiocrité. Car nous sommes quotidiennement harcelés par ceux qui nous appellent, le plus gentiment du monde possible, à partager leur médiocrité. C'est ainsi que nous en venons à préférer la solitude à la fausse amitié.

* 22 décembre

Fume, rôle... fûmes 'drôles'...

« Hommes de demain soufflez sur les charbons / À vous de dire ce que je vois » ARAGON, Épilogue de Les poètes

La pensée va contre/avec, promotion de la négation

* 18 décembre

"écriture en cours"

J'écris toujours, "live", le brouillon d'un bouillon interminable. C'est la qualité de mes défauts, je ne suis qu'un homme au net trop humain; mes textes sont nulle part ailleurs écrits et stockés que sur et pour ce site, publiquement. C'est un pari esthético-éthico-politique, vaille que vaille, avec ses bavures et "trouvailles", trous qui baillent. Je revendique pour le pire et le meilleur l'improvisation : I'm a Jazzman for Communism. C'est la forme comme contenu de mon expression, ce qui m'interdit le dialogue sur le plan de la théorie "restreinte" - rigoureusement élaborée dans la tradition de la pensée philosophique séparée - car elle aussi est la forme d'un contenu qui cherche à s'en échapper par son rapport au réel dans la pratique, son rapport "à la lutte de classes" (on se demande pourquoi pas au pluriel), par d'autres voies que les miennes, que je respecte, mais dont je (me) suis mis hors jeu. On peut considérer l'une supérieure à l'autre. C'est ce que fait LACAN en considérant que l'inconscient est structuré comme un langage - sous-entendu le langage parlé de la psychanalyse - ce qui est "faux", hors le mythe dans lequel s'effondre la psychanalyse, c'est-à-dire hors sa réalité de pratique religieuse moderne en Occident, avec des effets réels comme toute croyance. Il faut pour cela (tenir une forme de pensée supérieure à une autre en pratique) articuler philosophie, sciences et art, comme DELEUZE, en philosophe, dans la prétendue supériorité de la philosophie; ce que dit le titre de l'articulation : "Qu'est-ce que la philosophie ?". Ce que tend à reproduire toute théorisation.

Tricher n'est pas jouer, ça vaut pour tout le monde. Il ne suffit pas de le savoir : il faut le reconnaître et faire avec en conséquences, car avec Internet, nous sommes définitivement, hors des livres, en temps réel, dans un autre rapport rythmique entre le concret et l'abstrait, l'espace et le temps, par une autre conception du langage en tant que rapport social dont les déterminations sont bouleversées, comme pratiques, à chercher comme proprement communisatrices.

* 16 décembre

Le bonheur, quelque part, on s'en fout : qui a la soif du relatif ne supporte pas l'absolu

 « Qui a le goût de l’absolu renonce par là-même au bonheur. Bérénice avait le goût de l’absolu. » ARAGON, Aurélien

La production artistique comme révolutionnaire (et inversement, l'une en tant que l'autre), ne souffre pas le compromis, autre que cynique et tactique, alors qu'un cynisme de pacotille s'invente une tactique pour n'être ni artistique ni révolutionnaire. Et que se singent les deux dans leur négation même. Qui a le goût de l'absolu renonce par la même au relatif. Qui a la soif du relatif ne supporte pas l'absolu : le bonheur, quelque part, on s'en fout. Il est parfois impossible d'écrire, non dans la dépression, mais dans la sur-pression.

Le bonheur, quand il est là, on ne le reconnaît pas, on ne l'appelle pas comme ça. La révolution, le communisme, ce sera pareil, voilà qui sera heureux.

« On reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait en partant » Louis JOUVET

(difficile de s'engager et penser : s'engager est toujours "avec", penser toujours "contre")

* 29 novembre

Retour de mission : 'débreffage'

Le petit bourgeois d'Etat a encore frappé, masqué en petit décideur bonapartiste, en vieux promu retraitable au prix fort, en jeune promis à la carrière par sa corporation, en rat sincère du syndicat, chacun jaloux de sa ration de porc aux hormones nationales, planqué dans la fonction néo-négrière de l'impudeur publique collective, qu'ils sucent en commun à leur consensus mou et muet, ordonné et servile, en évêques caution de la francochonnerie galopante, qui s'annonce tous azimuts dans sa fierté plurielle tricolore représentative. Rançon d'une graisse sans gloire et sans odeurs : aucun ne courra assez vite quand la réalité (mondiale) de classe le rattrapera sur son territoire même, pour ainsi dire le feu aux fesses...

