THE DAYS AFTER, juin 2008 à décembre 2009

La pire absence n'est pas celle de l'autre. C'est l'absence à soi-même. La pire présence est celle d'un autre manquant à lui-même. Pis leur rencontre.

**

En pensant à Pablo Neruda, No te impidas ser feliz (Ne te prive pas d'être heureux )...

Le mal ne guérit pas le mal. La douleur est tremplin de vie. Le poème trouvera son chemin.

du même... « Un poète doit être malheureux jusqu'à la dernière minute de sa vie »

µ

V

RÉPLIQUE DE JUILLET

"Le poème est plus beau si nous devinons qu'il est l'expression d'un désir et non pas le récit d'un fait." Jorge Luis BORGES, L'autre in Le livre de sable, 1975

« On ne peut rien arracher du coeur, le coeur n'est pas en papier et la vie n'y est pas écrite à l'encre, on ne peut pas le déchirer en morceaux, on ne peut extirper de longues années imprimées dans l'âme ou le cerveau.» Vassili GROSSMAN, Vie et destin, p.700

 

Elle s'en allait pour toujours
comme il en allait chaque jour

Un parapluie d'homme à la main
comme un jeu de vilain demain

Sans que son ombre la retint
sans un regret pour un regain

Sans un regard sans un détour
elle est en retard pour son train

7 juillet 2011

** *

VOUS AUTRE

Tel vous passiez secrètes
Je vous regardais de travers
Telles vous êtes,
                       Entre femmes sourires
Tel je m'avère,
Vous autre
Devenez

RER A, 22 décembre 2009, 8h53

*

22 septembre 2009 

LANDE MAINS

En songeant à Pepe, Tout est à eux, rien n’est à nous !

Tout fut à toi touffu de moi. Fous d'émois !

21 septembre

ANNIVERSAIRES

En songeant à « Femmes amoureuses », de D.H. LAWRENCE

Un jour un rien rêva d'un tout,
Doux temps d'un tout doutant de rien,
Tout devint rien. Rien fut le tout.

(...)

Avec le temps, le rien s'en va, le tout advient

FoSoBo, 21 septembre, 1h42

*

15 avril

Le chat est là. Sourit

Et la souris aussi. Qui danse

Et le chat s'en balance

8 avril

Sakura now, Hanami

Cerisier ami,

Allons marcher aux fleurs

Loin des fausses candeurs

Des rêves ennemies,

Amusons nos muses muettes

Aller, dansons musette

.

?

Le coeur battant, l'esprit battu,
J'ai dévêtu l'aire du temps.

Me voilà, frappé d'interdits,
Drapé de tous mots tus, sans vertu,
Détrôné des étreintes

Esclave à fond de cale
Au vertige enchaîné, sans escale,
Sans port aux vains reproches,

Condamné à la peur d'être proche

1er mars

POLYMÈTRE

Prends soin de nous

Prends tes marques, et marche...

Équilibre de déséquilibres,

Polyrythmie sans mètre

Sans remettre le même

Sans remède sans maître

Ni dieu qui soit

Que la soif d'être soi

Entre nous 

23 février

Un trésor gisait là

Dévoilé sans effort

.

Voilà l'évidence. Vois ! là,

La danse du vide et

Le dense du ventre,

La transe entrée, chez elle, en nous

Sans zèle

Enfin

22 février

Parler. Donner acte.

Reconnaître. Prendre date.

Baume sur la honte

19 février

« Elle était une rêveuse, un esprit libre, un beau papillon qui venait de déployer ses ailes pour s'envoler. Mais moi, je la détestais d'être partie. De nous avoir privés de toute cette beauté.  » Saison sèche, Peter ROBINSON

« Les révolutionnaires n'ont pas besoin de femmes d'intérieur : ils leur coupent la tête » Hugo, dans Les Mains sales, Jean-Paul SARTRE

« Le fait est que je suis une femme écrivain, dit-elle, une femme écrivain ce n’est pas une femme d'intérieur qui écrit, mais quelqu’un dont toute l’existence est commandée par l’écriture. Cette existence en vaut bien une autre. Elle a ses raisons, son ordre, ses fins auxquels il faut ne rien comprendre pour la juger extravagante."  » La force des choses, Simone de BEAUVOIR

Des pages et des pages, blanches ou noires, lues et tournées pour oublier... En vain. Dé-ri-soire ! Les choses rappellent les mots à l'ordre, et nous convoquent les désordres intérieurs aux véritables rendez-vous, extérieurs.

12 février

DÉCHETS EGO-LOGIQUES

Île au Fleurs , vidéo (signalé DNDF ce jour)

Ma poésie est la poubelle de mon cœur 
Mais pas plus belle d'y décharger les faux fruits
Produits dans mon ardeur, pourris d'une rancœur
Sur le terreau du tout. Pour rien, beaucoup de bruit

Insuffisance et suffisance
Pré-théorie et prétentions
Vaste prétexte à pré-tensions

Après la vague, refluxion,
Vie revenue de ses partances
Plus loin, et libre d'importance

À se donner, port de l'angoisse, audace et peurs...
Rien n'est à pardonner, l'autre n'est pas autrui,
Double je déjoué, déchet jeté aux truies
Ma poésie est la poubelle de mon cœur

.

Silhouette rare

Et chère, une âme lointaine

Peine ombre du jour

7 février

Les trois singes de la sagesse, temple Nikko, Japon

Du bal des Tartuffe,

Individu immédiat

Asocial, Patlotch se tire...

Balle dans le pied

4 février

Tu as tout, et rien

Le beurre et l'argent du beurre

Le temps pas le temps

.

Le vide pansé, limite

Impensable du trop plein

.

29 janvier

S DNIOM ROJDENIYA ! (Bon anniversaire !)

ou Vie russe en quarantaine

« Le mot Tanka signifie poème court. Il se compose de cinq vers alternés de 5, 7, 5, 7, 7... Cette forme exprime un sentiment momentané mais qui peut être profond, philosophique ou douloureux… Les mots qui composent le poème doivent être musicaux… » Voir

La Dame au petit chien, Anton TCHEKHOV, né le 29 janvier 1860

Bronze du temps mort

La Dame au petit chien, l'homme,

Un banc. Qui s'étonne ?

.

Personne. Attente ? Plaie, tort !

Vie lente. Urgente à son bord

HAÏKU, TENKA, SENRYU... formes japonaises

.

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.

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26 janvier

Un trou côté coeur

Tombe, sans fin, une fleur

Mauve et sang noir. Pluie

.

.

