Lançant dans l’air bruni son cri désespéré,
do sont des la, Son cri qui se lamente, et se prolonge, et crie,
Eclate en quelque coin l’orgue de barbarie :
Il brame un de ces cris, romance ou polkas,
Qu’enfants nous tapotions sur nos harmonicas
Et qui font, lents ou vifs, réjouissants ou tristes,
Vibrer l’âme aux proscrits, aux femmes, aux artistes.
C’est écorché, c’est faux, c’est horrible, c’est dur,
Et donnerait la fièvre à Rossini, pour sûr ;
Ces rires sont traînés, ces plaintes sont hâchées ;
Sur une clef de sol imossible juchées,
Les notes ont un rhume et les
Mais qu’importe ! l’on pleure en entendant cela !
Paul VERLAINE (1844-1896), Nocturne Parisien, 1861-62, Poèmes saturniens
Ainsi vont les jours et les nuits
Amour bleu comme est le coeur même
Guillaume APPOLINAIRE (1880-1918), Un oiseau chante, Clligrammes, 1913-16
Malgré moi je sifflote
Les bois ce matin
Ont des caresses bleues
Ozaki HOSAÏ (), Portrait d’un moineau à une patte, Tokio, 1916-1919
Un des aspects les plus étonnants des blues, bien qu’ils soient pleins d’échecs et de déprime, c’est qu’ils ne sont pas intrinsèquement pessimistes : le fardeau de malheur et de mélancolie est dialectiquement compensé pas leur véritable force sensuelle, qui affirme la joie de vivre, de l’amour, du sexe, de l’espoir. Quel que répressif qu’ait pu être l’environnement américain, le Nègre n’a jamais perdu confiance ou douté d’une capacité à vivre profondément endémique. Tous les blues sont d’un réalisme robuste et lyrique, chargés et tendus de sensibilité.
Richard WRIGHT (1908-1960), écrivain, Préface à Blues Fell This Morning Paul Oliver, Rev. Ed. 1990. 1st. pub. 1960. Cambridge University Press. p. Xv, TrA
J’ai le blues dans le sang, comprenez-vous ? Je ne peux ni jouer ne chanter autre chose. Et je n’ai pas envie, parce que le blues est fait pour moi. C’est comme des chaussures... Une pointure 7 n’ira jamais à un pied de 6. Vous portez celle qui vous va. Le blues me va.
Muddy WATERS (1915-1983), g/voc, in “Jazz Monthly”, Jan 1959,
cité par Paul Oliver, Blues Off The Record, 1984, p.261, TrA
Le blues n’est ni un style, ni une phase du jazz, mais le support permanent de tous ses styles. Non pas le jazz dans sa totalité, mais son âme.
Francis NEWTON (1917, Eric HOBSBAWM), Une sociologie du jazz, 1961, p.88
Q : Préférez-vous la forme du blues en douze mesures ?
R : Non. Je joue, simplement. Ça Peut être 7, 8, 9 mesures... C’est comme ça que le blues s’est développé. Le blues n’est pas construit dans un cadre parfait. (...) Les gars qui sont allés à l’école et n’ont appris que dans les livres, c’est parfait mais ce n’est pas le vrai blues. Le vrai blues vient de ce que vous ressentez quelque chose dans votre esprit, qui vous fait de la peine. Pas besoin d’être pauvre et d’avoir faim pour avoir les blues ; les riches peuvent avoir le blues (...)
John Lee HOOKER (1917-2001), g/voc, VideoTape, déc. 1986, James Standifer, TrA
Q : En quoi êtes-vous un musicien de blues ?
R : Parce que je joue du blues la plupart du temps, mais chez moi, j’essaye un peu de jazz, du rock, au autre chose...
Mais sur scène je joue du blues. C’est avec ça que je me sens bien.
BB KING (1925), guitariste et chanteur, Afro-Amer Music Coll., Jim Standifer, TrA
Je revendique hautement les blues ; je les utilise comme une métaphore... J’ai envie de parler des blues, pas seulement parce qu’ils expriment cette expérience particulière de la vie dans ce pays, mais parce qu’ils contiennent ce qui permet d’articuler cette expérience... Et je suggérerais que l’acceptation de cette angoisse que l’on trouve dans les blues, et leur expressivité, créent également, aussi bizarre que cela puisse paraître, une forme de joie.
James BALDWIN (1924-1987), cité par Daphne Duval Harrison,
Black Pearls-Blues Queens of The 1920s Rutgers University Press. 1990. p.p.64-65), TrA
As an art form - or art forms - jazz music has developed more or less concurrently with the blues and has been continually fed and revitalized by it. It was the blues that sparked jazz into life, that separated it from the music of the street parade or the ragtime pianist. And if there is any common factor that unites the widely divergent forms of jazz that have originated, flourished and in some instances already died… .it is the continued stimulation of the blues. How he plays the blues, his instrumental adaptation of the vocal blues, is still the criterion by which a jazz musician of almost any school is evaluated.
