13 (1991) LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (J moins 295)
"Les choses non les mots" Jean-Luc Godard, Nouvelle Vague
(CERISES DU TEMPS)
Un petit garçon tient par l'épaule une petite fille.
Elle porte des nattes, lui un maillot raillé. Ils pêchent.
SEINE DE BONNES GREVES SUR MA VILLE ARRIVE
A L'ENVIE MUSIQUE VIT DE TOI
BEAUX VENTS SANS PEUR
BEAUX LIONS SANS ÂGE
BEAUX ROUGES DE TEMPÊTE
BEAUX CRIS D'ACIER DANS LES BÉTONS
ESPOIRS GÉANTS
ENFANTS GÉANTS
CHEMIN SACRÉ
SACRÉ CHEMIN
VRAIMENT VRAI
MENT VRAIMENTPAROLES PAROLE PAROLE PAROLES
(ce n'est qu'un des buts...)
MOTS découpés dans le journal du jour, principe issu des collages, dans LIVREDEL
12 LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (six cent soixante-neuvième nuit)
... cette forme ridicule et mutilante du sonnet...
Paul REVERDY, Circonstances de la Poésie
COMMENT LE POETE EN HERBE SE FAIT SORTIR DU CIMETIERE DES MOTS
Par les nuées d'un ciel incertain
Au son coulé de l'eau du goulot
Vol de colombes fui dans l'étain
Lourd je m'étais endormi là-hautA l'ombre molle cerveau éteint
Sourd d'habitudes sûres des cho...
Les yeux clos d'un jour blanc sans matin
Sans café sans faim sans fin de motsLes pensées mutilées aux pas com-
Ptés par neuf un flic vient et me dit
PelouzezégazonzinterditsMerci z-à vous frère censeur
Mais mes Maîtres qu'on con-
Sidère à leur mètre chanteurJe ne sais zouzaller j'ai com'
Mis l'impair en mes pas per-
Dus j'ai combat perdu com-
Pas perdu Au secours Monsieur Reverdy
11 LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (six cent soixante-quatrième nuit)
QUATRE SONNETS POUR TROMPER L'ENNEMI LE JOUR DE LA FÊTE DU TRAVAIL
Le petit bâteau
En papier journal
Qui danse sur l'eau
C'est toiOn se penche trop
Sur un reflet sale
Pour chercher le beau
En soi
Et les yeux n'arrêtent
Pas les vaguelettes
L'image s'emballe
C'est le regard net
Qui fait le poète
Le flou lui va mal*
Car il ne voit pas
Sur l'étang tranquille
Son âme au fond qui
Se noie
Et ne sent pas la
Lame de fond qui
Coule la coquille
De noix
La vie c'est ainsi
La rime est facile
Et les temps sont durs
Tu es bien assis
Pour cacher l'habile
En un chant impur
POUR UNE BELLE DE VINGT ANS
M'en voudras tu beaucoup
De ce retard
Qui est fort mauvais goût
Non mal mémoire
Vingt ans si belle et tous
Les sens de l'art
Femme, j'eusse été fou
A ne point voir
Ici le vers est court
La place manque pour
Parler d'un soir
Seulement du bonheur
A la main et ces fleurs
Nathila Noire
POUR UNE BELLE DE UN AN
Une petite Irène
Si n'a qu'un an
N'est pas moins reine
Pour ses parents
Si pleure la sirène
Ce n'est que dent
Ils ont toute la peine
Tombés dedans
Est-elle polissone
Maman maronne
Aux couleurs d'un sourire
Papa fredonne
Un chanson friponne
Pour l'endormir
7 LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (six cent quarante-septième nuit)
SONNET MUSETTE SONNY SOUPAULT
Musette ah ma musette ah ma muse
Je suis saoûl je suis saoûl sous Soupault
Petit le monde petite ruse
A la rue par les chants dans la peauSi je suis sans le sou ça m'amuse
Car les gens sont d'argent les suppôts
Et Dali c'est délit dont on use
Être grand c'est petit en un mot
Moi la vie c'est la valse au temps neuf
Où Max Roach à l'envers pour Sonny
Tape aux cymbales lui fait son nid
T'as pas cent balles c'est pour sonner
Les Pâques des fois que les pas que
Je fais dans le sonnet ne me man...6 LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (six cent quarante-quatrième nuit)
Qu'il vienne qu'il vienne
Le temps dont on s'éprenne
Arthur RIMBAUD, Chanson de la plus haute tourANNIVERSAIRE
Ma douce amie venez à la saison
D'être si belle qu'au soleil
Vous donnerez de jalouses raisons
Sous votre éclat de prier vos conseilsSachez au bougre en sa prison
Corps et âme qui de vous s'émerveille
Selon vos voeux accorder la liaison
Dont le hante de rêves son sommeilLe temps n'est pas venu dont on s'éprenne
Je n'ai pas l'air d'une chanson malsaine
En tête mais un bonheur en ce jour
De vos printemps fleuris à vous souhaiter
A pleines mains d'un coeur qui à l'été
Crie ce qu'on manque le plus c'est d'amour.
