Sonnets de TRANS' IT

84 RER A, 9 novembre, 20h23, À TOUTES FAIMS, août... 2006...,

DÉMOCRATIE

On ne remet jamais les compteurs à zéro
la pendule est à l'heure où le cocu déchante   
quand la poule coquette emballe un maquereau 
ou pis, roupie, s'enroue en groupie qui déjante 

La gente militant court dans la basse cour
dont la haute est hantée bien qu'entrée sans sonner
les cloches dingues, donc, entre dogme et discours
où leurs rêves sont morts quand les leurres sont nés

Va savoir ce qui est plus bouché des oreilles 
ou des urnes bourrées aux cendres d'immolés
au pouvoir, au boulot, et tant d'autres merveilles 

Va savoir va savoir qui ne l'a pas violée
avant de croire en elle après demain la veille...

Veaux, cocochons, poulets, noyez-vous sans secours !  

83 Fosobo, 6 novembre, 22h48, À TOUTES FAIMS, août... 2006...,

NON-STOP AU POINT D'ORGUE

A Cécile,

la vie outre mesure
au point d'orgue reprend son souffle  
fait son plein à la pompe
des sens

l'élan se brise contre : !
un ciel trop bas, s'enlise en
cette tourbe humaine..........................

la vie se courbe en sac 
contre la montre : @
Sans haine,
la mettre à sac 

Vivre contre
contre dans
ce ressac

82 Fosobo, 28 octobre, 16h18, À TOUTES FAIMS, août... 2006..., 

LA CAGE AUX PLOUCS (1)

En cadre fonctionné
il ne manque pas d'air
il est congestionné,
le fonctionnaire.

De son état content
allié né de l'Etat il éteint
le peuple en commissaire :
ponctionné.

Il est plouc émissaire
de natation entre deux boues
et délation : gestion, ration.

Bouquet se sert de la nation
et sent les couches qui font sa lie
de nos misères. Jamais debout.

81 En attendant le 301, jeune et à jeun, 24 oct. 19h42, À TOUTES FAIMS, août... 2006...

IL Y A (2)

Il y a la beauté sur un fil
et l'homme funambule

Mon ciel est rouge
comme un désir
de lèvres vertes
de lettre ouverte
et d'être à lire
comme un printemps

Entre l'ire et la lyre
entre le litre et la bouteille
à moitié débordant l'océan de misères

L'amer allé avec l'ivresse
la beauté éternelle a fait ce soir l'amour
avec un soleil noir comme un blues

80 RER A, 24 octobre, 19h33, À TOUTES FAIMS, août... 2006...

IL Y A (1)

Il y a
d'ici à                     là
l'épaisseur du regard
sur la clarté des choses

Des tonnes de mots nomment
pour un oui, sous un nom.

L'ouïe atone assourdie
sous sa pluie de canons,
l'homme croit ce qu'il dit
mais n'entend pas ses causes,
qu'il marque au pas,              hagard

Défilant au hasard
d'une vie sur-volée
dont il s'est défilé

79 Ailleurs, 3 octobre, 17h44, À TOUTES FAIMS, août 2006...

LARD DE LA PRUDENCE

Mutisme
autisme
mamelles
se mêlent

Sur l'isthme
aux ismes
d'i-mails
comme elles :

Prudence
latence
paresse

Jactance
urgence
ivresse

78 Ailleurs, 29 septembre, 12h58, À TOUTES FAIMS, août 2006...

WORDS, WORDS, WORDS ! WHAT THE MATTER ?
 
Monstres, terrassez-
vous ! Hauts et courts impensés
au corps accord du verbe
et de l'esprit sans verge

Remâcher l'impuissance
en papier de vengeance
et puis, repus, rotez ! Nourrissez
notre langue de vous taire assez

Le lard de l'impudence
a pris l'homme de court
suspendu à ses mots

le savoir tue l'intelligence,
longueur d'avance, il court
vite où les morts enterrent les vivants

77 Ailleurs, 26 septembre, 16h09, À TOUTES FAIMS, août 2006...

FAIRE LE MÛR

Ce mur est soutenu de tonnes de poussière
au béton pas d'oreille et seul l'écho s'y ment
d'un soleil refroidi sans brûler le ciment
sa foi vendue cent fois le prix de ses prières

Nous étions seuls au bord chacun venu d'hier
à braver des demains au nom de ce moment
qui dresse son phallus en plus haut monument
église de papier sur sa dernière pierre

Ils ont gravé des mots alignant leurs mensonges
dans les croassements à l'ombre des tombeaux,
brisant l'envie du bec, ces avides corbeaux

Alors voler plus haut d'un zèle encor plus beau
et des serres creuser la source la plus dure
enfin, l'esprit en sang, plonger aux sens impurs

76 FoSoBo, 21 juin 2006, 11h05, MES DÉ-BUTS

LES MATINS DIFFICILES

Sonnet d'un réveil

Les matins difficiles
où la pensée oscille
entre y aller ou pas
font les petits trépas

Des rêves d'impossibles
chagrins en rien sensibles
à un travail ou pas
pour payer tes repas

Si tu crois aux miracles
ne te lève pas Toi
et ne marche pas Vois

De quels odieux oracles
où remonte la bile
se soulève la foi

75 Ailleurs, 30 mars 2006, 16h27, MES DÉ-BUTS

CARTE ROUGE ? CARTE BLEUE ? CAILLERA, ÇA IRA...

Je suis un délinquant raté
car trop m'inculquant la morale
école parti société
m'ont tout détraqué le mental

« Tu seras pas cher appâté
lève-toi tôt court au travail
droit pour payer ton beef ton bail
non tu ne dois pas t'écarter »

Si j'aurais su mieux fait racaille
j'aurais plutôt que m'encarter
en rouge pour finir en bleu

Devant la machine à fricaille
sous-développé durable-
ment sorti mon feu palsembleu !