If jazz has depended on the blues for one of its essential qualities, the opposite is not the case. The blues has been influenced very little by jazz: few blues singers are aware of jazz musicians and their music, except as important figures who have made their way in a predominantly white world. Louis Armstrong and Count Basie will be known and their music enjoyed, and they typify, along with much more blues-orientated musicians like Ray Charles, the achievements of a select few of the Negro race. But if jazz had never existed the blues would have flourished very well without it.”
Paul OLIVER (1924), producteur, ethno-musicologue, Blues Off The Record,
The Baton Press, 1984, p. 285, TrA
... la musique américaine d’avant-garde souffre quand elle s’éloigne trop de l’expérience du blues...(Musique noire, p. 135)
Le blues est si fondamental parce que c’est le parler noir à son stade initial de complète articulation comme langage dans le nouveau Monde. Le langage des Noirs nés dans le monde occidental ! (...)
Le jazz englobe le blues, non pas seulement en tant que forme spéciale, mais aussi comme référent (...) Le blues est la conscience nationale du jazz (...) Sans le blues, qui l’anime de l’intérieur, le jazz n’a ni histoire, ni mémoire.
Leroi JONES (1934), The Music, 1981, cité par Davidas, B4
Voilà l’homme des blues et, par-delà cette condition étroitement déterminée et changeante du nègre américain, l’éternelle vigueur axiomatique de ce qu’il chante. C’est pourquoi les enfants du ciel en lui se reconnaissent : entre la nuit qui les délègue et celle qui les assigne, le bleu est la seule couleur.
Jacques REDA (1929), écrivain, poète, JMag 200, mai 1972
Au moment même de la jouissance, de l’évanouissement, il faut bien que la critique elle aussi s’évanouisse, aveuglée, saisie, hallucinée par l’indicible. Au bord de cette énorme silence bourdonnant, le critique qui vacille, gagné par le vertige, songe avant de piquer qu’il n’est pas indifférent que ce soit le blues qui ait mené au plaisir de Coltrane.
Alain GERBER, écrivain, Le cas Coltrane, 1972, Red. 1985, p. 136
(En 1911, Armstrong a une dizaine d’années)
Quand je jouais avec un brass band dans la ville haute (de la Nouvelle -Orléans), Louis (Armstrong) s’échappait de chez lui et me suivait. A cette époque, Louis me demandait de lui montrer comment souffler dans mon cornet. Quand l’orchestre ne jouait pas, je lui prêtais pour lui faire plaisir. Et il voulait que je lui apprenne comment jouer le blues, ... « Aniball Ball », « Circus Day », « Take it away », « Didn’t he ramble », et de tous ces morceaux, c’est le blues qu’il préférait.
Bunk JOHNSON (1879-1949), cnt/tp, Down Beat, juin 1939, Bunk parle de Louis, Park Breck, TrA
I’m afraid I came to think that everything worthwhile was to be found in books. But the blues did not come from books. Suffering and hard luck were the midwives that birthed these songs. The blues were conceived in aching hearts.”
W.C. HANDY (1873-1958), “Father of the Blues”, New York, 1941, Margaret McKee & Fred Chisenhall. Louisiana State University Press. 1981, TrA
Le mot blues était connu de tout un chacun. Par exemple, quand j’avais 8 ou 9 ans, j’écoutais des blues intitulés « Alice Fields », « Isn’t it Hard to Love », « Make me a Palate on the flow » ; ce dernier que je jouais moi-même à la guitare (...)
... Je ne revendique en rien l’invention du blues, même si j’en ai écrit beaucoup avant que WC Handy n’en publie. J’en ai entendus quand j’étais haut comme trois pommes. Par exemple quand j’ai commencé à aller à l’école, en rendant visite aux gens de ma famille... Il était courant d’entendre quelques-uns de ces joueurs de blues, qui ne savaient rien d’autre : Buddy Carter, Josky Adams, Game Kid, Frank Richard, Sam Henry et tant d’autres (...) Nous les appelions ragmen à la Nouvelle-Orléans. Ils pouvaient prendre un instrument à vent de Noël, en bois, enlever l’embouchûre en métal, et jouer plus de blues sur cet instrument qu’aucun des trompettes imitant ceux de la Nouvelle-Orléans que j’ai rencontrés dans tout le pays.
Jelly Roll MORTON (1885 ou 1890-1941), p/comp/cond, « I created jazz in 1902, not WC Handy », JR Morton, août 1938, TrA
(Extrait des paroles, écrites par Duke Ellington, de « Come sunday », pour la suite Black, Brown and Beige, 1943)
Le blues n’est pas queq’chose que vous pouvez chanter en vers
Le blues n’est rien d’autre qu’un temps de nuages sombres
Le blues est un aller simple de votre amour pour nulle part
Le blues n’est rien d’autre qu’un voile de crêpe noir prêt-à-porter
Duke ELLINGTON (1999-1974), comp/cond /p, Brian L. Knight, 100 ans de règne du Duke, TrA
...it was a celebration of life, or breathing, of muscle-flexing, of eye-blinking, of licking-the-chops, in spite of everything the world might do to you. It was a defiance of the undertaker. It was a refusal to go under, a stubborn hanging on, a shout of praise to the circulatory system, hosannas for the sweat-glands, hymns to the guts that ache when they’re hollow. Glory be, brother! Hallelujah, the sun’s shining! Praise be the almighty pulse! Ain’t nobody going to wash us away. We here, and we going to stay put - don’t recognize no eviction notices from the good green earth. Spirit’s still in us, and it sure must get to jump.
