Chapitre 7

(huit cent treizième nuit)

SE NOURRIR DE DÉSESPOIR "... Il faut vivre à tout prix. Et se nourrir de désespoir plutôt que de vouloir en mourir"

Alberto MORAVIA, cité par J-P Léonardini, L'HUMANITÉ, 27 septembre 1990

(ALBERTO MORAVIA n'EST pas MORT)

Dans mon LIT autour de minuit
Et LOIN du GOLFE pas très CLAIR
J'ai décrété un EMBARGO
Sur les CONFLITS de ma CONSCIENCE

 

(huit cent quatorzième nuit)

IVRY : WEEK-END D'HOMMAGE A VITEZ Le théâtre d'Ivry, animé par Catherine dasté, et la municipalité conduite par Jacques Laloë rendent hommage demain et dimanche à Antoine Vitez...

L'HUMANITÉ, 28 septembre 1990

La CHAIR des MOTS à perdre ALLEN
Et le RETOUR de L'AUTRE en CENDRES
Qui se RUE les PIEDS INDOCILES
JOUER n'EST pas CURIOSITÉ

 

(huit cent quinzième nuit)

Pas la Comtesse. Non. Catherine. Qui m'embrasse. Me présente son homme d'ailleurs. Ils sont là par hasard. Place du Châtelet. Fin de pluie. "Retrait des troupes françaises du Golfe !"

L'HEURE CHANGE CHANGEZ D'HEURE Bonne nouvelle pour les amateurs de grasse matinée. La France passant de l'heure d'été à l'heure d'hiver, toutes les montres, horloges, pendules, tous les réveils et radio-réveils sont invités à être retardés d'une heure dans la nuit de samedi à dimanche.

L'HUMANITÉ, 29 septembre 1990

L'HEURE de la MORT en SEPTEMBRE
N'EMPÊCHE PAS de TOURNER
Les BANDERILLES du RÉEL
EN PEINE
d'un SEMBLABLE AMI

 

(huit cent seizième nuit)

C'est aujourd'hui dimanche

 

(huit cent dix-septième nuit)

SIX MORTS DANS UN ACCIDENT D'AUTOCAR Six personnes ont trouvé la mort et vingt-quatre autres ont été blessées, dont onze grièvement, dans un accident d'autocar qui s'est produit hier matin (...) Il s'agit du deuxième accident grave d'autocar de l'année. Le 3 juin dernier, onze personnes ont été tuées et vingt-deux autres grièvement blessées dans l'accident d'un autocar britannique dans l'Yonne.

L'HUMANITÉ, 1er octobre 1990

L'HEDERN de la PAROLE
Contre la FOULE HALLIER
Nous fait le RIRE de MARX
Et moi le SEPT assez

 

(huit cent dix-huitième nuit)

MICHEL LEIRIS N'EST PLUS "homme total : c'est celui pour qui réel et imaginaire ne font qu'un, celui qui a reconnu son appartenance à la nature et ne perçoit plus sur des plans séparés les productions naturelles et ses propres créations"

Michel Leiris, cité par J-P Léonardini, L'HUMANITÉ, 2 octobre 1990

LEIRIS LEIRIS LEIRIS LEI
RIS LEIRIS LEIRIS LEIRIS
N'EST
pas PLUS que ce qui se
LIT SE RISQUE RIT LEIRIS

LE HASARD, si c'en est un, veut que la nouvelle de la disparition de Leiris nous arrive à peu près en même temps que le dernier livre de Thomas Bernhardt, qui porte en exergue cette citation de Montaigne : "Je sens la mort qui me pince continuellement la gorge ou les reins. Mais je suis autrement faict : elle m'est une partout" (Claude Prévost, id.)

 

(huit cent dix-neuvième nuit)

JOUR J DE L'UNIFICATION : QUELLE ALLEMAGNE ? 

L'HUMANITÉ, 3 octobre 1990

ALLEMAGNE MÉMOIRE LONGUE
celle CELLES qui S'EMMÊLENT
la VÉRITÉ quels FRUITS et quel
APPEL quel PAIN SEC MON AMOUR

 

(huit cent vingtième nuit)

Par l'entrée principale. Temps brouillé. Pigeons sales. Je monte. Tout droit. Avenue principale. 1ère division. puis à gauche, une flèche : crématorium. Avenue circulaire. 4ème division. 1ère section (...) Avenue des Ailantes. 56ème division. Pavés. Escaliers. 47 marches. A droite avenue de La Chapelle. 56ème division. A gauche ça monte encore. Avenue des Feuillants 53ème division. Je cours... Famille Reverdy... Famille Langlois... A gauche. Avenue transversale. 45ème division. dans cette division, les concessions... A droite 4ème division, Av. des combattants étrangers morts pour la France. Un flèche tout droit : crématorium... Une fille jupette bleu bas noirs, les jambes... pas terribles. Une pancarte :