74 Ailleurs, 27 mars 2006, 10h24, MES DÉ-BUTS

'T'ENVOLÉE

j'ai dix-sept ans c'est le printemps
moche est la vie comme un lycée
c'est le printemps la rue m'attend
l'éternité n'est pas assez

mon rêve est loin mais j'ai le temps
demain volé sans les années
avec le temps je suis partant
et pas damné tout à donner

voici la rue qui m'a trouvé
sans la chercher je suis sauvé
allons marcher avec le temps

avec le temps marchons allez
dansons la guigne est envolée
j'ai cinquante ans c'est le printemps

73 FoSoBo, 27 mars 2006, 4h03, MES DÉ-BUTS

SUR LES PAVÉS LA RAGE
 
sur les pavés la rage
a fait gicler le sang
sous les coups de l'orage
au vent mauvais passant
 
les loups vont au naufrage
en meutes et par cent
noyés dans le mirage
d'un ailleurs impuissants
 
le maître ouvre la cage
l'esclave sort ses dents
mais il reste dedans
 
et mord à l'entourage
aux biens de braves gens
sans outrage à l'argent

72  RER A, 21 mars, 8h17, MES DÉ-BUTS

« nous ne voulons pas de la société qu'ils nous programment celle du "BOSSE et CRÈVE" »
Occupants du Syndicat des entreprises de travail temporaire, 21 mars

THIS TRAIN

Class hic 'net 'Blues

Ce train emporte des visages pâles
vers nulle conquête vers nul exploit
station debout en tas ces animals
ensemble séparés vont à l'emploi

D'aucun Far West ils ne sont le bétail
gardés par des cowboys sans foi
ni loi que celle à loisir du travail
en pâture en culture dans le bois

Dont on fait la langue pour veaux aux heures
mornes où mène à la mort son troupeau
un homme en veste terne avec chapeau

Pour chauve dans la tête mais fort droit
dans ses bottes de gaucho. Ah ! l'effroi
de la chair et le prix de la viande

71 20 mars, RER A, 8h17, MES DÉ-BUTS

PARIS GARE À LA SOCIALE

Mots d'ordre

D'or sait quand prend tôt la sociale
ce train nous roule boulets boulots. Rouge l'histoire
sans scène grand matin, pari d'un petit soir

Que rien ne reste
au seul hasard
dû et qu'indignent
les basses quêtes

Lâchez du lest ! Tombez les vestes
Montez en lignes !
Bagarre au Nord ? Grève de l'Est !

Mais prenez garde au Mont Parnasse
d'austères blitz. Qu'on en finisse
avec les classes, les papiers, les papions !
Allez, à la guerre, les lions !

70 RER A, 22 février, 8h17, MES DÉ-BUTS

SÉRIEL QUI LEURRE

à Megumi et Jean-Yves, à Gilles, aux enfants
pour Harumi et Moeko, pour les enfants

Le soleil ne s'est pas levé,
sur l'île aux coeurs bridés,
par l'enfance brisée
sous la roue, sous la mer.

Seule une image fait surface,
de cris joyeux, petits vélos,
de poussettes, ronds dans l'eau,
mais en vain. La scène s'efface

des plaisirs oubliés,
des amis, des années
engloutis et sans trace

que la série qui leurre
le rêve qui en meurt.
Au carrefour. Pour rien.

69 RER A, 27 janvier 2006, 8h17, MES DÉ-BUTS, janvier 2006

LOOVE

Le vent d'hiver dans les perruques du courage
Défait les cheveux lourds sur les nuques de rêve
Les épluchures du visage tombent en lambeaux noirs
Dedans la rage rentre et elle est rouge

D'où vient-elle sinon de longues endurances
De défaite en défaite et trop courtes patiences
Des coups reçus, des coups rendus, à tort, à raison, à travers l'apparence
Par des boxeurs dépourvus de technique

Non. Rien n'est dit en paroles de plomb
Un mot léger nous fait voler encore en eaux profondes
Traverser des nuages d'acide et de grisou

Parlez, poissons-volants, en langue d'hirondelle
Embrassons la sirène et mille Cendrillon
Ah le grand méchant love !

68 RER A, 5 décembre, 8h44, LOB ET GAIEMENT, décembre 2005

PROCES VERBAL

Avoir et être

La belle passée ce matin
au bord du canal Saint-Martin
avait les poches dans les yeux
le vide et le plein d'un non-lieu

L'inconnue avait pour bagage
un sourire ingénu et pas d'âge
elle était restée pour partir

Le crime parfait sans potin
s'était accordé au destin
d'une mort à titre gracieux
sans mobile ni silencieux

La belle en guise d'oraison
n'avait pas assez de raisons
pour vivre plutôt que mourir

67 RER A, 1er décembre 2005, 18h52, LOB ET GAIEMENT, décembre 2005

LOB, ET GAIEMENT
(BELLE, ou la poésie)
Belle épelle le temps passant vers le futur
dans l'instant à l'instinct qui sourd de la muette
comme pèle la peau d'une pêche trop mûre
en attendant la dent qui lui fera sa fête

Belle tourne des vents la rose à la tempête
rouge et confuse que la guête en sa bouture
l'embusqué dans l'enclos des rêves sans cueillette
l'Homme au couteau rouillé saignant en son armure
 
Belle ramasse un mot qui répond à l'appel
d'un autre que dément le fou flou du moment
et le jette en pâture arrosé de piment
 
A l'obèse amant dont elle lobe aisément
les cris et bégaiements tant qu'oreille allant bouche
en naturel paiement Belle écrit comme -n couche
(Dans la gadoue, hors dégâts, doux et 'poétique'
Sur fond de blues en guerre contre small Alexandre
Duel d'égos amis en douze temps égaux)

66 Ailleurs, 28 novembre 2005, 23h56, DE VERS GONDÉ, octobre/novembre 2005

SOPHISME AU PAIR

à V.