Milton Mezz MEZZROW (1899-1972), cl, Really The Blues, avec Bernard Wolfe,
Random House. NY.C. 1946. p324, TrA
Mes parents étaient tous les deux bons musiciens. Ma mère jouait et chantait dans le choeur de l’église. Alors moi aussi. Mon père jouait de la trompette dans un Brass Band. Mais j’avais également un oncle, Wesley manning, qui jouait et chantait régulièrement dans les sporting houses - un territoire interdit pour moi - et il venait le soir à la maison, les poches pleines de fric (...) C’est le premier qui m’a appris à jouer le blues. (...)
Il y a une différence entre le blues de la nouvelle-Orléans et tous les autres, et la différence tient à un accord, mais je ne saurais pas en donner le chiffrage. C’est un accord qui fait toute la différence. J’en connais qui établissnt la patrie du blues à la Nouvelle-Orléans, moi je ne dirais pas ça car je l’ai trouvé partout dans mes voyages. Dans le temps, il était fréquent que les gens n’aiment ps le blues. Si vous jouiiez le blues, vous étiez un rien aux yeux du public - mais ils prenaient toujours leur pied avec moi (...) Les gars allaient et venaient avec une guitare ou une mandoline, jouant et chantant aux coins des rues. Le blues racontent une histoire en lui-même. Je peux vous rendre heureux ou vous transmettre le swing. Plus tard on a donné à ça un nouveau nom : « soul music ». Ç’a toujours été une soul music (musique de l’âme).
Jimmy RUSHING (1903-1972), voc, 1963, The World of Count Basie, 1980, TrA
Q : Vous rappelez-vous du premier morceau que vous ayez joué sur cet instrument que vous aimez tant (la clarinette) ?
R : Non, à cette époque (début des années 20, NDA), dans cette région (Dallas, Texas, NDA), c’était le blues, particulièrement dans les boîtes mal famées et les bordels, c’est tout ce qu’ils voulaient : du blues. On le jouait dans une tonalité. Puis on recommençait, le même, dans une autre tonalité, avec le même changement d’accords, la même basse.
Henry « Buster » SMITH (1904-1991), sax/cl/arg, Afr-Am Mus Col, 1988, Standifer, TrA
Q : A propos, que pensez-vous du blues ?
R : Le blues ? - formidable ! parce que lorsqu’on doit jouer accompagné par un nouvel orchestre, comme c’est mon cas, si les mecs ne connaissent pas le blues, il n’y aura pas une note de valable dans tout ce qu’ils vont jouer. Mon vieux, tout le monde doit savoir jouer le blues, et surtout l’avoir !
Lester YOUNG (1909-1959), saxophoniste, Grandes interviews JHot, François Postif
L’esprit du blues, lui, est resté le lien évident entre les styles successifs, depuis les « spirituals » jusqu’aux phrases délirantes de Coltrane.
Citée par Dizzy GILLESPIE, To be or not to bop, p. 130
Q : J’essaye vraiment de faire la différence entre le bebop et ce qui existait avant. Qu’est-ce qui fait que c’est du bebop ?
R : Ce qui existait avant est un beat, une pulsation swinguante, comme chez Count Basie, ce genre de choses. Ensuite, avec le bop, il y a eu plus de notes.Il faut l’entendre, mais je vais vous donner une idée : des doubles et des triples croches. Il y avait plus de notes mais toujours pleines d’amour et du feeling des spirituals et du blues... La période Bop était fondée sur plus d’harmonie et plus de notes, mais l’esprit du blues était encore présent.
Marie-Lou WILLIAMS (1910-1981), p/arg, African-American coll., UnMichigan, TrA
Le blues pour moi, c’est d’être triste, très malade, aller à l’église et être très heureuse. Il y a deux sortes de blues ; le gai blues et le triste blues. C’est un mélange de choses qu’il faut sentir. Je pense que tout ce que je chante fait partie de ma vie.
Billie HOLIDAY (1915-1959), chanteuse, Lady sings the blues, récit autobiographique
... J’écoutais tous les disques des vieux chanteurs de blues comme Besie Smith et Blind lemon Jefferson. Et un jour j’ai découvert Louis Armstrong jouant derrière Bessie Smith. C’était mon truc ! c’est là que tout s’est déclanché, la direction qui serait la mienne. Louis Armstrong n’a pas cessé d’être mon idole.