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« C'est le monde enchanté et inversé, le monde à l'envers où monsieur le Capital et madame la Terre, à la fois caractères sociaux, mais en même temps simples choses, dansent leur ronde fantomatique » MARX, Le Capital, « le plus redoutable missile qui ait été lancé à la tête des bourgeois »

« Les lois de nos désirs sont des dés sans loisirs » Robert

.

*

9 janvier

TROTTOIR

Je marche sur la neige
Et tu peux rigoler
J'ai l'air d'un éléphant avec des skis
FoSoBo, 9 janvier 2001, 23h11
 
TRESSE DE VIE
 
La détresse est vaincue quand le stress est dévié
Par la vie à remplir
Mais reste un vide
Et je l'occupe seul, sans comité
 
Je ne veux plus payer que de mon être à vivre

Être à nouveau nouveau
Dans l'angoisse d'un monde
Chaque jour plus ancien, mais toujours là, promouvant son caduc, comme un cadie trop plein, trop cher et trop gratuit,
Insoutenable souteneur d'une putain sociale : l'ennui

Être entier là ce que je suis
Ce que je veux, ce que je fais
Dans le bonheur du juste partagé
Que tu poursuis
 
Je ne veux plus payer que de mon être à vivre

Trop à oeuvrer et pas assez
Trop à défaire et dépasser
Le savoir par le faire
Le fer battu quand il est chaud

Nous cherchons à tâtons où relancer l'intensité
À faire l'espoir plus fort que la déprime
Quand pointe la nécessité
 
J'ai, nous avons, ne crois-tu pas, rencontré l'amitié,
Nous voilà donc, potentiellement, invincibles. Non ?
 
Je ne veux plus payer que de mon être à vivre
FoSoBo, 9 janvier 2009, 22h57

8 janvier 2009

« Lancée lors de la fête juive de Hanouka, l’offensive israélienne [à Gaza] a été baptisée d’après une comptine enfantine du poète Haïm Nahman Bialik (1873-1934), En l’honneur de Hanoukka, où il est question d’une toupie en plomb durci. Bialik doit sa notoriété à son poème La Ville du massacre, composé après un pogrom qui avait entraîné la mort de quarante-neuf Juifs en 1903, en Russie » (un texte de Jonathan Geffen)

GAZA... la poésie, bof !

Pour mémoire, UN AMOUR ÉTERNEL, Marche nocturne, pour Jimmy et Aïcha, 22 mars 2003

9 décembre, 17h26

Il n'aurait fallu
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne
ARAGON

LA FIN D'UN CAUCHEMAR, conte de Noël

Pour mes proches, mes amis... qui se reconnaîtront

Je reviens du pays des morts. À la différence des autres morts qui m'entouraient, j'avais une pleine conscience d'être mort. Du moins eux n'avaient-ils pas l'air de se douter qu'ils étaient morts. Je supposais inutile de leur poser la question. Ils étaient tout ce qu'on appelle mort. Ne donnaient pas l'impression d'en souffrir ou de regretter la vie. Ils me paraissaient même se porter le mieux du monde possible, pour des morts. Des morts normaux, quoi... Toutefois, si eux étaient les morts véritables, et vérifiables, j'étais en quelque sorte, du fait de le savoir, plus mort qu'eux. Comprenez-moi, il n'est pas du tout évident de vivre, comme mort en soi et pour soi.

Une vitre épaisse me séparait du monde des vivants. Je les observais à travers, vaquant à leurs occupations. Eux pouvaient me voir aussi, mais ne prêtaient pas attention à moi. Je cognais sur la vitre et criais : « Sortez-moi d'ici, je veux revivre, je l'exige ! ». Mais, soit qu'ils ne m'entendissent pas, soit qu'ils fissent la sourde oreille, ils ne se détournaient pas de leurs activités. Et, comme j'avais été vivant, avant, je savais trop que les vivants, les morts les dérangent, la plupart du temps. Aussi, à leur place, me serais-je pareillement demander de quel droit un mort pouvait exiger de revenir à la vie. Ils ne pouvaient que me prendre pour un fou.

C'est alors que quelqu'un, du pays des vivants, est apparu. Je ne sais pas comment il a fait pour traverser la vitre, et entrer. Il est venu à moi et m'a dit : « Tu es fou. Tu es fou et tu nous emmerdes. Si tu continues de faire le mort, tu vas vraiment mourir, et tu nous manqueras. Alors arrête-toi ! Reviens-nous plutôt », et puis il m'a pris par la main et nous avons traversé la vitre ensemble.

Je me suis réveillé. À l'instant où je vous parle, je ne suis pas encore tout à fait sûr d'être vivant. Je me frotte les yeux. Je me palpe. Je me pince. Je me donne des claques... Je sens bien que je ne suis plus mort. Malgré tout, je crains que ce ne soit qu'un rêve. Alors je voudrais dormir, juste dormir, pour voir si je suis encore en vie au réveil.

Peut-être avais-je seulement perdu le goût de vivre, depuis le temps...

5 décembre 2008

Seul un saule me sauve / Qui pleure en sol mineur
en sourdine,
Willow Weep for me, Ella Fitzgerald

GUÉ du TEMPS

Dans les lierres en liesse au parfum de promesse
Dans les senteurs du vent sur l’âpreté du temps

Je défie de funestes sentences

Ma liberté s'enlace de malices 
Belle amitié s'enlise de menaces

(oui, j’étouffe au bâillon de mon chant, manchot muet, j'étreins le vide hurlement de l'absurde)

J'appelle une rivière
Complice, au nom qu'épelle ma prière
Pour éteindre le fou Artifice d’hier

À pieds secs en mes vers renversés, je te traverserai 

GUÉ du TEMPS 

de GÂTÉ

Sous le linceul du rêve
Mon cœur en camisole
       Boîte
Un tango pétrifié...

entre les bras des murs
où se cogne ma peine
ombre de nos chandelles
embrasées de plaisirs

à  GAÎTÉ

Sur le lin bleu du ciel
Mon âme en carmagnole
       Saute
De pierre à pierre

4 décembre 2008
 
D'UNE ALIÉNATION VOLONTAIRE
 
esclave enchaîné à sa complaisance
dans un huis-clos d'insignifiance
de perte des sens en panne d'essence
 
enflure poétique d'un oubli du monde
inconscience a-critique
 
trahison du poème
 
opium artistique

4 décembre 2008

POÉSIE INTERNATIONALE

Vers libres

AT&T supprime 12.000 emplois
JP Morgan va supprimer 9200 postes
L'Espagne proche des 3 millions de chômeurs
GM prêt à sacrifier le tiers de ses salariés américains
Bank of America supprimerait jusqu’à 30000 postes
Telecom Italia va supprimer 4.000 emplois supplémentaires 
Toyota va se séparer de 3 000 salariés intérimaires au Japon
Fujitsu Siemens va supprimer environ 700 emplois en Allemagne
Aux USA, le secteur privé a détruit 250.000 emplois en novembre
ArcelorMittal envisage de supprimer 9.000 emplois dans le monde
Le leader mondial de la logistique va supprimer 9 500 emplois chez DHL
Le nombre des inscriptions au chômage a grimpé à 516.000 aux Etats-Unis pour la semaine close le 8 novembre

Ceci n'est pas un chapeau

3 décembre 2008

5.

