II - BODY AND SOUL : POETIQUE ETHIQUE ET POLITIQUE
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VII LE PLAN DE LA DEUXIEME PARTIE

Voici le cheminement de ce qui constitue le corps du livre, autour des points de vue exprimés par les musiciens, et que je propose comme réponses aux problématiques ouvertes de cette première partie.

Dans un premier chapitre, je recherche une éthique dans la genèse afro-américaine du jazz, et sa mémoire africaine, en termes de mentalité, de comportement collectif, de vision du présent et de l’avenir, plus qu’en termes d’héritage musical.

Je prends comme départ un article de Pierre MINNE, en 1971, dans Présence africaine en 1972, où il fait un parallèle intéressant entre la vie et la mentalité africaine et le jazz de la Nouvelle-Orléans (1-1). Il me sert de point de départ pour « interroger » les musiciens de toutes époques et styles sur les thèmes du lien à l’Afrique (1-2), de l’individualité et du groupe (1-3), de sa hiérarchie (1-4), du rapport à l’assistance (1-5)

Je poursuit cette démarche en relisant Leroi JONES (1-6), et remettant en perspectives les origines du jazz dans la musique religieuse (1-7) et son rapport au blues (1-8).

Dans un deuxième chapitre je considère le jazz en tant qu’art moderne (2-1), et j’examine les relations qu’entretiennent les artistes de jazz avec les notions couramment rencontrées par les autres arts, dans les rapports du jazz avec : la vie (2-2), le sens, la spiritualité, la force ou la puissance (2-3), la liberté (2-4), la vérité (2-5), la morale (2-6)... la façon dont il croise les autres pratiques artistiques, peinture, littérature, poésie, danse... (2-7)), et in fine, en quoi il peut se dire « moderne » (2-8).

A ce niveau je propose de nouvelles considérations sur la critique (2-9), qui ne constituent en rien un état des lieux, mais le questionnement et les attentes d’un amateur. Les musicien(ne)s, quant à eux, ont leur mot à dire, et ne s’en privent pas (2-11). Mais d’abord, avant, pendant et après, ils sont à l’écoute (2-10).

Remarque : Je mets en garde contre une interprétation caricaturale de cette construction, genre « éthique du jazz = éthique nègre + éthique artistique occidentale ». Il s’agit bien d’indiquer des ancrages, des filiations, en prenant le risque d’une présentation schématique. A partir de quoi toutes les passerelles sont souhaitables. C’est pourquoi plus généralement, en exergue des citations de jazz(woo)men, classées par thème, sont données des extraits de propos d’artistes, philosophes ou poètes, qui ne portent pas sur le jazz mais invitent à des comparaisons, des mises en relations en prenant soin que la métaphore, suivant MESCHONNIC, ne soit pas prise pour la pensée des choses - seulement façon de tourner autour, le joli - mais la seule manière de dire : la pensée théorique intuitive, le flair poétique dont je parlais en introduction.

C’est par exemple aussi cette approche croisée et sa mise en perspective historique, ouverte sur l’avenir, qui permet de dépasser la vieille question : un Blanc peut-il jouer du jazz aussi bien qu’un Noir, et d’aller plus loin que la « démonstration » Carles/Comolli : jazzer blanc, ce n’est pas jazzer noir. Une fois cela admis, c’est une façon aussi de réévaluer les jazz des Beiderbecke, Benny Goodman, Getz, Chaloff, Pepper... de les saisir comme pionniers et pas comme pilleurs.

La question des rapports entre jazz et politique (le et non la politique) fait l’objet du chapitre 3. En France, le sujet passe par l’incontournable livre de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli, Free Jazz / Black Power, sur lequel je poursuis et approfondis les réflexions engagées dans cette introduction (3-1). Les musicien(ne)s prolongent ce débat jazz et politique (3-2).

J’aborde dans un quatrième chapitre, toujours avec les musicien(ne)s, la valeur « universelle » du jazz (4-1), les questions récurrentes liées à son nom, ce mot « le jazz » (4-2), et les perspectives d’avenir musical prolongeant cette éthique : les jazz de la multitude (4-3).

Enfin en guise d’ouverture, pour terminer cette deuxième partie, je mets en perspective le renversement de l’art dans la vie, dans le politique : Le grand art c’est de vivre, la vie doit être un jazz par tous, pour tous.

Je pousse donc mes investigations, à partir de ces thématiques, toujours en m’appuyant sur des citations d’artistes, jusqu’au point au-delà duquel il est exclus de faire dire à quelqu’un ce qu’il n’a pas voulu dire, d’instrumentaliser ses propos. C’est pourquoi il convient au lecteur de danser sa lecture, avec discernement, du jazz au politique, à l’éthique, ou réciproquement, et d’apprécier par lui-même.

J’aborde dans cet essai l’ensemble de ces problématiques, et quelques autres, relativement à l’ensemble de l’histoire du jazz, comme pouvant interroger sa situation actuelle comme ses perspectives, que je vois dans les Jazz de la Multitude.

IndexBEIDERBECKE Bix (trumpet, piano, comp, lead) ; CHALOFF Serge (saxophoniste baryton) ; GETZ Stan (saxophoniste, comp, lead) ; GOODMAN Benny (clarinet, comp, lead) ; JONES Leroi (critique jazz, écrivain, poète musicien, USA) ; MESCHONNIC Henri (poète, théorie du langage) ; MINNE Pierre (écrivain, ethnomusicologue) ; PEPPER Art (saxophoniste alto)
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