Harry EDISON (1915-1999), The World of Count Basie, Stanley Ddance, 1980
« Thelonious n’a jamais été comme les gens ordinaire, même enfant. Il a toujours su qui il était. Parfois, quand il jouait le blues, il revenait aux vrais pianistes d’autrefois, comme Jelly Roll Morton et James P. Johnson. J’étais toujours stupéfaite, parce que je sais qu’il n’avait pas passé beaucoup de temps à écouter ces pianistes -pourtant c’était là, dans sa musique.
Thelonious MONK (1917-1982), par Nellie Monk, Down Beat, octobre 1958, Frank LONDON Brown, TrA
Les boppers n’auraient pu tuer le blues sans s’infliger à eux-mêmes de graves blessures. Les musiciens de jazz moderne sont toujours restés très proches des joueurs de blues... parce que nous savions d’où venait notre musique. On ne peut tout de même pas renier son géniteur, à moins d’être un imbécile... Bien sûr, il existait des différences surtout sur le plan technique entre les jazzmen modernes et les musiciens de blues, mais les premiers connaissaient obligatoirement le blues.(...)
Le style « cool » m’a toujours fait penser à la musique des Blancs. Il manquait de tripes et de swing aussi. Les Lee Konitz*, Lennie Tristano et autres ne transpiraient pas sur scène. Pourtant le jazz est une musique « triparde », qui exige qu’on se déboutonne. Mais je suppose que ces gars-là voulaient éliminer ce côté nature, « sauvage », excitant, que nous avions. Le jazz, pour moi, c’est ça, une musique dynamique qui fait tout sauter. Ils l’ont assagie, édulcorée, mais sans en changer sa dimension essentielle : la profondeur....
Miles, lui, n’était pas « cool » de cette manière. Il est originaire de ce coin de Saint Louis qui a vu naître le blues. C’est seulement un aspect de son jeu qui est cool. Et c’est justement cet élément que les autes ont annexé, sans prendre le reste, le côté « blues », ou bien en passant à côté.
Dizzy GILLESPIE (1917-1993) / Al Fraser, To be or not to bop, B. , p. 274 et 344
* Voir plus haut : Konitz confirme cette appréciation, et la différence de concept...
Q : Vous savez, John, je pense que le Modern Jaz Quartet (MJQ était un groupe de blues...
R : Vraiment ?
Q : Oui, à la base... Quand vous commencer à jouer, après deux ou trois accords et l’entrée de Milt (Jackson, NDA), ça sonne bluesy, quel que soit le thème...
R : Je suis d’accord dans la mesure où le jazz doit avoirle feeling du swing et du blues. La quête du blues et du swing est éternelle, c’est le défi du jazz, on doit y trouver le blues dans tout ce qui est joué. C’est ma définition du jazz. Par ailleurs, il doit aussi y avoir l’élément de surprise. Sans ces trois éléments, pour moi ce n’est pas du jazz, c’est autre chose - qui peut être une très bonne musique, mais pas du jazz.(...)
Pour moi, le blues est la mine d’or de l’Amérique !
John LEWIS (1920-2001), pianiste, Henri Renaud, JMag 199 ?
Vous savez, pour moi, il existe une quantité d’atmosphères en dehors de celle du blues. Mais le blues, c’est pour moi le climat du jazz. non que vous ayez à jouer toutes les progressions d’accords du blues ou que vous deviez être particulièrement tristes. Le jazz semble mettre en chaque chose un note de bonheur et de tristesse à la fois... Dans le trio (avec Bob Brookmeyer et Jim Hall), nous atteignons de nouvelles dimensions, mais nous gardons contact avec le blues. Nous utilisons des procédés différents, des background différents, le contrepoint même, mais à travers tout cela nous conservons présent le sentiment du blues. (Auparavant, le blues) était fondé sur une approche harmonique, avec seulement un chanteur et un background, un fond rythmique.(...) Aujourd’hui, ce sont trois hommes qui jouent ensemble des mélodies individuelles, et créent ainsi un climat sonore à trois voix.
Jimmy GIUFFRE (1921), sax/cl/arg, Raymond Horricks, Jazzmen de notre temps, 1960
Pour nous le blues signifie quelque chose qui remonte à notre enfance (...), il y a des gestes indissociables du blues.
Charles MINGUS (1922-1979), contrebassiste, JMag 207, janvier 1973, Béthune, p. 88
Pour moi, le blues est le coeur même du jazz, et sincèrement, je crois que s’il ne l’avait précédé, le jazz n’aurait jamais existé. Mais, aussi bizarre que cela puisse vous sembler, je n’en joue pratiquement plus en concert, et ce depuis de nombreuses années. Tous les blues pour moi sont différents, parce que ce sont différents épisodes de ma vie. Je crois que le blues est quelque chose qui s’élabore peu à peu et qu’on le ressent différemment chaque jour, même en concert. Je me souviens d’une époque où je jouais le blues en concert ; eh bien même si je n’en avais pas très envie, le malaise que j’éprouvais à la minute même où je commençais à jouer me mettait dans une humeur qui me le faisait jouer tout autrement que si j’en avais vraiment eu envie. C’est cela qui fait du blues une chose très personnelle. Il est très rare que je commence un concert par un blues, parce que je veux prendre d’abord la température de la salle en jouant d’autres morceaux, avant de me lancer.