La vie est ce qu'elle est en somme
tu veux ou tu veux pas
tu prends ou tu prends pas
la chose là sans qu'on la nomme

Pour autant qu'on la fasse
surgir pensée avec les mains
sans qu'un con ne l'efface
à jouer au plus malin

La chose n'a de cause que demain
ainsi va la vie à l'avide
et le vide au trop-plein

Ainsi danse le dense
au creux de l'évidence
où meurt la norme énorme

65 Ailleurs, 25 novembre, 17h01, DE VERS GONDÉ, octobre/novembre 2005

DU CHAOS DE GALA
à quelques humbles
Le chaos vient je vis je vaque pour le voir
d'un monde à prix cassés dont tout doit disparaître
le rêve est dans la main plus réel de savoir
que n'avoir rien se conjugue avec être
Souffle au coeur d'en faire notre histoire
Il vient pour déchanter ceux qui ne font que boire
jusqu'à la lie bernés au calice à promettre
le bonheur relatif en messes petits soirs
gueules de bois dans la langue des maîtres
Souffle à ton coeur qu'il en fasse l'histoire
Il vient pour aller plus loin que l'esprit des lois
la sociale est si lasse de la paix des classes
la guerre est là tu sais je t'aime hélas
Souffle à mon coeur d'en faire une autre histoire
Le chaos vient du temps où s'emporte la haine
dans le vent grand matin sur nos plaies sur nos peines
qui souffle à nos coeurs d'en faire toute une histoire
« L'abolition des classes sera tout sauf un dîner de gala » Roland SIMON, Ballade en novembre
 
« La révolution n'est pas un dîner de gala; elle ne se fait pas comme une oeuvre littéraire, un dessin ou une broderie; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élegance, de tranquilité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue, de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre. » MAO ZEDONG, Le petit livre rouge

64 RER A, 17 novembre, 8h17, DE VERS GONDÉ, octobre/novembre 2005

'RETOUR AU CALME', PAS DE 'QUARTIERS' 

Rap à Toto *

Puant pays de collabos
labo de la conservation
conversation l'art des bobos
beau d'être sa dénégation

Gardez vos places, tirez la chasse

Couches moyennes mais épaisses
comme se couchent font leur lie
leur lard où les gens d'argent paissent
l'ordre dur l'ordure où l'or dure

Gardez vos places, tirez la chasse

Société bonne pour les chiottes
à deux bâtons qu'elle s'importe
pour chier assis soleil levant

Gardez vos places, tirez la chasse

Seins bronzés et cul dans la soie 
par compassion ça va de soi
Prolos et bourges, tous au chaos !

Gardez vos places, tirez la chasse

* Monopole japonais de sanitaires spécialiste de WC à commande numérique et perfectionnements d'ultra-confort > La Rolls des WC est japonaise, Philippe PONS, Le Monde, 16 novembre 2005

** PARIS (AFP) - La situation était revenue à la normale jeudi partout en France après trois semaines de violences urbaines, a annoncé la police, quelques heures après l'adoption par le Parlement de la prorogation pour trois mois de l'état d'urgence...

63 Ailleurs, 15 novembre, 11h23, DE VERS GONDÉ, octobre/novembre 2005

MAUX D'ORDRE

Quand une idée s'empare des masses, elle devient force matérielle *

Après le feu l'effroi
du peuple sans armure
L'émeute est hors d'émoi
le bourge dans ses murs

Du mythe de l'Etat s'éprend
la masse promise aux casernes
La misère entre dans le rang
l'Idée l'imite en sa caverne

L'esprit tenant en force
de l'ordre rétabli
la raison tonne sous abris

Le béton coté à la hausse
se coule idéal en blockhaus
Black 's back cool on rescue

* « La théorie devient force matérielle lorsqu'elle pénètre les masses. La théorie est capable de pénétrer les masses dès qu'elle fait des démonstrations ad hominem et elle fait des démonstrations ad hominem dès qu'elle devient radicale. Etre radical, c'est prendre les choses par la racine.» Karl MARX, Critique de la Philosophie du droit de Hegel, 1844

62 FoSoBo, 1er novembre, 17h17, DE VERS GONDÉ, octobre/novembre 2005

ÊTRE

C'est mal armé qu'il gesticule 
en jetant ses dés au hasard 
c'est à céder son âme au culte
d'agir pour être sans savoir

C'est à n'être qu'avoir occulte
à perdre son temps de bavard
c'est à se livrer à l'insulte
où la raison le rend hagard

Que pèse le plomb de ses pompes
lourdé Gros-Jean comme devant
un spectre à semelles de vent

Seul sur le sable où tous ensemble
s'enlise à l'amer d'où lui semble
être vrai ce qui n'est que dit

61 FoSoBo, 31 octobre 2005, 17h44, DE VERS GONDÉ, octobre 2005

« e »

De France j'aime la muette 
(Silence insigne je l'avoue 
Du mot génie sous la luette)
Elle aux gémonies je la voue

Fière nation baisse la tête
Et vois tes arts pions dans la boue
Tes fois en pâté d'alouette
Et tes «valeurs» qui font la moue

Je rêve au jour qu'on te la coupe 
Aux ploucs du Spectacle qu'on cloue
Le bec dans la bave ou la soupe

Où trempe celle de Louis Seize
Sans cri. Leste en geste illettrée
Le nez en l'air. A la française

60 FoSoBo, 14 octobre 2005, 21h22, DE VERS GONDÉ, octobre 2005

LA DÉFAITE (Manifeste a-poéthique, 1.) 

Valse (à Guillaume APOLLINAIRE*)

Je ne regarde pas ce train n'y
monte pas ni n'en descends n'en res-
sens ni joie ni regret ému ni
nostalgie où noyer l'amer Est-ce

ainsi que le quai me jette au vi-
de ma vie de laquais démuni
du droit à la paresse ou par es-
prit de contradiction que paraisse

la mort lui donner raison Qui nie-
rait qu'à rien ne sert non plus de res-
ter comme un âne à regarder pas-

ser ces trains pour le néant à pa-
niquer branler dans le manche en di-
sant vendredi que lundi l'indif...  