Corollaire : l'intérêt du suicide dans la fonction publique d'Etat, nonobstant le relatif confort que cela vous procure, c'est de pouvoir imaginer sans les avoir vécus les comportements sous Pétain.

* 21 novembre

Défendre le "service public" ou le fonctionnariat d'Etat et son syndicalisme corporatiste petit bourgeois ?

Les tares structurelles du fonctionnariat public produites par l'Etat du capital finissent par être dénoncées davantage à droite qu'à gauche, qui les nie au nom de la "défense du service public". Voilà comment les "résistances" conservatrices et corporatistes, au nom de la République et des illusions néo-keynésiennes se font doubler, aux yeux du "peuple", par une critique certes au ras des pâquerettes, mais qui prend mieux en compte certaines réalités, ce qui ne trompe ni le fonctionnaire moyen -qui sait-, ni le citoyen moyen -qui voit. Le corporatisme des couches moyennes de la Fonction publique, quand il n'est pas dépassé par une compréhension de leur situation prolétarienne, débouche sur les solutions buro-technocratiques, étatistes et réformistes qui font le lit de l'extrême droite, car elles ne font que protéger des acquis de la petite bourgeoisie d'Etat, celle que tous les partis brossent dans le sens du poil dans l'opposition comme au pouvoir...

(le fonctionnariat est la forme administrative du contenu Etat-capital et de ses institutions territoriales républicaines bourgeoises : un fonctionnariat prolétarien, ce serait la forme du stalinisme comme contenu, une contradiction dans les termes pour le communisme)

Tout ce qui défend indifféremment "le service public", au lieu de satisfaire le petit fonctionnaire aboutit à protéger le gros, à commencer par celui dont on a besoin quand on est 'au pouvoir' : il n'y a pas d'exemple historique de ministre de gauche socialiste ou communiste qui s'en soit pris à la haute administration et à ses privilèges, à la médiocrité de l'encadrement supérieur, à la paupérisation intellectuelle absolue des cadres supérieurs, à leur esprit soumis et lâche, à leur sadisme hiérarchique fonctionnel et quotidien, et finalement à leur inutilité dans le travail social : rien ne justifie la fonction d'encadrement que de faire peur et de compter les heures. 

S'il s'agit de faire la révolution autant dire qu'il faudra se passer de leurs services (et sévices) et inventer autre chose.

Pour ma part, en termes de lutte économique immédiate, je soutiens le fonctionnaire glandeur, la grève du zèle quotidienne, muette et permanente, la résistance conséquente et sans discours à l'Etat-patron en l'obligeant à créer des emplois pour le service du capital. Cette posture est finalement plus juste et efficace que les contorsions moralisatrices du syndicalisme d'Etat, et plus honnête que le discours politique qui s'en suit ad nauseum depuis des années, enlisé dans la cogestion.

Radicaux d'extrême-gauche partisans d'un socialisme de fonctionnaires, encore un effort pour regarder la réalité en face :

Contre le capitalisme, il faudra abolir le fonctionnariat d'Etat !*

* mesure communisatrice parmi d'autres

* 5 novembre

Sur le volcan : "prolétaires" ?

Lu sur un forum de "marxistes révolutionnaires"  [sic]:

Le premier ("anarchiste") : - Ok ! Ça me sidère qu'une 30aine de petites frappes puissent brûler des centaines de bagnoles et tenir tête à un millier de keufs. Peut-être y a-t-il une leçon à tirer de cela.
Le second ("marxiste") : - Bof brûler 30 voitures de prolétaires et tenir tête à mille autres prolétaires... Je trouve pas ça réjouissant.