Oscar PETERSON (1925), pianiste, Grandes interview JHot, François Postif
Le Blues n’est qu’un son, vous savez, ce n’est ni un nom, ni un mot, ce n’est pas une étiquette, c’est juste un son : le son bluesy. Ma musique sonne bluesy, de plus en plus bluesy, oui, on peut dire ça, mais elle a toujours sonné ainsi. C’est le son noir de ma musique. Ce qu’il faut dire, c’est que le son du blues se répand aujourd’hui, il tend à devenir universel. C’est le son de l’époque.
Miles DAVIS (1926-1991), trompettiste, en 1984, JMag hors-série 408, octobre 1991
J’ai toujours eu à l’esprit que je joue une musique inventée en grande partie par des musiciens noirs... Mais je pense également qu’à un certain degré d’authenticité et de spiritualité, n’importe quel genre de musique cesse d’appartenir en propre à une communauté spécifique et devient juste un support à l’expression. J’ai vécu mal une période où, sous la pression essentiellement politique des musiciens noirs, a été instaurée une sorte de compétition entre Blancs et Noirs... Je comprends ce qui les a poussés à agir ainsi, je respecte leurs engagements, mais je ne partage pas cette conception de la musique... Ceci dit, il y a effectivement des différences d’expression liées à la culture entre jazz noir et jazz blanc, spécialement aujourd’hui où j’entends dans la musique noire énormément d’effets expressifs et d’exagération stylistique qui m’apparaissent grossiers, vulgaires, essentiellement dictés par le souci de plaire. Quand j’entends Lester Young, j’entends de la musique pure. Mais déjà lorsque j’entends Cannonball Adderley, je reconnais que c’est un superbe styliste avec une grande technique, mais son idiome, ce recours forcené au blues, me paraît extrêmement artificiel... Pour moi, c’est affecté. C’est juste une attitude... Je joue cinq variations sur le blues dans cette séance : à aucun moment, je ne cherche à les faire sonner « bluesy », avec des blue notes et des tics expressifs spécifiques, tout simplement parce que ça ne m’est pas naturel...
Lee KONITZ (1927), saxophoniste, JMag 501, février 2000, Stéphane Ollivier
Q : Il y a eu tant de changements dans le jazz depuis 50 ans... pourtant vous restez très attaché au blues... Pourquoi cette forme du blues vous interpelle-t-elle si fortement ?
R : C’est une forme de base et dans laquelle les gens peuvent se reconnaître - même ceux qui ne connaissent pas le jazz (non-jazz people). C’est mon dénominateur commun pour atteindre une audience.
Horace SILVER (1928), pianiste comp/cond, JazzReport, 1999, Bill King, TrA
Q : Pourquoi n’ a-t-il pas de blues dans votre répertoire ?
R : C’est vrai que nous ne jouons pratiquement pas de blues. J’en avais quelques-uns que je jouais avec plaisir au début de ma carrière, et puis ils ont été abandonnés au fil des années, sans raison particulière. Nous en jouons parfois, mais cela n’est pas la « chose forte » de notre répertoire. Et puis le blues en si bémol ne m’est pas indispensable : l’esprit, le feeling du blues sont tellement présents dans le jazz que, même sans jouer des blues, les bons musiciens passent leur temps à jouer le blues.
Bill EVANS (1929-1980), pianiste, 1971 ?, grandes interview JazzHot, François Postif
Je ne me sens pas confiné dans la forme-blues comme tant d’autres musiciens de jazz... Le blues est un état émotionnel particulier. Certaines situations émotionnelles ne peuvent être que le blues
Ornette COLEMAN (1930), saxophoniste, texte pochette « Best of ... » (Atlantic)
Vous voyez, à la base, nous ne sommes rien d’autres que des musiciens de blues : nous venons de la région du blues, nous avons été élevés avec lui : il était partout où nous allions quand nous étions gosses et faisait partie de notre vie. A la réflexion, je pense que nous pourrions être définis comme « des bluesmen qui jouent du jazz moderne ».
Nat ADDERLEY (1931), cornettiste, Grandes interviews JHot, François Postif
Les mots « préserver la musique » étaient très importants pour nous, particulièrement à cette époque (1963). Nous savions que le temps viendrait où toutes les autres musiques d’Amérique saisiraient encore quelque aspect du Blues, et l’appelleraient Pop Music. Alors nous disions OK ! Mais nous voulons seulement que vous reconnaissiez d’où vient cette musique. (...) Je voulais que les Noirs apprécient leur contribution à la culture ici. Je pense que partout dans le monde on connaît cette contribution, mais les Noirs ici ne l’ont jamais su, on leur a caché. Aujourd’hui, je pense que ces jeunes rappeurs connaissent leur contribution. Il est tant maintenant que ces jeunes artistes de rap se tournent vers des gars comme moi, de ma génération, et se souviennent que le rap est le petit-fils du blues. Cette musique a commencé il y a longtemps. Elle a commencé quand on nous a déportés ici, et depuis des contributions y ont été apportées en permanence.