* LA VICTOIRE
[...]
Nous n'aimons pas assez la joie
De voir les belles choses neuves
Ô mon amie hâte-toi
Crains qu'un jour un train ne t'émeuve
Plus
Regarde-le plus vite pour toi
Ces chemins de fer qui circulent
Sortiront bientôt de la vie
Ils seront beaux et ridicules
[...])

59 Ailleurs, 13 octobre 2005, 14h02, DE VERS GONDÉ, octobre 2005

GLOBALEMENT POSITIF
 
J'ai donné ma langue à la chatte
pour lisser le poil de ses fesses
sans laisser les mots à confesse
ni compter les pieds sur mes doigts

J'ai marché effaçant l'épate
en dansant sur le rien qui passe
sans penser à mal qu'il me fasse
léger de peser tout son poids

J'ai monté sans selle à Dada
taillé une pipe à Mona
rendu le poème à Ducasse

J'ai jeté le tout à la casse
pour manger le pudding debout
mais gardé le pourboire au bout
 
58 FoSoBo, 9 octobre, 15H19, DE VERS GONDÉ, octobre 2005

 « MUSE-ZIQUE »

(matérialosmose, à Charlotte)
D'aucune muse j'erre de toute zique
l'impudeur étalée de longue date a tué
la "poésie"
je ne vais que de vers gondé
 
Pour dire que pour dire que pour
dire que pour dire que pour que
dire dire que pour dire qu ?!
 
De loin en loin passe une femme une ombre chère
sans fard la chair épaisse l'âme vierge
dont on attend plus que des cuisses
ou de virtuelle promesse

Toutes affres pendantes
et tenante à un
rien
 

57 RER A, 19 septembre, 8h17, T'AIRE D'ACCUEIL, septembre 2005

UN PETIT GRAIN

Levé au vent qui pousse aux fesses
va le petit grain à vau l'eau
ni bon ni mauvais quand l'ivresse
au rendez-vous offre son lot

D'une folie en diligence
qui roule pour lui son destin
de faux passager clandestin

Il va sans passer par confesse
en enfer sans dame nation
par instinct de conservation

Il se surprend en dissidence
comme d'autres vont au boulot
mais ne fait pas de résistance
pour jouer ad lib en solo

56 RER A, 16 septembre, 8h35, T'AIRE D'ACCUEIL, septembre 2005

DEMAIN LA VIEILLE

(à la vieille taupe*)

Sous les mots et merveilles
on nous creuse à tâtons
un tunnel en béton
où dort la taupe vieille

Forts d'un dit sourd sommeil
des fins en politique
ont recyclé ses tics

Mais passent aux aveux
dans le silence au creux
de policés discours

Ah ! que sourde le cours
de ce lourd feuilleton
d'avant hier la veille
Attention au réveil !

* "Bien creusé, vieille taupe", où Marx (18 brumaire...) détourne Shakespeare (Hamlet, acte 1, scène 5 : Well said, old mole ! Canst work i' the earth so fast? A worthy pioner ! - Once more remove, good friends.)

55 RER A, 11 septembre, 15h55, T'AIRE D'ACCUEIL, septembre 2005

D'OÙ L'ABUS DE BOUE ?

(Lettre fermée)

Quand des intellos
croient marcher sur l'eau
en leurs gros sabots
de procès verbaux

Ya pas de miracle
mais de vrais obstacles
aux pieds du spectacle
des petits cénacles

On n'est pas de bois
et qui veut ne flotte
pas en langue morte

En baissant culotte
debout dans les bottes
d'abbesse aux abois
 
54 RER A, 5 septembre, 18h16, T'AIRE D'ACCUEIL, septembre 2005
DÉGÂT DES GATTES
(à ma grand-mère)
Jonglerie dérisoire
mot à maux goutte à goutte
verbose en perfusion
poison d'entre doux doutes

Diantre deux os squelette
en solde cherchant chair
sans canon ni trompette
morose à bouche noire

Fichtre queue de sagesse
en tir bouché mutique
en avant, ma muse, hic !

Noyée dans un vers beau
de garce patronnesse
prenant pied à confesse
Mutique (zoologie, botanique) - Cette expression s'applique à tout organe qui n'est terminé ni par une arête ni par une pointe. Elle est opposée à celles de aristé, mucroné; acuminé. On l'emploie surtout en botanique.

53 Ailleurs, 26 août, 18h16, T'AIRE D'ACCUEIL, août 2005

HORS RAGE
(poème de contre-bande)
Sur l'ardoise d'hiers emportés
la colère effacée par la rage
en nuée de notes sans portée
ni partie pour diriger l'orage

Déchaîné par les moins empotés
fracassant de leur rêve la cage
où crève si tôt née cécité
leur ardeur échangée pour l'usage

En valeur attendant les années 
où le nombre en fera le ménage
comme de ses espoirs surannés

Monnayés en vrai papier qu'il faut
recycler du pas pareil au même
quand papa est la maman du faux

52 Ailleurs, 25 août, 15h10, T'AIRE D'ACCUEIL, août 2005

JE EST UN HÔTE

JE est un hôte
de ses figures
qui jamais n'ôte
un masque pur

Quand cette haute
voltige assure
un air sans faute 
au clair-obscur

Son ombre saute
à doute allure
un as trop nôtre

Qui fait le mûr
avec une autre
JE est un dur

51 Ailleurs, 25 août, 11h50, T'AIRE D'ACCUEIL, août 2005

CHICANE

Faisandant l'aise
de fausses peurs
où rend son beurre
l'époque obèse

De gros balèses
de sûrs hâbleurs
de vrais malaises

Le temps déniaise
toutes ses heures
entre les leurres
où la vie biaise

Avec ardeur
sans sainte thèse
sur le bonheur

50 FoSoBo, 12 août, 18h43, T'AIRE D'ACCUEIL, août 2005

LE JOUR OÙ

(à G.)