FAUX-PAPIERS 

" Le poète est responsable de tous les mots..." Patrice Cazelles

Un vol de poignards sauvages déchire la nuée des songes

une

pluie 

de

sang

noircit mes vers transis

Que la tache aveugle encore obscurcit

d'une plume d'ange à l'arrache-pied faisant sa vidange

« Vive le mensonge libre ! » ?.....................................................?

Oiseau qui chante faux n'existe pas

4.

LA VIE À L'IMPROVISE

There's Danger In Your Eyes Chérie 1930 vocal Harry Richman  

flash' bulles... qu'un plus bel oeil au monde explose... l'esprit repris l'explore... une voix reconnue...

défuntes peines, non feintes joies, nos peintures...

la même voix... comme de loin

revenue

d'un rêve

nue

hors d'atteinte, hors d'étreinte, hors d'astreinte...

secouant ses entrailles pour inventer sa voie...

 elle...

adoucir mon séjour... décréter l'impossible interdit de nos jours

2 décembre 2008

(six cent cinquante-sixième nuit)

Viens chez moi je te montrerai Catherine 

Mon vert wagon mon rouge capucine
Mon violet manganèse et mes ombres

LIVREDEL II-5

3.

AUTAN

Emporte ma folie d'automne
Ô vent d'Autan

Qu'importe tant, qu'un vers détonne,
Si tu l'entends

Bel Autan blanc
Chaud sur le banc

Rude Autan noir
Pluie de l'espoir

De Sibérie
Froid d'Égérie

Léger, j'en ris
Sans danger pris

À vendanger
Sous nos abris

2.

SANG BLANC

Tout le monde descend
La morale remonte

Des maux, râle le sens
La pensée fait le compte
Des mots faisant
sang          blanc

Que le poète mente
D'un faux si indécent,
Son poème en a honte

Vivre est incandescent
C'est un camp qui démonte
Le monstre, de perçants
Repères, sur l'immonde...

Mais le moral descend
Car il va bas, le monde...

*

Qu'un seul mot nous déchante
Qu'un mensonge déjante
Et la rage dedans
Explose le décor

On nous prend la couleur
On s'envole... Au voleur !
Quand la vie est ailleurs
La survie est partout !

Qui crache sur nos rêves
Nous cache qu'il en crève

D'une vaine détresse,
Ton geste de tendresse
Mon zeste de sagesse,
Il partiront, no stress...

*

Mystérieuse maîtresse
Que mes sentiments.
Qui suis-je qu'elle dresse ?
La trompé-je l'aimant ?

D'où vient cette paresse
Qui me prend pour amant
Et me pousse à bassesse
Sans me coucher vraiment ?

Que faire ? Qui me presse ?
Dormir est si charmant
Pour défaire les tresses
Qui tissent mes tourments

Où se plaît mon adresse
Se corrompt mon serment

1.

LEVAIN 

Le vin maudit
Le vin mauvais
Le vent me dit
Que je m'en vais

Ses yeux dans mes poches crevées

De vains mots dits
Devin défait
Devant l'ourdit
De ce méfait

Les poches sous mes yeux crevés

Le vendredi
Vendu surfait
Vint le prédit
Levant l'effet

Fouille mes poches un oeil de fée

Vie de l'ordi
Vide parfait
Pleine survie
Peine d'Orphée

Mais je m'endors, au disque d'or, soleil levé

*

28 novembre 2008, 23h56

ÉPIQUE BIRTHDAY ! AN III

Épilogue d'un a-poète

A-poème comme
Peut l'écrire un homme 
Demeuré bloqué 
De n'avoir croqué,

En ardant, la pomme,
Avec une... hum...
Qui sans l'escroquer
- Elle a le hocquet -

Baissa le loquet
Sur sa cigarette.

Son élan arrête
Adam à la porte...

(Trois ans plus tard)

Le rêve l'emporte,
       Ah, triste
Ève morte en poète :
      "Artiste"

27 novembre 2008, 14h20

? ? ? ? ? ? ?

Elle est disparue.
Perdue dans la rue ?

S'est-elle noyée
Dans son encrier ?

Ou du pont jetée
En mer agitée ?

Pour mieux oublier
S'écrire où crier ? 

Il ne peut se taire 
Elle alors se terre ?

Pour le supplier
De rayer, de nier ?

Son 'à plus' dernier
Au nous qui l'a crue ?

26 novembre, 25h00

CHINTEI

Par un soleil larvé, d'une aube d'automne
Deux malades du monde réel
Si ce n'est nous, untels
Sont repêchés au
Bord du canal
Corps banals
Ils sont secs
Mais ils tremblent
De n’être pas du même bord
Et l'un et l'autre pense et leurs pensées font des 

ri...

co...

chets...

ondes de

choc...

tch...

ch...

C'est rien c'est tout c'est nous s'aider à vivre sans céder

et l'eau efface, sur la fable, les maux d'errements oubliés

.

26 novembre 2008, 14h56

PASSAGE DU GOIS

Disparaître

pour être ? Puis cons paraître à nous, ridicules ? Péninsule ? D'où l'on jette à la mer son passé ? Cadavre incinéré ? Cendre froide ? Et pourtant, elle brûle

Croire sans frime
Faire, sans prime
Guerre à déprime

Aucune table rase n'

efface l'

autre en soi

Du passé, le futur fait la grève. Pas l'impasse. Contre un retour du même, "le secret", c'est la passe. L'

issue ? 

Nul destin. De l'instinct. Poésie !

La saisie de l'instant, où le dessein surprend, fugace en lignes claires

Audace ?

Passage, où ne pas s'enliser si l'on s'engage à la marée. Car sur ce pont des arts, danse une traversée. Pas sage

Bras tendus au réel du rêve
La mer devient la terre
L'éternité réconciliée
Femme démarrée
Homme amarré

Fidélité, distance, confiance. Denses intensités. De pas perdus en persistance, l'inconstance se meurt où naît l'éperdue consistance

Silence, ils tournent !

25 novembre 2008, 13h30

L'INCORRIGIBLE, méta more prose

à Ève-Noire

Il tourne le dos à la scène, aux tréteaux virtuels, obscènes.  Des masques de verre y surjouent, cinéma aux gentils rajouts, le texte étalant les tics, ils passeront pour poétiques dans les salons authentifiés.

