Chapitre 1

(trois cent quarante-deuxième nuit)

Nimistaire, le ...

Mademoiselle,

À la suite du malheureux incident de ce mardi et mon absence de délicatesse à votre égard, je vous dois des excuses et quelques mots d'explications.

Depuis longtemps je désire vous parler. Ce n'est guère facile... Sans doute aurai-je été bien maladroit.

Je ne sais pas même votre nom.

Dès les premiers jours de mon arrivée à Nimistaire, en juillet, l'an passé, je vous ai remarquée. Vous m'avez plu.

Je n'ai cessé dès lors de ressentir à vous voir une grande émotion. Voilà pourquoi j'aimerais vous connaître. Veuillez croire que je ne vous importunerai pas davantage si vous me refusiez tout espoir. Sachez que j'en serais fort attristé.

Dans l'attente de votre réponse, bien sincèrement,

(cette lettre n'a jamais été envoyée)

 

(trois cent quarante-troisième nuit)

VERS DE FIEVRE

SILENCE

SANS VOIX

            DÉFAITE                       AFFRES DE PAIX

LE TEMPS EST AU-DELA DE MES SAGES URGENCES

LA MÉMOIRE IMMOBILE VOYAGE A CONTRE-SENS DE L'ARBITRAIRE ET AUTRES THÉORIES

 

(trois cent quarante-quatrième nuit)

LETTRE OUVERTE DE BEETHOVEN EN COLERE AU JOURNAL L'HUMANITÉ

PRENDRE A L'AUDACE UN VILON DE LUMIERE

A L'AUDACE UN PIANO çA IRA

TROIS ACCORDS EN TÊTE QUI SANS CHAÎNE

UN JOUR PLUS LONG QU'UN CRI D'HÉROÏQUE FUSÉE

QUI CHANGE ENCORE LE MONDE

 

(trois cent quarante-cinquième nuit)

UN MOT DE L'ÉTÉ

VIENT LA MARÉE DU JOUR SUR LA GREVE DES NUITS

PLUS LOIN      LOUVOYANT ET DE FIL EN AIGUILLE

IL S'OUBLIE

RIEN N'EST JOUÉ

 

(trois cent quarante-neuvième nuit)

UN MORCEAU DU PRINTEMPS

LES JOURS MORDENT LA NUIT A L'ARME BLANCHE

LA JEUNE BRÉSILIENNE SORT DU MIROIR A PAS DE LOUP POUR TRAQUER LE PLAISIR INCROYABLE DE L'OEIL

L'OCÉAN SERA PLEIN D'UNE LÉGERETÉ D'ÉTOILE SOMBRE

Nimistaire, le ...

Mademoiselle,

Pas même un bonjour ce matin. Voudriez-vous me blesser ? Je désirais vous parler. Pas en deux mots, sur le trottoir. Prendre le temps. D'un verre.

Et vous m'avez jeté. Comme le dernier des vulgaires ! Ah, si vous pouviez m'être indifférente ! Quelle fascination exercez-vous sur moi ?

Votre image au creux de mes nuits installe votre beauté dans ma solitude.

Quelle faute ai-je commise ? N'ai-je de vous mérité que mépris ?

 

(trois cent soixante-cinquième nuit)

VIOLHEURE DU JOUR

SELON L'OEIL UN OEIL

UN LONG MAL ÉPAISSIT L'INCONNU

(UNNOCNI'L TISSIAPE LAM GNOL NU)

SELON LA VOIX UNE VOIX

SOLO NOIR DUO NOIR SOLO NOIR

C'EST SELON

*

(cette page blanche en hommage à la peinture de Couleur H.
pour sept mois de silence et de nuits déchirées)

*

PLAN DU SITE INDEX