Le jour où nous sera
d'être ce qu'il n'est pas
je voudrions parjoui
mon bonheur ébloui

Tirer à bout portant
d'un sûr parabellum
sur ta misère d'homme
en cage pour autant

M'en servir que je sache
sans mentir que je cache
contre ton coeur battant

La chamade d'un temps 
m'invitant par hasard
à danser sur l'histoire

49 FoSoBo, 24 mai, 7h00, NO SIGRE, mai 2005

VESTIGE DU FUTUR

(Pour un tryptique, panneau de droite)

Au vertige berçant
sa promesse de chute
l'homme tergiversant
dirige sa culbute

Funambule dément
sur son île fragile
il grimpe en fol amant
la tige volubile

D'un rêve de cocagne
au firmament du bagne
où mise en terre ment

La bombe codicille
dans la tombe d'argile
de son bâtardement

48 FoSoBo, 21 mai, 13h57, VOYAGE AU BOUT DE LA POUASIE

DIABLOGUE

Gardense houla sing sing songe
digue dingue donc
olé hèle e-mouil baby stronge
ouise oune furly for oncques

Nia baka ya low sekre pondge
fat freete quelle conque
miseterrer nubile rapeti logue alonge
unter den delingue rouade troncque

Plung jaimeça taratakcesse  !
muche amierda tsé tsé !
quel chômeil no s'ignor ?

Quel roupil censouring
sourge de ruste alhymen tairn
cet écochtif tsoinklang !?

47 FoSoBo, 16 mai, 0h07, VOYAGE AU BOUT DE LA POUASIE

LOUROPT

Vlandanlermuche
causam vosteram coubia
pâlinodob tah rigalpoche
voija sem yourgut nobania

Flouxurem drak rottipest
ouiz ritolta blunis cheborbo
louropol if soudormess
genulfier ace gorego

Amor tadel inch trukerail
clapodam latripotinte
surcoif ed micheray

Vouairch ! bad kohit, poate
kikouch fair komsomli
morgel tot bis clarly

46 FoSoBo, 15 mai, 20h41, VOYAGE AU BOUT DE LA POUASIE

JOCTRACHE

Trocte plaije la bidineuse
éventam popolomaton
courjugue en pardinose
cauthem doc lure oupaton

Fuisse !

Balajoisse sir Guernemla
occrulped noss rootendorf
mornasong dust torblabla
vergolni despor pulche porf

Trimbe !

Codourlir madousse partole
bestine rota pechue
zenzen malifeste ochue

Chioque !

Micor agourue trocuiss
dufrac défior défoime
symper tunosque enfourgâme

Lachket !

45 MonSoBo, 15 mai, 16h09, NO SIGRE, mai 2005

UNTERFURT

Frontières du sommeil une image
arrange un passage au destin
volabile où sourd un pays sage
étagé de plans clandestins

On y tourne de trop courts métrages
mis en scènes d'impurs instincts
où la pensée force le barrage
de forfaits commis indistincts

Un enfant a perdu le visage
où pleure une amie qui s'est tue
et caresse une envie dévêtue

Du vertige étrange visa
au matin qui baisse le rideau
du réveil et d'un lourd fardeau
 

44 FoSoBo, 12 mai, 20h32, NO SIGRE, mai 2005

DECADANSE

(à ZORRO)

Au bal des jours des nuits un cavalier
surgit hors de l'ennui et de la peine
à jouir dans la normose à défolier
le temps qui passe ou casse dans l'arène

de sa vie les banderilles rouillées
aux yeux mouillés d'une bête sans corne
et sans défense à défaut d'oublier
des hiers sans remords un présent morne

des demains trop écrits pour délivrer
des livres ravaler ses hurlements
sous la langue offrir sa chair aux serments

qu'un matador sur le sable des lices
signe à la pointe à dessein doux délice  
en sentence où coule de sens la mort

* normose (22 floréal)

43 FoSoBo, 7 mai 2005, 0h07, NO SIGRE, mai 2005

FAUVE QUI PEUT !

(à Jacques PRÉVERT :
«
De deux choses l'une
l'autre c'est le soleil
les pauvres les travailleurs ne voient pas ces choses...» Le paysage changeur,
1949)

A la méningerie de la bonne figure
le fauve de sa peur a forgé ses barreaux
son échine assouplie policé son allure
lissé son poil fraîchi l'haleine de ses crocs

Le port de son angoisse assure ses augures
dispensé de cravate il ravale un bas rot
dans le complet festin qui remplit de pelures
la carie faite dans sa carrière en raccrocs

Choisir c'est renoncer et de deux choses l'une
l'autre c'est le sommeil entre jungle et zoo
avoir ou être too to be or not to be

A la guerre à la paix suce au sens à la Une
le soir au fond des boîtes bavant du museau 
entre l'ombre et la proie rutilant alibi

42 FoSoBo, 1er mai 2005, 17h08, NO SIGRE, mai 2005

BISONCE

Ce trou dans la tête fontaine de mon sang
où l'aube grise lave une cacophonie d'échos
dans la sueur aux draps marbrés de son caillot
sans même que le merle en afflige sa flûte 

Torpeur à l'âcre odeur mouillée
de miennes terres brûlées
volant en purs nuages funéraires 

Et là, sentinelle déchue du chaos,
cette glace aux herbes sauvages
pilée par les sabots des choeurs grégraires

Combien combien de pages
à dégriser des vers brouillées
quand chute sous l'aisselle un soir noyé  
sans opinion aux turlurettes des sondages
 

41 FoSoBo, 29 avril, 21h04, CHANTIRE avril 2005

SURGE

(à Son House)

Plongire or cormouille
najouire @ jusquouille
puis tête ourdie chairs méprises
conflemmir en dépouise

Ras ras ras ras le beau
lot no boléro d'rôle d'éros
trempe à dorer la rouille
son index à bout rose

Poli tic à têter l'échafroid
sang sûr en prime touille
succette mesure de l'effroi