Autrement dit, tout le monde est "prolétaire", même les "keufs", mais surtout pas les "petites frappes"... Misère du "marxisme" ! Comme dit Stan, il y aurait comme une confusion, entre le Lumpen Prolétariat du temps de Marx, et le prolétariat à poil du nôtre.

Voir A propos de "violences urbaines"... Jean-Pierre GARNIER, 2000

* 25 octobre

Le communisme ou la mort

Le désir de se désaliéner (en espérant que personne ne songe à se considérer comme 'libéré' plus que les autres, fumisterie post-68tarde militantaire ou pro-situs, existencielle et donnant ses leçons), le désir de se désaliéner donc, se heurte, non seulement à son impossibilité 'matérielle' (déterminés par le capital que nous sommes, sans 'fuite' humainement possible qu'autruchienne, autruche et chienne - quelle efficience de Deleuze ? quel marronnage ?), mais à l'idéologie qui l'enveloppe (au sens mathématique, pour ainsi dire cinétique).

Pourtant, de le savoir, de saisir au fond à quoi nous sommes enchaînés, de connaître concrètement, et donc subjectivement (théoriquement), quelles chaînes nous n'avons qu'à perdre... cela produit la différence, au niveau personnel, de nos comportements rebelles, révolutionnaires... y compris pour des personnes confrontées à la même situation : l'individu singulier n'est pas réductible à l'individu particulier (en tant que membre d'une classe sociale), et la classe n'est pas réductible à son concept indépendamment de la singularité de ses membres. 

La question révolutionnaire n'est pas réductible à la problématique d'appartenance à la classe. Sans quoi il n'y aurait pas de théoriciens révolutionnaires (entre autres, pas de Marx, pas d'Engels, pas de Roland Simon). Partant de là, une théorie qui réduit la question révolutionnaire à la classe - en masse, au quantitatif produisant le qualitatif-  s'invalide du lieu-même où elle parle : ce qui est vrai pour le théoricien (le philosophe, le scientifique...) serait faux pour tous les autres. C'est une posture d'avant-garde, et c'est sa fausse modestie, son impossibilité structurelle à se confronter, le retour du refoulé de sa 'pertinence', de sa 'cohérence', de sa logique 'incontournable', de son expression désincarnée, sous pseudonyme ou initiales, au nom d'un collectif introuvable (> Théorie communiste). Sac de noeuds. Boucle idéaliste sur elle-même de l'abstraction théorique sans base  : d'où les critères sélectifs de sa recherche pour la trouver/prouver, pour se matérialiser au sein des 'luttes théoriciennes'. Si l'on rapporte cette quête au champ de son observation, on n'est pas loin d'un matérialisme aléatoire, façon rencontre et clinamen... La critique de la téléologie se retourne contre elle, se mord la queue, prise au piège de l'étroitesse de son champ d'observation et de connaissance concrète : « La caractéristique du concept de concept c'est d'inclure, par dessus tout, sa propre dénégation. » Louis AlTHUSSER ;-)

(...)

La révolution n'est pas en asymptote. C'est contre son modèle théorique que nous la produirons, dans le chaos, à pile ou face de l'Histoire, et pour le coup la mort du capital se jouera nous en déplaise sur le mot d'ordre paradoxal : "Le communisme ou la mort".

* 14 octobre

Subjectivement, le 'hasard objectif'...

Le hasard 'existe' et, comme tout le monde, je l'ai rencontré. Ya pas besoin pour ça de s'appeler André BRETON. Il a suffit que l'occasion me fut donnée de faire bon accueil aux femmes étrangères.

J'ai écouté Billie HOLIDAY : je l'ai aimée. J'ai lu Flora TRISTAN : je l'ai aimée. Puis j'ai appris qu'elles étaient nées 'le même jour' que moi, un 7 avril. Avec pas mal de décalage et de connards chaque année, forcément, sur 365. Mais ceux-là je ne les ai pas rencontrés, ou je les ai oubliés, comme par hasard.

* 26 septembre

Des guillemets pour « communisme » : il est probable que ce qui s'en approchera le plus sera fort éloigné de tout ce qu'on a imaginé sous ce nom, et se fera sans, ou contre...