Je ne veux comparer tes beautés à la lune
La lune est inconsistante, et ton vouloir n'est qu'un
Encore moins au soleil : le soleil est commun
Commune est sa lumière, et tu n'es pas commune
RONSARD, Sonnet pour HélèneSONNET DE LA DÉFENSE
Serait-ce pêcher à
Midi au bord de l'eau
Que s'y aller cacher
Toi et moi loin des plotsTu aurais mon gilet
Pour t'asseoir et bientôt
Nous serions enjôlés
De doux pizzicatos
Nos desseins dévoilés
Ta dentelle envolée
Le gazon accueillant
Il faudrait repêcher
Ton jupon dépêché
Sur les flots gondolant4 LIVREDEL, POEME-ROMAN, 1991 (six cent vingt-septième nuit)
Si la désire plus que l'aime
n'en déplaise aux pensants
et même où cela mène
réponse je suis sansEnfant du Nord et de la Vierge
demoiselle des champs
son père a de son père
je prendrais tous les gantsMétiers de bois près de lières
Lièrettes
exactement
m'a-t'elle dit hierMais tient-elle de sa maman
douces mains d'infirmière
pour panser un aimant
mourir dure. mourir. mou rire. mourir mou. mourir dur. dure.
A la mémoire de
Aimée Sonnet
Veuve Chenal
1852-1940 (relevé au Père Lachaise)A Coriane,
Comtesse il est minuit sonné
au raccroché j'écris sonnet
pour te dire que le son n'est
qu'un parmi sens arraisonnéA Catherine,
N'AI-JE DE ROUGE QUE LA NEIGE ?
Ferré de la couleur des pleurs
je ne connais rien de la vie
la nuit s'avance dans les heures
où tu me reviens poursuiviN'ai-je désir que désirer
et n'ai-je de toi que l'absence
n'ai-je de blanche incandescence
que neige rouge déchiréPlus que de mots merles moqueurs
semer d'immortelles ton coeur
veiller mon champ inassouviJ'écris ancré de dépendance
des mains je brûle à t'adorer
le froid saisit à la béance2 (197?) LUNES
ANTI-SONNET 68TARD
Toutes les Grandes-Motte
De merde et de béton
Ne la tueront point morte
La mer vit le sait-onEt ne vit que de jouir à s'envoyer des ciels
Sous des draps d'horizon et dormir à l'hôtel
Continentalement Oreiller de nimbus
Elle est nue N'a pas d'âge La terre est son phallusEternelle pucelle
A vous lécher la vie
Dans la vague en son creuxMais putain qu'elle est belle
A s'y branler les yeux
Jusqu'à perte de vue1 (197?) LUNES
RÊVE LUNE
Dans le soir d'une vague enroulant les croissants
Au miroir scintillant d'une lune à l'envers
Tu me vins à l'esprit comme glissait la mer
Parée d'écume une algue au frisson caressantSous nos pas le dessin au sable d'or naissant
Et mourrant aussitôt le bonheur éphémère
De nos empreintes nues comme au coeur le mystère
D'aimer l'une mais celle en qui en rouge est mon sang
Au sein de la marée bercée dont elle est mère
La lune est à la mer comme on naît à l'amour
Tantôt oui tantôt non et la nuit et le jour
Et m'a d'un vague à l'âme ôté le goût amer
Jouant à cache-cache au ressac plus d'un tour
Qu'il s'éteigne ou s'allume astre tout noir d'humour