Que sourjoisse ma zhouille
refouisse m'âme
far @ fouille
troust mouerdick's couennelouse

40 FoSoBo, 26 avril, 19h42, CHANTIRE avril 2005

MOSHI MOSHI

(décalage entre sept et huit)

Le silence à pas de velours
pose une pause allongée
sur la portée des rêves lourds
dont est la raison chargée

La nuit renoue le fil des jours
dans la maison allégée,
le décibel nuit alentour
loin, son halo mensonger

Alors s’ouvre, qu’un noir soulage,
une grève à l’objet doux
sur la plage où le temps volage

S’oublie, mais l’otage s’avoue
dont sonne en un mot l’écho
d’un allo allo Moeko

39 FoSoBo, 25 avril, 23h56, CHANTIRE avril 2005

LA MÉMOIRE MISE A MORT PAR SON SOUVENIR MÊME

(à Rosa Amélia)

Quelle trame déjoue le drame de ce monde
où nous fûmes démis en de beaux draps dupés
du jeu lent de l'enjeu par la peur que débondent
les restes à gerber en gestes à doper

Quand ils glissent des vies en housses de vynil
en demandant pardon au fantôme inconnu
tirant la chasse aux mythes comme à ces papil
lons la nuit pris aux noeuds d’un filet ingénus

Quand ils jettent à mort leurs pions sur le damier
noir et blanc effaçant la race de leurs traces
au désespoir vorace hurlant aux rats signés

Pour tirer à genou comme à genoux prier
que fasse mouches leur zèle sur leur silence
l’ange la bête en chien couché. Au pied : killed

38 FoSoBo, 24 avril, 1h06, CHANTIRE avril 2005

ELOGE DU SABOTAGE

(à Miles Davis, Seven steps to Heaven)

Sabotons sabotons ça
Bottons sabotons ça beau 
Tout sabotons sabotons

Faisandons des couac couac quoi 
Qu'en face en disent les couards
Faisant sous couette du lard 
Donc sabotons ça beaucoup 

Ach so long il est trop tard  
Tombe une terrible fiante
Oisiveté d'outre tare
En bombe terrifiante où

Là quand tout se barre en coup
Lisse sous couenne hard pour l'art 
De vivre en soi sa beauté

37 FoSoBo, 17 avril, 20h41, CHANTIRE avril 2005

LE SONNEUR DES LILAS 

(à Jacques Brel et Serge Gainsbourg)

Je t'ai apporté des lilas 
car les bonbons ça sent moins bon 
et le lilas j'en trouve là 
c'est à ma portée les lilas
 

je suis venu en ton lit là
où te trouver nue en un bond
sauter du coq à l'âne holà
mâter un trouble en matelas 

pour ne point pécher à la li 
gne où l'on prêche à la lie assez
aligator sans merci sai

si là de si triste alalie 
quand ton parfum doux embrassé 
mis à la porte mes lilas

36 FoSoBo, 18 avril, 0h07, CHANTIRE avril 2005

QUAI QUÊTE

Sur les quais de Paris
sourds laquais mais pas riches
là qu'est sûr pas de risque
pour le serf outre rien

Que lécher des vitrines
aux odeurs de latrines
et des glaces vanille
sur des Îles sans mouise

Un oiseau s'est posé
sur la main d'un enfant
qu'est très beaucoup content

D'avoir perdu trois dents
devant et le hoquet
de pouvoir en causer

à l'oiseau

35 FoSoBo, 17 avril, 22h21, CHANTIRE avril 2005

CRIME PARFAIT

(à la rime)

Chausse poème l'impensé 
des choses que la pensée n'ose 
sous la peau hésitant à poser 
son blair 

Chasse la philo surannée
de maîtres aux doigts dans le nez 
dont sur le nom brille la pose 
sans flair 

Viens poème allons arroser 
à la barbe des princes nés 
des urnes les roses aux é 
pines à sève empoisonnée 

Du fiel versé en pot lytique 
de jus de maux assaisonner 
leur mouriture épatéthique
pour qu'ils en crèvent d'overdose

34 FoSoBo, 15 avril, 2h14, CHANTIRE avril 2005

« Je dis : une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets » Stéphane MALLARMÉ, Crise de vers

L’IMPOSTURE

(L’impoème à payer l’impôt aime,
Pardon à Stéphane Mallarmé)

l'hardi matant la souris nage en os
troublant l’ourdi menteur épris au mot
tard dans l’errance à l’écran différant
son sommeil crevant son rêve d’un cran

d’arrêt sur image mise en bouche aus
sitôt sonore en ballerine homo
phone à rimes plates et comme offrant
son derrière à voir sous sa jupe écran

chée d’une main leste passant par là
par hasard sans nécessité aucu
ne que l’inavouable occulte occu

pation par qui vaine passion parle à
l’absent de tous ces bouts en quête hélas
tic poétique au poète cocu

33 FoSoBo, 10 avril, 13h48, CHANTIRE avril 2005

COUPE GRATUITE 

Je suis la dame de rasoir
fourrée dans sa robe d'éponge 
pour me frotter à ton espoir 
et mettre à feu et sang tes songes 

Je te jette mon gant de crainte
à toi grand absent de l'histoire 
et passe à tout crin sous l'éreinte 
ta vaine déveine en grand soir

Vois lubrique l'huile à mes pieds    
c'est un saint oing pour lubrifier
bon bougre le bas de ton dos
 

Et t'affiler le laisser-faire :
Au paradis de la classe ouvrière,
Déni du culte, on y rase gratos
 

32 FoSoBo, 5/6 avril, 23h20, CHANTIRE avril 2005

L'IMPRÉSENCE

J'ai choisi des ailleurs de passage
chargé l'urgence tué le temps
trop souvent renonçant aux voyages
(c'est à quarante que j'eus vingt ans)

J'ai tout fait à moitié d'embrassage
étouffé des bruits d'enterrement
trop content d'accoucher après l'âge
d'un mieux que rien complet amant