Mais nul voyant n'est mystifié.

Chacun jette son dé espoir, rêve d'un soir, trouble en déboire, Orane heureuse au dernier saut...

Les mots dupent le premier sot venu tromper sa solitude, vie à l'envers contre habitude... Un vide en vers emplit l'écran de sa vanité, massacrant la rime au son mêlant les sens, d'où naît le poème en essence.

Faire le beau germe l'ivraie, le faux d'un faux n'est pas le vrai, qu'il aime à lire entre ses lignes, d'où surgit, plus fort qu'en les signes, son cri de tendresse soufflée : « - Vaine détresse, part sans tricher ! »

Il tourne le dos mais entend le bruit du bonheur, en restant, dont elle parfume sa trace sur un coeur où rien ne s'efface.

25 novembre 2008, 12h04

L'INCORRIGIBLE

à Sèvorine,

Il tourne le dos à la scène,
Aux tréteaux virtuels, obscènes.
Des masques de verre y surjouent,
Cinéma aux gentils rajouts,

Le texte étalant les tics,
Ils passeront pour poétiques
Dans les salons authentifiés.
Mais nul voyant n'est mystifié.

Chacun jette son dé espoir,
Rêve d'un soir, trouble en déboire,
Orane heureuse au dernier saut...
Les mots dupent le premier sot

Venu tromper sa solitude,
Vie à l'envers contre habitude...
Un vide en vers emplit l'écran
De sa vanité, massacrant

La rime au son mêlant les sens
D'où naît le poème en essence.
Faire le beau germe l'ivraie,
Le faux d'un faux n'est pas le vrai,

Qu'il aime à lire entre ses lignes,
D'où surgit, plus fort qu'en les signes,
Son cri de tendresse soufflée :
« - Vaine détresse, part sans tricher ! »

Il tourne le dos mais entend
Le bruit du bonheur, en restant,
Dont elle parfume sa trace
Sur un coeur où rien ne s'efface.

23 novembre 2008, 26h35

Fenêtre fermée

Rêve, fossé, folie douce

Leçon de silence

23 novembre 2008, 13h21

SEXTANT

Un horizon inquiet suspend l'énigme au bord des lèvres

Demain répond contre l'oubli :

« - Vous n'aurez pas démérité. Ni une ni deux, chassez le doute, confiance toute ! À jamais reconquise, depuis les hauts barrages, séparées affluentes...

Oui vous aviez droit au meilleur, dans le pire, qu'annoncent noirs et blanches,

Tenez fermes vos mains, votre unique crayon de couleurs,

Ce mat mis à vos toiles, ce vent en cap des rêves, ces bleus devant la voile,

Ces vers croisant à l'infini, à douleurs à bonheurs,

Car personne, jamais personne, personne, jamais, n'est seul. Seulement loin, si loin... trop loin,

Si proches »

22-26 novembre 2008, 22h57-10h42

LUEURS

Comment rendre ce que j'ai pris ?
Loin, mais vivante, elle écrit
C'est la vie sait la vie, elle ose

Noir et blanc ne font pas tout gris
Roses nous chante Mistigri 
Et veille un rêve où dort Desnos

18 novembre 2008, 17h53

MÉTAMORPHOSE prose

Il était une fois une petite fille qui lançait en chantant du lin bleu en brindilles aux passages du temps, assise sur un banc. Ses yeux riaient, son coeur brillait, elle épelait le vent en lettres de son nom. Elle soufflait des bulles où l'espoir s'irisait d'une vie funambule sur l'abîme insondable où sa pensée sombrait, car ses rêves, toujours, un autre lui prendrait.

(un bruit)

C'est le pas de cet autre, il marche sur ses rêves. Sur la peau nue des murs, décollant les affiches, il écrit de son sang « Du passé, faisons grève ! » Il arrache son ancre à ce gouffre invencible, et, dans l'ombre du trou, il cache en encre bleue : « Les comptes de la faim nous font encore aimer »

(un silence)

Alors elle sourit ce qui pleure dedans, et va s'asseoir ailleurs - à Paris tous les bancs sont à elle. Pour enchanter l'ennui d'un monde si petit, où lancer son âme vagabonde ? Il lui faut un ballon, gros avec la fenêtre donnant sur l'être d'où "voir" enfin, reconnaître, partager ses couleurs, pour offrir à la vie, sienne de terre, son ciel brûlant d'envies.

(La pluie fait des claquettes...)

Sur le trottoir d'en face, un homme, parapluie sous le bras. Ce regard. Perdu ! Ce n'est plus lui... Il approche et lui dit : « - Il pleut et la nuit tombe, j'entends vos pleurs dedans, je vois votre oeil sourire. Je trouve en vous ma joie, que puis-je vous offrir en échange, qu'un mot ? Mon âme est une bombe. »

La pluie tombait. Elle ne dit rien. Il se tut. Ils roulèrent ensemble un tabac de vanille, des regards de velours, des songes dévêtus... Le temps coulait en larmes rouge cochenille. Le passé poursuivait l'avenir, chien perdu sans collier. Il leur collait aux pieds, lourd, chenille sans papiers. Ils traversaient, figés, l'étendue sans limite entre rêve et réel. Confondus.

Une sève neuve emportait la jeune fille vers son intime rime, à l'ultime chemin que le poète seul gravit au parchemin de sa vérité nue, jusqu'au sommet des vagues d'où, sous le monde se dévoile l'horizon offert à l'abordage aux cœurs et leurs raisons.

Dehors il faisait froid. On fermait la fenêtre. Il faisait froid dedans, et l'on perdait son être à paraître autrement, ailleurs qu'on vous attend, sans écho à ses maux qu'un trouble en mots d'antan. Dehors il faisait froid. Les brasiers s'annonçaient dans la mort déjà là, massive et désinvolte, en toute impunité. Mais nul n'y renonçait. Elle était nécessaire et sourde à la révolte.

La poésie n'en pouvait. La petite fille était grande maintenant. Elle connaissait la guerre, celle qui n'épargne aucun blessé, qui efface sa trace et vide la mémoire de sa honte, rangée à double-fond d'armoire, dont la clé se jette à la mer, du pont des Arts.