Vous savez, quand ce gars s’est amené, qu’ils ont appelé « Roi de la Pop », ce Presley, c’était une sacrée insulte. Une insulte qui me démolissait. (...) Je pense que c’était un tabou pour les gens d’écouter cette musique quand elle était faite par des Noirs, mais ce type blanc est arrivé et BAM ! vous avez eu le rock’n roll... La vérité doit être dite, qu’elle soit acceptée ou non. Ce fut l’affaire de ma vie et ça l’est encore. C’est une part d’un enjeu, une contribution à ce pays. Nous sommes venus an tant qu’esclaves . Nous n’avons pas demandé à venir ici et nous avons apporté notre contribution en dépit de toutes ces saletés pour nous rabaisser. Nous devons être fier de ce que nous avons fait, mais nous devons savoir ce qu’était ce que nous avons fait. C’est très important pour moi que notre peuple, les jeunes, puisse piger eux-même et sachent comment apporter leur contribution.
Horace TAPSCOTT (1934), p/comp/arg, Revolutionary Worker, mars 1999, TrA
Q : Quelle place tient le blues dans votre musique ?
R : Fondamentale. C’est le fondement du jazz. J’ai commencé avec le blues et je finirai peut-être avec. J’ai joué avec des musiciens de Kansas-City comme Jimmy Rushing et Buck Clayton, de grands joueurs de blues (...) Le style New-Orleans était une autre forme de blues. Cecil Taylor et Monk étaient des maîtres du blues. Même dans la vie, le blues est incontournable.
Steve LACY (1934), saxophoniste, JMag 445, février 1995, Frank Médioni
Les gens parlent de « freedom », mais le blues est encore une des choses les plus libres que vous puissiez jouer.
Rahsaan Roland KIRK (1935-1977), sax/fl/comp, Down Beat mai 1966, McLarney, TrA
Q : Comment définiriez-vous l’essence du jazz ?
R : Comme je le dis à mes étudiants : « le jazz est une musique improvisée générant un certain type de feeling qui est celui du blues ». Ce que j’ai appris de fondamental aux côtés de Johnnny Griffin, Jay MacShann ou Kenny Clarke, c’est que s’il manque le blues ça n’est pas du jazz. On peut faire toute la musique expérimentale improvisée qu’on veut, s’il n’y a pas le blues, il n’y a pas le feeling, l’esprit, l’âme du jazz. Ça peut prendre des formes très différentes. Je ne parle pas de théorie musicologique, des accords ou des douze mesures, je parle de l’essence de la musique, de son ambiance. Si le jazz n’est pas joué avec toute son âme, avec soulfulness, c’est juste une suite de notes. Il faut cette dimension spirituelle... Il let the spirit guide me !
Nathan DAVIS (1937), saxophoniste, JHot 578, mars 2001
Ce fut une période (années 60, NDA) de réflexion importante dans ma vie, d’autant que j’étais dans une région (Georgie) où est née une grande partie du blues. C’est, je pense, une des raisons pour lesquelles le blues y a été inventé : les difficultés que connaissent les Noirs du Sud. Il semble que l’échiquier de la vie a été construit de façon telle que les Noirs ne puissent jamais gagner la partie. C’est ainsi qu’est venu le blues.
Joe HENDERSON (1937-2001), saxophoniste, JHot 555 , novembre 1998, Yves Sportis
Le Blues c’est la source de notre musique, la base de l’identité afro-américaine. Et depuis toujours le blues est au cœur de ma musique, parce que je considère simplement que c’est la forme essentielle de la musique noire.
Le problème, il est simple mais pathétique. Quand je me promène à Harlem, je suis presque inconnu de ma communauté. Les gens qui me connaissent et m’apprécient ce sont principalement des Blancs qui ont découvert ma musique confortablement installés dans leurs salons. Pourquoi est-ce que des types comme Groover Washington ou Stanley Turrentine sont des héros dans le ghetto ? Pourquoi là-bas ma musique est-elle considérée comme de la musique bourgeoise ? Moi, ce que je cherche maintenant c’est à devenir un héros dans ma communauté… Et la seule façon de le faire c’est de se réapproprier notre langage commun : le blues… Pourquoi devrais-je laisser impunément les media parler de blues à propos de Mick Jagger ou Kenny G, qui ne sont que des usurpateurs, et dans le même temps continuer de me faire présenter par ces même media comme un "free-jazzman", alors que cette appellation n’a jamais rien recouvré. Alors oui, je suis un bluesman, depuis toujours et pour toujours. C’est la musique de mon peuple — ma musique.