Pour conchier goulûment en mes lettres  
de stupides professeurs de l'être
et confier aux profondeurs des ondes

L'impossible présence au tout monde 
ce devoir d'être là sans le choix
un autre qui ne va pas de soi

31 FoSoBo, 2 avril, CHANTIRE avril 2005

MUSE HIC

quatre pâquerettes
six vifs pissenlits
cinq sauts de reinette
dans ce vrai ruisseau

deux sapins trois bouleaux un ormal
le frêne et sept roseaux
un héron mais pourpré

la fraîche verdure
sans fil à clôture
électrique

de bouse le parfum
authentique
c'est l'ouverture d'un printemps
magique

30 FoSoBo, 28 mars 18h25, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

MA CHATTE

Théophile-Alexandre STEINLEN)

Si tu veux ma chatte
attraper la mouche
ne crains qu'elle touche
au bout de ta patte

Tu n'es guère adroite
que pour mettre en bouche
de boîte si louche
le pâté de rate

Mon pauvre Steinlen
que sont tes félins
si fiers devenus

Ces chats de gouttière
à la griffe altière
Minette ingénue

29 FoSoBo, 28 mars, 17h42, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

LA MOUETTE

Nicolas DE STAËL)

Vois cette mouette
envolée de beau 
et lève la tête
vers elle en vol haut

Bel oiseau poète
loin du noir corbeau
de l'œil sois la fête
en l'air et dans l'eau

Fais rire de Staël
rimé à ton aile
d'un si pur destin

Envoie-moi en terre
en volant le ver
d'un trop bas instinct

28 FoSoBo, 27 mars 2005, 23h47, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

SAKÉ SHIRAKU ?

Djaku Shirak à Ôsaka
vend le Japon d'hier 
le prix d'un gros sac 
à la France demain clap clap

Sacré Chirac ! où ?

Vante à tous vents l'Europe hop hop
cause toujours c'est ailleurs
et boit du saké c'est meilleur
sans sushi mais si merci beau coup

Saké Shiraku

Conte en-dessous du sumo la ceinture
et prends-nous pour des jacques
au cas où zou !?...

Saqué Chirac ? hou !  

27 FoSoBo, 27 mars, 21h22, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

MUET COMME UN PAPE

Cueille le jour où le pape se tut
muet comme une carpe en chocolat
fenêtre du palais le choc est là
que vive le poison dans l'œuf qui tue

A Pâques et pour le coup destitue
le prêche Écoute-moi donc Nicolas
mon fils ne dis jamais à un prélat
« Mon Père » il serait sinon bien foutu

De te filer le virus qu’il radote
envers la vie et l’amour sans capote
(quel beau vers doux renversé satanique)

Cueille les heures garçon carpe diem
cours au bonheur de la fille
qui aime
sans culte pieux ni discours adonique

26 RER A, 21 mars, 8h 09, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

LE BOGUE ARÇON

(étude et variation sur un thème consacré II)

Lancinante répétition 
d'une partition d'habitudes
Rossinante en révolution
sur un manège à certitudes

Tourne sans improvisation 
de rassurantes idées prudes
sur l'air d'un hymne à la nation
confondant coda et prélude

Langue de beauf cheval de bois
à dada sur son bide aux abois
de ses pets faisant don quand il trotte

Un cocoboy monté en croupe
mouton bêlant en molle troupe
vole au moulin rouge en Quichotte
 
 

25 FoSoBo, 20 mars 2005, SÉRIE BÉE 12 poèmes mars 2005

OGRE RÊVE

(la voie royale ou la gelée ?)

L'oubli d'un songe efface au matin l'aventur(e) noctiluque
et l'amnésie sans tain dans un miroir fait face
à la mémoir(e) sans trac(e) d'un souvenir eunuque

Ainsi s'en va la nuit
la clarté s'évanouit
de vérités omises
sans mensonges émis

Ainsi le vrai s'enfuit
la fausseté s'ensuit
qui porte la méprise  
ennemie des amis

On raconte une histoire où dort la noctambule
avec le faux espoir d'un avenir en bulle
que le présent éclate

Ainsi le funambule
se croyant acrobate
la corde au cou se passe
raide sans compromis

24 RER A, 7 février, 21h15, REBOURS A LA CASSE DES PARTS

PAS SAGE ET CLANDESTIN

Apoétique du serre poings à sonnet

Si la haine mi vraie se ligue aux faux amis
Ecrire entre les lignes ennemis s'impose
Fille rouge au feeling de stratégies sans pause
La plus belle inconnue en rebelle parmi

Nous pour fendre et feindre et sans finir par répandre
En rangs en plans unis agitant leurs sornettes
De vains venins divins de serpents à sonnettes
Plus loyalistes que la loi prêts à prétendre

En honnêtes anars la défendre d'arnaques
Notre règle du jeu est celle de l'anarque
Bonne et mauvaise actions sont à les enjôler

Car point souffler ne triche où règnent les énarques
Sur nos braises jetées qu'éteignent leurs matraques
Quand de nos bras étreints nos étrennes s'en jouent

Anarque : voir Ernst JUNGER, Eumeswill

23 RER A, 3 février, 20h06, REBOURS A LA CASSE DES PARTS

CROISÉE DES FAIRE

Qui voudrait rendre larme à ces arts sans césure ?

Une clarté obscure a brûlé ton oeil fier
Habitué du noir sûr d'y voir la lumière
La peur l'effroi le doute habitent ta paupière
Le soleil a tourné et demain trompe hier
 
Un réverbère éteint la lune illuminée
Un chat noir traverse l'ombre parcheminée
Et ce bruit d'où vient-il ? Que fais-tu là miné ?
Est-ce le temps ? Est-ce le vent ? Qui a sonné ?
 