Mais qui voulait la guerre et qui voudrait la faire ? Elle était pourtant là. Oh non ! Pas entre nous, elle était là partout, la partouze univer-sel d'une terre en sang, en semblants à genoux. Guère à lire, ou pire, silence des affaires, entre argent et poème, entre gens et minous, entre écrits-cris d'amour, urgence où le beau vers sur la nécrose prolifère et qu'en vain se dénoue l'avenir des bovins, des bons vins, des bons mots, des jeux du cirque, des ballons d'fous te bouffant d'atmosphère médiatique, méga-tics... Mots ! Maux qu'on tait comme on tue. On aurait dix-sept ans encore... On y mettrait deux trous, gauche du val... La jeune fille est lasse, hélas, il va, s'emballe

Parfois, la jeune femme écrivait en secret, en convoquant la petite fille, sa reine, qu'elle était encore et contre tous, dans l'attrait de ses miroirs sans tain où chantait la sirène. Voulant vivre elle allait. Nulle peur de la mort : Être. Aimer. Être aimée. Pour créer. Sans remord. Petits papiers collés sur un trou de serrure, fin froide offerte en sacrifice à sa fêlure.

Un homme avait appris, en elle mieux qu'en lui, à voir ce qu'il était - on est rien que des autres. Elle n'en savait rien et n'était pas des nôtres, à l'entendre. Que pourrait-il bien lui apprendre, lui à qui la lumière vient de dons reluis, reçus, relus, reliés d'elle à lui qui le fuit ?

Ensemble ils bâtissaient les ruines d'un bonheur laissé pour mort sur le champ clos de vains combats, usaient l'impatience des muses, sans honneur, et leurs folies croisaient des faire sans ébats, sauf l'infinie querelle de leur foi sans fin commune, sans partage, vouée à l'abîme d'un ennui quotidien, d'un vide sans parfum, d'une survie certaine interdite au sublime.

Il n'avait aucun goût pour le voyage court auquel était promis leur pur intemporel, rien à quitter vraiment, aucun courage pour partir. Mais il s'y adonnait de sa plus belle ardeur. Il avait des raisons dont elle, en fée, détenait le secret qu'elle ignorait en fait.

Il écrivait afin de percer ce secret. La forme importait-elle ? Il s'écrivait pour elle, bouteille à toute mer où la vague se crée qui porte dans le vent des ballons sans ficelle. Il la voyait courir, poursuivre un canaillou, relever son jupon, ramasser un caillou bleu, l'offrir au garçon blond, mouiller sa socquette rayée, boire une fraise à l'eau. C'était sa quête qui le tenait, la simplicité de plaisirs de la vie qu'il ne pouvait plus qu'imaginer, rongé par la nécessité de tout saisir, incapable d'oublier le monde réel...

Pourquoi la poésie, d'absence en ses sonnets, coulait-elle de source en volant des mots d'elle ? Tout change en le silence où coule l'eau muette, et la petite fille dit tout mais en se taisant, plus qu'il ne peut entendre et bien moins qu'en poète incertaine elle écrit.

L'échange, ce faisant, fit place au doute puis, car il faut être honnête, au tranchant solitaire assurant à chacun la paix des morts vivants, mais se guettant au net, poétiquement correct. Sur l'écran coquin, tout se polit. Tics. Tout se polue. Tocs. Tic tac... Inlassable sablier de l'oubli. Tactique Insaisissable, manoeuvres connectiques, défilé du génie virtuel des experts en tout, esperanto de la vie séparée... Mais il s'écrit que nul n'en désespère

« Tout est dit... Tout est clos... Tout est fini pour moi.... Nous n'avons plus rien à nous dire... Fait le choix... Tu me violes... » En litanie de la débâcle, elle égrenait des mots qu'il ressassait en boucle, comme un disque rayé, qu'elle aimait autrefois, du temps où tout était possible et hors la loi, du temps où rien aux rêves ne dressait obstacle, du temps où dans ses bulles dansait leur spectacle, leur tragi-comédie, elle en vraie Bérénice, lui perdu en des rôles poursuivant le vent de ses désirs, au nom d'inconstance et caprice...

Mais d'autres mots tournaient : « Tes poèmes me portent... Tu me manques... besoin de toi... Je te lirai... »

Vaincu et sans appel, encore il écrirait. Il écrirait sa vérité. Elle passait par ses colères. Calme est la mer l'instant d'avant, quand gronde en l'air déjà son ouragan, soulevant des bas fonds les lames de la haine et la vague au plafond d'un esprit délirant d'être avec et sans toi, d'être avec et sans voix, sans vue sur l'horizon, sans voile à sa coquille et perdu sous son toit, mis aux faire, aux barreaux de sa forge en prison. La femme de marin tricote un pull-over. Comme elle, lui attend... Godote aura ses vers, et lui ses vérités, sévérité d'un monde sans pitié. Pis, il ne sait pourquoi, mais l'épie, dans sa nuit de papier, trimant sur son démon, se maudissant poète : à quoi bon nous rimons ?

N'est-il qu'un livre ami, grand ouvert sur son rêve et fermé à sa vie ? Rangée ? Hors de danger ? Son crayon est-il vain contre un présent de glaive sur les sens ? Espérance, espèce protégée... Il brûlerait ses vers, nu en place de grève, à l'aube où le jour lève une nuit enragée sous une lune bleue, blanche et noir, et sans trêve :

L'une est deux sur la dune, où nul n'est étranger au partage du vent. La mer danse aujourd'hui sous les cieux d'une époque où les yeux du voyant croisent ceux d'une fille au soleil de minuit, sur un banc à midi, fée des métamorphoses, serein en les mots dits, sirène du jeudi...

Douze heures ont sonné, c'est du sonnet la pause

17 novembre 2008

« Dieu vit tout ce qu'il avait fait; et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour. Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée. Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu'il avait faite; et il se REPOSA de toute son œuvre, qu'il avait faite. » - Genèse 1:31-2:3

On était aujourd'hui dimanche. Il vit tout ce qu'il avait fait; et voici, cela restait très moyen. Ainsi le sixième jour, rien le matin pas plus le soir (il avait relu le poème oublié, et poignant, de Robert Desnos). Ainsi, au septième jour, rien ne fut achevé. Tout était mal armé. De son oeuvre, qu'il avait défaite, il ne se reposa point. À la ligne...

Tout fut à reposer

12-16 novembre 2008

LIFE OF LOVELESS LIFE

À Robert DESNOS (The Night of loveless Nights)

1 (lundi 10 novembre 2008)

Il était une fois une petite fille
Qui lançait en chantant du lin bleu en brindilles
Aux passages du temps, assise sur un banc,
Ses yeux riaient, son coeur brillait, elle épelait le vent

En lettres de son nom, elle soufflait des bulles
Où l'espoir s'irisait d'une vie funambule
Sur l'abîme insondable où sa pensée sombrait,
Car ses rêves, toujours, un autre lui prendrait.

