LA RÉVOLUTION COMMUNISTE : OEUVRE-SUJET d'une MÉTAMORPHOSE

4 janvier > 6 janvier 2006

J'ai changé le titre de cette rubrique. De "Art et politique", elle devient "Art et communisme". Je m'en explique, pour éviter toute confusion quant à mes intentions.

Ce changement draîne et met à jour la problématique qui traverse l'espace-temps certes limité de ce site et de ses rubriques, dont elle tisse d'un fil rouge les spécificités, pour produire l'unité * en mouvement que je revendique, depuis mes écrits sur le "jazz" dans leur motivation profonde, jusqu'au basculement de "la tentation alternative" à la "communisation", puis à la critique que j'engage de son approche "strictement" prolétarienne. Si je reviens sur cette dimension, c'est on l'aura compris dans le contexte d'une compréhension de la révolution communiste produite par un sujet non strictement défini comme prolétaire dans et face au capital.

* Unité davantage de problématiques ouvertes que de cohérence intellectuelle absolue. Je n'ai pas à parler de mes "poésies". Je ne peux que regretter de n'avoir pas encore trouvé le moyen technique d'intégrer à ce site mes productions musicales (partitions) et plastiques, qui causent j'espère de la même chose, c'est-à-dire de ce rapport qui me travaille depuis plus de trente ans.

1) L'abandon de "la tentation alternative" se prolonge logiquement par celui de "la politique" -et par ailleurs de "la démocratie" comme moyen et but-, en tant qu'elles pourraient porter la perspective révolutionnaire : en tant que, pour certains "communistes", la politique a remplacé la révolution (et le communisme) par un  "projet alternatif radical" (cf. par exemple, selon Alain BERTHO : "Contre l'Etat, la politique", ou selon Miguel ABENSOUR, "La démocratie contre l'Etat"), un "anticapitalisme" comme vis sans fin (communiste) ne générant jamais de rupture avec l'exploitation à la base du mode de production capitaliste.

2) La revendication de l'"art" n'est évidemment pas, pour quiconque a parcouru sérieusement ce site, celui de son concept comme "esthétique", ni comme pratique de l'élite artistique, ni comme "allié" des révolutionnaires, à la manière des Surréalistes et particulièrement de BRETON avec TROTSKI -et RIVERA- (1938, "Pour un art révolutionnaire indépendant"), dans le prolongement de RIMBAUD avec La Commune de Paris, que rejoindra dans la souffrance pré-post-stalinienne et les tourments garaudo-aragoniens le Comité central du PCF à Argenteuil en 1966-68... soit 30 ans plus tard (ben oui, rendons à César(s) ses arts respectifs... car si CÉSAIRE avait claqué la porte dix ans avant, c'est aussi pour ça, et pas seulement pour les atermoiements anticolonialistes du PCF, relatifs à ses ancrages moscovites. Voilà aussi pourquoi les concepts de Créolisation et de Relation poétique sont précieux au-delà de leurs présupposés et débouchés politiques pour leur auteur, Edouard GLISSANT).

Je retiens l'idée de la production de l'oeuvre-sujet comme improvisation collective en temps réel, telle que j'ai voulu la mettre en évidence notamment, en 2002, dans JAZZ ET PROBLEMES DES HOMMES et JAZZITUDE *, le "jazz" en ce qui le constitue historiquement dans son double héritage d'art moderne (au sens de MESCHONNIC héritant de Baudelaire) et de l'art fonctionnel et populaire des sociétés pré-capitalistes. Ce qui intéresse la révolution dans cette modalité d'un "art" né au vingtième siècle, c'est sa forme comme contenu révolutionnaire, en ce qu'elle dépasse des formes savantes antérieures, en Occident, en Asie ou en Orient, ce que savaient NIETZSCHE et VANEIGEM, mais pas MARX. DELEUZE et GUATTARI, je n'en jugerai pas... toujours est-il qu'il n'avaient pas saisi grand chose du "jazz", comme la plupart de ceux qui en parlaient tout en se gonflant de "musique contemporaine" à la française, c'est-à-dire à la BOULEZ dans le sillage du bourgeois "marxiste" et pratiquement (in)conséquent ADORNO : rien d'étonnant à ce que je n'aime pas leurs considérations sur l'art dans "Qu'est-ce que la philosophie". Qu'on se le dise pour que "nous" n'ait jamais plus à parler (prêcher = sprachen) en sous-Zarathoustra de la libération humaine !