Pas à pas un par un en avant en arrière
Se danse le tango désuni des années
On achève bien mal les chevaux de retour
 
Pied à pied face à face éperdus nez à nez
Lames rouillées en fers croisés jouant leur tour 
Au net et à la barbe de vieilles manières

22 FoSoBo, 27 janvier, 21h05, REBOURS A LA CASSE DES PARTS

HORS DÉROUTE

Feuille vive en tant de saisons
Tombant en douce déraison
En vol à jamais libre
Emporte-moi

J'ai déchiré le temps perdu
Lourd de confusion répandue
Pour n'avoir à savoir
Que faire

Suivons les vents sans oraison
Nous dessinant nos horizons
Poussés plus loin de souffles ivres
Emporte-moi

Laissons à son sort suspendu
Qui fait affaires entendues
Pour n'avoir plus de raison
Que faire
 

21 FoSoBo, 24 janvier 2005, REBOURS A LA CASSE DES PARTS

DON'T STOP THE ROLL ROLLINS 

Sonnet à neuf temps avec Sonny Rollins (number two)

Bon tonton roule la valse chaude
De vents arrières de si de la
De bois d'ébène fort de cool hot
Dégaine ton colt hard tout est là

Rien s'en va there his no greater love
Nos amours se ramassent sans peine
Au point sans orgueil de ton souffle of
Global warming heart out sax open

Freedom suite fruits d'hommes étranglés
Étranges aux branches étrangères
Flora Billie nos fleurs d'avenir

Softly asian mort dingue scène rase
Matin doux dansé sous le sunrise
What is this chose qui n'ose pas venir

20 ligne A, 26 mai 2004, 9h17, POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

JE CHANTE ENCORE AU TEMPS PERDU
POUR TANT DU RER JE CHANTE


Quand les échanges ne vont pas
Aux effets causant en marchant
Viennent mais vaines sous nos pas
Les paroles d'egos marchands

Les choses de maux à trépas
Vident la vie de ses pleins chants
Et les mots cherchent leurs appâts
Comme des fauchés à Auchan

Qu'as-tu dit que n'as-tu pas dit
Ou fait qui serait à défaire
Qu'as-tu pris qu'il te faudrait rendre

Coûts pour coups d'un ton trop hardi
Garde à redire de te prendre
Pense qui panse et bat le fer

19 8 janvier 2004, POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

SAVOIR VIVRE

Scribouilleur de mon bouillon
J'écris pour penser en brouillon
Dans un brouillard de cultures
Aux cultes dont je n'ai cure

Ainsi va l'équivoque
Entre l'ire et la moque
Du délire des lires
Aux cris sourds de l'écrire

Tant va le savoir à
L'eau qu'à la faim il
Se casse l'incise

Ivre de soi
Branché fut-il
Sur vivre : assis

18 14 octobre 2003 POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

COLERE EN VERS FRANÇAIS

Au pays d’oraisons raison n’est plus de mise
A la porte ma fille Il vaut mieux se méfier
La laïque cité a bon droit d’officier
Qu’importe un voile mis où la femme est démise

Ce plat pays sans fin s’enfonce dans la mouise
La France européenne adorant pacifier
Caciques de tous bords tous d’accord héritiers
Tout d’abord votons Blancs comme cul et chemise

Advienne le courroux la révolte des sans
Qu’on leur fasse goûter les odeurs de la Seine
Et qu’ils crachent leurs dents où nous mêlons nos sangs

Mais qu’ils sachent encore que nous allons sans haine
De faire et de savoir qu’être n’est pas en scène
Laissons en somme nous leurs avoirs impuissants

17 6 mai 2003, POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

BOURRINS A REBOURS

Voilà les vieux chevaux de re-
tour qui cherchent la horde pour
Ne pas mourir idiots dans leur
Tour d'y voir en miroir des sourds

Galopez faux cons malheureux
Du rien d'un mot pris pour l'amour
De vivre Aussitôt morts de peur
Au remord compris à rebours


Bourrins bourrés aux idées prudes
Assoiffés de vos certitudes
Prenant les trous de vos sabots

Pour les allées de l'avenir
Quand nul n'oserait pourtant dire
Que vos désirs sont encor beaux

16 17 avril 2003 POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

ALLONS EN FANS DE LA PAS TRISTE

En l’état où tombent les statues
Se ramassent encore à l’appel
Les feuilles de routes où vertus
Se cherchent une geste pêle-mêle

Si les statuts contre l’Etat tuent
Dans l’oeuf les révoltes et fort belles
Promesses qu’ils n’ont pas abattues
Aux élans vivre enfin donne zèle

Allons en fans de la pas tris-te
Multitude en Communes ate-
lées sans tabous ni laids boniments

A bâtir se prendront davantage
Qu’en abâtardies luttes en cages
Les bastilles dans leurs tremblement

15 16 avril 2003  POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

SI JAMAIS

à Kamel, Myriam, et les autres,

Nous étions vingt ou deux ou cent
Et nous allions par les chemins
Sans pas compter voire passant
Du même au même par la main

Sans témoin que les mots glissant
De l'un à l'autre leur parfum
De l'une à l'un mêlant leurs sangs
Et nos couleurs à toutes fins

Utiles à qui le ferait
Advenir ou nuire à regret
Etre ou ne pas être ici-même

Une nuit de lune épanouie
Où les malheurs fuient dans l'inouie
Surprise des ardents qui sèment

14  23 février 2003 POESIE POUR LE FAIRE, 2003-2004

TEMPS NEUF POUR UN ÉTAL GÉNÉREUX

Sonnet à charge valsant musette
à Michèle, Malika, Zoé et z'autres, 

C'est le vingt-deux au vingt-et-un ter
Qu'ont tricoté les rêves d'antan
A en rire ou pleurer débattant
Sept poignées de révolutionnaires

C'est en montant vers la rue Voltaire
Derrière qu'on veut laisser le temps
Où la raison s'étonne pourtant
D'être du ciel tombée cul par terre

Elles sont venues d'autres sont las
Sans pouvoir s'en passer sentir là
Advenir un sujet résolu

Désormais comptant tous avec soi
Sans prendre comme peuple de foi
Ses désirs d'un parti révolu

 

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