Salon

****

M. LEIRIS

Les gens montent les marches du bâtiment. La famille d'abord. Je ne sais pas regarder. J'admire la capacité de concentration et de mémoire des peintres ou des écrivains qui observent, enregistrent, rentrent à l'atelier transformer leur vision... Mais ici, à quoi bon ? Tout le monde sait la tête des gens à un enterrement...

Le funérarium... entassés à l'intérieur... Verdi, un disque qui craque... Leiris a vécu le temps des disques qui craquent... Un corps ça met combien de temps à brûler ?... Je suis là, debout derrière la porte, restée ouverte, tout le monde n'ayant pu entrer... 5 mn... 10 mn... 30 mn... 1 heure... je n'ai pas le sens de l'observation... impossible de prendre des notes... moi, sans mon carnet... qu'est-ce qu'il aurait pensé, cet irrespect... les colonnes aux hibous, i'bout...

SOUS la PEAU des PAROLES
la COHÉRENCE est un MIRAGE
un FEU NOIR une FLEUR de MÉMOIRE
un LOUP que J'HABILLE en PRINCESSE

ACCIDENT D'UN BOEING 737 Mardi, sur l'aéroport de Canton, en Chine, l'accident du Boeing 737 de la compagnie chinoise a fait 127 morts. Ce nouveau bilan a été fourni par les autorités chinoises à la suite du décès de 7 blessés. Trente-sept étrangers se trouvent au nombre des victimes...

L'HUMANITÉ, 4 octobre 1990

 

(huit cent vingt-et-unième nuit)

MOURIR A PETIT FEU Privé du jour au lendemain de sa pension d'invalidité (...) âgé de soixante-six ans, M. L. est retraité et sa retraite atteint 3.300 francs. A eux deux, ils capitalisent un véritable pactole : 6.100 francs. Ils ont beau vivre dans un petit bourg de l'Allier, non loin de Moulins, "c'est plus comme autrefois où l'on survivait avec quelques poules, un puits et son carré de légumes. Aujourd'hui faut tout payer, même l'eau. A l'époque où nous sommes, ça fait un peu farce qu'un médecin de la Sécu ait ainsi droit de vie ou de mort sur les assurés. On se croirait revenu au temps des fermiers généraux. Pensez-vous que ce soit vraiment légal ?" interroge-t-il au téléphone.

L'HUMANITÉ, 5 octobre 1990

Le MOT est un délit SANS MAIN
une SYMPHONIE de LETTRES
en RUINE SAUVETTE d'IMAGES
un BLANC FESTIN de COULEURS 

 

(huit cent vingt-deuxième nuit)

UNE MERE PLEURE SON FILS Au septième étage d'une tour HLM de Neuilly-sur-Marne, en Seine-Saint-Denis, la famille Karar est en deuil après le meurtre du jeune Khemissi, abattu jeudi soir d'une balle tirée par un homme qui a été arrêté, hier, et a reconnu les faits. c'est contre cette violence raciste, qui a fait une nouvelle victime, qu'un rassemblement est organisé aujourd'hui, à midi, sur les lieux du crime.

L'HUMANITÉ, 6 octobre 1990

On est OBSCENE pour MIEUX VIVRE
la MISE à MORT du VERS
avec les MAINS PARLER VRAI
BALLE au COEUR et LONG VOYAGE

(huit cent vingt-troisième nuit)

C'est aujourd'hui dimanche

(huit cent vingt-quatrième nuit)

MORTS DES GHETTOS Un nouveau mort, un nouveau drame. samedi, après Neuilly-sur-Marne, c'était Vaulx-en-Velin, dans le Rhône : Thomas Claudio, vingt et un ans (qu'on vit enfant sur la photo montrée par sa soeur et son frère) ne s'est pas relevé du choc entre la moto conduite par un copain et une voiture de police...

L'HUMANITÉ, 8 octobre 1990

PROMENONS-NOUS dans les MORTS
PARTAGER L'EMPOIGNADE
des
MOUCHES dans les LIVRES L'ÉMEUTE
DES COEURS L'APPÉTIT D'ENFER

IndexLEIRIS Michel (écrivain, ethnologue) ; MORAVIA Alberto (écrivain)
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