* Il me faudrait entreprendre une ré-écriture de certaines considérations politiques alors surdéterminées par une idéologie situationniste mal digérée, voire un enthousiasme formel pour le vocable des "multitudes"... mais cela n'altère en rien le sens général, la position fondamentalement renversée, entre art et politique, par rapport à toute instrumentalisation dans un sens ou dans l'autre. Ceci parce que jamais je ne fais dire à la musique et aux musiciens autre chose que ce qu'ils jouent et mettent en jeu, beaucoup plus "consciemment" et puissamment que n'a voulu l'entendre la critique, à commencer par celle prétendue "marxiste" de CARLES et COMOLLI dans Free Jazz / Black Power. De ce point de vue, mon approche n'a rien à voir avec les considérations sympathiques mais opportunistes et négro-idéologiques d'un Brian HOLMES coincées dans la revue Multitudes, ou les errances de la néo-bohème petite bourgeoise d'une majorité d'Intermittents du Spectacle, qui portent bien ce nom, derrière leur art dont il veulent vivre en le vendant, tout en le niant "en général" comme marchandise... tout ce beau monde possible n'ayant plus alors qu'à converger... vers l'Etat de leur absolue démocratie cognitive du "copyleft" et du "revenu universel garanti" par un New-Deal à la MOULIER-BOUTANG-COHN-BENDIT (je t'en foutrais !).

3) Par conséquent, qu'on ne s'y trompe pas. Il ne s'agit pas d'entretenir  « la confusion des genres, exigeant la subordination de la critique sociale révolutionnaire à de pauvres prétentions esthétiques [...car] il ne s'agit pas plus de mettre la poésie au service de la révolution que la révolution au service de la poésie » Contre l'EdN [Encyclopédie des Nuisances] Il ne s'agit pas davantage de tourner en rond en recyclant la mort et transfiguration de l'art dans la vie quotidienne selon  les Situationnistes (et particulièrement de Raoul VANEIGEM, très loin d'être le pire en la matière, car certaines de ses remarques garderont longtemps des vertus révolutionnaires, quoi qu'il en ait lui-même déduit en les déclassant).

*

En résumé le changement de titre, d'"ART et POLITIQUE" en  "ART et COMMUNISME" traduit dans ma démarche un nouveau rapport qualitatif, en signifiant que la révolution communiste peut se concevoir comme oeuvre-sujet au présent (de sa production comme immédiateté) qui, dans la destruction comme dans la construction, métamorphose tous ses protagonistes quels qu'ils soient : de ce point de vue, ce concept rencontre celui de la révolution comme "dépassement produit" élaboré par Théorie communiste.

Ce changement de titre ne fait donc que scander ma démarche initiatique en spirale (que j'espère ascendante, mais qui sait...).

Corollaire 1 : ceux qui sépareraient ici mes approches du "jazz" et du "communisme" n'auraient pas compris grand chose ni à l'une ni à l'autre, et moins encore à leur rapport on ne peut plus 'social' : d'où s'en suit mon mépris compassionnel pour les militants et amateurs de toute cause, quand elle (leur) cause aussi peu.

Corollaire 2 : je restructure le site en conséquence, et pour plus de clarté de sa forme comme contenu, je ramasse en a-ART  ce qui relève de ma production ou de mes considérations sur le sujet.

Re-colère 3 : merde aux collectionneurs !

IndexADORNO Theodor (philosophe) ; ARAGON Louis (écrivain) ; BOULEZ Pierre (compositeur) ; BRETON André (écrivain) ; CARLES Philippe (critique jazz) ; CÉSAIRE Aimé (poète, écrivain, politique) ; DELEUZE Gilles (philosophe) ; GLISSANT Edouard (philosophe, écrivain) ; GUATTARI Félix ; HOLMES Brian ; MARX Karl ; MESCHONNIC Henri (poète, théorie du langage) ; NIETZSCHE Friedrich (philosophe) ; RIMBAUD Arthur (poète) ; TROTSKI Léon (homme politique, théoricien) ; VANEIGEM Raoul (homme)
PLAN DU SITE INDEX