(un bruit)

C'est le pas de cet autre, il marche sur ses rêves,
Sur la peau nue des murs, décollant les affiches,
Il écrit de son sang « Du passé, faisons grève ! »

Il arrache son ancre à ce gouffre invencible,
Et, dans l'ombre du trou, il cache en encre bleue :
« Les comptes de la faim nous font encore aimer »

(un silence)

2 (mercredi 12 novembre, 1h43)

Alors elle sourit ce qui pleure dedans,
Et va s'asseoir ailleurs - à Paris tous les bancs
Sont à elle. Pour enchanter l'ennui d'un monde
Si petit, où lancer son âme vagabonde ?

Il lui faut un ballon, gros avec la fenêtre
Donnant sur l'être d'où "voir" enfin, reconnaître,
Partager ses couleurs, pour offrir à la vie,
Sienne de terre, son ciel brûlant d'envies.

(La pluie fait des claquettes...)

Sur le trottoir d'en face, un homme, parapluie
Sous le bras. Ce regard. Perdu ! Ce n'est plus lui...
Il approche et lui dit : « - Il pleut et la nuit tombe,

J'entends vos pleurs dedans, je vois votre oeil sourire.
Je trouve en vous ma joie, que puis-je vous offrir
En échange, qu'un mot ? Mon âme est une bombe. »

3 (mercredi 12 novembre 2008, 14h02)

La pluie tombait. Elle ne dit rien. Il se tut.
Ils roulèrent ensemble un tabac de vanille,
Des regards de velours, des songes dévêtus...
Le temps coulait en larmes rouge cochenille.

Le passé poursuivait l'avenir, chien perdu
Sans collier. Il leur collait aux pieds, lourd, chenille
Sans papiers. Ils traversaient, figés, l'étendue
Sans limite entre rêve et réel. Confondus.

Une sève neuve emportait la jeune fille
Vers son intime rime, à l'ultime chemin
Que le poète seul gravit au parchemin

De sa vérité nue, jusqu'au sommet des vagues
D'où, sous le monde se dévoile l'horizon
Offert à l'abordage aux cœurs et leurs raisons.

4 (mercredi 12 novembre, 16h18)

Dehors il faisait froid. On fermait la fenêtre.
Il faisait froid dedans, et l'on perdait son être
À paraître autrement, ailleurs qu'on vous attend,
Sans écho à ses maux qu'un trouble en mots d'antan.

Dehors il faisait froid. Les brasiers s'annonçaient
Dans la mort déjà là, massive et désinvolte,
En toute impunité. Mais nul n'y renonçait.
Elle était nécessaire et sourde à la révolte.

La poésie n'en pouvait. La petite fille
Était grande maintenant. Elle connaissait
La guerre. Celle qui n'épargne aucun blessé,

Qui efface sa trace et vide la mémoire
De sa honte, rangée à double-fond d'armoire,
Dont la clé se jette à la mer, du pont des Arts

5 (mercredi 12 novembre, 21h40)

Mais qui voulait la guerre et qui voudrait la faire ?
Elle était pourtant là. Oh non ! Pas entre nous,
Elle était là partout, la partouze univers-
Sel d'une terre en sang, en semblants à genoux,

Guère à lire, ou pire, silence des affaires,
Entre argent et poème, entre gens et minous,
Entre écrits-cris d'amour, urgence où le beau vers
Sur la nécrose prolifère et qu'en vain se dénoue

L'avenir des bovins, des bons vins, des bons mots,
Des jeux du cirque, des ballons d'fous te bouffant
D'atmosphère médiatique, méga-tics... Mots !

Maux qu'on tait comme on tue. On aurait dix-sept ans
Encore... On y mettrait deux trous, gauche du val...
La jeune fille est lasse, hélas, il va, s'emballe

6 (mercredi 12 novembre, 25h09)

Parfois, la jeune femme écrivait en secret,
En convoquant la petite fille, sa reine,
Qu'elle était encore et contre tous, dans l'attrait
De ses miroirs sans tain où chantait la sirène.

Voulant vivre elle allait. Nulle peur de la mort :
Être. Aimer. Être aimée. Pour créer. Sans remord.
Petits papiers collés sur un trou de serrure,
Fin froide offerte en sacrifice à sa fêlure.

Un homme avait appris, en elle mieux qu'en lui,
À voir ce qu'il était - on est rien que des autres.
Elle n'en savait rien et n'était pas des nôtres,

À l'entendre. Que pourrait-il bien lui apprendre,
Lui à qui la lumière vient de dons reluis,
Reçus, relus, reliés d'elle à lui qui le fuit ?

7 (jeudi 13 novembre, 11h05)

Ensemble ils bâtissaient les ruines d'un bonheur
Laissé pour mort sur le champ clos de vains combats,
Usaient l'impatience des muses, sans honneur,
Et leurs folies croisaient des faire sans ébats

Sauf l'infinie querelle de leur foi sans fin
Commune, sans partage, vouée à l'abîme
D'un ennui quotidien, d'un vide sans parfum,
D'une survie certaine interdite au sublime.

Il n'avait aucun goût pour le voyage court
Auquel était promis leur pur intemporel,
Rien à quitter vraiment, aucun courage pour

Partir. Mais il s'y adonnait de sa plus belle
Ardeur. Il avait des raisons dont
elle, en fée,
Détenait le secret qu'elle ignorait en fait.

8 (jeudi 13 novembre, 16h09)

Il écrivait afin de percer ce secret.
La forme importait-elle ? Il s'écrivait pour elle,
Bouteille à toute mer où la vague se crée
Qui porte dans le vent des ballons sans ficelle.

Il la voyait courir, poursuivre un canaillou,
Relever son jupon, ramasser un caillou
Bleu, l'offrir au garçon blond, mouiller sa socquette
Rayée, boire une fraise à l'eau. C'était sa quête

Qui le tenait, la simplicité de plaisirs
De la vie qu'il ne pouvait plus qu'imaginer,
Rongé par la nécessité de tout saisir,

Incapable d'oublier le monde réel...
Pourquoi la poésie, d'absence en ses sonnets,
Coulait-elle de source en volant des mots d'elle ?