Archie SHEPP (1937), saxophoniste, Retour vers le futur , www. Radio-universfm
Je n’ai jamais ressenti le besoin d’écrire un blues sérieux, alors j’ai toujours appelé mes blues de façon décalée. Je voulais emprunter la forme, un grande forme. Un de mes blues les plus récents s’appelle « Blues en douze mesures ». La seconde partie « Blues en douze autres mesures ». Je ne l’ai pas fait sans penser combien il est ridicule pour quelqu’un d’aussi gaie que moi d’écrire un blues.
Carla BLEY (1938), pianiste/comp/cond, AllAboutJazz, octobre 2000, Craig Jolley, TrA
Maintenant, nous pouvons aller en Europe, et passer à la télé, avec les Doors, et faire un beau succès. Mais ceux qui gouvernent ce pays ne veulent pas de ça (...). Le jazz est toujours dominé par les Noirs. Au début, il y avait le blues et le rhythm§blues, puis les Blancs ont mis la main dessus, et ce fut le rock. Le rock n’a pas commencé à Liverpool avec les beatles. Tous ces cheveux longs et ces trucs sont venus plus tard. Mais ce sont les Blancs qui ont fait du fric avec.
Lee MORGAN (1938-1972), tp/comp, Down Beat, février 1970, Joe Gallagher, TrA
Quand vous distinguez jazz et blues, vous parlez de deux membres d’une même famille . Chacun a sa personnalité, mais gospel, jazz, blues, soul ont le même père et la même mère. La transmission de l’information se fait par l’intermédiaire des anciens...
Arthur BLYTHE (1940), saxophoniste, JHot 515, novembre 1994, Romain Grosman
A une session, je me souviens, ils jouaient le blues. Albert Ayler, dans les premiers chorus, jouait plutôt le blues de manière traditionnelle. Puis il s’en est éloigné, et cela m’a aidé dans mes réflexions. J’essaye d’expliquer aux gens ce que je crois bon, et je les encourage troujours à emprunetre leur propre chemin. La chose que vous pouvez probablement ensigner à quelqu’un, c’est comment apprendre d’elle-même.
Roscoe MITCHELL (1940), saxophoniste, AllAboutJazz, juillet 1999, Fred Jung, TrA
Nous étions comme des chevaux sauvages, habitués à courir librement dans les grands espaces. Dans le MidWest, nous avions eu Geronimo et tout ça... C’était une façon différente de penser, la sonnerie du clairon mélangée aux Gospels à tue-tête. Nous faisions lebarbecue dans l’église... C’était le pays du blues profond. Le pays de l’afro-gospel-blues, où vous chantiez le blues si profondément que ça faisait mal à ceux qui vous entouraient... quiconque a quitté quelqu’un se sent mal... pense à lui, à celui qu’il va laisser tomber ce soir, ou peut-être à retourner vers sa femme...
Washington Post, septembre 1995, Mary Ann French, TrA
(Parlant de Winton Marsalis)
Quand vous n’êtes pas familier avec la musique des origines, alors vous devez revenir en arrière. Je joue le blues, je le joue avec les gens du blues. J’ai une voix pétrie de blues (blues-inflected). Je n’ai pas à revenir au blues. Je n’ai pas à revenir au gospel. J’en viens.
(Hamiet) BLUIETT (1940), sax, AllAboutJazz, octobre 2000, Don Williamson, TrA
Ma première influence est le Mississipi Blues... une révélation. L’émotion portée par le son de la slide-guitare acoustique. De là, je suis tombé complètement amoureux de la guitare.
John McLAUGHLIN (1942), g/comp/cond, SaltLakeTrib 1997, Martin Renzhofer, TrA
... je retourne de temps en temps aux Etats-Unis, pour me retrouver dans mon milieu familial. Et là, à Charleston, en Caroline du Sud (où je suis né...), j’ai pris conscience, en écoutant les gens, ceux de ma famille, en sortant le soir, de l’importance fondamentale du blues - je me suis aperçu que le désir de m’y replonger avait toujours été en moi, sans que je m’en rende vraiment compte. Ainsi a germé l’idée de mon nouveau disque, entièrement consacré à cet esprit du blues - 90% de ceux qui disent faire du blues sont des truqueurs. Il ne suffit pas de respecter la grille harmonique du blues... L’élément décisif, ce sont les « racines » que l’on a - ou pas ! - dans le terroir du blues.
Robin KENYATTA (1942), JMag 518, septembre 2001, Philippe Carles
Q : Quel est le concept à l’origine du World Saxophone Quartet ?
R : C’est le même concept que le groupe vocal de DooWop des années 60, JEMI. Et le blues est le fil conducteur dui concept du WSQ, dans la tradition du jazz.