Révolutionner c'est détruire/créer *

Envisager le communisme strictement comme négation du capital (ou auto-négation et transformation du prolétariat, classe du capital abolissant toutes les autres), c'est d'abord rabattre toute la vie présente sur la contradiction de classe, et c'est nier la création, particulièrement dans sa forme artistique... Je n'affirme pas la création artistique comme intemporelle, et propre à l'Homme trans-historique, mais vitale, comme toute forme d'imagination. A l'opposé de Vaneigem, qui en vient à nier la lutte de classes par le renversement vitaliste de la créativité artistique dans la créativité humaine, la position de Théorie communiste rélève d'un anti-humanisme absolu qui nie toute positivité chez ceux qui sont réduits, "strictement" à leur condition de prolétaires dans le mouvement même où ils abolissent cette condition. La démonstration est dialectiquement parfaite, entre ses oeillères, braquée dans l'angle mort qu'elle a comblée, sur le papier. L'art, comme point aveugle de cette théorie, est un révélateur de son idéquation à penser l'abolition de capital.

* Pour le coup, Florence AUBENAS, qui fut auteusE avec Miguel BENASAYAG de "Résister, c'est créer" (titre symptomatique. Résister, ce n'est jamais que préserver, défendre un acquis, un état... le même), un jour interviewa un écrivain, un Algérien, Yasmina KHADRA : de tout sauf d'écrire... puisqu'il ne pouvait être, d'abord, que militaire défroqué. L'écriture évacuée, de l'art évacué avec les meilleures intentions du journalisme d'investigation. On n'est pas pour rien-E journalistE à Libération.

* 24 septembre

D'être touche-à-tout dérange beaucoup de mondes, mais n'en transforme aucun

* 17 septembre

Le précariat tend à définir le prolétariat * : "La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ?" Laurence Parisot, Medef

* thèse de Roland SIMON > THÉORIE DU COMMUNISME, Roland Simon, volume 1

* 13 septembre

Contre la normose, le droit à la folie !?

« ... On demandera alors ce qui autorise à déclarer pathologique une conduite. Il n'y sans doute pas d'autre réponse que celle de FREUD. Est pathologique la conduite de celui qui ne peut aimer ou qui ne peut travailler. Il entendait par là, pour l'amour, l'incapacité d'établir des rapports affectifs et sexuels comportant quelque stabilité et quelque satisfaction ; pour le travail, l'incapacité de fournir des prestations proportionnées aux talents du sujet et au niveau de son milieu intellectuel et social.» Alphonse de Waelhens, Encyclopédie Universalis 1988 (folie)

De chacun selon sa folie, à chacun selon son travail ? Dans quel monde sans exploitation ? Contre la normose et le travail, le droit à la folie révolutionnaire ? Faudrait-il être fou pour faire la révolution ? Freud ne semble pas s'être posé ce genre de questions. Il devait être ailleurs, de ceux que ce monde ne rend pas fous.

Ce qui est fou, c'est le nombre de génies qui ont dit des choses intelligentes valables dans le monde réifié de l'idéologie, la pensée adéquate au cours des choses.

* 12 septembre

Importe d'être juste matériellement, subjectivement, humainement, non étroitement, théoriqueusement.

Au bout des comptes, la poésie détruira les monstres froids de la révolution : c'est pourquoi, sans attendre, elle accuse aujourd'hui les littératés de la théorie révolutionnaire, les pédants et leurs groupies de censure.

* 11 septembre

Les matérialistes, en général, partent des faits pour y retourner, et non de leurs intentions, aussi bonnes soient-elles, pour arranger les faits. La spéculation, c'est l'araignée Gypsy* de la théorie. Les faits, la pluie ou le soleil, selon.

* L'araignée Gypsy, monte à la gouttière / Tiens voilà la pluie / Gypsy tombe par terre / Mais voilà le soleil qui a chassé la pluie

* 9 septembre

L'enfer c'est le groupe. L'abdication de l'individualité. Le consensus amical. La machine à faire fuir. Le groupe, c'est le pire du commun, la castration de chacun et de tous.

Petit drame des post-modernisés : avoir lu Nieztsche contre Marx, trahissant les deux.