9 (vendredi 14 novembre, 12h31)

Tout change en le silence où coule l'eau muette,
Et la petite fille dit tout mais en se taisant,
Plus qu'il ne peut entendre et bien moins qu'en poète
Incertaine elle écrit. L'échange, ce faisant,

Fit place au doute puis, car il faut être honnête,
Au tranchant solitaire assurant à chacun
La paix des morts vivants, mais se guettant au net,
Poétiquement correct. Sur l'écran coquin,

Tout se polit. Tics. Tout se polue. Tocs. Tic tac...
Inlassable sablier de l'oubli. Tactique
Insaisissable, manoeuvres connectiques, 

Défilé du génie virtuel des experts
En tout, esperanto de la vie séparée...
Mais il s'écrit que nul n'en désespère

10 (vendredi 14 novembre, 14h11)

« Tout est dit... Tout est clos... Tout est fini pour moi....
Nous n'avons plus rien à nous dire... Fait le choix...
Tu me violes...» En litanie de la débâcle,
Elle égrenait des mots qu'il ressassait en boucle,

Comme un disque rayé, qu'elle aimait autrefois,
Du temps où tout était possible et hors la loi,
Du temps où rien aux rêves ne dressait obstacle,
Du temps où dans ses bulles dansait leur spectacle,

Leur tragi-comédie, elle en vraie Bérénice,
Lui perdu en des rôles poursuivant le vent
De ses désirs, au nom d'inconstance et caprice...

Mais d'autres mots tournaient :
« Tes poèmes me portent...
Tu me manques... besoin de toi... Je te lirai...»
Vaincu et sans appel, encore il écrirait.

11 (vendredi 14 novembre, 16h09)

Il écrirait sa vérité. Elle passait par ses colères.
Calme est la mer l'instant d'avant, quand gronde en l'air
Déjà son ouragan, soulevant des bas fonds
Les lames de la haine et la vague au plafond

D'un esprit délirant d'être avec et sans toi,
D'être avec et sans voix, sans vue sur l'horizon,
Sans voile à sa coquille et perdu sous son toit,
Mis aux faire, aux barreaux de sa forge en prison.

La femme de marin tricote un pull-over.
Comme elle, lui attend... Godote aura ses vers,
Et lui ses vérités, sévérité d'un monde

Sans pitié. Pis, il ne sait pourquoi, mais l'épie,
Dans sa nuit de papier, trimant sur son démon,
Se maudissant poète : à quoi bon nous rimons ?

12 (dimanche 16 novembre, 12h00)

N'est-il qu'un livre ami, grand ouvert sur son rêve
Et fermé à sa vie ? Rangée ? Hors de danger ? 
Son crayon est-il vain contre un présent de glaive
Sur les sens ? Espérance, espèce protégée...

Il brûlerait ses vers, nu en place de grève,
À l'aube où le jour lève une nuit enragée
Sous une lune bleue, blanche et noir, et sans trêve :
L'une est deux sur la dune, où nul n'est étranger 

Au partage du vent. La mer danse aujourd'hui
Sous les cieux d'une époque où les yeux du voyant 
Croisent ceux d'une fille au soleil de minuit, 

Sur un banc à midi, fée des métamorphoses,
Serein en les mots dits, sirène du jeudi...
Douze heures ont sonné, c'est du sonnet la pause.

10 novembre 2008, 21h58

De ne plus l'attendre

Il surgit inespéré

Le moment à prendre 

7 novembre 2008, 23h02

Là, sans sûreté,

Dans le mot ment le moment,

La censure tait

7 octobre / 9 novembre 2008, 0h16

De quoi s'est-on tu ?

Pour quelle nécessité

Jetée je t'ai tuée ?

8 octobre 2008

la sirène a pissé dans la mer
et noyé son poison
dans ses vers solitaires

sous un art du mensonge
qui s'est nommé pour rêve

Et toute la mer bue,
la mer empoisonnée,
jamais n'effacera la trace

Des mots de trahison
exigeant la confiance
au prix de l'inconstance

29 septembre 2008, 19h42

... OÙ L'OUBLI ?

Toi, qui n'a su donner ce que tu crois reprendre,
Te voilà seul, sonné sous le poids du fardeau,
En voleur volé par ce qu'il a cru revendre
Au prix fort d'une vie offerte en pur cadeau.

Comme s'il se pouvait, l'oubli, venir d'objets
Passés, repassés d'yeux en mains, maintes fois,
Comme si tu n'avais que choses à ranger
Sur les rayons de mémoire vidés, sans foi...

Te voilà suffoqué, enfoui sous ta poussière,
À faire le ménage sans inspiration,
Dans un placard réduit, sans balai ni sorcière,
À tripoter des mots, maître queux de rations

Sans saveur, pimentées de piteuses raisons.
Te voilà, honte à boire, histrion criminel,
Sans arme. Alors... tuer l'hôte de ta maison ?
L'autre de ton désir d'incendie éternel ?

L'autre de ton absence à vivre avec toi-même,
Dans le miroir sans tain de jours désassemblés,
Aux rythmes décalés des battements d'un thème 
Gravé en un sillon où profond s'ensabler ?

Te voilà pris au piège, trop déguisé en fou
Dégrisé d'une geste ayant jeté la mort,
De sa rage sans faim, un soir sans fin que saoul,
Sur le plus beau présent en l'espoir d'un trésor.

(...)

Une fois, pour de vrai, une fois seulement,
Une fois pour toujours un premier jour de fête,
Dans l'ivresse d'un don parfait sans reniement,
Demain que demain vienne et que je sois poète !

22 septembre 2008, 21h13

« SURRÉALISTE ! »

On n'a jamais vu
Autant de poètes
Qu'au temps d'internet

Aucune bévue
Personne ne pète
Plus beau que son culte

Tant de vers si chauds
Que le vernis sot
Rime au froid soleil
Avec doigt dans l'oeil

Reality show
Prime time and so
Poème à l'orteil
Taylor alors paye 
 

21 septembre 2008, 19h24

AILLEURS... si j'y suis 

« Quel est l'ailleurs où l'on dit que je suis ? » LIVREDEL, II, 5

Viens voir l'ailleurs
Si je n'y suis
Ce n'est qu'ici

Bah ! Où j'essuie
L'arme des pleurs
Parfois aussi

L'art de mes leurres
Quand je m'essaie
À sonner l'heure
Car je ne sais

Ce qui t'enfuit
D'être si proche
Ni ce qui cloche
Et qui m'en suit

18 septembre 2008, 16h09

COULEURS ROMPUES

Le temps se cabre
En tendresse gelée
Dans le faux marbre blanc.

Un fantôme emmuré
Griffe d'un cri muet
La toile de lin bleu.

L'automne est piraté
Où s'est perdue l'été
La feuille de Prévert.

Plus rien ne bouge.
Le vent fait mousse
Au vers de l'âtre.

Dans l'ascenseur,
Pas de chat froid,
Un parapluie bat hors d'haleine.

Rayé du rouge,
Je porte dégriffé.
Demain pas d'autre jour...

18 septembre 2008, 23h56

Le code aboli

L'ascenseur monte un sourire

Hors du puits et puis...