Oliver LAKE (1942), sax/fl/comp, Le jazz, Alain Leroux/Xavier Matthyssens, TrA
La plupart des musiciens qui font du free - je veux dire de l’improvisation - ont au fond d’eux-mêmes un feeling fondamental. Cette pulsation de base, c’est le blues. Ce que j’aimais chez John Coltrane, c’est le blues. J’entends le blues dans le saxophone, mais aussi dans tous les instruments (...) Le blues, c’est l’impulsion de tout, la force qui doit guider tous les jazzmen, l’énergie , la source de toutes les musiques, aussi bien de la free music et du swing que du bebop.
Frank LOWE (1943), Sax/Fl., JHot 515, novembre 1994
L’idiôme et la tradition du blues peuvent être vus comme un rejet, ou à tout le moins une réévaluation des formes Occidentales.
Ben SIDRAN (1943), p/voc, écrivain, Black Talk, Holt, Rhinehart & Winston. New York. 1971. p.32, TrA
Tant que je n’ai pas entendu un musicien jouer blues, je ne peux me faire une opinion. Ça reste l’épreuve de vérité.
Jacques MAHIEU (1946), batteur, JHot 573, septembre 2000, François Moulin
Il y a toute une tradition du jazz qui me demeure étrangère : eh oui, je ne sais pas jouer le blues en fa ! - si demain on me propose de me l’apprendre, j’accepte... Mais j’ai tant d’autres choses à faire...
Louis SCLAVIS (1953), clarinettiste, JMag 501, février 2000, Stéphane Ollivier
... quelle relation au blues entretient-on quand on se veut musicien de jazz aujourd’hui (et éventuellement, de surcroît, blanc et européen) ? Dans un premier temps cela revient à réfléchir sur notre rapport aux origines, en tant que le blues incarne l’origine du jazz, même s’il n’en est pas le seul composant. De nombreux musiciens (notamment européens) règlent la question en se réclamant de l’improvisation et non du jazz. Dans ce cas, il est compréhensible que la question ne se pose plus. Ou du moins, perd-elle de sa pertinence. Mais si en revanche, on s’identifie au jazz dans sa pratique musicale, je ne vois pas très bien comment on peut s’affranchir d’une relation, fût-elle lointaine et lâche, au blues (...)
Je crois donc toujours vrai que le point commun à tous les musiciens de jazz est leur revendication d’une relation forte au blues, quelle qu’en soit la forme. Alors on aura du mal à en trouver deux qui donnent la même définition du jazz. Le blues reste, à mon avis, l’indicateur le plus précieux, avant même celui du swing (peut-être justement à cause de cette charge historique et ethnographique, par là beaucoup plus symbolique, que n’a la notion de swing, plus rigoureusement musicale). On arrive ainsi à un paradoxe tout de même amusant : pour savoir si un musicien pratique le jazz, il faut lui poser une autre question, celle de sa relation au blues : s’il en avoue une, il n’est pas forcément un musicien de jazz ; s’il la récuse il n’en est certainement pas un.
Laurent CUGNY (1955), p/comp/arg/lead, dir. Maison du jazz à Paris,
Blues vu du jazz : une anecdote, Cahiers du Jazz n°3, 1994
Un jour, je dis à Marcus (BELGRAVE, tp) : « Je n’aime pas le blues », et la rage l’a pris, il m’a crié après, j’ai pleuré... Il me disait : « Comment peux-tu ne pas aimer le blues ? Tu es le blues ! »
Geri ALLEN (1957), pianiste/comp, rapporté par Laura Shefler On a different Note, TrA
Le blues est la racine essentielle du jazz, et tous les grands jazzmen jouent très bien le blues
Kenny NEAL (1957), Guit/Chant, Int. Mialy,Bandol, Reynard, JHot 570, mai 2000
De 1974 à 1978 j’ai joué dans tous ces orchestres de rythm n’ blues et de blues à Saint-Louis. La moyenne d’âge des gars dans ces orchestres était entre trente-cinq et quarante-cinq ans. J’étais un petit jeune au milieu d’eux (13 ou 14 ans). J’ai appris les ficelles du métier de première main, et quand je suis arrivé à New-York (en 1983, à 23 ans, NDA) j’étais plutôt un vétéran aguerri.(...)
Q : Qu’est-ce qui vous inspire ?
R : Les individualités. Les gens qui n’ont pas peur de s’exprimer eux-mêmes, non pour offenser les autres ou de façon inappropriée, mais ceux qui ont réfléchi aux choses et viennent avec un concept et une mise en forme reflétant un haut niveau. C’est par l’étude et la science et cela comporte un certain degré d’intellectualité. C’est le problème que je rencontre. On dit toujours que la musique de Greg Osby n’a aucune différence avec le blues ou ci ou ça ou quoi d’autre... mais j’ai vécu le blues. Je viens du ghetto. Je n’ ai pas à jouer le blues sur mes disques pour connaître le blues. Je suis Noir. Que voulez-vous de plus ?...
Greg OSBY (1961), saxophoniste, AllAboutJazz, janvier 1999, Fred Jung, TrA