Chacun son écart personnel, entre la vie dans les catégories du capital et l'impossibilité de vivre selon sa critique. Entre l'obligation de ruser et le devoir de ne plus tricher.

L'impossible patience d'accepter les choses comme elles vont. Les autres. Leurs rythmes.

Pouvoir hurler. Eternel retour à la fidélité à soi. Soupape et relance de sa machine de guerre individuelle. Détester la sagesse.

8 septembre

Contre la violence de toute normalité, la bonté de la folie sans chaînes. La cage est bonne pour ses gardiens. Révolution : sans verbe. Théorie : derrière, juste assez pour qu'elle soit inutile, papier brûlé au fond des poches pour se chauffer les cuisses. Le plomb a fondu. Les semelles ont mangé les crottes des monstricules auto-sacrifiés à leurs dieux de l'hémisphère gauche. Eternel retour. Détachée, la ceinture de mépris. Envol. Mehr Luft !  Mehr Lust ! Mehr Licht !

* 5 septembre

Voici «l'art renversé dans la vie quotidienne» (IS) : c'est le talent à tenir un rôle à tous les étages sociaux, de la survie matérielle à la gouvernance capitaliste : donner le change, s'inscrire dans les catégories du capital : pertinence et limites du concept de Spectacle. C'est Vaneigem se suçant la bite (un privilège canin, félin, ou simiesque, en quoi ce Raoul n'est pas si "humain" qu'on croisse).

Le capital post-moderne : de chacun selon ses moyens de donner le change, de faire comme si sans y être (dans le rapport de classes), de prétendre ne pas en être (= être de gauche, respectivement radical, anticapitaliste, révolutionnaire...). D'où le leurre autonomiste comme spectacle, et sa spectacularisation.

D'où, positivement, l'intérêt de la figure d'anarque (Junger) : accomplir ce qu'on attend de vous comme une pure formalité par besoin matériel ou sous contrainte de la force (psychologique-hiérarchique, physique-policière) : en clown, au sens noble du terme. Eloge de la ruse. De la roublardise. En attendant de pouvoir envisager la force pour nous (conditions objectives/subjectives situées et pesées par des combattants concrets, non par des ectoplasmes théoricistes-technocrates de la révolution : la critique du réel, c'est le réel)

En attendant, par dessous et par dessus tout : saboter. Puissance du négatif.

> D'un gâchis : s'ouvrir comme une fleur, se fermer comme une huître.

> Rien de pire que d'être manipulé par les siens.

> Auto-questionnaire Patlotch 1 : Que haïssez-vous ? la lâcheté. A quoi vous attendez-vous ? à la réalité, dans sa violence. Que mériteriez-vous ? la solitude.

> La meilleure critique (théorique, communiste) de l'Internationale situationniste (IS) est là : THÉORIE DU COMMUNISME, Roland Simon, volume 1 (Chapitre 5 De la critique du travail au dépassement du programmatisme : une transition théorique, l'Internationale situationniste). Mais, faute de pensée de l'art, cette critique est parcourue de subjectivisme. On ne pensera pas la révolution sans penser l'art, et réciproquement. Sauf à combattre tout humanisme sous le label humanisme-théorique, ce à quoi aboutit une dialectique binaire du capital, aussi élaborée soit-elle.

4 septembre 2005

Parler, peu ou prou, au nom du prolétariat, supposerait d'être un dieu artiste, contre l'esthétisme du langage, de renverser le renversement de l'art dans la vie quotidienne, d'accepter l'art comme révolutionnaire, la révolution comme art, les deux ensemble comme éthique  (contre Debord et contre Vaneigem, qui instrumentalisent la "mort de l'art" à condition de rester, eux, artistes : leur défaite, écartelés, de derniers romantiques, petits bourgeois)

IndexARAGON Louis (écrivain) ; HOLIDAY Billie (vocal, lead) ; JOUVET Louis ; MESCHONNIC Henri (poète, théorie du langage) ; POSTONE Moïshé ; SCHOPENHAUER Arthur ; SCHULTZE Bodo ; TRISTAN Flora ; WAJNSZTEJN Jacques ; WERNER Kenny (pianiste, comp, lead)
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