16 septembre 2008, 21h40

OSMOSES

Bass Groove 1

Le son du corps à corps
Du fond de l'âme soeur
Détonne sans accords
Mes notes de couleur,

Qui épellent, sans fin,
Sans mot pour la douleur,
L'absence d'un parfum,
Le silence après pleurs,

Quand le glaive me perce
La peau de rêves morts
Sur le groove où je berce
L'espoir dans mes remords

En valsant à deux mains,
Mime d'ailes d'un ange
Annonçant à demain
Une douceur d'échanges

Abolissant la haine,
Mauvais sang de l'ennui,
Par une joie sereine
À danser sous la pluie 

15 septembre 2008, 14h02

ANTIPODES

Je vais loin de l'enfer
De l'injonction à faire
Un petit monde en soi
Et de si peu de poids

Caprice à satisfaire
Pour le seul manque offert
D'un art cuit du je-moi
À l'égotique émoi

Je rêvais du contraire
Que j'ai cédé sans vie
À mesquines envies

D'être sous le paraître,
De si fière inconstance,
Mieux qu'une inconsistance

6 septembre 2008, 20h23

LA VIE QU'ON MÉDITE

« L'enfermement s'abolit » Jacques CAMATTE

On a
On n'a pas
Pas la vie
Pas la vie qu'on mérite

On a, on n'a pas
Pas la vie qu'on hérite
On a la vie qu'on vole
À la vie qu'on nous vole

J'ai fui la vie pluvieuse
La vie plus vieux
La vie plus con
La vie qu'on pense

Pour compenser la vie
Qu'on ne dépense pas
La vie déprise
Qui ne dépasse pas

La vie méprise.
J'ai tout repris,
D'apprendre à prendre
Ce qu'on m'offre

J'ai arraché ma vie
Aux vents mauvais
Et je m'envole
Au vent d'aimer

16 août 2008, 13h21

D'un rêve de sable

L'autruche lève ses plumes

Au vent du désert

14 août, 22h12

Trop d'amour sans corps

Tue les coeurs. Collatéraux

Dégâts... À quel prix ?

13 août, 22h57

Te voilà, sereine

Qui n'attend qui tue, sirène

Au verbe assassin

4 juillet, 24h28

Se disent deux mains

À demain ! humant la rime

Curieuse à jamais

2 juillet, 2h23

Deux mains se demandent

Comment demain les engage

Garantie sans gage

28 juin, 16h45

Une main demande

Ce que l'autre coupe, en rage,

Détruit le partage

28 juin, 14h47

Toi, si porcelaine,

Moi éléphant... Ouh la la

Porcelets de haine

27 juin, 11h41

Transparentes ondes

Monte l'âme du fond, bleu

Éternel, retour

27 juin 2008, 11h14

À dessein tracé

Sanguine et mine de plomb

Venin naturel

25 juin 2008, 23h20

DE LA MISÈRE EN MILIEU MOYEN

Mal armé de ses faux désirs,
Au hasard on jette ses dés
Sous les roues d'un train de loisirs
Qui vite déraille vidé

De marchandises sans plaisir,
Pour celui de ne pas s'aider
Au coût d'un effort pour saisir
La règle d'un jeu bien fondée...
 
Roule triste jeunesse,
Mise sur ta détresse,
En paris dérisoires,
 
Un espoir illusoire
Au si clair résultat :
Ta misère en l'état
 

24-25 juin 2008, 23h56

MÉTÉO

J'ai cassé mon ombrelle
En tapinois
Sans yeux, triste fidèle,

Et meurt se noie
 
La plus belle grenouille
Dans un bouillon de nouilles
À la noix
 
De ne faire son beurre
Quand en est venue l'heure
Et la foi
 
Je cherche le lieu d'elle
Où je suis moi
Sans dieu, à tire d'ailes,
Émeute émoi

24 juin 2008, 22h48

Disque rayé, noir

Sillon, cri nu agrafé

À l'écrit aphone

23 juin 2008, 18h07

DÉCA DITS D'OISEAUX

Pie verbeuse défoncée au vers beau
Merle moqueur déguisé en corbeau,

Cachant tes ailes, bruant au désir
D'aller, roseau pensant mâle plaisir,

Pondre tes oeufs de douleur à douleur :
Appelle un aigle ! Un oiseau de couleurs !

(Traversant le miroir aux alouettes,
Tombant le trapèze sans pirouette

Le poète ne vole qu'en voleur 
De lui-même se refourguant son leurre)

23 juin 2008, 13h39

COMMENT ÇA VA ?

À Bobby LAPOINTE, Revanche

Commun lundi l'un dit...
L'individu divise

La semaine qu'il vise
Au vain de ses non-dits
 
Lundi vide et sans vie
Mardi vide et sans vie
Mercredi et jeudi
Vendredi samedi
 
Dimanche on sort le chien
On s'ennuie à loisir
Bienheureux Parisien
Avide de plaisirs
 
À raconter lundi
En attendant dimanche
Une autre page blanche
À tourner allourdie
 
De l'épreuve du temps
Qui passe sur le corps
Effaçant les vingts ans
Et leur désir d'encores
 
D'encres à l'ancre mûre
Des écrits sur les murs
Où se taisent les cris
Qui attisaient l'esprit
 
Quand on prenait la rue
Dans les bras d'une crue
Qu'on croyait sans limites
Et qu'aujourd'hui imite
 
Sur le trottoir marchand
Le souvenir relique
Acheté en marchant
Assurance tous risques
 
Touriste à temps complet
En vie qui se complaît
À repasser les plats
Sans piment froids et plats
 
Sortis des macro-ondes
Alimentant le monde
Pour mieux tromper sa faim
En attendant la fin
 
Des haricots coco
Du riz blanc et des rouges
Rivé au statu-quo
Tirant sur tout qui bouge
 
Avec des mots qui tuent
Auxquels on s'habitue
Tout passera pardi...
Ça va comme un lundi !

23 juin 2008, 14h38

UN TEMPS POUR MOI INTEMPOREL

Toute la vie pour regretter 
Toute la mort pour oublier 
Qu'on n'a pas su qu'on n'a rien vu

Qu'on s'est trompé qu'on s'est violé
Qu'on n'a pas tout dit qu'on l'a cru
Que l'hiver est venu un été

20 juin 2008, 18h16

AUF ET BING !

Tout a changé tout à changer...
Les casseroles bien rangées
Font leur ding ding à la cuisine,
Le chagrin rend dingue à l'usine,

On y gagne ses sous pour manger
On y perd son temps, managé,
Encodé "sociale machine"
Sur la courbe de son échine,

Valeur d'ennui mis à l'ouvrage
Pour le prix de son esclavage
Et prime en sus pour la fermer...

C'est dur mais ça durera tant
Que les foules n'auront des dents
Pour briser leurs chiens et leurs chaînes

Ailleurs, 20 juin 2008, 12h40

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